Oui, c'est exactement ça: nous survivons, même quand nous avons l'impression qu'on n'y arriverra pas, que c'est trop dur, trop déchirant. Avant que ça n'arrive, on peux même se dire que si l'autre mourait avant nous, on ne pourrait pas continuer à vivre, même si d'autres l'ont fait, le font et le feront. Et pourtant, on n'a aucune idée de ce que c'est, on croit savoir, mais on ne sais pas. Pourtant, nous pressentons forcément que ce serait atroce, puisqu'on pense qu'on n'y survivrait pas-c'était du moins mon cas.
C'est très paradoxal, mais lorsque le pire est finalement arrivé, la douleur était au-delà de tout ce que j'avais pus imaginer, et en même temps, je "voulais" survivre, même avec cette souffrance inégalée. Ce n'était même pas "moi" qui voulait survivre, pas de moi-même, c'était...je ne sais pas comment dire, c'était une volonté qui faisait partie de moi, mais d'une partie de moi que je ne connaissais pas, et qui me dirigeait plus que je ne la dirigeait sciemment. C'était une force qui me poussait à survivre, à continuer les gestes du quotidien, a continuer ma vie, ou plutôt une nouvelle existence, au jour le jour, comme une volonté péremptoire qui m'ordonnait de me lever le matin, de commencer la journée, de rester active un minimum, de garder la tête hors de l'eau. J'avais conscience que c'était mon instinct de survie qui s'exprimait parce-que j'en avais besoin, je savais "qu'il le fallait", je sentais instinctivement que ce que j'èprouvais était normal, naturel (aussi triste que ce soit), je pressentais les étapes de deuil, et que je devais les accepter, les vivre pas à pas, sans essayer d'accèlèrer ou de bloquer quoi que ce soit. Cette "connaissance" ètait, et est toujours, du niveau de l'intuition, elle devait être là, à l'état latent, au cas où j'en aurais besoin un jour, puisqu'un deuil est toujours possible. Je ne trouve pas d'autre explication.
Et oui, lire les autres, leur cheminement, leur vécu aide à comprendre que la souffrance est toujours la même sur le fond, de même que le parcours.