Bonjour à vous tous,
Nous voici arrivés au terme fatidique de cette première année. Enfin pas tout à fait, mais comme l'indique le sujet du fil, le début de la fin.
En ce 23 mai 2012, nous venons de descendre du ferry qui nous ramenait de Corse. Il est 8 heures. Nous avons traversé Toulon, assez facilement, et dans la voiture, je tends le portable à Claudine et lui dit de téléphoner pour prendre rdv avec le médecin pour l'après midi.
Je lui ai incliné le siège, car elle souffre et son abdomen est gonflé. Aucune difficultés de sa part. Elle appelle, et le rdv est pris pour 15h45.
Nous arrivons à la maison sur les coups de 13h30. Je décharge la voiture, nous essayons de manger un morceau. Claudine s'allonge sur le canapé en attendant l'heure.
Ce n'est pas le médecin traitant qui nous reçoit, mais un collègue. Il s'agit d'un cabinet médical avec 7 médecins. Donc aucuns problèmes. Ils ont tous accès au dossier de Claudine. Mais il n'est pas utile d'ouvrir le dossier. Après un léger examen et quelques questions, douleur, depuis quand, le médecin prend le téléphone et appelle directement le service des entrées de l'hôpital. Après plus de 20 minutes d'une lutte acharnée, enfin l'admission est programmée pour 17h30. Pas de réels problèmes, nous sommes à 3 km de celui ci. Le temps de passer à la maison, de préparer quelques effets, de souffler un peu, de parler enfin entre nous, de "l'avenir", et nous partons pour l'hôpital.
Service des entrées, papiers, étage, bureau des infirmières, chambre, attente. Une prise de sang, tension, poids, et attente. Claudine s'est allongée. Elle est épuisée, je suis un peu hagard. Je comprend, mais refuse au fond de moi l'inéluctable. 20 heures, le médecin de garde passe enfin. Demain de nouveaux examens, scanner, radios, pour éventuellement faire une ponction. 22 heures, je rentre seul à la maison, pour défaire les valises, manger un peu, sans grand appétit. Je mets le linge sale dans la machine à laver, machinalement, et la mets en marche.
Demain, le 24 mai, c'est le jour anniversaire de Claudine. 61 ans. Elle, nous, allons le fêter dans sa chambre d'hôpital. Les infirmières sympas, nous ont porté une part de tarte au chocolat. A 16heures, nous fêtons donc l'anniversaire en leur compagnie. Mais aucun traitement n'a été administré, seulement de la morphine pour calmer la douleur. Une échographie a été faite, pour positionner le point de ponction. Pas autre chose de cette journée. Une de perdue à attendre. 22 heures, je rentre chez nous, seul.
Vendredi 25 mai 2012. Je suis en train de manger, Claudine appelle. On vient de lui, poser cette fameuse sonde pour la ponction. Je finis mon repas, et file d'urgence à l'hôpital. Déjà, les 3 litres d'ascite ont fini de s'évacuer. Liquide jaunâtre. Le médecin revient constater, et annonce tout fièrement, "voilà, vous pouvez rentrer chez vous. C'est fini". Pas d'autres explications. Nous voici revenu au mois de janvier, et l'espoir qui revient un peu. Maigre toutefois, car ce prélèvement n'a pas l'effet escompté. Claudine est moins soulagée, et la douleur toujours présente. Je fais la valise et nous rentrons donc à la maison.
Voilà pour ces 3 premiers jours du calvaire qui ne fait que commencer.
Je revoie tous ces moments en les retranscrivant, mais je dois avouer, que depuis quelque temps, ils étaient quelque peu enfouis dans un coin reculé de ma mémoire. Leurs évocations n'est pas trop douloureuse. Juste quelques pincements au cœur, mais pas de larmes comme je l'avais imaginé. Un nœud à l'estomac, ça oui. Le chemin du deuil est donc bien amorcé.
Je chemine maintenant avec un nouvel horizon en point de mire. Les souvenirs sont là, bien présents et réels, bien au chaud, mais la vie reprend ses droits.
Je vous raconterais plus tard, la fin. Pour cela, il faudra attendre un peu. Claudine s'est éteinte le 4 juin, lendemain de la fête des Mères.
Je vous souhaite à tous une tendre et douce journée.
Je vous embrasse.

Marcel