FORUM "LES MOTS DU DEUIL"
Comprendre et vivre son deuil => Vivre le deuil de son conjoint => Discussion démarrée par: clara le 09 octobre 2012 à 21:43:41
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bonsoir à tous et merci d'être là
Mon Homme à moi est parti le 11 janvier ... il devait aller chercher nos filles jumelles à l'arrêt de car (on habite en province) et en fait, il n'est jamais parti : il a mis le contact de la voiture et puis stop plus rien. terminé pour lui ... et il nous a laissé, nos 4 enfants et moi .
je passe les détails mais ce sont ses filles qui l'ont découvert dans la voiture ... bref le cauchemar total et pour moi la culpabilité de ne rien avoir pressenti et d'avoir laisser mes filles de 12 ans découvrir leur père.
24 ans d'amour vrai, bien sur avec des coups de gueule, mais un amour profond.
Maintenant, j'ai l'impression d'être de glace : je suis dure, je ne pleure que très rarement, j'ai une boule dans la gorge qui est nouée.
mes amis (les vrais) arrivent de temps en temps à me sortir de cette "momification" mais seule je suis fermée alors que ce n'est pas mon tempérament.
vendredi, mes plus jeunes filles auront treize ans.
1er anniversaire sans papa.
elles ont pleuré ce soir, et moi je ne sais pas quoi leur dire ... je leur ai dit tout ce que vous voulez, je le ferai et là l'une des deux m'a demandé :je veux juste voir papa...
2 questions ce soir :
1) avez vous déjà senti ce sentiment d'être de glace... presque sans sentiment
2) que dire à une jeune adolescente qui vous réclame son papa ? quand vous même vous avez la gorge serrée ?
merci
Claire
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De Claire à Claire...
oh oui, ce sentiment d'être de glace, je l'ai parfois. C'est le refus de mes émotions. J'en ai pris conscience il y a très peu de temps.... effet boomerang !
L'impression parfois de ne plus rien ressentir. Je ferme mon coeur, ma mémoire. C'est quelque chose de terrible et puis, pour un détail, une phrase, une sensation, une odeur : l'horreur de la douleur qui remonte pire qu'avant.
Claire, je n'ai pas de réponse ni pour cela que je ne contrôle pas, ni quoi répondre à ta fille. Peut être simplement, parler de ce que tu ressens, laisser aller tes émotions, laisser leurs émotions sortir. La laisser parler, échanger avec elle. Comprendre, écouter, te dévoiler aussi. Ne cherche pas à rester forte.
Je sais que c'est plus facile à dire qu'à faire. Je ne suis certainement pas la mieux placée pour te conseiller.
Mais je t'envoie plein de tendresse.
Claire
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bonjour claire,
j ai eu ce sentiment comme toi un temps de ne rien ressentir.
Je crois que quelque chose s est mis en marche dans mon cerveau, un instinct de preservation pour moi et surtout pour mon fils qui n avait que 10 jours.
Maintenant il a 3 ans.Il y a quelques temps il m a dit qu il allait reparer son papa pour qu il rentre à la maison.
Ta fille sait que sa demande est une demande impossible, et mon fils de 3 ans le sait aussi.
Je lui ai juste répondu que moi aussi j aimerai bien mais qu il sait tres bien que ça n est pas possible en vrai.
Ta fille est plus agée, elle a besoin sans doute d entendre ces mots là de ta bouche, et que tu puisse entendre sa peine.
Peut etre est ce le moment propice pour regarder des photos, des vidéos, des choses concrètes qui vous permettrons de parler de son papa et de le rendre un peu présent encore pour elle.
Les objets familiers sont de bons supports aussi.
Engage la a parler de ce qu elle ressent, pleurez ensembles s il le faut, car vous devez pouvoir vous sentir ensembles dans cette peine commune pour qu elle ne ressente pas le vide et la solitude que nous ressentons tous sur ce forum.
Voilà, de maman à maman ce que je peux te conseiller.J espere que ça t aidera un peu.
biz
tiobob
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Claire,
Je n'ai jamais ressenti cela mais tu le dis toi même tu as une boule dans la gorge et je pense que tant que celle ci ne sera pas résorbée tu n'arriveras surement pas à exprimer tes sentiments.
Tu te protèges surement et encore plus tes enfants.
Tu culpabilises déjà alors tu ne veux pas en rajouter devant eux.
C'est humain et en même tant je crois que l'on passe tous par là.
Mais quand tu es seule lâches toi hurles, pleures et tapes si tu en as besoin.
Fais toi aider, n'est pas honte de ce que tu ressens.
Personne ici ne te jugeras on va juste essayer de te soutenir.
Je t'embrasse
Anne-Marie
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Bonsoir Claire,
Tout comme toi je pense que je serais resté sans voix si une de mes filles me demandait aprés 10 mois de deuil, "je veux papa".
Que répondre à cette question?
As tu vu le module d'accompagnement des enfants en deuil? Peut être y trouveras tu une ébauche de réponse? Je ne peux t'en dire plus car pas directement concerné par celui ci, mais je vais me rendre compte car je devrais un jour répondre à ce type de question posée par mes petits enfants. Pourquoi leur Manou n'est pas présente le jour de leur anniversaire?
Je ne t'apporte pas une grande aide, mais sois assurée de mon soutien, et de celui des membres de ce forum.
En ce qui concerne ton impression d'être de glace, je crois que tu t'es mise entre parenthése, que tu occulte ce deuil douloureux afin de subvenir aux besoins de tes enfants. Tu essais de les préserver et ton travail de deuil n'a pas encore commencé. Le genre de question de ta fille t'y ramène encore plus difficilement.
Beaucoup de courage. Nous serons avec toi, si tu le désires. Viens aussi souvent que tu en as besoin. Nous veuillons tous les uns sur les autres.
Pensées affectueuses.
Marcel
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bonsoir clara,
cela fera 1 an le 24 octobre que mon mari est parti brusquement, je l'ai emmené en clinique pour passer un simple examen et il ne s'est pas réveillé après 12 jours de coma, je ne lui ai pas dit au revoir et combien je l'aimais et je l'aime toujours, cela faisait 34 ans que nous étions toujours ensembles, j'ai été comme toi de glace avec un grand vide pendant quelques mois, ma petite fille de 6 ans veut toujours voir son papou, c'est difficile de lui expliquer qu'on ne peut pas le revoir, je lui dis qu'il est avec nous dans notre coeur et qu'elle peut toujours lui parler qu'il l'entend,
je te souhaite beaucoup de courage et sur ce site, tu trouveras du réconfort avec des gens formidables je n'écris pas souvent mais je viens tous les jours le consulter et cela me fait du bien car seules les personnes qui ont perdues des êtres chers peuvent comprendre notre douleur et nos sentiments. je me fait aider avec des médicaments, cela n'est pas une solution mais c'est la seule que j'ai trouvé pour l'instant.
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Bonsoir claire,
J'ai aussi cette impression d'étre de marbre, de pas pleurer suffisamment mais est-ce qu'il y a une norme aussi pour ça ? Mais quand ça m'arrive, que ça fait du bien, cette impression de se vider et juste après une grande fatigue qui parait saine comme si on venait de faire un marathon (bien que je ne sache pas trop dans quel état on est après un marathon ;))
Mais je crois qu'on agit et qu'on chemine dans notre deuil selon nos caractères, nos histoires et que certains s'en sortiront mieux que d'autres.
Les premiers anniversaires de mes filles sans leur papa sont passés. Pour mon aînée qui a eu 11 ans au mois d'août, j'avais voulu évoquer sur sa carte combien son papa l'avait aimé, combien il serait fier d'elle, du courage qu'elle avait eu depuis 8 mois et qu'elle grandirait grâce à tout l'amour qu'il lui avait donné pendant ses 10 premières années ... En la lisant, elle s'est mise à pleurer et je l'ai regretté immédiatement, lui ai dit que je ne voulais pas la rendre triste le jour de son anniversaire puis elle m'a dit qu'au contraire, elle garderait toujours précieusement cette lettre.
Mais finalement, je n'ai pas renouvellé l'expérience pour mon autre fille qui a eu 10 ans au mois de septembre.
Expliquer peut-être à ta fille que malheureusement, son vœu est irréalisable (comme tous les vœux d'ailleurs) mais profiter justement de son anniversaire pour lui offrir un montage photo ou un objet que son papa affectionnait particulièrement par exemple, et la son vœu serait à moitié exaucé, son papa serait présent ce jour la, avec vous ...
Je t'embrasse
Karine
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pour son premier noel, j ai offert a mon bébé une medaille avec la photo de lui et de son papa.
3 ans apres , il la porte fièrement et dit aux gens "regarde, c est mon papa quand j etai bébé" et chaque fois qu il fait ça, je suis émue...
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merci à tous, enfin j'ai pu "m'ouvrir " un peu et verser quelques larmes.
merci à Marcel qui a conforté ce que je pense :je me suis mise entre parenthèse pour subvenir aux besoins de mes enfants : j'ai un centre équestre donc je suis à mon compte donc pas de chômage, pas d'arrêt maladie : rien juste avancer, continuer les faire manger, subvenir à leurs études.
merci à Anne Marie , j'ai essayé de me faire aider, mais je n'arrive pas à livrer mes sentiments : que dire à un psy ? les médicaments, je les refuse, au pire je prends de l'homéopathie ... mais j'ai pris rendez vous pour de la sophrologie peut -être que ça va m'aider !et oui c'est vrai je ne veux pas en rajouter devant mes enfants (21,19,13 et 13) parce que quelques fois, je les sens "mieux" et notre pudeur mutuel fait qu'on ne se lâche jamais ensemble
merci à Claire ... effet boomerang et oui et ça me fait peur et ça fait longtemps maintenant que j'ai fermé toutes les portes et que rien ne transparait :du coup,les gens ne me comprennent plus et je me sens de plus en plus seule
et pour
odile 60 : mon histoire me parait ridicule à côté de la tienne, mes enfants sont presque grands et ils sont aussi un soutien, mais toi avec ta petite, ça doit être très dur !
toi aussi tiobob des enfants en bas âge, c'est compliqué alors merci de ton aide. Il y a 25 ans maintenant, j'ai perdu mon frère dans un accident de voiture, père de deux garçons de 3 ans et de15 jours, maintenant ils sont grands et regrettent qu'à l'époque leur mère n'ai pas suffisamment parlé de lui . Alors continues, continuez à faire vivre le père et l'homme que vous avez aimé
merci encore à tous
Merci à Karine je pense que c'est une bonne idée mais j'ai sa sœur jumelle alors ? je fais la même chose ? et courage à toi ...
mille pensées à vous tous
Claire
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bonsoir Yohann
ton message m'a fait beaucoup réfléchir, notamment le passage de la cocotte minute.
au tout début, après la mort de mon mari, je n'ai fait que travailler, travailler, travailler ... jusqu'à cet été où mon corps a dit stop et je me suis cassée le pied gauche (symbole de plein de choses).
1 mois plâtrée sans avoir le droit de poser le pied
maintenant rééducation douloureuse mais je remarche en boitant mais je suis reparti à fond dans le boulot (même si la plupart du temps je tourne en rond, mettant 2h à faire quelque chose que j'aurais fait en 10mn avant) .tout pour ne plus penser surtout pas ! c'est trop dur ! et puis hier, mon fils de 19 ans a été admis aux urgences et opéré ce matin. ce soir je sui rassurée , il va bien.
tout ça pour dire qu'il m'a fallu une situation extrême pour pleurer. et pleurer sur tout, sur la peur, la colère,le vide, le manque et à nouveau la peur d'avoir mal...
je suis brouillon dans ce que je dis mais voilà, je sens que la cocotte est prête à exploser et ton message "m'autorise" à ouvrir la soupape et à arrêter de faire croire aux autres que tout va bien : d'un autre côté, c'est tellement plus confortable pour eux !!!
là, je ne suis pas sympas, mais c'est ce que je ressens... après 9 mois, il ne me reste qu'une seule amie... c'est peu !
2 questions ce soir :
1) avez vous déjà senti ce sentiment d'être de glace... presque sans sentiment
2) que dire à une jeune adolescente qui vous réclame son papa ? quand vous même vous avez la gorge serrée ?
merci
Claire
Claire,
C'est un passage très difficile à entreprendre que celui-ci sur le chemin du deuil : celui des dates qui se succèdent avec chacune un souvenir attaché et le flot d'émotion qui va avec.
Par opposition, "être de glace" est forme forme de défense personnelle, face à l'afflux des émotions, quand celles-ci nous submergent.
Oui, bien sûr que c'est normal car notre corps et notre coeur doivent se protéger et se mettre en "OFF" de temps à autre.
Par contre, il ne faut pas provoquer sciemment cette situation car alors, tu te transfoprmes en vrai cocotte-minute, dont la soupape va sauter d'un moment à l'autre.
A la limite, je dirais que la période "de glace" se termine le plus souvent pour moi par une rupture, une crise de larmes salvatrice.
Et c'est peut-être ça qui te ronger : ne pas savoir, ne pas pouvoir laisser-aller par moments tes sentiments, y compris avec tes enfants !
N'oublie jamais : tu as perdu ton amour, mais ils ont perdu leur papa !
Il s'agit d'un deuil partagé et nous n'en sommes pas propriétaire.
Quant à l'adolescente qui réclame son papa, rien que de normal.
Et tu peux lui donner, à cette occasion, la possibilité de l'avoir un peu, en mettant en scène, vous tous, un moment de libre-échange où chacun parlera de lui, avec ses mots, sa sensibilité.
Karine parlait un peu aussi de ça : profiter de cet échange apaisant pour regarder ensemble films, photos, lettres, souvenirs.
Un peu sa présence avec vous.
9 mois depuis son décès.
Souvent un moment critique dans ce Deuil où vient s'ajouter ce que C. Fauré appelle le vécu dépressif, avec sa tristesse latente.
:-*
Yohann