Bonjour à tous,
C’est la première fois pour moi que j’écris dans un forum, c’est très intime et je ne pensais pas réussir à le faire, mais vos témoignages m’ont tellement émue que j’ai décidé de me lancer pour vous raconter mon histoire. Celle-ci est compliquée ... et mon deuil est à son image. J’ai perdu mon âme sœur le 12 aout dernier, d’une septicemie. Il avait 37 ans. Nous nous sommes rencontrés il y a 7 ans, à l’époque je n’avais pas voulu le voir mais il avait déjà des problèmes avec l’alcool. Cela n’a fait que s’empirer. Il a eu un cancer du foie il y a 3 ans, puis une cardiomyopathie l’année dernière ... ce qui lui a valu la pose d’une assistance cardiaque externe (turbine au niveau du cœur et batteries externes). Il n’a jamais vraiment cessé de boire, après son opération pour le foie il a repris, évidemment que cela n’était pas tolérable pour moi ... mais bien que voulant le quitter je n’y arrivais pas. L’année dernière il a été dans le coma, pendant plusieurs jours, et pour la première fois de ma vie j’ai beaucoup prié la vierge. Je pense, au vu de ce qu’il m’a racontée du coma et de ce que j’ai ressenti, qu’elle l a ramenée à moi. Je l’ai accompagné pendant l’hôpital, et après. Jusqu’à jour où je l’ai surpris une bière à la main. Pour moi ça été un déclic : j’ai prié, veillē à son chevet, eu des nuits d’angoisse et il continuait. C’est comme si il n’avait aucun respect pour la souffrance et la peur que j’ai ressenti. Petit à petit on s’est éloigné, j’ai rencontré quelqu’un d’autre et l’ai quitté en avril dernier.
Aujourd’hui je suis avec mon nouveau compagnon. Il m’aime et me soutient. Il est adorable.
Mais j’aime mon seul et unique amour qui est parti. Je regrette de l’avoir quitté, et ça je ne peux pas le dire. Je regrette de ne pas avoir été là pour lui, et je ne peux m’empêcher de penser qu’il ne serait pas mort si j’étais restée. Je m’en veux d’avoir écouté les gens, mes parents, mes amis, la pression sociale, qui me disaient que je gâchais ma vie à rester avec un alcoolique.
Oui probablement que je me gâchais un peu, mais aujourd’hui je me gâche encore plus. Notre histoire était difficile, mais le lien qui nous unit est pur et fort. Je l’ai aimé malgré la pauvreté, la maladie. Il est le seul à m émouvoir, il n’était pas parfait, loin de la, mais je l’aime de toutes mes tripes. Depuis le 12 août j’ai l’impression d avoir le ventre ouvert. Je m’en veux surtout de ne pas m’être écoutée. J’aurais du me faire confiance, lutter encore, l’aimer toujours. Au fond de moi je sais que l’issue aurait probablement était la même, mais j’aurais eu plus de temps avec lui, et j’aurais pu lui donner plus.
J’ai pu lui dire au revoir, lui dire que je l’aimais, il est mort dans mes bras, et son cœur a lâché sur le « je vous salue marie » de l’aumônier de l’hôpital. Je crois qu’elle a pris le relai parce que je n’étais plus là pour lui.
Aujourd’hui j’essaie d’être forte, d’être cohérente avec mes choix et de donner de l’amour à mon nouveau compagnon. Il n’a rien demandé, il comprend cependant vu ma peine que mes sentiments pour lui n’étaient pas finis, loin de la. Hier il m’a demandée si je regrettais de l’avoir choisi .... je ne peux pas lui dire que oui. Que maintenant de choix il n’y en a plus.
La seule chose qui me réconforte c’est de savoir que je vais partir un jour aussi. Je ne suis pas suicidaire, je vais essayer d’être une femme bien et d’être présente pour ceux que j’aime. Mais j’aspire ardemment à la mort, pour pouvoir le retrouver. C’est l’unique réconfort que je trouve, je suis dans le pire des cas à la moitié de ma vie, ça va être long mais l’issue sera la. J’aimerais tellement le serrer dans mes bras, sentir son odeur, qu’il me parle encore de ses trucs de planètes, de politique, de legos. C’est l’homme le plus courageux que je connaisse, il a continue d’être généreux avec tout le monde malgré ses souffrances morales et physiques. C’est un saint. Et comme tout on le réalise que trop tard. Je t’aime chéri. Pardonne moi de t’avoir quitté, si tu savais que je pensais à toi tous les jours et que je continuais de t’aimer. Que je continue de t’aimer. Je t’aime. Je ne sais pas quoi dire d’autre ....j’espère que tu le sais et qu’on va se retrouver.