Chaque jour, de nouveaux témoignages sur ce forum. Pourquoi? Pourquoi tant de personnes en souffrance?
Les malheurs existent et ils sont partout. Les pays en guerre ou en anarchie complète sont loin d'avoir le monopole de la souffrance.
En France on se préoccupe beaucoup du sort des plus déshérités sur le plan matériel et financier mais on oublie largement les centaines de milliers de gens qui vivent des drames personnels terribles. Preuve en est sur ce forum les veufs et les veuves qui ne retrouvent pas leur place dans la société facilement et qu'on remet parfois au travail bien trop vite alors qu'ils vivent un enfer.
Comme s'il n'y avait que le confort, le travail et le pouvoir d'achats qui procuraient le bonheur (société bien matérialiste).
La mort d'un être aimé, mais aussi la maladie physique ou mentale et parfois jeune, avoir un enfant déficient etc... Ce sont ces choses que l'on peut vivre qui sont les plus terribles, bien plus que les tracas matériels.
Quand elles ne nous arrivent pas, ces choses dramatiques, on 'y pense pas et on ne peut pas les comprendre et on mène parfois des combats qui sont de vastes blagues par rapport à la bataille qui consiste à simplement survivre face à la souffrance et à la désolation qui vous submergent aujourd'hui.
On vit, on mène ses combats, on veut révolutionner le monde mais on oublie de s'intéresser à ce qui est essentiel et à y réfléchir avant que ça ne nous tombe dessus.
La vie, les sentiments, l'âme, la mort et la souffrance.
Toutes les questions sur les raisons d'une disparition, lorsqu'il ne s'agit pas du fait de la vieillesse, s'entremêlent et elles ne trouvent pas forcément de réponses, surtout lorsqu'on devient presque folle ou fou après un choc aussi terrible.
D'ailleurs, est-ce qu'il y a des réponses pour expliquer la raison existentielle d'une mort et qui pourrait les donner sur terre ?
Il y a des réponses scientifiques et rationnelles : une veine qui explose, un caillot au cerveau, une erreur de conduite...
Mais ça n'est pas satisfaisant pour expliquer une telle souffrance et un tel chaos qui nous dépassent complètement.
On devient dingue, on ressasse toujours et encore ces questions, on souffre. Comment ne pas faire autrement, c'est tellement puissant, submergeant au point d'être irréel !
Je ne sais pas quoi vous dire de plus, je ne sais pas si l'on peut vous apporter des pistes de réflexions satisfaisantes pour répondre à toutes vos questions.
Je ne vais pas trop vous parler de l'âme car si vous n'y croyez pas ça ne vous apportera aucun réconfort.
Si vous pensez que cela peut exister (vous dites parler à votre amour, sans retour), vous pourrez peut-être trouver quelques réponses à vos questions autour de ce sujet, du moins ressentir des choses, voir le monde autrement que par le prisme que notre société occidentale nous a imposé depuis notre naissance et y trouver un certain réconfort : celui que la mort n'est pas la fin d'un être mais la fin d'un corps, c'est déjà ça, mais ça n'enlève pas le chagrin car ceux qui restent doivent supporter la douleur et l'absence. Certaines personnes arrivent même à se hisser à un haut niveau de spiritualité qui leur permet de passer outre leur chagrin, est-ce qu'ils ont-tout compris ou est-ce qu'au contraire ce sont juste des gens fanatisés qui se réfugient dans des croyances infondées pour supporter une douleur trop insurmontable ? Je ne suis qu'un petit humain alors je n'en sais rien... J'ai quelques convictions car je pense avoir trouvé quelques réponses sur ce sujet de l'âme, mais ça ne va pas très loin, et je peux aussi me tromper car ce ne sont que des convictions de tout petit humain, donc largement faillibles.
Je peux vous dire par contre qu'il faut attendre d'encaisser le choc, c'est épouvantable, on ne devrait pas vivre cela, mais c'est malheureusement là.
L'esprit s'apaise avec du temps, je crois que le cerveau recolle quelques morceaux par ci par là pour qu'on se remette un peu debout, avec ou sans aide, avec ou sans travail (travail de réflexion, travail pour éviter de devenir fou, travail pour sortir un peu de la souffrance absolue). Je pense qu'on devient moins torturé face au drame sans nom qu'on a subi.
Je ne peux pas vous dire si cet apaisement vient tout seul par un mécanisme innée ou s'il faut se faire violence, moi j'ai du me faire violence et passer par tout un tas d'étapes, de réflexions, de travail sur moi, tout en bénéficiant d'aide extérieure, j'ai du changer, mais mon cas n'est pas une généralité.
Je ne vais pas vous affirmer que vous allez revivre, refaire une vie, pour le moment cela vous paraîtrait complètement débile car ça l'est, et ce serait mensonger (on dit ce genre de choses pour rassurer les gens "tu es jeune tu vas refaire ta vie"), des tas d'hommes et de femmes deviennent de véritables zombies après un tel drame. Alors on peut revivre un peu, oui c'est vrai, ou on peut ne pas surmonter, et sombrer. Disons qu'il est préférable tout de même de revivre, même si l'on devient bancale, et donc qu'il faut essayer d'y arriver. Au moins essayer, qu'on y arrive ou pas.
Mais vous n'en êtes pas là, vous verrez cela plus tard, vous verrez si vous revivrez quand vous aurez repris un peu vos esprits, en attendant, il faut juste subir et voir comment arriver à subir la souffrance sans crever ou devenir folle (je crois que c'est ça la question).
Je peux juste vous dire que l'apaisement pourra venir un jour (et devrait venir) mais que vous devrez surmonter une longue période de désolation et de souffrance mettant l'esprit dans une confusion des émotions et des réflexions terrible, en plus de la souffrance. Il vous faut tenir bon, ce qui est difficile à entendre lorsqu'on a perdu autant, tout perdu en fait, pour plonger d'un coup du bonheur à la noirceur la plus immonde. On ne voit pas l'intérêt d'affronter cette merde de vie et cette souffrance, mais il le faut pourtant pour vos proches, vos vieux parents ou votre chat. Il le faut pour revivre des choses ensuite, aussi, ça peut valoir le coup, mais je ne sais pas si vous pouvez entendre cet argument aujourd'hui, il doit vous paraître là aussi très théorique.
Je ne dis pas revivre le bonheur, mais revivre des choses, car vous êtes en vie et il va falloir faire quelque chose de cette vie jusqu'à ce que la mort vous prenne vous aussi un jour, mais en attendant, tenez bon, encore une fois, contentez vous déjà de tenir bon sans vous tourmenter davantage avec des questions sans réponses, et attendez que l'esprit recolle quelques morceaux ou faites en sorte qu'il recolle quelques morceaux si ça ne vient pas tout seul.
Voilà, je ne sais pas si ça peut apporter quelque chose dans le monde de désolation, de manque atroce de l'être aimé et de souffrance dans lequel vous êtes plongée. Ce chaos peut prendre fin à un moment, sans que l'on retrouve forcément la joie et la belle vie, peu importe la suite, mais déjà au moins juste sortir un peu de cette désolation qui est le pire que l'on puisse vivre.