Ma beauté,
je ne peux m'empêcher de compter les semaines qui me séparent de toi. On dit souvent ça quand on va revoir quelqu'un, mais moi c'est un compte à l'envers. Je suis obligée de compter ses foutues semaines sans toi qui s'accumulent à n'en plus finir et qui me font réaliser simultanément que le temps depuis ton absence s'est figé. Je suis tétanisée quand je réalise que vendredi cela fera trois mois... Trois mois ! Et j'ai une effrayante sensation de faire du sur place, d'être bloquée dans une vie qui ne me correspond pas. Pourtant avant ton accident j'aimais mon travail, j'aimais ma maison, j'aimais mon village, j'aimais me balader, sortir, rire, danser, manger ! Aujourd'hui plus rien. J'ai déménagé, j'ai l'impression de ne plus aimer mon travail, ni même apprécier passer du temps avec mes amies. Alors ce soir j'écris un peu ma détresse face au néant qui semble se dresser face à moi quand je pense à l'avenir. Que ce soit celui de ce soir, de demain ou des années qui viennent. Comment se sortir d'une impasse quand une grille en est tombée au bout ? Je suis enfermée. Tant par ton absence que par ce p*tain de couvre feu qui m'empêche ne serait ce que de fuir le temps de quelques minutes mon chagrin en allant voir un film, un spectacle, ou en allant boire et danser jusqu'à ne plus me reconnaitre... Ne plus me reconnaitre, oublier... qui je suis, qui j'étais, qui j'aimais... Une amnésie, voilà ce qu'il me faudrait. Ou alors que tu reviennes. Je te promets que si tu reviens je te chérirai de tout mon être et te protègerai à tout jamais.
Mes pensées de ce soir ne sont pas joyeuses, mais tu dois bien savoir que ces temps-ci je souris parfois mais le cœur n'y est pas.
Je t'embrasse mille fois et même plus que ça.