Chimène,
Comme te le disent les autres membres du forum, ne va pas trop vite. Prends le temps de continuer avant d'avancer.
Moi aussi je suis à presque 4 mois de deuil, de cauchemar; ce sera le 6. J'ai 30 ans, je suis enceinte de 8mois et ai 2 adorables filles de 3 et 5 ans. Et depuis ce 6 novembre, mes réflexions n'ont évoluées.
Tout d'abord en ce qui concerne la maison. Au début, je ne pouvais y rester seule. Mes filles étant scolarisées, ma maman restait avec moi la semaine, et le weekend j'allais à droite à gauche. Chaque recoin me rappelait mon chéri,ce que nous avions choisi et fait sur la maison, ce que nous voulions faire et surtout son absence. Et puis sont arrivées les vacances de Noël. Nous avions prévu avec les filles d'aller chez différents membres de ma famille. Et pendant ces 15 jours, je me suis rendue compte que j'avais besoin d'être dans notre maison, d'être chez moi tout simplement. Pour les filles cela représente la stabilité et un minimum de repères, même si nos habitudes ont changées depuis. Pour moi, c'est mon cocon, c'est l'endroit où j'ai l'impression de ressentir sa présence. Ainsi depuis la rentrée scolaire de janvier, je suis rentrée seule avec les filles à la maison. Et je me suis aperçue qu'inconsciemment je retenais mes émotions jusque-là car je n'était quasi jamais seule. Pour résumer, je ne voulais plus de ma maison les premières semaines et je me disais que ça allait être long d'attendre la fin de l'année scolaire pour déménager (car je souhaitais quand même que mes filles finissent leur année). J'étais également prête à venir habiter chez mes parents le temps de trouver un logement si je n'avais rien pour l'été. Et aujourd'hui, je ne veux pas aller chez mes parents sauf si ce n'est que pour 1mois. Je sais que ça n'est pas la bonne solution pour les filles et moi, si je ne trouve pas de location pour la rentrée scolaire de septembre, je préfère rester encore chez nous.
Néanmoins je suis contrainte de vendre notre maison car mon travail est trop loin (à 60 km) et seule ce n'est pas jouable. Je pense aussi que, pour moi, pour me permettre un jour d'avancer, il est nécessaire que je déménage même si je sais que ce sera très difficile de quitter notre nid. Par contre, si j'avais été plus près de mon travail, je pense que je resterai dans ma maison plus longtemps, le temps de m'adapter davantage à la situation. Maintenant, c'est ma vision des choses et chaque cas est différent.
Un autre exemple que je peux te donner concerne l'accouchement à venir. Dans les premiers jours après le décès, j'ai demandé à ma maman si elle voulait bien m'accompagner pour accoucher. Et après un mois, j'ai commencé à me dire que ce serait peut être mieux pour moi que j'accouche seule. Je me suis aperçue que j'étais en décalage avec ma maman, car elle ne vivait pas le même deuil et ne passait pas par les mêmes émotions que moi, ce qui est tout à fait normal. C'est ça qui a été, je pense, l'élément déclencheur de mon souhait d'être seule, qui au fil des jours s'est confirmé. J'ai besoin de ressentir toutes les émotions qui malheureusement seront à la fois de la joie et de la tristesse, et de pouvoir les exprimer sans aucune retenue. Je me dis aussi que ce n'est qu'avec mon Amour que j'aurai voulu être dans un tel événement ; personne d'autre.
Ces 2 exemples pour te faire comprendre qu'il ne faut pas que tu ailles trop vite dans tes décisions, sachant que je ne suis pas sûre que l'on soit forcément en mesure de pouvoir faire des choix très résonnés en ce moment, il nous faut du temps. Et surtout, il faut que tu fasses les choses pour toi, ce que tu penses être le mieux pour toi et ta fille, pas ce que les autres pensent que tu devrais faire.
Je pense que ta maman a peur pour toi, qu'elle aimerait que tu ailles déjà mieux. Ce qui n'est pas possible. Mais comme la mienne, elle ne traverse pas les mêmes émotions que toi et ne peut donc pas comprendre. Pour expliquer à mes proches ce que je ressentais et ce que je traversais, je leur ai dit de regarder la conférence de C.Faure, et depuis ils me comprennent mieux et ça les à aussi éclairés sur leurs émotions. Peut être que tu pourrais proposer à ta maman de la regarder ?
Pour ce qui est de ta grande tante, je comprends totalement. Une semaine après mon chéri, j'ai une tante qui est également décédée. La situation n'est pas la même, elle était malade depuis des années et son état s'était aggravé en quelques mois. On savait donc que cela pouvait arriver du jour au lendemain. Néanmoins, son départ ne m'a malheureusement que très peu attristée. Je crois qu'à côté de la perte de mon chéri, ce n'est rien, même si c'est moche de dire cela. On est tellement pris dans notre deuil, notre cerveau ne pense qu'à ça.
Notre vie et nous avec ont changés. Nous ne serons jamais plus comme avant. Nos centres d'intérêt et l'importance que l'on porte aux choses et aux événements sont modifiés. Certaines choses du quotidien nous paraissent aujourd'hui tellement banales.
Désolé pour le roman Chimène, mais je voulais seulement essayer de te soutenir et de te faire comprendre que tu n'es pas seule, que tes réactions sont normales et que nous te comprenons.