Bonsoir à tous,
J'approche des 8 mois seule sans mon cœur, parti le 14 mars 2013 après 3 ans de maladie et 9 mois de calvaire en raison d'un cancer de la prostate qui s'est mué en deux autres cancers, foie et os.
Comme vous, j'en suis à être entre les rires et les larmes, rires souvent de convenance, rarement spontanés, larmes de tristesse, chagrin, boule qui part de l'estomac et se coince dans la gorge, empêchant presque de respirer un court moment.
Respirer ? alors que notre oxygène s'en est allé emportant notre vision à deux, nos projets à deux, notre bien-être à deux.
Seule, (ou seul), il faut maintenant réapprendre à "vivre", à se mouvoir, à décider SEUL ce qui est bon ou pas bon pour nous.
Oh, comment remplir ces soirées vides ? Comment prendre du plaisir devant un joli spectacle de la nature ?
Amputé, explosé de l'intérieur, bancal, il faut pourtant avancer, avancer pour quoi, pour qui ?
Un enfant ? c'est une belle chose, c'est ce qui nous reste comme souvenir vivant, ce qui nous entraîne vers la vie, ce pourquoi il nous faut vivre, coûte que coûte.
Quel que soit son âge, il peut nous aider et il nous faut l'aider aussi, ne pas oublier que lui aussi a sa peine à traîner.
Ce que j'ai appris ici, au fil des discussions, c'est qu'il faut absolument s'occuper de nous, prendre soin de nous.
(D'ailleurs, il n'y a plus que nous pour le faire !)
Penser à manger, penser à s'habiller, penser à travailler, penser au quotidien de la maison (ménage, factures, réparations), penser au jardin quand il y en a un, réparation/entretien de la voiture.
Il y a des choses qui n'attendent pas (comme les démarches administratives, les impôts à payer).
C'est peut-être aussi cela qui peut nous "sauver", nous entraîner jour après jour.
C'est aussi ce paradoxe qui fait que nous sommes toujours "entre deux mondes".
Nos sentiments qui font que nous n'avons pas envie d'aller de l'avant, nous retenant dans notre chagrin et nos hurlements de douleurs.
Le matériel, le quotidien, qui eux, nous entraînent vers l'avant, nous demandent des efforts inouïs pour nous maintenir à flot.
Entre le monde de la mort et le monde des vivants !
Sommes-nous encore vivants alors qu'une moitié de nous est morte ?
C'est un vrai travail.
C'est épuisant.
Je commence à croire nos aînés d'ici quand on nous dit que notre peine va s’apaiser. Déjà, mes hurlements de douleurs sont moins violents, mes crises de larmes quant à elles sont toujours présentes et intempestives (surtout le soir lorsque je quitte le travail comme si je pouvais enfin laisser tomber le masque...).
En attendant, il faut nous accrocher, pour tenir, toujours tenir !
Je vous envoie un peu de l'énergie que j'ai en ce moment.
Tendres pensées.
Catherine