bonjour. Je remercie les 4 personnes qui m'ont répondu. Je n'ai lu encore personne qui avait vécu 2 deuils successifs de conjoints. J'attends vos témoignages. Je vais essayer de vous raconter ma petite vie depuis 7 ans. Je vais essayer de le faire chronologiquement pour que vous compreniez ma souffrance. J'ai 3 enfants qui ont actuellement 28, 26 et 21 ans et un petit fils de 2 ans + 1 petit enfant à venir en janvier.
En 2006, mon beau père se suicide, mon fils (le cadet) n'a que 13 ans, on vit dans le même village et il a l'habitude de le voir plusieurs fois par jour. 1er choc pour lui. Mon mari n'en parlera jamais, c'est lui qui l'a trouvé...
En 2008, première alerte pour mon mari (47 ans) beaucoup d'analyses pour détecter un lymphome, on est au mois de mai, chimio, rémission en septembre. Il reprend son travail (agriculteur) et nous passons les 6 mois les plus heureux de notre vie simplement assis sur le canapé en hiver quand la neige tombe dehors, des plaisirs très simples mais quand on pense être passé à côté du pire, c'est le bonheur tout simplement.
En mai 2009, jour de nos 25 ans de mariage, coup de fil du service hémato, mauvais résultats, rechute, mon mari est hospitalisé en juillet pour décéder en septembre, cela fera 5 ans mercredi. Je ne vous raconte pas l'hopital, la souffrance, la sienne, la mienne, celle des enfants, vous connaissez... Il avait 48 ans et moi 47.
Durant cette courte période, les filles sont en université loin de la maison et mon fils est en première ligne pour les retours de chimio, les colères de son papa, etc .... vous connaissez aussi. C'est un enfant qui garde tout à l'intérieur et puis on ne répond pas à "un père malade".
S'ensuit une période où on est entre 2 mondes (vous savez aussi) une ferme à vendre, des lettres anonymes pour cette ferme, bref, je prends tout et protège tout le monde. On passe l'année 2010 comme ça, se soutenant les uns les autres, on est fusionnels avec les enfants.
Janvier 2011, mon frère déclare la même maladie que mon mari, nouvelles angoisses, tout ce qui n'était pas enfoui ressort, brutal. Mais la chimio est efficace, aujourd'hui il va bien.
Pendant cette année 2011, ma fille ainée se marie, difficile de faire sans son papa mais on fait.
Mon autre fille est amoureuse aussi, son fiancé souffre de tocs, vie difficile. 6 tentatives de suicide entre 2011 et mi 2012. Je l'accompagne inlassablement aux urgences, centre psychiatrique. Ou aller chercher du secours immédiat sinon vers sa maman.
En 2012, ma fille ainée accouche d'un petit garçon, enfin du bonheur à l'état brut.
Mon fils s'accroche petit à petit à sa vie.
En septembre, son ami (de 3 ans son aîné) qui l'avait beaucoup soutenu depuis la mort de son papa décède brutalement d'un accident du travail, il a 22 ans. Mon fils arrête l'école (fac LEA) reste dans sa chambre des jours d'affilée, n'a goût à rien, déprime (sans vouloir qu'on lui dise que c'est ça) refuse toute aide extérieure. J'essaie, j'essaie mais j'ai l'impression que je n'ai plus les clés de cet enfant, que je n'arrive pas à l'aider. Il remonte la pente tout doucement, difficilement.
L'année 2013 commence, un peu de répit, ma deuxième fille décide de se marier en septembre malgré tout, sachant qu'une vie difficile l'attend mais elle est amoureuse. Je ne peux pas lui dire de ne pas le faire, elle l'aime.
Mais en août, mon fils après un entrainement de foot repart avec son meilleur ami finir la soirée chez des copains, ils ont un accident et son copain décède dans l'accident, mon fils était passager, s'en sort MIRACULEUSEMENT comme disent le Samu et les gendarmes. Mon fils est blessé mais rien de trop grave, le mariage a lieu 1 mois après, on fait comme on peut. S'ensuit un automne, un hiver à essayer de le soutenir. Je continue à puiser dans mes réserves.... pour aider tout ce petit monde, inlassablement.
Nous voilà en 2014.
Ce que je n'ai pas encore dit c'est que j'avais un meilleur ami depuis 20 ans, il m'a soutenu dans toutes ces épreuves, on s'est raconté nos vies régulièrement au téléphone, autour d'un thé, c'était mon pilier et j'étais le sien, 2 bouées de sauvetage accrochées l'une à l'autre.
C'est devenu mon amoureux quand il a été libre, c'était vraiment le deuxième amour de ma vie et surtout et encore mon meilleur ami. On peut tout se dire, je suis heureuse enfin.
Le dimanche 24 août, je le trouve mort dans son lit, victime d'un AVC, il avait 50 ans.
Voilà, je crois avoir à peu près tout dit, c'est un très mauvais scénario, on aurait tout mis ça dans un film, on aurait dit qu'on en aurait inventé... Je vous assure que tout est vrai.
Je pense que le deuil de mon mari n'était pas encore terminé et que je suis au bout de mes forces, de mon énergie, vidée, anéantie. Je connais le chemin qui m'attend, qu'on appelle le deuil, comment le faire une deuxième fois
Je vous remercie si vous avez réussi à me lire jusqu'au bout, c'est certainement difficile pous vous aussi de lire tout ça.
Je ne sais plus lequel d'entre vous m'a encouragé à vous raconter mon histoire, la voilà et encore, j'en ai gardé un peu...
Si vous avez envie de me répondre, je vous en remercie, vous serez peut être d'autres bouées de sauvetage pour moi ...