voici l'hommage que j'avais écrit pour les obsèques de mon amour.
Je n'ai pas pu lire, mais ma belle soeur l'a fait pour moi. Comme ça, vous nous connaissez un peu mieux.
J'ai beaucoup de mal à commenter, car vos questions sont les miennes, mais je viens ici comme sur un journal intime.....
Il faudrait savoir profiter de chaque instant en pensant qu’il peut être le dernier.
J’avais à peine 15 ans, et toi 18.
Et depuis, rien ne nous avait séparés.
Finalement, ta famille avait toujours côtoyé, la mienne, nos grands-mères, puis nos pères étaient allés à la même école.
De ton enfance, j’en sais peu, tu n’en as jamais trop parlé, à part de ta grande famille et de l’athlétisme.
L’amour adolescent a grandi. L’armée, année difficile, ne nous a pas séparés.
Le mariage a été une évidence, même si mes parents trouvaient que la « petiote » était un peu jeune pour voler de ses propres ailes.
Tu as toujours beaucoup travaillé, toujours perfectionniste en tout.
Nous avons construit une belle vie, avec nos faibles moyens de l’époque, nous avons réussi à bâtir notre maison, à élever notre Alexis avec tout l’amour dont nous étions capables.
Tu as toujours été très fier de ton fils, mais tu ne savais pas le montrer assez, toujours cette fichue réserve qui t’empêchait de t’exprimer complètement.
On s’est chamaillé, chacun a ses défauts, ses travers qui insupportent l’autre, mais toujours nous sommes passés outre, parce que comme le dit la génération plus ancienne, il vaut mieux réparer que jeter. Et puis l’amour a continué à évoluer. Une grande complicité nous unissait. On pensait la même chose sans parler, ça tombe bien, tu n’aimais pas ça, parler…
Tu as finalement fini par prendre un peu plus confiance, grâce à ton employeur qui a cru en toi. Vous vous êtes côtoyé si longtemps…. Presque toujours en fait. Il t’avait connu à 18 ans, il y avait eu une petite interruption, et depuis 20 ans tu étais dans la même entreprise familiale.
Tu t’es pris de passion pour la photo, tu as éprouvé un grand bonheur à traquer les oiseaux, et toutes les merveilles de la nature. Tu as passé des heures et des heures à visionner, retoucher toutes ces images dont tu n’étais jamais complètement satisfait. Tu as émerveillé de nombreuses personnes avec tes clichés, j’en ai un nombre incalculable.
Tu t’es aussi investi à fond dans la protection du Prince des blés, ton busard cendré, avec lequel tu passais plus de temps qu’avec moi pendant la saison d’activité! Une grande passion, qui t’a fait connaitre beaucoup d’amis de la nature, de grands moments d’émotions partagées.
Et puis il y a aussi et surtout notre petit Léandre, ce si beau bébé, qui est maintenant le plus beau des petits garçons. La vie a fait que lui et son papa ont dû partager notre toit pendant quelques mois, ce qui n’a pas toujours été facile, il faut l’avouer, mais a aussi été source de beaucoup d’amour et de bonheur.
Il y a aussi nos 2 poilus à 4 pattes, Hawaï et Lee-Roy, qui nous ont fait faire de très belles connaissances, qui me tirent vers l’extérieur, pour aller profiter de cette nature que tu aimais tant.
Toute une vie ne peut se résumer en quelques lignes.
Ta vie a été simple, riche, généreuse, beaucoup trop courte.
Tu étais un solitaire, mais quand tu aimais, c’était entièrement et complètement, tu allais au bout de tes engagements, tu ne lâchais jamais.
Quand la maladie est arrivée, on a fait face comme on a pu, en sachant que ce foutu crabe est généralement le plus fort.
Mais on a tout fait pour croire le contraire. Ces 6 mois de maladie ont été trop courts, trop longs de souffrance mais ce malheur a fait que nous avons connus des moments d’une grande richesse émotionnelle. Tu t’es confié comme tu ne l’avais jamais fait.
Nous avons fait connaissance avec des gens extraordinaires d’humanité, de générosité. Tout le personnel soignant est admirable.
Tu es parti, tu as enfin été libéré de ta souffrance.
Ta plus grande inquiétude, jusqu’au bout, a été que tu allais nous laisser seuls, Alexis et moi, avec nos petites ressources.
Mais ne t’en fais pas, on a la famille, celle de toujours, et celle qu’Alexis vient de former, on a 2 ou 3 amis qui sont là, et puis tu peux être fier de ton fils ! Il a tes défauts plus les miens mais il a aussi un cœur en or, et une force au moins égale à la tienne. Il est un réconfort permanent pour moi, et Léandre est un rayon de soleil. Il te cherche dans tous les oiseaux qu’il voit maintenant.
Mais il y a quelque chose de plus fort que la mort, c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants.
Chaque fleur, chaque oiseau me parle de toi.
Tu n’es plus là où tu étais, mais tu es partout où je suis.
Tu continueras à vivre en chacun de nous, au travers de ton fils, de ton petit fils.
Je ne t’oublierai jamais
Nous ne t’oublierons jamais.