Chère Pupuce,
Comme je te comprends. On est tellement en décalage par rapport aux "autres", ceux qui ne peuvent comprendre notre détresse parce qu'ils n'en ont pas fait la triste expérience.
J'ai aussi l'impression parfois que plus le temps passe, plus c'est dur. Ce matin, une visite chez ma psy des soins palliatifs m'a confirmé que, malgré l'extrême souffrance et le chagrin profond, malgré les pleurs, on avance. Petit à petit, certes, mais on avance, dans la prise en compte de la réalité.
Comme toi, j'ai le sentiment que sans mon mari, ma vie est finie, que je ne pourrai pas continuer ou qu'en tout cas, ça n'a aucun sens et aucun intérêt. Nous étions si proches nous aussi.
Comme toi aussi, le souvenir de ces deux dernières années particulièrement difficiles ne me quitte pas.
Enfin, comme toi, j'ai perdu tous mes repères dans ma vie de tous les jours. Je ne fais rien comme avant. Je ne parviens pas à me restructurer encore.
Tu vois, nous avons beaucoup de points communs.
Qu'avons-nous fait pour perdre nos amours ? Je ne sais pas. En tout cas, nous payons cher le fait de les avoir aimés et d'avoir eu des années de bonheur avec eux. On me dit que j'ai de la chance d'avoir connu ce bonheur pendant 34 ans. Oui, certes, mais c'est humain de penser que ça aurait pu durer plus longtemps. Et je trouve que mon amour s'est tellement battu qu'il aurait mérité de rester ici encore un peu, et en bonne santé. Mais la vie n'est pas affaire de justice. Le destin, sans doute... C'est ainsi. Ce qui est certain, c'est que nous ne pouvons rien faire d'autre qu'accepter, et c'est très difficile.
Pour le moment, les bons souvenirs me reviennent mais me font souffrir. Les mauvais aussi. De toute façon, nous sommes à vif et le moindre détail ravive notre chagrin.
Je ne peux donc que te dire que je partage tes ressentis et je t'envoie un peu des quelques forces que je parviens à mobiliser de temps en temps. Il faut espèrer que des moments de répit précèderont un apaisement plus durable.
Mais nos amours nous manqueront toujours et seront toujours avec nous, toujours. Il nous faut bien du courage Pupuce pour traverser ce deuil.
Je t'embrasse affectueusement.
Dominique