Bonjour Thierry du 91,
Ton message plein de douleur, de sincérité et de pudeur ne peut laisser personne indifférent.
Je suis contente que tu ais aussitôt réaliser à quel point parler, écrire, communiquer et pleurer est important pour évacuer cet énorme trop plein de chagrin dans lequel chaque jour on manque de se noyer. C’est évidement la grande qualité de ce forum où il y a toujours quelqu’un pour répondre et nous comprendre. Tu auras sans doute vu qu’il y avait aussi de sujets de discussion où les enfants qui ont perdu un parent peuvent s’exprimer et partager leur peine. Peut-être que tes filles seraient plus à l’aise de parler avec des inconnus plutôt qu’avec toi, elles craignent sans doute d’augmenter ta détresse.
Je me souviens parfaitement des premières semaines après son départ : entre le monde des vivants, auquel on ne se sent plus rattaché, et celui des morts, si attirant et pourtant inaccessible. Oui, ne marchant pas droit, c’est exactement cela. Ivre de chagrin.
Mais, sans même le savoir, déjà sur « le chemin ».
Troublant et irréel cette clef dans la serrure, que j’aurais interprété comme toi, et ce merveilleux coup de pouce pour le CDI de ta fille.
Et ce mot, retrouvé dans ses affaires… C’est un trésor, une richesse immense qui va t’aider, même si aujourd’hui, ce sont des larmes qu’il provoque. Plus tard cela sera un sourire, un clin d’œil de complicité, un baiser volé sur une photo…
La maison vide, le silence, la solitude… nous en avions pris l’habitude avec les passages à l’hôpital. Peu à peu, elle reprendra possession de tout cela, tu l’auras avec toi, partout. Elle te l’a dit, elle n’est QUE de l’autre coté du chemin.
Yohann va être heureux de pouvoir « faire du vélo » avec un pro, tandis que jusqu’ici, il n’a pas trouvé, même un amateur ! C’est, selon lui une thérapie formidable. Je vous vois bien tous les deux, silencieux et le nez au vent, respirant à plein poumons, évacuer stress et larmes et rentrer fatigués, mais calmes.
Concernant les mots de soutien, je crois que nous aurions tous à écrire des pages sur le sujet, malheureusement !
Aucune manifestation non plus, de l’oncologue qui avait pris Pierre en charge, pas plus du chirurgien qui lui avait ôté les deux reins, et pas mot du néphrologue qui le voyait 3 fois par semaine pour les dialyses. Et oui, à trop côtoyer la mort on en perd toute humanité. Ou bien on en a si peur qu’on la fuit…
En revanche, comme pour toi, les infirmières et le personnel d’étage ont été formidables et adorables.
Tout cela ce sont de bien mauvais souvenirs, il faut tenter de les mettre de coté, et peut-être même de les oublier.
Pour l’instant, il faut prendre soin de toi et de tes filles, vous êtes une belle famille, dont Catherine fait parti à jamais.
Marina