Nia... Comme toi, la vie m'a mis à genoux lorsqu'elle m'a pris mon amour, mon ange... Le 14 avril dernier... C'était il y a plus de six mois maintenant... Je ne vais pas te mentir, rien n'est "réglé"... rien n'est arrangé... soigné... On ne peut guérir d'une telle blessure comme on guérit d'une maladie... Oui, les gens te disent, qu'avec le temps, ça ira. Que tu dois faire ton deuil... Tu trouves ça maladroit, inapproprié... C'est normal... Je me trouve, je me suis trouvée comme toi... face à ce décalage, cette incompréhension, qui appuie là où ça fait mal, qui nous met en colère. Du temps passera, c'est indéniable, inévitable... et ta souffrance évoluera, se transformera... Et tu évolueras, te transformeras par elle, avec elle et avec tout ce que tu décideras, réussiras à rassembler en toi pour avancer. Ton courage, tes souvenirs, tes casseroles, tes relations, tes fragilités, tes forces (ébranlées mais bien présentes), tes réflexions... Ce sera long, et difficile... (et ce mot sonne bien creux pour définir le mélange chaotique de sensations qui doivent te traverser en ce moment). Cette construction, c'est le parcours d'une vie.
Tu es au tout tout début de cette épreuve... Je me souviens de cette période... J'ai eu tant de choses à gérer. J'ai eu le sentiment d'être comme un automate, en pilotage automatique permanent... Et en moi, ce gouffre, cet abîme... Ce cri déchirant, ininterrompu, hurlant silencieusement dans ma poitrine... Ce manque de lui... ce sentiment d'absurdité....
Et quoi qu'il advienne, tu porteras toujours cette cicatrice en toi, et tu pourras toujours la sentir.
Et pourtant, garde toujours à l'esprit, l'origine de cette souffrance... L'amour. L'amour qui te lie à ton conjoint, à Bruno. Cet amour ne disparaît pas. Tu auras peut-être peur qu'il disparaisse, à des moments. Ou tu auras l'impression que seule la souffrance maintient encore ce lien si précieux. Ou peut être pas, car chaque vécu est différent. Mais j'ai envie de te partager quelques douces pensées, très personnelles. J'espère que tu les recevras comme telles... Je crois que l'amour ne disparaît pas, quoi qu'il arrive. Je crois que nous sommes toujours connectés à ceux que nous aimons, au delà de la mort. Qu'ils sont bien là, quelque part, "loin de nos yeux, près de nos cœurs". Je n'ai pas envie de parler de mes croyances ici, mais je te souhaite de tout cœur, dans cette épreuve, d'être à l'écoute de tes propres intuitions, celles qui te feront du bien. En règle général, je te souhaite de rechercher, de faire confiance à tout ce qui te fera du bien... Rester seule quand tu en as envie, t'entourer si tu ne veux pas être seule. Pleurer ou non, exprimer tes émotions, en prêtant aussi peu d'attention que possible "à ce qui se fait" ou "ne se fait pas", "se dit" ou "ne se dit pas"...
Tu as écrit "Je sais que tu voudrais que je vive, tu détestais me voir pleurer, mais je ne fais que ça." Garde la précieusement, cette idée. Et essaye de ne pas la retourner contre toi comme une arme... Car oui, je suis persuadée que nos amours veulent nous voir vivre le mieux possible... Oui, ton chéri ne veut sans doute pas te voir souffrir... Mais ne culpabilise pas de pleurer... De ne pas y arriver... De tomber, de trébucher... tout en gardant à l'esprit que tu as le droit de vivre. Tu as le droit de vivre et ton chéri doit être fier de toi, de faire de ton mieux quoi qu'il arrive.
En tous cas, je pense fort à toi. Je t'envoie de la douceur et un peu de la force que j'ai pu glaner sur le chemin... N'hésite pas à écrire, et oui, pourquoi pas, à te joindre à un groupe de parole, à aller voir un psy, si tu penses que ça peut te faire du bien... Ecoute toi, du mieux que tu peux, malgré le chaos qui s'agite...
Je t'embrasse.