Cela faisait 2 ans que nous étions ensemble, la sensation commune d'avoir enfin trouvé l'âme sœur... Nous étions tellement heureux... La vie au quotidien était emplie de rires, de bonheur, d'amour, de projets, ...
Et tout a explosé fin juillet 2016... Lors d'un repas de famille, une journée chaude et ensoleillée. Un membre de la famille a voulu voir sa nouvelle moto, mon chéri a ensuite juste voulu faire un aller retour dans notre rue, ce qui lui a été fatal. L'accident a donc eu lieu sous mes yeux, l'image de son corps inerte au milieu de la route me hante. Il n'est pas décédé sur le coup mais était inconscient. On m'a empêché de l'approcher pour me préserver pendant que d'autres réalisaient les premiers soins en attendant les secours. Il est décédé quelques heures plus tard en ma présence, en service de réanimation. Le monde autour de moi s'est écroulé...
Les mois précédents, nous parlions d'avoir un enfant... C'est la chose que j'ai souhaité aussitôt, avoir quelque chose de lui en moi, un magnifique souvenir, un enfant qui lui ressemblerait. Malheureusement, avec le choc, j'ai subi une fausse couche. J'ignorais même que j'étais enceinte à cette période.
S'en est suivi une période de survie, d'un œil extérieur j'avais le sentiment d'être une morte vivante. J'ai été dans l'incapacité totale de reprendre le travail rapidement. Je n'avais qu'une obsession : le rejoindre. Ce que j'ai tenté un mois après son départ. J'ai frôlé la mort mais suis restée hospitalisée 7 semaines. Ensuite, au retour à la maison, j'ai continué à errer entre le lit et le canapé. A me rendre chaque jour sur sa tombe. Ce n'est que 7 mois plus tard, que j'ai pu reprendre le travail mais à temps partiel thérapeutique. Puis 15 mois après à temps plein.
Je suis restée 1 an dans cette maison, à passer chaque jour devant le lieu de l'accident. Cette maison lui appartenait, et aussi pour des raisons géographiques j'ai dû déménager.
Les amis... On voit qui sont les vrais lors de telles épreuves. Certains m'ont réellement aidé à sortir la tête de l'eau, qui pourtant n'étaient pas les plus proches avant ce drame. J'ai fait de nouvelles rencontres amicales aussi, qui m'ont aidé à aller mieux.
Et puis il y a ceux qui te laissent complètement tombé... Soi disant parce qu'ils ont eu peur de m'exposer leur bonheur, leurs sorties entre couples, leur bébé naissant, ... en pleine tête. C'est un deuxième deuil, à plus petite échelle bien sûr, mais un abandon à subir aussi.
La famille... Mes parents ont été très présents. En revanche, j'ai formé une barrière avec le reste de la famille, ceux qui ont voulu voir cette foutue moto ce jour-là.
La belle-famille... J'ai la chance de continuer à la voir, partiellement pour certains. Ma belle-mère est d'une grande aide et aime que l'on se retrouve toutes les deux pour parler de lui, de notre deuil.
Depuis ce drame, mes pensées envers lui, envers l'accident m'obsèdent. J'ai connu beaucoup d'insomnies, de cauchemars. J'ai suivi un traitement mais très peu de temps, car je ne voulais pas aller mieux. Aller mieux pour moi c'était signe d'accepter cette mort, d'aller de l'avant.
Aujourd'hui, j'ai l'impression d'avoir tellement pleurer, que je n'y arrive plus, et c'est tout aussi douloureux. Les crises d'angoisses s’espacent. Mais mon Amour pour lui, mes sentiments sont décuplés. Cela fait un peu plus de deux ans maintenant qu'il m'a laissé et pourtant j'ai la sensation encore que c'était la semaine dernière. Et j'ai cette certitude en tête qu'il me sera impossible de rencontrer quelqu'un à nouveau même si je n'ai que 28 ans aujourd'hui. Je n'y pense même pas, malgré le manque d'attention. Pour moi, cela serait de l'infidélité envers lui. Je ne supporte pas lorsqu'on me demande si j'ai refais ma vie. Non, ma vie je ne la refais pas, je la continue... Avec lui toujours dans mes pensées.
Ce qui m'a quelque peu soulagé... Rencontrer une médium. J'y suis allée sous les recommandations d'une connaissance, j'ai été bluffée par cette séance. L'impression d'avoir pu lui parler, qu'il m'ait parler aussi. La médium a révélé des choses que seuls moi et mon conjoint pouvions savoir. Je suis ressortie vidée, libérée sur certains points de ce rendez-vous mais positivement. En revanche, les psychiatres, psychologues que j'ai pu rencontrer lors de mon hospitalisation n'ont pas du tout été aidant. Je me suis tournée vers la lecture, notamment tout ce qui fait référence à notre vécu.
A ce jour, à part 2 ou 3 proches, personne n'évoque mon chéri parmi les amis, la famille, toujours par peur de me faire du mal. C'est douloureux. Au contraire je pourrais rester des heures à parler de lui, à entendre des anecdotes à son sujet que je ne connais pas. C'est pourquoi vous raconter tout ça aujourd'hui me fait du bien...
Cela fait deux ans que je cherche sur internet ce genre de témoignages, de forum, je suis "contente" d'avoir enfin trouvé celui-ci, de passer du temps ici à le parcourir de fonds en comble...