Petite Malie,
Te voilà parmi nous et donc plus jamais seule.
Te voilà avec des personnes qui savent, qui vivent ce que tu vis, qui agissent comme toi et comprennent ton ressenti.
Combien de fois l’avons-nous dit : Les autres, malgré leur gentillesse, leur soutien, leur tendresse, ne sont jamais là, au moment où nous en avons besoin, ne savent pas comment nous aider et trouvent souvent, parfois inquiets, parfois indifférents et agacés que malgré le temps, nous n’allons pas mieux.
Et pourtant, c’est d’un vrai réseau qu’il nous faut, une écoute silencieuse et attentive lorsque nous avons besoin de parler, une épaule chaleureuse lorsque nous pleurons.
Peu d’entre nous avons cette chance.
Souvent, notre entourage part du principe que « moins on en parle, mieux c’est ». Alors que c’est exactement l’inverse.
Il y a aussi le « si on en parle, on va réveiller la douleur ». Mais elle est là, la douleur, elle ne dort pas, elle nous étouffe, il faut l’évacuer coûte que coûte.
Il y a enfin le « il (elle) ne va pas mieux alors que cela fait 2 mois (3 mois, 6 mois, 1 an…), ce n’est pas normal », alors que C’EST normal, parce que perdre son Amour, c’est perdre plus que sa vie, c’est perdre son oxygène, c’est perdre sa source d’énergie, sa raison de vivre, son passé, son présent et son avenir.
Il faut beaucoup de temps et de passages difficiles, d’étapes et de chutes pour enfin parvenir à ouvrir les yeux sur autre chose que sa solitude.
Tout ce que tu vis, ressens, ton obsession de bouger sans cesse, cette fuite en avant, cette épuisement que tu provoques dans l’action, sans cesse, c’est aussi une façon d’avancer sans que tu ne t’en rendes vraiment compte.
Caroline s’est jeté dans le travail, moi, j’ai déménagé mes meubles, des armoires, seule, des divans, seule, vidé la grange et le grenier, désherbé, taillé, tondu, rangé des stères de bois… Tout cela en pleurant, en criant, en maudissant… Et jusqu’à en tomber malade. Je devais le faire. C’était avant que je ne découvre le forum.
Il est important que tu comprennes que cette énorme, incommensurable douleur qui dure est normale, sinon acceptable. Le contraire serait inquiétant. Il est aussi normal que tu ne ressentes aucun apaisement près d’un an après. Je dirais même que c’est ce que tous appellent la troisième étape, la plus dure, la plus longue, mais la dernière avant de retrouver une forme de paix qui viendra, sois en sûre.
Malheureusement, aucune guerre ne se gagne sans bataille.
Alors battons nous ensemble, pour parvenir à transformer toute cette énergie négative en énergie positive, qui nous permettra de revoir le monde en couleur.
Ta petite fille est un cadeau, même si cela ajoute à ton angoisse et ton stress. Elle ressent surement ton chagrin, mais elle te pousse vers la vie, la sienne, la tienne. C’est en elle que tu puiseras la force d’avancer, pour elle, pour toi et pour son papa.
Oui, racontes nous ta vie, Malie, raconte…
Nous t’écoutons…
Marina