FORUM "LES MOTS DU DEUIL"
Comprendre et vivre son deuil => Vivre le deuil de son conjoint => Discussion démarrée par: Yentel le 07 mai 2015 à 17:59:27
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Coucou tout le monde...
Comme vous le savez peut-être, je travaille en maison de repos (EPHAD en France). Il y a quelques temps est entré un Monsieur de 69 ans qui a perdu son épouse en janvier 2014 et qui ne va vraiment pas bien... Je reconnais très bien le "Basilic" qui est en train de le narguer et la souffrance qui le ronge... Il attend la mort... Et il n'est compris de personne : l'équipe soignante le classe "deuil pathologique", "deuil dysfonctionnel" selon les théories qu'elles ont appris et déclarent : "Un deuil normal dure 6 mois, après il est dysfonctionnel" ! Le fait que ce Monsieur aie fait un séjour en institut psychiatrique n'arrange pas les choses...
Alors je me suis dit que je pouvais peut-être l'aider en partageant mon "expérience" pour donner à mes collègues infirmières et soignantes un autre regard sur le deuil... Accepteriez-vous de témoigner vous aussi de ce que nous vivons ? Seriez-vous d'accord de noter ici, sur le forum, à quel moment du deuil vous vous trouvez et vos ressentis ? Je pourrais imprimer vos témoignages et les mettre à disposition de tous dans la résidence où je travaille...
D'avance je vous remercie pour votre aide... Mais surtout ne vous sentez pas obligé(e)s... Faites selon votre coeur...
Je vous embrasse,
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Bonjour Yentel,
Bon alors selon les codes de cette équipe soignante je pense vivre un deuil pathologique d'ici un mois.... Car je pense que même après six mois, je serai encore et certainement pour fort longtemps dans la peine, le chagrin, le manque, le vide, le sentiment d'injustice.
La perte de mon Amour ne guérira jamais et sûrement pas en moins de six mois.... Tu peux faire part de mon ressenti à ce monsieur et lui dire que non ce n'est pas anormal de souffrir quand on a perdu l'amour de sa vie.
Et ceux qui jugent, qui se permettent de juger notre peine et notre souffrance face à ce deuil, et bien si un jour ils sont dans notre situation, on verra comment ils feront, on verra s'ils sont si forts et si au bout de six mois ils auront tourne la page. Et si c'est le cas, s'ils oublient aussi facilement et passent à autre chose et bien je me permettrais alors à mon tour de juger et de douter de la véracité de leur amour perdu....
Je t'embrasse Yentel
Lana
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Kikou yentel,
A 6mois de deuil, je me souviens du chirurgien qui m'a dit "vous n'avez pas encore fini?"
Un deuil ne se termine jamais, on souffre moins, bien sur mais il est en nous juqu' au bout de notre vie.
Je conseillerais le livre du docteur Fauré à tous ceux qui font des études médicales, soignantes...
Je peux te dire que j'aimerais que tout le monde le lise et sache notre souffrance au quotidien.
Je t'embrasse ;)
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Bravo pour cette démarche Yentel , malgré ton propre deuil , tu tiens à aider cet homme
Et si , en voulant l'aider , tu permets aux soignantes de mieux connaitre cet état , alors c'est encore mieux....
Si passé 6 mois , on parle de deuil pathologique alors aucun deuil ne l'est pas
Cela fait 8 mois pour moi , la douleur , le manque me rongent chaque jour qui passe
C'est une souffrance au quotidien , un combat ...
Je ne vis pas , je survis...
Leelou a raison , lire le Dr Fauré pour que les autres , à défaut de comprendre , sachent ce qu'est vraiment le deuil
J'en suis à 8 mois et je sais bien que je suis très loin d'être au bout du chemin...
Les nombreux témoignages , ici , de plus anciennes , le confirment
:-* yentel
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Cette démarche t honore Yentel, car toi tu sais.
6 mois et ca doit aller...., alors on est tous bon poir l hopital psy, demande a ton équipe de faire une gigantesque place, du monde arrive.....
Moi je suis a 9 mois, je n imaginais meme pas que cela puisse etre aussi douloureux. J ai l impression que c est meme pire. Car maintenant la pleine conscience est de mise, et le coeur lui est complétement explosé. Le manque est terrible, horrible.....
Peut etre avez vous un budget pour de la documentation. Achete le livre du Dr Fauré........, et meme s ils ne le vivent pas au moins ils auront les bonnes informations pour comprendre....... A mon avis, ca leur fera tout drole
Si tu as besoin de témoignages en bonne et due forme, compte sur moi
Stefy
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Merci pour vos réponses et votre soutien... :-*
Moi aussi je fais partie de la catégorie "Deuil dysfonctionnel"... 13 mois et demi et même si les phases d'accalmies se font plus longues, plus fréquentes et plus vraies, la douleur est toujours là... Je commence à l'apprivoiser et à comprendre qu'elle sera une de mes compagnes de vie, jusqu'au bout...
Si on arrive à bousculer et ébranler ces ridicules croyances sur le deuil, alors notre douloureuse expérience n'est pas tout à fait vaine et notre vie reprend un peu de sens...
Je vous embrasse très fort...
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;) Ok Stefy, je vais les prévenir que toutes mes amies arrivent... ;D Qu'ils préparent les camisoles...
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Oui moi aussi Leelou, je voudrais que tout le monde lise ce livre et sache notre souffrance au quotidien ........
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Il devrait être déclaré "d'utilité publique" ce livre du Docteur Fauré...
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;D yentel
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:-* à toutes...
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Merciii...
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Pour etre honnete, il y a un peu plus de 10 ans une amie a moi, pas très proche, mais quelqu un que j apprécie, a perdu, son copain, il s est pendu, elle l a trouvé........
Envrion 6 mois apres, nous nous sommes retrouvées seules et elle m a expliqué sa douleur, m a dit qu elle était tojours en colère contre lui. Evidemment j ai cru tout ce qu elle me disait, je pensais alors comprendre, comme c etait dur, je m imaginais perdant quelqu un........
Ben je peux vous dire que j y pense beaucoup a cette amie, et que oui j avais compatis, mais en fait je n avais rien compris.....
Maintenant je sais, maintenant je comprends........
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Moi aussi je pense avoir parfois été maladroite "avant", on ne peut réellement comprendre, hélas, qu'en vivant cette douleur...
Maintenant nous pouvons aider mieux ceux qui souffrent...
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Très chère Yentel
oui tu es honorée de vouloir aider cet homme !
si nos deuils peuvent aussi "servir" à aider c'est bien !
As tu la possibilité de leur faire connaitre la vidéo http://www.allodocteurs.fr/actualite-sante-deuil-les-mots-pour-en-parler_9494.html ...
et
http://www.inrees.com/Conferences/dimensions-du-deuil-Comment-vivre-le-deuil/
ce sont des vidéos
aussi je te conseille de leur imprimer
http://deuil.comemo.org/combien-duree-temps-deuil
et suggérer un contact avec l'association !
ici nous serions tous en deuil pathologique je crois ...
tu peux dire à cet homme que des milliers voire des millions de personnes de par le monde sont comme lui.
Son deuil est compliqué oui comme tout les deuils !
Au bout d'un an la douleur morale est toujours là même si elle s'est modifiée :
elle est moins souvent intense et son intensité s'abaisse , les mots intenses durent moins longtemps
elle laisse venir au premier plan d'autres choses pour des durées de plus en plus longues
mais elle est là !
Cette douleur se vit avec des larmes, des douleurs dans le corps.
Quand un évènement porteur de joie arrive (naissance dans la famille) la douleur côtoie la joie, on les vit en même temps, elle ne disparait pas !
On est définitivement autre.
Surtout qu'il ne se croit pas anormal !
Ce personnel soignant peut il simplement s'informer : Dr Faurré, Kübler Ross, Nadine BEauthéac ...
:-* à toi
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Merci, je savais que je pouvais compter sur vous... :-*
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Yentel
Pour 18 mois de deuil et toujours pas fini. Le manque est horrible.
J'ai l'impression que ce mal qui me ronge va me faire devenir folle.
Seul les personnes qui vivent la perte du conjoint savent que nous avons perdu notre moitié.
Plus de projet plus d'avenir.
On fait bonne vigure , mais si il savait le mal que ça fait .
Je trouve ça honorable malgré ton deuil que tu aide cet homme
Je t'embrasse
Dj
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Yentel,
Après maintenant 31 mois, un suivi hebdo par une psy , et bien je pense que pour cette équipe qui à du pendant leurs études survoler le deuil assez rapidement, eh bien le mien est very pathologique !!
je crois qu' il faut vraiment que l'on comprenne, que le deuil est un état très particulier, totalement ignoré, et étudié, si ce n'est par les psychologues spécialisés dans celui-ci ,ou par les psychiatres dont les études, en plus de la médecine sont beaucoup plus basées sur le mental des patients, et les effets que peuvent produire certains événements de la vie , dont bien sur, le deuil.
Alors , je pense que tes collègues mettent en pratique, le peu de psychologie apprise, nous savons tous pour le vivre au quotidien, que nous seul pouvons comprendre....
Et que malgré toute l’empathie, on ne sait vraiment, complétement, qu'après, et cela va bien au delà de ce que l'on pouvait imaginer, si toutefois, nous y avions réellement pensé....
On ne peux oublier l’être aimé il reste là en nous, la douleur s'apaise avec le temps mais jamais complétement, j'ai toujours le cœur eu bord des larmes, le choc et le manque, sont là,"même si l'on met parfois la poussière sous le tapis"
Avec le temps, on fait avec, parce que nous n'avons pas le choix, et souvent, on fait bonne figure, pour une raison identique, les périodes de mal être intense, de souffrance sont plus courtes , mais elles existent, elles restent présentes en nous, comme il me manque!!
Je trouve ta démarche très bien, tout a fait en adéquation avec ce que nous aurions voulu que l'on nous témoigne, que l'on nous comprenne, si seulement....
Je t'embrasse bien fort.
zabou
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Déjà pourquoi le deuil serait pathologique.....ou dysfonctionnel
Chacun,. Le vit différemment,il n y a pas D ordre chronologique obligatoire ni dans la façon ou la durée
comment expliquer nos ressentiments,nous endeuillés, à ceux un n ont pas eu à vivre cela..
nous mêmes,avant,aurions nous pu comprendre cet état....non car tellement difficile à expliquer
C’est une bonne initiative. Yentel que tu as.... mais peut être que ce Mo sieur aurait besoin aussi de lire ces témoignages,il se sentirait moins seul dans sa traversée du désert .....
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Re yentel
J'ai bien pensé à ton petit pensionnaire, c'est t'on posé les questions essentielles avant de dire que c'est un deuil dysfonctionnelle?
A t'il pu parler, raconter encore et encore son histoire?
A t'il eu une oreille attentive et à l'écoute?
Quel était ses moyens pour en parler? Quel était son entourage?
On me dit souvent que j'avance vite, que je suis forte et courageuse, quelle blague, seule je n'aurais pu avancer.
Je pense souvent aux personnes qui vivent un deuil et qui sont seules, sans personnes à qui parler, qui ont pour seule compagnie leurs souvenirs et leur douleur.
Sont elles moins fortes, moins courageuses?
Ils n'y a pas de force ni de courage dans un deuil mais un accompagnement de qualité, une empathie, une écoute, un réseau même minime mais de qualité.
Dis à ton petit pensionnaire qu'il n'est pas seule, que nous sommes là et que nous le comprenons.
Pourquoi ne pas photocopier toutes nos réponses et lui montrer
1+1+1......= une chaine de solidarité
Je vous envois toute mon amitié à vous amis et amies de douleur et je serre dans mes bras ton petit pensionnaire Yentel
Sylvie
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Tout à fait d'accord. L'accompagnement est fondamental pour les endeuillés. Pour moi, 18 mois que mon mari n'est plus et je confirme que cela est difficile même si la douleur est moins intense avec le temps. Quelle méconnaissance de la part de ces soignants. A quand une journée nationale des endeuillés pour mieux faire connaître ce que nous vivons et que tous vivront un jour ?
Amitiés
Frédérique
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Bonjour Yentel, bonjour tout le monde (comme tu dis si bien Yentel)
Je n'ai pas vraiment grand chose à ajouter aux commentaires précédents, dans lesquels je me retrouve bien évidemment au bout de 15 mois de deuil.
Je chemine, comme tout un chacun, à ma façon, unique car il n'y a pas un standard du deuil comme pour la mode. Il y a des étapes à franchir, une transformation intérieure importante à mettre en place (qui se met en place à nos cœur et corps défendant parfois) et la certitude que le deuil n'a pas de fin.
J'ai parfois, comme vous, peur de l'avenir avec la furieuse envie de me réfugier dans le passé, et puis, un autre jour se lève, où je me surprends à sourire, à rire, à ne pas être si mal en point que cela ... Au bout de 15 mois, je ne sais toujours pas qui je suis vraiment maintenant ni ce que je veux pour la suite de ma propre vie, puisqu'il est manifeste que j'ai un sursis par rapport à l'homme que j'aimais et que j'aime toujours. Pour autant, j'essaie de ne pas perdre de vue que je ne connais pas ma date de péremption et que peut-être que je vivrais centenaire mais que, peut-être aussi, je décèderais avant la fin de cette journée ou demain... je tache donc, au bout de ces mois de déchirement et de transformation, de ne garder que le positif du passé et de vivre dans le présent... autant que faire se peut ... avec toutes mes imperfections et celles du Monde dans lequel j'évolue.
Au fur et à mesure d'un temps que nous ne mesurons pas et ne maîtrisons pas, nous allons moins mal ou mieux et la vie revient, mais pas comme "avant". Il y a du plaisir à se promener dans la nature, à échanger avec l'entourage (pas forcément le même "qu'avant"), à voyager, à lire ... la douleur se transforme, la tristesse et le chagrin reviennent par vagues qui nous ébranlent mais ne nous détruisent plus, le questionnement sur soi, sur le sens de la vie, sur l'avenir devient prégnant. La plaie béante est en cicatrisation, elle saigne parfois encore mais plus de son flot difficile à interrompre des premiers mois. Il faut juste éviter de gratter cette fragile cicatrice pour l'instant, un simple frôlement parfois suffit à raviver...
Pour qui veut comprendre intellectuellement ce qu'est le deuil (et notamment le deuil de la personne aimée) l'ouvrage du Dr Fauré est en effet un incontournable (et le seul à lire si on ne veut/peut qu'en lire un seul).
Lorsque je pense à ce que tu vas faire Yentel : partager ton expérience pour tenter de faire évoluer une situation précise mais aussi essayer de changer le regard du personnel de ton établissement, je me souviens d'un échange que nous avions eu sur "le sens" de nos deuils. Un des sens du tien est peut-être de faire bouger les marques, là, tout près de toi, pour ce monsieur et pour d'autres :) C'est une très belle initiative.
J'ai envie, en guise de pierre à l'édifice, de rappeler des éléments déjà évoqués mais que l'on perd parfois de vue :
- le personnel soignant en tant que tel n'existe pas. Il est composé d'hommes et de femmes avec leurs connaissances, leurs compétences, leur histoire, leur vécu actuel bref leur individualité.
Sa formation "au deuil" est avant tout : brève ou inexistante, peut-être très ancienne, probablement essentiellement théorique. Cette formation se télescope avec sa propre approche de la mort (selon qu'il l'a déjà côtoyée dans son environnement personnel ou pas, selon la façon dont sa propre mort est envisagée ...).
Il ne sait pas faire, dans la grande majorité des cas, parce qu'il ne sait pas tout simplement. Comme nous ne savions pas nous même avant de vivre ce tsunami. Nous aussi nous avons peu accompagné ou mal accompagné ou été maladroit parce que nous ne savions pas, intimement, profondément, dans notre cœur, dans notre corps, ce que c'était concrètement que de perdre un être cher, l'être qui nous était le plus cher.
Il est donc sans doute nécessaire de ne pas blâmer la manière dont le personnel soignant s'y prend mais de partir du postulat de l'ignorance et de partir des représentations existantes pour apporter ensuite les connaissances : livre Dr Fauré, témoignages (le tien Yentel, ceux du forum, peut-être y a t'il aussi dans ton établissement d'autres endeuillés de l'être cher qui, s'ils sont doucement sollicités, pourraient communiquer leur vécu ...).
- cet homme de 69 ans a perdu sa femme. Nous ne savons rien de lui mais il semble indispensable en effet d’ôter l'étiquette qui lui a été collée de "dysfonctionnel dans le deuil". Cet homme a besoin qu'on le voit avec compassion , que l'on voit derrière ce qu'il est aujourd'hui l'homme amoureux qu'il a été un jour, le mari dont la femme était peut-être le pivot de l'existence. Il est maintenant en double peine : il a perdu sa moitié et il est enfermé dans un lieu qui ne lui parle de rien, ni de personne.
Il me semble important de nouer un dialogue avec lui, de l'autoriser (et de l'aider un peu) à raconter sa vie, parler de sa femme, de leur histoire... car comment peut-il avancer si tout reste bloqué à l'intérieur ? Son monde s'est écroulé il y a si peu de temps.
Ce relationnel à mettre en place n'est pas que de ton ressort Yentel (attention de toujours te préserver dans tes actions), les membres du personnel que tu auras réussi à sensibiliser seront de précieux alliés. Si ce monsieur a encore de la famille, il est peut-être possible de faire du lien de ce côté là aussi. Et puis, pour le quotidien, si un autre endeuillé de la structure peut échanger avec lui de temps à autre ... ils se feront du bien mutuellement car ils seront dans la compréhension immédiate.
Je te souhaite du succès dans ce beau projet humain (tu viendras nous raconter les avancées et les inévitables déboires) et à cet homme la possibilité de cheminer à son rythme dans la bienveillance.
Je t'embrasse bien fort la belle et te souhaite (ainsi qu'à tout le monde) une journée la plus douce qui soit dans les tumultes du moment.
Prenez soin de vous du mieux possible
Bises
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aujourd'hui cela fera 17 mois que mon mari est parti
ce monsieur est seulement au tout début de son deuil, à six mois j'etais encore sous le choc, pas encore complètement consciente, je crois que j'attendais encore son retour, je voulais croire que miraculeusement j'allais me réveiller de ce cauchemar et qu'il serait avec moi, à un an je n'avais pas beaucoup plus avancé ...
maintenant seulement j'arrive à aller au cimetière sans pleurer, j'arrive à regarder les photos, mais je n'ai encore rien touché de ses affaires, même pas ses vêtements, ses lunettes, rien n'a bougé, je n'ai pas encore effacé son message sur notre répondeur, et il m'arrive encore de me téléphoner juste pour entendre sa voix
pourtant ma douleur s'est apaisée un peu, les larmes ne m'accompagnent plus tous les jours, et je regarde le printemps arriver avec plaisir
j'arrive à sourire et même à rire parfois, j'écoute de la musique et je prends plaisir à lire, mais le futur sans lui me semble encore insurmontable, la façade que je présente aux autres est un peu plus souriante, mais toute seule je ne souris jamais ...
je n'arrive pas encore à voir les moments heureux du passé, ils sont estompés par les jours difficiles, j'ai encore besoin de temps pour "digérer" tout ça
je vois un psy régulièrement et j'avance à tout petits pas
surtout, ne demandez pas à ce monsieur d'afficher quelque chose qu'il ne ressent pas encore, laisser lui du temps, peut etre pourrait il écrire sa douleur, sa colère, sa peine
dites lui qu'ici nous comprenons ce qu'il vit
je me permets de l'embrasser
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Je crois que ca a été proposé, mais pourquoi pas permettre a ce Monsieur de connaitre ce forum........
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La psy qui me suit parle d'une durée de deuil pour un conjoint de 4 à 5 ans. Une amie qui connait une psy spécialiste du deuil m'a également parlée d'une durée de 4-5 ans. Hier, encore, un ami m'a dit que sa mère avait mis 5 ans pour se remettre de la mort de son mari.
En meme temps, il est tellement difficile de comprendre tant que l'on a pas vécu cette situation. Nous non plus avant nous ne savions pas...
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et 5 à 8 ans pour un enfant.. avant d'aller significativement mieux.. incroyable, non?!
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Une amie veuve à l'âge de 25 ans et maman d'un petit garçon m'a dit qu'elle avait mis dix longues années pou aller mieux et accepter.... Elle a maintenant 50 ans, elle a un nouveau fiancé depuis 2 ans, veuf aussi mais jamais elle n'oubliera le papa de son fils disparu trop tôt il y a maintenant 25 ans...
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J'ai mis 10 ans pour accepter la mort de ma sœur...
et considérer que c'était un événement de ma vie... et plus une tragédie...
10 ans , c'est long...
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Mais en fait, vous allez certainement être étonnées par ma question !
Que veut dire "accepter " au juste.?
Dans ma définition personnelle, moi je suis incapable de dire que j'accepterai un jour !
Il serait intéressant de voir et surtout comprendre le sens des mots pour certaines personnes.
Donnez moi vos idées, j'aime beaucoup ce genre d'échanges
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non, pas étonnée de ta question puisque je me l la suis aussi posée...
Accepter, dans ma phrase ça voudrait dire: consentir à ce que ce soit arrivé, que je ne peux rien y changer, que ça fait partie de ma vie...
"c'est comme ça"...
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non, pas étonnée de ta question puisque je me l la suis aussi posée...
Accepter, dans ma phrase ça voudrait dire: consentir à ce que ce soit arrivé, que je ne peux rien y changer, que ça fait partie de ma vie...
"c'est comme ça"...
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oui, Eva je comprends ......ce que tu veux dire, pour le moment, je n'arrive pas.
Je suis encore dans la colère, le pourquoi, non ce n'est pas possible, comment je vais faire, est ce que je vais y arriver à long terme !!!!!
Toutes ces questions que je me pose, tout ces faits qui me déstabilisent, et je suis aussi encore dans le fait de me sentir coupable, coupable de ne pas avoir vu certaines choses, d'avoir peut être privilégié ma vie personnelle à un moment donné.
D'avoir été égoïste.
Voilà dans quel état d'esprit je suis.
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Pour moi " accepter " c'est être d'accord avec , comme par exemple les termes d'un contrat, hors , je fais avec ....
Deux choix finalement s'offre à nous , les rejoindre ou bien rester, j'ai toujours pensé que notre instinct de survie est plus fort que tout, la peur peut être aussi du néant, et s'il n'y avait rien....
Alors , on souffre, sans accepter, on se rajoute une bonne dose de culpabilité, avec toutes ces choses que l'on aurait pu voir, et peut être alors éviter le pire....
Je fais avec, souffrance plus acceptable, culpabilité au bord du cœur, le temps passe et portant je n'accepte pas, le pourrais je un jour?
Je suis aujourd’hui convaincue que non, mais on évolue.....
Je comprend ton état d"esprit, il en faut bien des mois ( des années) pour être atteintes d'une certaine dose de fatalisme....
Je t'embrasse fort
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@ fabisa
Beaucoup de questions qui viennent surajouter à notre souffrance! et pourtant nous n'avons pas le pouvoir de tout maîtriser! nous avons nos limites.....ne soyons pas dur avec nous alors que nous traversons des épreuves difficiles..... la souffrance parfois fait dire des choses pas rationnelles!!!fabisa accueille ta souffrance, et encadre la bien....t'as perdu ton enfant, c'est déjà beaucoup!
a bientôt
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Bonsoir Fabisa
Pour moi accepter ce serait faire avec... Mais j'en suis bien loin pour le moment.... J'en suis encore à la colère après ce putain de cancer que je hais, je trouve injuste qu'on m'ait pris mon Amour et pour l'instant je ne peux pas penser autrement
Je t'embrasse
Lana
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En fait, on se rejoint toutes
Merci de vos messages et de vos gentilles paroles.
On est pas prête à accepter.....
Pour moi, accepter ! accepter une situation, accepter de perdre à un jeu, accepter de devoir faire des concessions, mais impossible d'accepter le décès de ma fille.
Je vous embrasse moi aussi et vous souhaite de trouver un peu de douceur de vie, malgré ce qui nous arrive.
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@ Fabisa
Moi qui crois en une autre vie après la mort, Je n'accepte pas .. Je souffre de l'absent oui , accepter non
Bonne nuit
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Mon fils s'est donné la mort il y a bientôt quatre ans. Je respectais son choix mais ne pouvais l'accepter. Â partir du jour où j'ai compris, grâce à mon fils cadet, que Xavier avait fait ses choix Et que nous ne pouvions rien y changer, j'ai pu enfin accepter son choix. Cela n'est pas pour autant qu'il me manque moins ou que je souffre moins. C'est seulement que je me torture moins l'esprit â me poser des millions de questions qui resteront sans réponse. Son absence reste intolèrable, ce manque immense que jeressens dans chaque fibre de mon corps ne diminue pas. Mais j'arrive â sourire et à rire sans me sentir coupable, je ne suis plus une survivante, je suis tout simplement en vie. Et je dédie mes joies â mon ange qui veille sur moi comme je lui dédie mes larmes qui sont des petites lumières destinées â éclairer son chemin là oû il se trouve aujourd'hui.
Bon courage à toi, et beaucoup de force pour te soutenir
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Moi aussi je lui dédie ma vie...
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Moi aussi.......je dédie ma vie à ma fille, ma Cindy!!!
Je ne crois pas personnellement qu'il existe un autre monde, mais si , je dis bien si, c'était le cas, je sais que ma Didi est bien, reposée, tranquille, et surtout, apaisée.
Elle a lutté sa courte vie pour tenir debout, toujours rattrapée par son mal être.Mais si il y a un autre monde, j'espère de tout cœur qu'elle est enfin heureuse à 200%.
C'est ce que j'aimerai croire vraiment !
C'est triste de ne pas avoir la foi.
La seule chose dont je sois certaine, c'est que son esprit est en moi, c'est comme si nos esprit ne faisait qu'un.
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Merci merci merci pour votre aide à tous,
Mon "Petit Monsieur" est rentré chez lui :) ! Il a fait une tentative un week-end et comme tout s'est bien passé il quitte la maison de repos... Je suis contente pour lui car il ne se plaisait pas du tout...
Durant son séjour, j'avais rédigé un petit résumé du livre du Dr Fauré à l'attention du personnel et nous avons acheté le livre pour le mettre à disposition de tous...
Le fait de pouvoir parler un peu plus de ses ressentis avec moi lui avait fait du bien je pense...
Voilà, je lui souhaite le meilleur, comme à nous tous... Je vous embrasse...