Bonjour Chrisam. Quand j'étais à 4 mois du départ de François, je détestais que l'on me dise "François n'aurait pas voulu
que tu sois dans cette état ".
Personne ne savait ce qui se passait dans ma tête, dans mon coeur, dans mon corps !
Je me disais "Il n'avait qu'à rester, Il n'avait pas le droit, je ne veux pas, je refuse " j'avais envie de dire "foutez moi la
paix, je veux le retrouver !"
François m'avait demandé d'être "forte", mon dieu, que veut dire être "forte" alors que l'on a juste envie de dormir
à l'infini ?
Quand je me retrouvais seule, je lui disais souvent "tu ne te rends pas compte de ce que tu m'as demandé !!! comment
tu ferais à ma place !! tu ne ferais pas mieux, tu n'avais qu'à rester, je ne veux pas être forte, je ne peux pas, reviens
et montre moi !!!"
Au bout de bientôt 28 mois il m'arrive encore de lui dire "tu ne savais pas ce que tu me demandais"
Mais maintenant je SAIS qu'il est possible de retrouver la paix, le calme. Le "manque" de François est et restera toujours,
je l'aime, ça ne changera jamais mais j'ai appris la patience, je sais que nous nous retrouverons et qu'il est avec nous.
4 mois, tu es en plein dans la tourmente, toutes les réponses que tu peux lire ici te font "du bien" pendant un petit
moment et puis tu replonges. Je cherchais aussi de l'aide ici, je lisais les témoignages des "anciens et anciennes" et je
me disais "je n'y arriverais jamais !" ou alors "je voudrais que le temps passe très vite pour me retrouver au stade
où "ça va mieux !!!"
28 mois le 19 ! François a 62 ans aujourd'hui ! le temps passe, les blessures "cicatrisent" mais elles sont profondes !
L'absence, cette p.....n d'absence ! Il y a des choses que l'on ne pouvait dire qu'à l'être aimé, maintenant je les dis à voix
haute quand je suis seule, dans ma voiture, dans notre maison, là où personne ne m'entend.
Il m'arrive de sourire toute seule, à mon poste à l'usine, au milieu du bruit des machines, parce que je pense à une
anecdote drôle de François ou bien parce que je lui "raconte" quelque chose que nos petits enfants ont fait.
Hier, une collègue qui sait que François est parti, m'a "gentillement" demandée, "et toi Chantal, tu as eu quoi pour la
Saint Valentin ? je lui ai répondu "tu sais, François a un peu du mal, là !"
Etre forte, je crois que c'est aussi ça, ne pas faire attention à "ceux qui ne savent pas, qui ne connaissent pas notre
douleur"
Il y a un monde entre "je comprends" et "connaitre".
Il faudra que tu t'accroches bien fort dans cette barque qui t'emmène sur un torrent de tourmente, laisses venir les
tourbillons, les descentes et les remontées, ton Amour est à tes côtés, il te mènera vers des eaux de plus en plus calmes.
Il faut du temps, beaucoup de temps et de patience. Tous les fleuves, même les plus terribles, les plus tumultueux finissent
par se calmer.
Je ne voudrais pas revenir en arrière, à 4 mois car je connais la suite mais ça me permet de te dire que ça va encore
être dure, très dure mais j'y suis arrivée, tu y arriveras. Il y en a eu tellement d'autres "avant nous" et il y en aura
tellement "après nous" !
Je mettais un gilet de François, je m'asseyais à la place de François, pour le "retrouver" ! maintenant je ne le fais plus,
François est "en moi"!
Accroches toi à toutes les mains tendues, tu en as besoin et les personnes sur ce site sont notre "famille de soutien dans la
douleur"
Gros bisous, il neige en Alsace, tout est blanc, calme comme ce calme que nous cherchons toutes et tous.