Bonjour à toutes et tous.
Cela fait plusieurs jours que je regarde le forum.... vais je me lancer à mon tour ?! Oui j’ai besoin d’écrire mon histoire... cela me fera du bien... ça risque d’être un peu long.. je m’en excuse par avance...
J’ai perdu mon conjoint le 16 septembre dernier. Il avait 48 ans. Il est décédé après avoir lutter durant 5 mois comme un vrai guerrier contre cette p..... de maladie qu’on appelle le cancer. Un cancer du rein métastasé diagnostiqué (trop tard) en avril de cette année. Son décès : un tsunami, un ouragan, un vide sidéral, un gouffre, une abime... j’ai perdu l’homme que j’aimais et qui partageait ma vie depuis plus de 7 ans... le 24 octobre nous aurions fêter nous 6 ans de PACS. Notre histoire était tellement belle que je vais vous le compter maintenant...
Pour commencer, je dois passer par les différentes épreuves qui ont jalonné ma vie (d’où mon titre) :
J’ai passé 20 ans de ma vie avec quelqu’un que j’ai aimé mais qui avait des problèmes pour avoir des enfants (je passe les différentes phases de fiv, insémination ...) puis un jour il m’a laissé tomber pour une personne de 10 ans plus jeune que moi. J’avais 43 ans... j’étais dévastée.
3 semaines plus tard, on me diagnostique un cancer du rein non metastasé ... opérée, rétablie, reprise du boulot 1 mois et demi plus tard... seule mais vivante... par instinct de survie, quelques mois plus tard, je choisie de m’inscrire sur un site de rencontre ... et là je fais la connaissance de mon chéri... c’etait en mai 2011... il me plait, il a l’air jovial avec un brin de tristesse dans ses grands yeux bleus... pendant plusieurs jours nous parlons par mail, puis téléphone... le seul problème... il habite à 400 km de chez moi... nous nous voyons aux week-ends prolongés, aux vacances, puis (,vive la technologie !) par Skype tous les jours... je ne lui cache rien de ma vie.. j’ai un boulot sûr, une maison ( part que j’ai racheté à mon ex), mon cancer, et à mon âge j’ai fait le deuil d’enfant... je ne lui demanderai jamais d’abandonner son village, ses amis, son groupe musical afin qu’il ne me le reproche jamais .. pendant un an et demi nous vivons à distance... les séparations se passaient de plus en plus mal nous pleurions tous les deux à chaque fois.. puis en octobre 2012.. il m’appelle « j’ai démissionné, j’arrive et on se pacs... »
La plus belle preuve d’amour que l’on ne m’ait jamais fait... tout quitter pour moi !!! j’etais bien consciente de ce qu’il laissait derrière lui...
S’en suit des années de bonheur où nous nous rendions des que possible dans sa région retrouver tous ses amis ( et il y en avait !!) , son groupe musical qui perdurait malgré l’éloignement... bref, un bonheur tout simple... ponctué de mon licenciement (au bout de 27 ans), puis de mes études de BTS en un an (que j’ai obtenu à 49 ans !). Mon chéri m’a toujours soutenu et poussé alors que parfois je voulais baisser les bras...
Puis, ce diagnostic implacable en avril de cette année... le même cancer que moi (du même côté)... sauf que pour lui... les métastases sont partout... il a tout de suite dit : « on va gagner bébé ! » tellement plein d’espoir que j’ai suivi, j’ai espéré comme lui jusqu’au bout... jusqu’au dernier jour j’y ai cru... ce n’est possible, il ne peut pas mourir, il ne peut pas m’abandonner, ce n’est pas écrit.. nous devions vivre tous les deux, toute notre vie, on se l’était promis... Ce devat être moi qui devait partir... pas lui !! C’est injuste.... dévastée... les premières semaines j’ai pas trop réalisé... tout à préparer... les affaires qu’il doit porter dans son cercueil, la date de la cérémonie, le choix aux pompes funebres (un grand moment de solitude....) avertir la famille et les amis qui sont loin, coucher tout le monde, faire les courses, faire les lits, préparer un diaporama, choisir les musiques, écrire un discours que je ne sais pas si je suis capable de lire le jour même... (ce que j’ai réussi à faire !) tout ce que je voulais c’etait de lui rendre un bel hommage et que l’on reconnaisse qu’il était une très belle personne... ce sont les échos que j’en ai eu... tout ce que j’ai fait c’est pour lui...
Un mois plus tard j’étais à 400 km, dans sa région, pour un second hommage avec toutes les personnes qui n’ont pas pu se rendre chez nous... 2eme discours réussi !... par contre le lendemain un gros coup de blues... je voulais rentrer chez moi très très vite...
Culpabilité : oui lorsque le jour de son décès, une infirmière de l’hopital m’a dit « vous savez, vous pouvez coucher là ce soir... » et moi comme une pauvre égoïste (après 15 jours de visite de 13h à 19h à l’hopital) je n’en pouvais plus .. je voulais rentrer chez moi... je suis rentrée avec des amis, nous étions à la maison en train de boire un coup lorsqu’à 22h40 le téléphone a sonné pour nous annoncer son décès.... 3 heures avant j’etais encore avec lui....il est mort tout seul et ça j’ai du mal à l’encaisser.... parfois je me dis il a attendu que je sois partie pour se relâcher....
Tristesse : cachet pour dormir, repliée dans le canapé en pyjama toute la journée, perdu 6 kilos, je lui parle tous les jours... au début dans ma tête, puis rapidement à haute voix, des amis qui espacent leurs appels .. je leur rappelle trop leur pôte et du coup leur tristesse... la famille et mes amis qui ne savent plus quels mots me dire pour me réconforter.... ils savent par quoi je suis déjà passée ... en bref, je suis seule avec mes souvenirs, mes photos, vidéos, mon chagrin que je choisis de ne pas trop montrer aux autres pour ne pas les peiner eux mêmes... bien des soirs j’ai regardé la poutre de mon garage et cette grande rallonge électrique.....
Objectifs : j’ai des objectifs à respecter vis à vis de mon homme.... dispersion de ses cendres dans sa région au printemps, et trouver un boulot pour assurer au niveau financier et espérer garder la maison où non étions si bien tous les 2....
Je suis en mode survie.... chaque jour, je me pousse à me lever de mon lit, à manger, à vivre sans lui.... j’essaye de ne pas m’isoler, je sais que le chemin seara long, tortueux, éprouvant, semé d’embûche, de désillusions.... mais je vais essayer de le faire pour mon homme, mon cœur, pour le courage qu’il a eu jusqu’au bout et faire respecter ses dernières volontés.... je lui dois bien ça....
Je sais qu’il est là près de moi et veille sur moi .... il me manque tellement.... j’aimerais qu’il me serre une dernière fois dans ses bras....... et me dise « tu vas y arriver bébé !!! »...
« Tu n’es plus là où tu étais, mais tu es partout où je suis » Victor Hugo
Merci de m’avoir lu.