Bonjour "Hirondelle",
Le "départ" de ton conjoint est encore trop récent pour te permettre de t'exprimer avec une certaine sérénité, tant tu as été "bousculée" par les évènements douloureux qui se sont imposés à toi.
Lorsque survient le décès, on fait front un peu comme un automate, on est emporté par les différentes démarches qu'il faut accomplir. Puis la vie reprend pour ceux qui nous entourent, y compris pour nos enfants et nos petits-enfants et on essaie, tant bien que mal, de demeurer présent à leurs côtés, ce qui nous laisse trop peu de temps pour "prendre soin de soi", pour appréhender correctement "ce qui se passe en soi" : d'ailleurs, on en a guère l'envie, car les moments de solitude qui nous sont imposés (quand on se retrouve seul dans sa maison, ou même dans sa voiture) sont particulièrement douloureux. Et pourtant, il nous faut se confronter à la douleur de l'absence, et laisser nos sentiments profonds et enfouis s'exprimer.
C'est ce que je comprends aujourd'hui de ce que je viens de "vivre" au cours de ces derniers mois, dans une situation proche de la tienne : ma Chérie est en effet "partie" pour un autre monde, il y aura bientôt 8 mois, après un courageux et douloureux combat de 7 mois contre la maladie (un cancer). Nous devions, peu après, fêter nos 40 ans de mariage, alors que nous nous étions progressivement connus il y a plus de 45 ans (ma Chérie était un amour de jeunesse).
Dans un premier temps, la présence de mes enfants et de mes petits-enfants m'ont aidé à "survivre" : ils m'ont véritablement porté, car je prenais en même temps conscience que c'était au travers d'eux que je retrouvais mon épouse, qu'en poursuivant seul ce que nous faisions auparavant à deux à leurs côtés je lui demeurais fidèle et entretenais son souvenir.
Mais il m'a bien fallu, lorsque je me retrouvai seul, "faire le point" : essayer de comprendre les sentiments qui se bousculaient en moi afin de "réagir" et non pas me laisser aller, faire aussi le point sur ma vie. Par chance, parmi les quelques livres que je suis alors acheter au rayon "deuil" d'une grande librairie, se trouvait le livre de Christophe Fauré "Vivre le deuil au jour le jour", et c'est ce livre que j'ai lu en premier; je l'ai ensuite relu, tant il m'a conduit à faire un véritable et nécessaire travail intérieur : je m'y suis pleinement retrouvé, je trouvais les mots qui exprimaient ce qui me semblait de l'indicible. Certes la lecture a souvent été douloureuse et heurtée, mais j'avais le besoin de m'y accrocher. Par la suite, d'autres lectures sont également venues m'apporter un certain apaisement.
Dans le fil "lectures", tu trouveras une liste d'ouvrages recommandés par les uns et les autres.
C'est en terminant la lecture du livre de C. Fauré que je trouvais l'adresse de ce forum, au sein duquel je suis demeuré plusieurs semaines comme invité, me contentant de lire les différents témoignages, qui me permettaient de sortir de ma solitude et m'apportaient déjà beaucoup de réconfort et d'apaisement. Puis, comme tu l'as déjà fait, j'ai "pris la parole", souhaitant rejoindre cette communauté de solidarité, où l'on se comprend pleinement, où l'on trouve du réconfort tout en s'attachant à en apporter à d'autres. Aujourd'hui, je prends conscience que de m'exprimer sur ce site constitue pour moi une véritable psychothérapie.
Je te souhaite de trouver d'abord auprès de tes proches, ainsi que sur ce forum, l'aide et le réconfort qui te sont aujourd'hui nécessaires afin de "tenir bon" malgré l'intensité de la douleur.
N'hésite pas également, si tu en ressens le besoin, à prendre contact avec une association venant en aide au personnes endeuilllées (tu en trouveras une liste dans le fil "associations" de la rubrique "discussions générales"). C'est un pas que j'ai récemment franchi, ressentant le besoin de m'exprimer plus librement que je ne puis le faire avec mes enfants : il vivent un deuil également douloureux, mais qui n'est pas de même nature que le mien.
Très cordialement. Daniel