bonjour tout le monde,
ca remonte au 16 avril 1996, un sale truc sur le pilier amydalien : cancer de la gorge.
Tout s'écroule autour de nous, on avait prévu un voyage, on l'oublie.
on contacte LE grand ponte en ORL sur Paris. "pas d'inquiétude, vous n'aurez pas de séquelles". on l'a cru ... pauvres naïfs!
On l'a su bien plus tard, il a testé une nouvelle méthode pour cette opération.
résultat immédiat, un trismus monstrueux qui l'a empêché d'ouvrir la bouche pour manger.
Donc sonde dans le nez pour boire et manger, merci monsieur le professeur !
Radiothérapie , 30% de plus que la dose, au cas où... sans nous le dire ...!
Les rayons ont fait leur effet dévastateur jusqu'au dernier jour de sa vie !
la mandibule inférieure a fondue, ce qui a fait reculer le bloc menton et bloquer la respiration. Donc, trachéotomie définitive. plus de parole, vu qu'il lui manquait la moitié de la langue.
Plus de tuyau dans le nez pour la nourrir, mais un gros tuyau planté directement dans le ventre , dans l'estomac. un bouton de micKey.
l'aspect de son visage s'est considérablement détérioré, on perd nos amis. Elle ne veut plus voir personne, on se coupe de tout, c'est le début d'une vie comme des sauvages. J'en suis un, depuis tout petit, donc ça n'arrange rien.
On déménage en Bretagne, les infirmières viennent tous les jours, mais le médecin insiste pour que ça soit toujours la même personne qui change la trachéo, pour pouvoir juger du changement de difficulté-pour la remettre en place . le cabinet infirmier comptant 6 personnes, qui tournent, cette opération m'est réservé.
les rayons continuent leur boulot, grillent les nerfs dans la nuque, et elle perd l'usage de son bras gauche, puis le droit.
Je dois donc remplacer ses bras, toilette, habillage, etc ..
Je me rend compte que les changements de canules sont de plus en plus difficiles, donc, contrôle scanner, et là, on voit une énorme boule qui occupe tout le cou.
ce jour là, j'ai su ce qui allait arriver, elle allait mourrir étouffé, à petit feu ! une horreur !
une opération est totalement exclue.
les jours passent, la respiration devient de plus en plus dure, malgré l'oxygène.
le 19 janvier 2019, je dis à mes enfants de venir en vitesse, de Belgique et Paris.
Je sais qu'elle ne passera pas la nuit. Ma pitchoune m'a fait 2 arrêts respiratoires avant qu'ils arrivent. je la réanime en soufflant de toute mes forces dans la trachéo. ça fonctionne.
Mais j'ai trahi une promesse comme quoi je ne devais pas lui imposer d'acharnement de réanimation.
Sa respiration tourne à la panique. le samu arrive, avec son bloc et crayon, elle leur demande de l'aider à partir, mais voilà, on est en France, ça n'est pas possible!
ils lui font une piqure de cortisone pour l'aider à respirer. ça fonctionne.
On monte la coucher, le médecin nous dit qu'elle va passer une bonne nuit. on le croît, naïvement. elle est dans son lit depuis 2 minutes, nouvel arrêt respiratoire, et on ne fait rien !
Elle est partie, mes enfants et moi, on n'a même pas pu lui dire au revoir. !!!
Je ne décolère pas, ça fait 4 ans !
j'ai été son aidant, son mari, son ami, son infirmier , pendant 27 ans !
Pendant les 3 dernières années, plus de loisirs, plus de sorties, sauf pour faire les courses, la peur au ventre.
J'ai vu 6 psy, j'ai fait de l'hypnose, acuponcture, je sui arrivé à prendre jusqu'à 8 comprimés pour dormir ... 3 heures.
Aujourd'hui, je suis comme un ours qui sort de sa foret, il ne se passe pas une semaine sans que j'ai envie d'aller la rejoindre. il y a une chose qui m'en empêche : mon chien . Il a 10 ans, on s'adore. j'ai pas le droit de lui faire ça.
Mon psy me dit " allez sur un forum, et écrivez, lachez-vous.
D'où ce post.
je conçoit qu'il est empreint de colère, de tristesse, de désarroi . Je m'en excuse , C'est mon quotidien.
Je suis complètement paumé, j'en peux plus.
J'ai bientôt 78 ans,
Comment je sors de là ?
ma Pitchoune, je t'ai aimé, je t'aime, et je t'aimerais, pour toujours, et au delà.