Auteur Sujet: Il n'est plus.... et moi où suis-je ?  (Lu 31104 fois)

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Etoile4

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Il n'est plus.... et moi où suis-je ?
« le: 09 janvier 2017 à 13:46:01 »
Bonjour à tous,
Depuis le temps que je voulais poster ma peine... depuis le temps que je retiens tout cela, pour ne pas être mal vu des autres, pour ne pas être rejetée car le malheur isole... surtout quand il arrive comme ça... Mon mari, Eric, est décédé le 27 juillet 2015 : cela fait donc 1 an et demi. Il était triathlète, donc très sportif avec un hygiène de vie impeccable. Il a eu un cancer du pancréas à l"age de 42 ans.  5 mois de combat et tout était fini : il est mort dans mes bras, main dans la main... son dernier souffle pour moi. Et puis nos deux petites filles : la "grande" qui allait fêter ses 6 ans le lendemain de sa mort et la petite, tout juste 20 mois. J'ai 39 ans quand il décède, je viens d'avoir 41 ans.
Pendant la première année, cela a été le tourbillon, les paperasses, le juge des tutelles, la mise sous contrôle judiciaire, car il y a des enfants mineurs, l'inventaire des biens par un commissaire priseur au cas  où je "volerais" mes propres enfants, les problèmes avec la famille de mon mari qui me rendent coupable de tout et surtout qui n'acceptent pas qu'il soit mort à la maison alors que c'était son souhait à lui et j'étais d'accord.
Depuis, les choses se sont tassées mais je suis seule à affronter le quotidien : ma belle-famille a repris sa vie de son coté et ne prend pas de nos nouvelles, mis à part mon beau-père. Les amis ont envie que j'aille bien. Ma famille et ma mère en particulier font comme s'il ne s'était rien passé et que j'avais toujours été seule avec deux enfants. Aux yeux de tous, je suis une mère célibataire comme tant d'autres, pas de drame, juste la banalité d'une séparation présumée...
Sauf que dans cette séparation, c'est la mort qui a fait son œuvre et elle a tout emporté avec elle : je suis avec lui dans la tombe, je suis là physiquement mais dans ma tête je suis partie. Je n'ai envie de rien, je n'ai pas d'avenir. Mes filles vont grandir et je suis totalement là pour elles, mais ensuite elles feront leur vie et moi que me restera-t-il ? Une vie de solitude qui m'attend, sans lui et sans personne sur qui m'appuyer, avec qui échanger. Je passe mes soirées seule devant la télé. Pas de coup de fil aux amies car elles prennent cela pour du temps en moins pour "leur couple". Le fait que j'aille mal menace donc leur vie privée, en somme. Je dois donc me faire discrète. Et alors, on me dit que l'on m'admire : quel courage ! Elle tient le coup, elle s'occupe bien de ses enfants, etc. Mais en moi, la solitude se creuse comme un abime. Si je dis que je me sens seule, les autres le prennent comme une sollicitation et se sentent mal car ils ont "leur vie". Et moi je n'en ai plus. Les fêtes ont été un vrai calvaire, surtout le nouvel an, car tous les "couples" s'invitent et moi je suis de coté.  Comme dit Christophe Fauré, dans le deuil du conjoint, il y a plusieurs deuils à tiroirs : celui de l'etre aimé, celui aussi de toute la vie avec lui, du passé et du futur que l'on aurait eu ensemble. Désormais, une vie de solitude avec aucun espoir de rebâtir quoi que ce soi. A mon âge, je sais que ce n'est pas possible et puis qui voudrait qu'une femme dans mon état avec deux petites filles en bas âge ? Ce n'est juste pas possible. D'ailleurs ma cousine qui, elle aussi est seule depuis ses 40 ans, n'a jamais retrouvé personne (elle en a 49 maintenant), me dit qu'il faut que je m'habitue et qu'il y a des tas de femmes seules.
Mais moi, je voulais plus que tout une famille avec un mari... Et Eric était tout pour moi. Et la maladie nous a tout pris : surtout lui... si fort, si merveilleux... pourquoi lui... j'ai mal pour lui, tellement...

Etoile4

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Re : Il n'est plus.... et moi où suis-je ?
« Réponse #1 le: 09 janvier 2017 à 14:02:00 »
je voulais dire aussi, que je l'ai accompagné jour et nuit pendant sa maladie. Je ne l'ai pas laissé... je m'occupais de tous, des infirmières, des médicaments (des heures à la pharmacie pour les ordonnances à rallonge), ses pertes de poids avec les compléments alimentaires, les vomissements qui n'arrêtaient pas, et devoir en meme temps gérer un bébé de 15 mois et une petite de 5 ans. Je les isolais dans une pièce pour pas qu'elles voient leur père vomir ainsi et se sentir mal suite aux chimio... là aussi j'étais totalement seule : je les emmenais et ramenais de l'école et de la crèche, je les aidais à tenir le coup, j'emmenais la grande voir une psychologue...
Je l'ai changé deux fois de centre : une première fois car le personnel était vexant et humiliant et qu'il n'y avait aucun prise en charge des effets secondaires et une seconde fois pour la tentative de la dernière chance. Je l'avais aussi emmené  Paris pour voir un grand spécialiste au tout début de la maladie...

Voilà, merci déjà de me lire... et puis j'ai besoin d'aide.... dans quelle direction faut il aller ? y a t il un espoir de vie meilleure... là c'est de la survie...

Hors ligne *Ephémère*

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Re : Il n'est plus.... et moi où suis-je ?
« Réponse #2 le: 09 janvier 2017 à 21:11:17 »
Etoile, tes lignes pourraient être miennes.
C'est déjà le tout premier partage lorsque nous arrivons ici.
Cette impression de lire notre histoire sous la plume d'une autre.
Et comme je l'ai déjà écrit, ce fut une aide pour moi.
Les mois ont passé, et le temps a adouci ma peine.
Elle ne me déchire plus le cœur à chaque battement.
Elle est comme une douce mélancolie qui mouille  encore parfois mes joues de pluie salée, c'est vrai.
Mais les violents orages qui me faisaient vomir d'avoir trop sangloté, se sont éloignés.
Il fut un moment de ma traversée où j'ai cherché à comprendre où il était.
Et puis j'ai renoncé. Je crois que je me suis fabriqué une idée, un peu vague et pleine de doutes....
Quant à moi....
Je suis là ; dans un quotidien que je reconnais.
Mais qui n'est plus le nôtre.
Ma vie est différente, mais c'est ma vie d'aujourd'hui.
Et j'accepte les jolis moments qu'elle m'offre.

Tu as deux petites filles.
Elles vont construire avec toi, votre avenir.
J'ai déjà tant écrit que le temps adoucit la peine, que j'ose à peine le répéter encore.
Mais ce n'est pas une de ces promesses maladroites que l'on fait pour tenter de consoler.
Non, ce n'est que le témoignage de mon présent.
Aussi incroyable que celui puisse nous paraître lorsque nous sommes au plus profond du chagrin, les semaines, les mois, nous éloignent du tsunami, et nous surnageons parmi les restes de notre vie d'avant.
Et sans même nous en apercevoir, nous dérivons jusqu'à un ici et maintenant plus doux qui se construit peu à peu.
Sans les larmes ni les souvenirs qui font mal.
Mais avec notre amour bien installé au creux de nous.

Il faut te faire confiance, Etoile ; être à ton écoute.
Prendre soin de toi, être douce avec toi-même.
Et  ton horizon  se dessinera doucement.
Je te souhaite une nuit sereine et sans tourment.
 
*Ephémère*

       Tu es là d ans ma peau comme un coup de couteau.

Etoile4

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Re : Il n'est plus.... et moi où suis-je ?
« Réponse #3 le: 09 janvier 2017 à 21:23:27 »
Ho merci ... Ce que s'est beau ce que tu m'écris ...
Le fait de me dire que tu as ressenti les mêmes choses ... Premier vrai partage ... Enfin ... Ne plus avoir à expliquer combien c'est dur , ce que ça veut dire cette absence ...
Je ne suis pas douce avec moi... Je m'en veux de tout ... D'être dans cette situation, de faire vivre ça à nos filles !!! Alors que je sais que c'est la faute du cancer ... Ben je me sens bouffée par la culpabilité et je ne sais pas pourquoi ...

Hors ligne Myrphije

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Re : Il n'est plus.... et moi où suis-je ?
« Réponse #4 le: 09 janvier 2017 à 21:26:52 »
Chère Etoile4,
Je ne peux malheureusement pas répondre à tes questions. Je cherche aussi les réponses. Quelle direction, quel avenir ?
Moi aussi, j'ai perdu mon amour. Il y aura bientôt 11 mois. Il a souffert pendant un an, un angiosarcome. Hôpitaux, examens, chimio... Les six derniers mois de sa vie, j'avais arrêté de travailler, et je m'en suis occupée, comme toi, jour et nuit. Les trois derniers jours, il a été hospitalisé, où il s'est éteint. Je suis restée avec lui, là aussi, 24 h/24.  Cela fera un an qu'il s'est envolé loin de ses souffrances, mais loin de moi aussi. Et de notre fille.  Elle est bien plus grande que tes petites puces. Elle a 24 ans, une petite étudiante toute courageuse, qui se donne à fond à son master, pour son papa soit fier d'elle. Elle est a 150 km de chez moi, dans un petit studio. Alors, la solitude, je connais aussi. Je l'ai ramenée hier chez elle, après trois semaines passées à la maison. Au retour, je me suis effondrée. Comme souvent le soir. Retrouver cette maison tellement vide, tellement silencieuse...  Je soir, je suis rentrée du boulot, et je suis montée directement dans ma chambre.
Mon amour me manque tellement. Les amis sont là quand j'en besoin. Ils sont au petit soin pour moi, s'inquiètent aussi. Mais souvent, paradoxalement, j'ai envie d'être seule. Pouvoir pleurer dans mon petit nid... Alors que la solitude me pèse. En fait, ce n'est pas,la,solitude qui est pesante. C'est l'absence de mon amour. On partageait tout, on parlait beaucoup. Le soir, on rentrant du travail, on se racontait nos journées. On se téléphonait au moins 3 ou 4 fois par jour.
J'ai 47 ans, mon mari en avait 48.  J'ai un job que j'adorais avant. Aujourd'hui, même mon travail m'ennuie. Quand certaines personnes se montrent un peu trop bien intentionnées, je me méfie, mets des barrières. En dehors de mon amis proches, avec lesquels je sais qu'il ne risque pas d'avoir d'ambiguïté. Car je ne peux pas envisager d´entamer  une relation. Il m'est totalement impossible de m'imaginer dans les bras d'un autre. C'est dans ceux de mon amour que j'aimerais me blottir.
Je suis désolée de ne pouvoir t'aider. Mais sache que tu n'es pas seule. Qu'il y a des femmes comme toi, comme nous, qui connaissent parfaitement ce que nous ressentons.  Qui font "bonne figure", assurent le quotidien de façon courageuse, mais qui souffrent tout comme nous.
Je te souhaite une nuit la plus sereine possible.

Hors ligne Pucinette

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Re : Il n'est plus.... et moi où suis-je ?
« Réponse #5 le: 09 janvier 2017 à 23:35:24 »
Oui vous n'êtes pas seule.... Je me retrouve dans vos mots / vos maux....
La solitude.... Le. Manque.... l'envie de se blottir dans ses bras....

Je vous souhaite une nuit sans pluie sur vos joues et aussi paisible que possible...
Christophe... Mon amour pour toujours...

Hors ligne Darling

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Re : Il n'est plus.... et moi où suis-je ?
« Réponse #6 le: 10 janvier 2017 à 08:22:27 »
Bonjour Étoile4,

4 comme ce que vous resterez dans le cœur.
C'est l'heure du chemin de l'école, je t'ecris ces quelques mots pour te dire que tu as bien fais de venir te réfugier ici.
Comme toi la première année à servie à rééquilibrer la vie qui bascule.
Éviter une trop grande chute, car le chemin inverse pour revoir le jour est d'autant plus difficile.
On y arrive, et on sait même pas comment, je peux te l'écrire aujourd'hui, plus de 2 ans après, le soleil existe encore, malgré nous.

Comme toi un petit de 26 mois au décès de son père, j'avais 42 ans.
Puis La première rentrée scolaire, les vacances solos, où et comment ? Pour faire comme les autres.....ceux qui vivent normalement, et vous disent juste : tu as du courage, la vie continue et bla bla
Les amis? La famille? Bahhhh un grand ménage se fait de lui même.
Aujourd'hui il ne me reste rien de la vie d'avant, parents ou amis.
à part les 2 grands qui font leur vie et reste en parallèle, je ne veux être un poids pour eux, alors je fais la forte, on fait bien semblant quand on a mal....
Sur ce chemin, recemment, j'ai croisé une main tendue, qui m'a montré comment redonner ma confiance en la vie.
Il n'y a pas d'âge, ni situation, tout est possible, la plus grande cruauté comme les plus grands bonheurs.

Nous avons la chance d'avoir connu le bonheur avec nos aimés, et ça, rien ni personne ne peut nous l'enlever.
Ne cherche pas à t'accrocher car avant n'existe plus que dans nos cœurs, et nos souvenirs.
Seuls sont qui sont tombés savent combien il est dur de se relever.

Je te souhaite de toujours y croire,  un futur se construit malgré nous.
Pensées douces.
Au plaisir de te lire.
Darling, plus jamais ta main dans la mienne mais pour toujours le souvenir de sa chaleur. Plus jamais tes yeux dans les miens mais pour toujours l'intensité de ton regard. Plus jamais le son de ta voix mais pour toujours la douceur de tes paroles.

Etoile4

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Re : Il n'est plus.... et moi où suis-je ?
« Réponse #7 le: 10 janvier 2017 à 09:11:15 »
Merci de votre grand soutien... je ne m'y attendais vraiment pas.... cela change tellement des propos bateau genre t'est courageuse, t'es forte.... le pire c'est tu es plus forte que tu ne le penses... en gros t'es au fond du gouffre, tu le dis et on te réponds NOOONNN tu dis que tu ne vas pas bien mais TU ES FORTE...
C'est tellement dur au quotidien... je suis épuisée tout le temps... et puis les souvenirs des derniers moments... car je l'ai gardé à la maison, en hospitalisation à domicile. Je ne sais pas si je fais bien de rester dans cette maison... j'ai tout refait, la déco, j'ai changé les meubles, j'ai vidé notre chambre et j'ai tout changé... mais tout de meme... en plus nous sommes dans un petit lotissement, peut etre qu'en ville je serai mieux, il y a plus de monde... en meme temps partir c'est le laisser complètement car il a tellement bricolé dans cette maison. Et puis il est enterré à coté de chez nous, c'est un choix qu'il a fait pour être près de nous... si on s'en va plus loin... ce n'est pas possible

Etoile4

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Re : Il n'est plus.... et moi où suis-je ?
« Réponse #8 le: 10 janvier 2017 à 09:22:07 »
Darling : tu as raison quand tu me dis ne chercher pas à t'accrocher car avant n'existe plus...
Mais je ne sais pas quoi faire... aujourd'hui existe mais tout est vide... Meme moi je me sens vide et je me sens incapable d'apporter quoi que ce soit à qui que ce soit. Je ne comprends pas ce que me trouve mes amis... je m'interroge sur toutes mes relations amicales... je pense que je n'intéresserai plus jamais personne... je me sens fanée, finie, au bord du précipice

Hors ligne Darling

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Re : Il n'est plus.... et moi où suis-je ?
« Réponse #9 le: 10 janvier 2017 à 10:10:14 »
Quelquefois, il faut laisser aller, ne rien entreprendre ou décider.
Ne pas chercher à faire "quelque chose"
Chaque matin est différent, c'est ce que la vie nous a cruellement appris dans cette séparation.
Garde tes forces pour chacun de ces matins.

On s'est épuisée, on a tout donné, et cela n'a pas suffit.
Subir, Après tant de mois de maladie, la mort qui rôde dans le couloir où résonne le bruits des jeux d'enfants.
Croiser le regard de l''infirmière qui ressort de la chambre après les injections post chimios...je me souviens.

Entendre le tic tac de l'horloge toute la journée, et pourtant en oublier l'heure de manger, de se laver, de s'habiller.
J'ai passé la première année, le soir, assise à la table de la cuisine, à fixer son portrait dans le salon, lui parlant parfois, me demandant pourquoi lui, fouillant ma mémoire, notre passé commun, quelque chose à quoi m'accrocher.
Trouver Un sens à tout cela.....et se dire que l'on doit continuer,
mais je n'ai pas trouver de réponses à cette question: À quoi bon ?
Nous sommes nombreux à l'avoir ressenti ici cette "aquabonite"

Je te comprends aussi pour le déménagement.  Être noyée dans la foule anonyme d'une ville.
Redevenir Anonyme, sans Passé, invisible.
J'ai mis la maison en vente  pour partir aussi. C'était la maison de ses rêves, de notre avenir.
Encore une fin.
Une prochaine épreuve à traverser, car là c'est nous qui allons choisir de couper un trait sur "l'avant"
Je me demande comment je vais y arriver...
Si ce nest pas indispensable, Ne te précipite pas, il sera toujours temps de continuer ailleurs et autrement, quand tu seras convaincu de ce nouveau changement.

Et tout ceux qui nous disent courage, et ne savent pas le poids de ce mot, le disent pour se persuader eux même qu'ils ne peuvent rien pour nous.

Etoile4,  prends soin de toi, amicales pensées.
Darling, plus jamais ta main dans la mienne mais pour toujours le souvenir de sa chaleur. Plus jamais tes yeux dans les miens mais pour toujours l'intensité de ton regard. Plus jamais le son de ta voix mais pour toujours la douceur de tes paroles.

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Re : Il n'est plus.... et moi où suis-je ?
« Réponse #10 le: 10 janvier 2017 à 10:19:27 »
A lire les témoignages  pleins de sagesses, de personnes plus anciennes sur ce forum, qui ont connu le pire, ça donne un peu d'espoir. Notre souffrance nous empêche, pour le moment, d'entrevoir un avenir moins sombre. Mais tous ces témoignages nous montrent qu'un apres est possible, qu'une meteo redevienne un peu plus clémente.
Pour l'instant, je laisse la douleur m'emprisonner, je ne vois qu'en gris.
Darling a raison pour l'entourage, le ménage se fait tout seul. Moi, je n'ai plus de contact avec ma belle-famille. Tout au long de la maladie de mon mari, j'ai tout fais pour inclure ma belle-mère dans notre combat. Juste avant qu'il ne parte, je l'ai appelée pour qu'elle soit auprès de son fils, avec ma fille et moi. Elle a été très digne. Mais dès lors que mon mari s'est retrouvé au funérarium, elle a été infecte. Les pompes funèbres sont même intervenus pour que je puisse me retrouver seul un moment avec mon mari. Puis le jour des obsèques, elle a fait son show, a eu une attitude extrêmement déplaisante et inconvenable vis à vis de ma fille et moi. Et quelques semaines plus tard, elle s'est autorisée à demander un article nécrologique dans la gazette municipale (mon mari travaillait dans cette commune). Alors que mon mari m'avait clairement exprimé sa volonté de ne pas avoir de nécro. Quand j'ai fait remarquer à ma belle-mère qu'elle n'aurait pas dû faire cette démarche, elle m'a craché au visage un torrent d'insultes, m'a dit que c'est moi qui avait fait mourir mon mari. J'ai coupé les ponts tout net. Mes beaux-frères et belles-sœurs n'ont jamais pris de nouvelles, juste un pauvre SMS pour me souhaiter un bon anniversaire (comme si mon anniversaire pouvait être bon sans mon mari), n'ont jamais demandé si j'avais besoin d'aide dans ma maison qui a aussi un grand jardin, ne se sont jamais inquiétés pour ma fille. Alors j'ai décidé de tirer un trait sur  ce semblant de famille qui ne m'appartient plus aujourd'hui. En revanche, mes parents, mes sœurs sont d'un profond soutien, et heureusement qu'ils sont là, pour ma fille comme pour moi.
Tu as bien fait de rejoindre ce forum. Le partage d'expérience est précieux. Ici, tout est bienveillance.
Je te souhaite tout le courage nécessaire pour continuer. Et ne t'inquiète pas pour la fatigue. Je pense qu'il est normal d'être épuisée. On se débat tellement pour garder la tête hors de l'eau... Dans tout ce que j'ai lu sur le deuil, on parle systématiquement d'une grande fatigue, autant physique que morale.
Bien à toi.

Etoile4

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Re : Re : Il n'est plus.... et moi où suis-je ?
« Réponse #11 le: 10 janvier 2017 à 10:44:41 »
A lire les témoignages  pleins de sagesses, de personnes plus anciennes sur ce forum, qui ont connu le pire, ça donne un peu d'espoir. Notre souffrance nous empêche, pour le moment, d'entrevoir un avenir moins sombre. Mais tous ces témoignages nous montrent qu'un apres est possible, qu'une meteo redevienne un peu plus clémente.
Pour l'instant, je laisse la douleur m'emprisonner, je ne vois qu'en gris.
Darling a raison pour l'entourage, le ménage se fait tout seul. Moi, je n'ai plus de contact avec ma belle-famille. Tout au long de la maladie de mon mari, j'ai tout fais pour inclure ma belle-mère dans notre combat. Juste avant qu'il ne parte, je l'ai appelée pour qu'elle soit auprès de son fils, avec ma fille et moi. Elle a été très digne. Mais dès lors que mon mari s'est retrouvé au funérarium, elle a été infecte. Les pompes funèbres sont même intervenus pour que je puisse me retrouver seul un moment avec mon mari. Puis le jour des obsèques, elle a fait son show, a eu une attitude extrêmement déplaisante et inconvenable vis à vis de ma fille et moi. Et quelques semaines plus tard, elle s'est autorisée à demander un article nécrologique dans la gazette municipale (mon mari travaillait dans cette commune). Alors que mon mari m'avait clairement exprimé sa volonté de ne pas avoir de nécro. Quand j'ai fait remarquer à ma belle-mère qu'elle n'aurait pas dû faire cette démarche, elle m'a craché au visage un torrent d'insultes, m'a dit que c'est moi qui avait fait mourir mon mari. J'ai coupé les ponts tout net. Mes beaux-frères et belles-sœurs n'ont jamais pris de nouvelles, juste un pauvre SMS pour me souhaiter un bon anniversaire (comme si mon anniversaire pouvait être bon sans mon mari), n'ont jamais demandé si j'avais besoin d'aide dans ma maison qui a aussi un grand jardin, ne se sont jamais inquiétés pour ma fille. Alors j'ai décidé de tirer un trait sur  ce semblant de famille qui ne m'appartient plus aujourd'hui. En revanche, mes parents, mes sœurs sont d'un profond soutien, et heureusement qu'ils sont là, pour ma fille comme pour moi.
Tu as bien fait de rejoindre ce forum. Le partage d'expérience est précieux. Ici, tout est bienveillance.
Je te souhaite tout le courage nécessaire pour continuer. Et ne t'inquiète pas pour la fatigue. Je pense qu'il est normal d'être épuisée. On se débat tellement pour garder la tête hors de l'eau... Dans tout ce que j'ai lu sur le deuil, on parle systématiquement d'une grande fatigue, autant physique que morale.
Bien à toi.

Ce que tu me dis de ta belle famille me ramène à la mienne... pendant la maladie de mon Mari ils étaients absents... passant 5 minutes par ci par là... ma belle mère ne voulait pas le voir, sa propre mère. Il a fallu que je la force à aller le voir que ce soit à la maison ou à l'hôpital. Pendant la dernière semaine qu'il était à la maison, en hospitalisation à domicile, ma belle famille venait et ne me parlait plus. Ils se mettaient d'un coté du salon où il y avait le lit médicalisé et moi je restais seule de l'autre coté. Ils se mettaient autour de son lit et ne me laissaient pas de places... Ils partaient manger chez mon beau-frère sans se préoccuper que je ne mangeais plus que je ne dormais plus... un de mes beaux frères a essayé de me forcer à le faire embarquer par une ambulance pour qu'il aille mourir ailleurs car il ne supportait plus de le voir ainsi. C'était le jour de sa mort, si j'avais cédé, il serait mort dans l'ambulance ou dans un couloir...Après, ce beau-frère m'a dit que j'étais responsable de son cancer... il m'a dit qu'il aurait préféré que ce soit moi qui soit malade. Et puis aucun de mes beaux frères ne s'est soucié de nous, des filles, du jardin, de notre vie... alors que mon mari leur avait fait promettre de s'occuper de nous... Ma belle mère a eu peur que je leur demande toujours quelquechose, que je sois un poids pour eux... ils sont rassurés maintenant : c'est moi qui les aide, les soutient, quand ils ont un pb, ils n'appellent pas leurs fils mais moi... tu parles... à quoi ça sert ?
pour moi, ces personnes sont encore une part de mon mari, je m'accroche à eux... moins maintenant... et c'est surtout pour les filles. Il est important qu'elles aient un peu de leur père... enfin je ne sais pas..

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Re : Il n'est plus.... et moi où suis-je ?
« Réponse #12 le: 10 janvier 2017 à 11:10:53 »
Si je n'ai eu aucun scrupule à couper les ponts, c'est parce que mon mari, les deux ou trois dernières années de sa vie, avait été très déçue par le comportement de sa mère, il s'était rendu compte qu'elle était menteuse, manipulatrice. Elle adore monter les gens les uns contre les autres. Malgré tout, lorsqu'il est tombé malade, je ne voulais pas la laisser de côté. Je pensais bêtement qu'elle s'inquiétait pour son fils... Mon mari en avait même honte. Alors, tirer un trait n'a pas été difficile. Quand je lui ai dit qu'on n'avait plus rien à se dire, j'ai pensé à mon mari. Il aurait été furieux de voir son comportement, il aurait eu, une fois de plus, honte.
Quant à ma fille, elle n'était pas ravie de voir sa grand-mère agir ainsi. Mais je lui ai expliqué que ça ne concernait que ma belle-mère et moi. Qu'elle devait rester en contact. Mais elle est grande, à même de faire ses propres choix. Elle n'a pas revu quiconque de ma belle-famille depuis les obsèques de son papa. Et ça ne la dérange absolument pas. Ses grands-parents (mes parents) et mes sœurs l'entourent suffisamment pour qu'elle se sente soutenu. Et comme on est très proches et complices, toutes les deux, on se confie souvent l'une à l'autre, et n'éprouve pas le besoin de se rapprocher de la famille de son papa, avec lesquels elle n'était de toute façon pas très proche.
Je suis navrée de lire tout le mal que ta belle-famille t'a fait. Mais je comprends aussi ton besoin de rester en contact avec eux, pour tes filles. Elles sont si petites. Je te souhaite qu'avec le temps, les relations s'apaisent un peu.
Prends bien soin de toi et de tes deux petites pitchounes..

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Re : Il n'est plus.... et moi où suis-je ?
« Réponse #13 le: 10 janvier 2017 à 15:08:14 »
que de mots similaires...

l'amoureux sportif et en pleine santé, la maladie, la bagarre contre la maladie pendant 6 mois, le grand vide de nous, de lui, de ce futur que nous n'avons plus... et moi, seule sans lui dans ce monde...

je n'ai pas d'enfant donc je n'ai pas dû me battre pour eux... j'ai dû me battre pour moi avec ces injonctions à vivre de l'entourage, "tu es jeune, tu referas ta vie"... comme si j'avais cassé ma voiture et qu'il fallait vite la remplacer...

il n'y a pas de solution miracle, pas de remède, mais il faut tout éprouver, le chagrin est là pour une raison je crois. Je crois aussi que s'il y a de la souffrance c'est qu'il y a de l'amour. donc j'accepte d'éprouver cette douleur quand elle vient et je la laisse repartir... parce que peu à peu, il y a des petits bonheurs. Il faut être attentif, accepter que l'intensité soit moindre que cet amour incroyable, mais il y a le soleil, le rire des enfants, ce coucher de soleil, le sourire d'une amie...
peu à peu, ce sont ces petites choses qui nous reconnecte à la vie.

on ne peut pas oublier, on recompose une vie avec cette nouvelle réalité, "il ne rentrera pas à la maison", mais peu à peu, ça fait un peu moins mal. Parfois, des vagues reviennent et submergent tout, comme si les avancées faites auparavant n'avaient pas eu lieu. c'est décourageant, on ne comprend pas... mais de vague en vague, on comprend une chose, on va surmonter ça et on retrouvera un peu de paix parce que les vagues sont moins violentes et durent moins longtemps...

je suis retombée amoureuse. ce n'est pas simple tous les jours. ce n'est pas aussi intense non plus. mais il y a de l'amour, du réconfort, des moments de partage, des sourires, des petits bonheurs simples qui reviennent malgré tout et c'est un miracle, un réel miracle.

les mots de mon amour ont été :
"je meurs à 36 ans mais sache, que même si c'est un peu tôt, j'ai été heureux tous les jours de ma vie", "ce que l'on vit est dur mais très beau", "je veux que tu avances, parce que si tu peux te lever, si tu es en bonne santé, il n'y a rien que tu ne puisses faire, fais le parce que tu peux le faire Isa"...
depuis mes petites phrases sont "un jour après l'autre" et "tout ira bien"... il n'est pas tjs simple de s'en convaincre, mais peu à peu, on a moins mal, il y a de la douceur qui s'installe dans le souvenir et on réalise que l'on est riche de cette expérience, que l'on a eu la chance de partager sa vie avec cette personne exceptionnelle...

Alors Etoile, un jour après l'autre, tu y arriveras   :-*
Dans ce paysage de printemps
Il n'y a ni meilleur ni pire.

Les branches des fleurs
Poussent naturellement.

Certaines sont longues
Certaines sont courtes.

Etoile4

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Re : Re : Il n'est plus.... et moi où suis-je ?
« Réponse #14 le: 11 janvier 2017 à 13:41:24 »
Si je n'ai eu aucun scrupule à couper les ponts, c'est parce que mon mari, les deux ou trois dernières années de sa vie, avait été très déçue par le comportement de sa mère, il s'était rendu compte qu'elle était menteuse, manipulatrice. Elle adore monter les gens les uns contre les autres. Malgré tout, lorsqu'il est tombé malade, je ne voulais pas la laisser de côté. Je pensais bêtement qu'elle s'inquiétait pour son fils... Mon mari en avait même honte. Alors, tirer un trait n'a pas été difficile. Quand je lui ai dit qu'on n'avait plus rien à se dire, j'ai pensé à mon mari. Il aurait été furieux de voir son comportement, il aurait eu, une fois de plus, honte.
Quant à ma fille, elle n'était pas ravie de voir sa grand-mère agir ainsi. Mais je lui ai expliqué que ça ne concernait que ma belle-mère et moi. Qu'elle devait rester en contact. Mais elle est grande, à même de faire ses propres choix. Elle n'a pas revu quiconque de ma belle-famille depuis les obsèques de son papa. Et ça ne la dérange absolument pas. Ses grands-parents (mes parents) et mes sœurs l'entourent suffisamment pour qu'elle se sente soutenu. Et comme on est très proches et complices, toutes les deux, on se confie souvent l'une à l'autre, et n'éprouve pas le besoin de se rapprocher de la famille de son papa, avec lesquels elle n'était de toute façon pas très proche.
Je suis navrée de lire tout le mal que ta belle-famille t'a fait. Mais je comprends aussi ton besoin de rester en contact avec eux, pour tes filles. Elles sont si petites. Je te souhaite qu'avec le temps, les relations s'apaisent un peu.
Prends bien soin de toi et de tes deux petites pitchounes..

Myrphije  : je comprends ce que tu veux dire... il y avait tellement de tensions avant... qu'après il n'y a pas de raison pour que cela soit autrement. Moi je croyais que oui. Pas avec mes beaux-parents spécifiquement car je m'entendais bien avec eux avant et mon mari aussi. Mais avec se beaux-frères. Il faut savoir que mon mari ne leur parlait plus depuis plusieurs années. Son premier frère parce qu'il a complètement pété les plombs à son divorce et qu'il en a tenu tout le monde responsable alors que c'était lui qui violentait (mentalement) sa femme et ses enfants. Et l'autre frère parce qu'il a suivi son frère ainé et qu'il nous a tourné le dos. En fait mon beau-frère nous reprochait d'avoir continué à voir deux ou trois fois par ans ses enfants (donc les neveux de mon mari agés de 8 et 12 ans à l'époque) malgré son divorce. Il ne voulait plus que ses enfants voient sa propre famille car ils les disaient manipulés par leur mère... mais nous on a dit que le divorce s'était une chose mais que les enfants n'y étaient pour rien, donc s'ils voulaient nous voir, la porté était grande ouverte. Et dans tout ça, mon beau-frère m'en a tenu pour personnellement responsable en disant que j'avais incité mon mari à le trahir en voyant encore ses neveux..
Quand mon mari est tombé malade, et bien, nous les avons revus. Mon mari m'a dit avant de mourir qu'une épreuve comme celle-là devait souder et non pas diviser. Donc j'ai essayé de maintenir les liens meme avec eux. Seulement mon beau frère qui a divorcé a commencé quelques mois après à m'insulter de plus belle, à dire que j'étais responsable des pbs qu'il a avec ses enfants qui ont aujourd'hui 17 ans et 21 ans. Sauf que ses enfants je ne les vois qu'une fois par an et encore ! Le soir de la mort de mon mari, il m'a dit qu'il ne voulait pas que j'appelle ses enfants pour leur dire la nouvelle: et moi je lui ai répondu que demain j'allais annoncer à mes enfants (20 mois et 6 ans) qu'elles n'avaient plus de père... donc j'avais autre chose à penser ... Mon mari n'était pas décédé depuis 1 heure qu'il fouillait dans ma cuisine pour regarder des papiers : c'est le meilleur ami de mon mari qui l'a trouvé en train de fouiller...
Aujourd'hui je ne le vois pas et je me rends compte que l'on retourne dans la meme situation qu'avant : la mort de mon mari n'a changé personne sinon moi.. les autres restent fidèles à leur bêtise et leur méchanceté... ce n'est pas un drame qui a changé leur manière d'aborder la vie et les autres à jamais contrairement à moi...