"Aujourd'hui ça fait six semaines .....
Je sens encore ses mains ... je ferme les yeux et sa main est là qui prend la mienne; et je mets mon nez dans son coup pour le sentir, c'était juste avant, hier, ce matin . Tout se mélange ; moi qui étais si présente, si pleine de forces dans cet accompagnement, jusqu'au bout. Et aujourd'hui je ne suis plus rien, je ne sens plus rien, j'aimerais tellement partir, qu'il m'emmène, comme avant partout où il va. Mon unique compagne de vie maintenant,c'est cette douleur, cette incommensurable souffrance, même pas vraiment exprimable, tellement elle vous engloutit.
Désolée, je suis incapable d'un brin d'optimisme, mais je pense à vous tous et partage votre douleur.
Noëlle"
Bonjour Noëlle,
Je te réponds sur ton "fil ", pour ne pas continuer à utiliser celui de Marie11, dont pourtant le titre est approprié.
Tu as été portée par l'énergie de l'accompagnement pendant si longtemps. Cette force, tu l'as puisée en toi parce que tu pensais, inconsciemment, que ton, votre amour, allait le sauver, vous sauver, qu'il allait déjouer ce mauvais tour que vous donnait la vie.
Moi aussi j'étais prête à déplacer des montagnes pour lui, à me battre, à combattre, j'étais indestructible à me moment.
Hélas, la maladie a été plus forte que l'amour, plus rien à combattre, plus d'espoir, même vain, tu t'écroules et tu ne sais plus quoi faire de ta vie, elle ne sert plus à rien.
Et ta vie sans lui n'est plus rien.
Ton unique compagne est la douleur, et cette douleur existe parce que tu as aimé.
Surtout, ne la combat pas, laisse la t'envahir, tu finiras par la connaître, l'apprivoiser, la comprendre, elle fera partie de toi.
Je sais, c'est difficile à entendre, à accepter, mais il le faut.
Ta douleur est légitime, comme est légitime ton envie de rien, de rester chez toi, sans bouger, en pensant à lui, en pleurant, de penser à son corps, à ses gestes, à sa tendresse, à son amour, à ces images qui te torturent.
Prends soin de toi, accorde toi de la douceur, tu as le droit d'être dans cet état, de le dire, de le crier.
Tu as lu comme moi le témoignage des " anciennes du deuil ", et le message d'espoir qu'elles veulent nous faire passer. Ce ne sera pas facile, je le sais, mais je veux y croire, pour toi, pour moi, pour tous ceux ou celles qui traversent ces épreuves.
Je t'embrasse
Nora