Bonjour,
Nous aussi nous avions des projets plein la tête, on avait passé la pratique pour le permis bateau et après l'opération nous n'avions plus que la théorie et partir voguer sur les flots en août.
Il avait demandé sa mutation pour la Bretagne où nous souhaitions y passer notre retraite, il nous restait 7 ans à travailler.
Mon mari a subi plusieurs opérations à l'origine bénine mais qui à chaque fois ont tourné au cauchemar : staphilo doré, septicémie, fissure du colon...pendant tous ses séjours à l'hôpital jamais je ne lui ai lâché la main j'y étais tous les jours à partir de midi jusque vers 23h , pour le soutenir, pour lui dire combien je l'aimais, lui apporter tous les jours son journal et nous faisions ensemble les mots croisés et le sudoku comme à la maison, il m'appelait la nuit parce qu'il n'arrivait pas à dormir et avait besoin de parler, il était mon réveil, il m'appelait le matin à 7h pour que je me lève, pour que j'aille travailler. Mais voilà la dernière hospitalisation lui a été fatale, même pas dû à l'opération, en arrivant il m'a dit qu' il avait avalé de travers son potage du midi, on a passé l'après midi ensemble, il était fatigué mais rien d'anormal après une opération et tout d'un coup il s'est mis à grelotter et moi aussi j'ai eu froid alors qu'il faisait 30° dehors et qu' il n'y avait pas de clim, et son visage s'est crispé j'ai appelé aussitôt les infirmières et là tout a dégénéré, ils l'ont emmené en soins intensifs, je revois encore son dernier regard qui me hante, sa dernière parole me dire ne t'inquiète pas à tout à l'heure je t'aime, mais il est parti 48 heures après.
Je me dis qu'heureusement que j'étais là quand c'est arrivé parce que les infirmières étaient passées pour un contrôle 10 minutes avant et tout était bon. Je n'ose imaginer si je n'avais pas été là, combien de temps il aurait agonisé seul dans sa chambre, heureusement il a été pris en charge très vite et j'espère que sa souffrance a très vite été soulagée.
Depuis une détresse inimaginable, plus de goût, seule terriblement seule face à ce vide immense qu'il a laissé, on s'aimait tellement, jamais une journée sans se téléphoner 3/4 fois ou échanger des sms juste pour savoir si ca allait et se dire que l'on s'aimait . Il me manque terriblement et je n'arrive pas à me reconstruire, tellement envie de le retrouver pour qu'il me prenne dans ses bras.
Encore une journée à pleurer dans mon coin à l'abri des regards, et quand on me demande si ça va, je réponds oui et je change de sujet, on me dit comme tu as maigri, oui parce que je fais du sport et j'ai une alimentation saine alors qu'en fait je ne mange plus, sauf de temps en temps le midi au travail pour montrer aux collègues que ça va.
En plus de notre détresse, il faut faire semblant pour faire croire que ça va bien maintenant afin d'éviter de parler de notre immense chagrin et éviter de s'effondrer, alors que je préférerai rester au fond de notre lit toute la journée à penser à lui, à imaginer nos projets, être seule et tranquille pour l'emporter dans mes rêves.
Que c'est dévastateur de perdre son conjoint. Avec le recul, je me demande s'il ne vaudrait pas mieux déménager très vite après, puisque de toute façon il restera dans notre coeur à jamais et que nous devons survivre pour nos enfants... peut-être serait ce moins douloureux que de rester vivre dans la maison où l'on a partagé tellement de moments de bonheur qui de toute façon ne seront plus ?
Quelqu'un d'entre vous a quitté par choix l'environnement où vous avez vécu avec votre conjoint ? N'est ce pas moins difficile pour se reconstruire ?
Merci pour votre écoute précieuse, ces échanges avec vous qui vivez la même douleur, ça fait du bien de pouvoir écrire ce que l'on ressent.
Biz à tous et que cette soirée vous soit douce.