Mon conjoint est mort. Cette personne que j'aimais plus que tout au monde, plus que ma vie, s'est battue durant six mois, six longs mois durant lesquels elle n'a jamais baissé les bras. Je l'ai accompagnée, soutenue, encouragée jusqu'au bout, jusqu'à son dernier souffle, jusqu'à la dernière expiration, en lui caressant les cheveux, en embrassant son visage, en lui disant à quel point je l'aimais, qu'elle n'était pas seule. J'ai levé les yeux vers le plafond de cette atroce chambre d'hôpital en souhaitant, moi le cartésien, que son esprit s'en soit allé vers d'autres univers, en lui souhaitant bon voyage, en murmurant que je ne l'oublierai jamais. Je tiens ma promesse au-delà de toute espérance : je ne l'oublie pas. Je ne pense même qu'à elle. Je ne fais plus guère de différence entre le jour et la nuit, le ciel bleu ou la pluie, le silence ou le fracas... Tout est pareil. Les ténèbres sont partout. J'ai froid. J'ai peur. Je suis seul. Seul. Jamais je n'aurai même imaginé qu'un tel chagrin, qu'un tel désespoir fût possible. C'était il y a un mois et demi. Depuis, je suis le gardien de sa maison, de ses animaux, de ses souvenirs. Je suis retourné au bureau, en traînant les pieds même si je réalise que là-bas, le chagrin me laisse un peu de répit. Je réfléchis à présent comment vivre sans elle. Je n'ai pas de réponse. Je me sens si vieux, si inutile, avec un amour que je savais inépuisable et qui ne sert plus à rien. Je ne pense pas que je puisse à nouveau être heureux un jour. Qu'importe. A quoi bon être heureux sans elle.
Je viens chaque jour sur le site, consulter le forum. Lire vos messages, souvent bouleversants, lire vos paroles de réconfort qui me rappellent que je ne suis seul à être anéanti de chagrin suite à la perte d'un conjoint. Je vous en remercie toutes et tous. C'est le message de Patrick qui m'a incité à écrire celui-ci. Je lui souhaite du courage. Dans la nuit qui est la sienne, je pense à lui.