Bonsoir tout le monde,
Je veux simplement partager une certitude qui m'est apparu cette semaine et avec plus de forces aujourd'hui... je ne pourrai plus jamais aimer d'un amour tel que j'ai aimé mon conjoint qui est décédé il y a presque deux ans maintenant (le 24 novembre 2009).
Je n'ai que 37 ans, c'est ce que tout le monde me dit... tu rencontreras quelqu'un d'autre... MAIS NON!!! Je ne rencontre pas personne d'autre...
J'ai bien mes besoins d'être humaine, mais je ne suis pas arrivée à aimer personne d'autre après lui...
Je ne suis pas normale... je devrais tourner la page... quelle page??? Je ne suis pas fermée, mais qui pourrait égaler l'amour de l'amour de ma vie que j'ai perdu si absurdement d'un cancer? Qui pourrait égaler cette complicité totale qu'il y avait entre lui et moi? Qui pourrait jamais prendre sa place dans ma vie?
Un amour si profond, si vrai, si complet, si complice...

On n'a pas choisi de se séparer. On s'aimait, profondément. Lui et moi. La seule fois que je l'ai vu pleurer, après l'annonce de sa mort imminente, qu'il prenait avec une surprenante sérénité, c'est lorsqu'il a exprimé la terrible douleur qu'il aurait à devoir me quitter... Le quotidien était une fête, chaque jour. Nos idées correspondaient... nos espoirs et nos efforts pour un monde meilleurs, plus juste, plus humain, plus égalitaire. Nos engagements sociaux et politiques. Nos amitiés, nos lectures, nos efforts, nos engagements envers notre communauté ...
Tu es jeune, tu referas ta vie, tu dois tourner la page... quelles absurdités! Je crois que peu de fois dans la vie, ou une seule fois peut-être, on rencontre un être avec qui les affinités, les engagements et les affects et l'amour sont si profonds, si vrais, si sans entraves, si... complets. Avec lui, je vais passer le reste de ma vie!!! Je le sens et il le sent, je le veux et il le veut... on va pouvoir accomplir de grandes choses ensemble. Lui et moi, on est plus que deux !!! (Feu Mario Benedetti, parce qu'ils sont tous morts peu après... Cristina Bottineli, Mercedes Sosa, Carlos Montemayor, Carlos Monsiveis, José Saramago, y tantos mas... ) Cette fois si! Je suis arrivée chez moi, je me sens chez moi et lui chez lui, à bon port!!! C'est presque un miracle que ça nous arrive!... et deux ans après tombe le verdict final: il va mourir, tu vas devoir continuer à vivre la vie sans lui... Comment???!!! On me fait un cadeau, un don du ciel, un miracle! et après, si vite, on me l'enlève... Comment est-ce que je devrais continuer à vivre après lui?
J'ai vécu les derniers mois avec lui sans que ne m'importe plus rien au monde ( Ni mes études récemment ré-entreprises, ni mes engagements sociaux??!!) J'en ai pris soins comme d'un trésor... car il était mon trésor... Tout ce que j'ai pu faire pour lui, je l'ai fait et je crois que c'est la meilleurs chose que j'ai pu faire dans toute ma vie... J'ai été témoins, et j'en remercie le ciel, de ses dernières respirations... et après quoi? Il est mort à minuit et une le 24 novembre 2009 à l'unité de soins palliatifs (nous avons eu la chance d'avoir accès à ces soins extraordinaires et dont je ne pourrai jamais assez remercier la chaleur et l'attention et les soins, dans la ville de Québec...). J'ai passé la nuit étendue près de lui, jusqu'à ce qu'on vienne le chercher au petit matin, l'odeur de la mort avait déjà envahie la chambre mais c'était mon amour, cela m'importait peu... et que le médecin ait dit à ma mère, infirmière depuis toujours dans cet hôpital, à l'urgence, on va venir le chercher et le mettre dans un sac en plastique, amène ta fille pour qu'elle ne voit pas ça...
Et après quoi? J'ai du ramasser ses vêtements, ses souliers et ses lunettes (ramasser ses lunettes, ça oui, ça m'a mis directement face à sa mort...), et un papier, sur lequel il avait fait ses derniers efforts de communiquer... J'ai du ramasser ça et libérer la chambre pour le ou la prochaine... qui en avait autant que nous, besoin... J'ai ramassé ses derniers effets personnels comme dans un choc... Aujourd'hui encore, j'ai, dans cet appartement qu'il ma légué, ses vêtements et toute l'histoire de sa vie. Près de deux ans après, je n'ai pas pu m'en défaire. Je suis malade? Je ne sais pas passer à autre chose? Simplement... je ne peux pas. Partout où je vais j'ai sa photo avec moi et je lui demande de la force... de continuer mes, nos, engagements.
Et après avoir vécu tout ça, on me somme de continuer ma vie et de rencontrer quelqu'un d'autre parce que je suis encore relativement jeune...
Et bien, ça ne fonctionne pas comme cela...
Soledad