Bonjour à tous,
mon fiancé est décédé le 16 octobre dernier, seul, par étouffement. J'étais au téléphone avec lui juste avant. J'ai eu beau rappeler, rappeler, rien...le temps que je prévienne son colocataire ( nous ne vivions pas toujours ensemble ), il était trop tard. Il n'avait que 29 ans.
Je n'en peux plus non plus...je peine à m'endormir le soir, terribles ces angoisses du soir...et le matin, je me reprends la réalité en pleine figure...de plein fouet...et je repleure pendant des heures...j'ai mal, c'est ventral...j'ai trouvé du soutien en évoquant son décès auprès des petits commerçants du quartier qui le connaissait, et qui prennent des nouvelles tous les jours. Les voisins sont courtois aussi...je suis si décontenancée par contre par l'attitude de mes deux meilleures amies...pas un sms, pas un appel pendant plus de 3 semaines...rien...ma famille non plus, mis à part ma mère. Suis tellement surprise par les réactions des gens...je me dis que je traverse la pire épreuve de ma vie en ce moment...et je me sens tellement seule...j'en crève...j'ai mal, je me mets à hurler dans le lit, dans la voiture...j'éclate en sanglots dans les hypermarchés où je me force à aller tous les jours pour ...pour voir du monde...ou pour essayer de le retrouver? je ne sais plus..
Mon fiancé était quelqu'un de très malheureux..beaucoup de malheurs dans sa vie...il souffrait mentalement et physiquement...une délivrance ainsi? j'essaie de voir le côté positif des choses...il m'a tellement apporté; j'étais la meilleure des mamans du monde, on essayait d'avoir un autre enfant, on voulait se marier...il a eu envie de tout cela avec moi...donc il m'aimait, donc j'en valais la peine...je suis tellement dans le doute, les questions tourbillonnent sans cesse dans ma tête...
Je ne puis manger de la viande, tenir une poêle. Je n'ai toujours pas pu changer les draps. Je conserve son odeur dans ses pulls...je les range séparément car chacun a une odeur spéciale me le rappelant.
Je suis choquée, je suis triste pour lui, pour moi.
Plus envie de vivre. Vivre? pourquoi faire au final? et puis il y a mes enfants, je ne veux pas qu'ils vivent ce que je vis. Mais la tentation est forte. Je ne veux pas que les saisons passent.
J'ai de suite consulté un médecin, des psys...j'ai besoin de parler.
Hélas, il n'avait que peu d'amis...et j'ai pourtant tellement besoin d'entendre les gens dirent du bien sur lui...
Je n'arrive pas à faire sortir cette douleur. Je n'en peux plus. Je survis. Sans intérêt.
Pas d'amis ici pour sortir un peu...
Que faire?
Je comprends donc très bien la souffrance, le deuil qui est propre à chacun.
J'ai lu le livre du Dr Fauré. Je m'y suis retrouvée point par point.
Je sais que tout ce que je vis est NORMAL. Et ça, ça me fait du bien de le savoir..
Que ce soit le fait de repasser le film des dernières minutes au téléphone, des derniers jours, des dernières semaines.
Ou le fait de culpabiliser même si je sais que je n'ai rien à me reprocher.
Ou encore le fait de pleurer, crier de manière indécente...
C'est normal...
mais quelle douleur...
Je compatie à toutes vos propres douleurs.
J'avais besoin de partager la mienne.
D'autres douleurs viennent d'ailleurs se rajouter à celle-ci :
- le rejet de sa famille (ils enlèvent tout ce que je mets sur sa tombe, son père m'a violentée, je ne vois en eux que colère et haine alors que l'on ne se connait même pas)
- le rejet des autres (pour la gendarmerie, qui a les résultats de sa prise de sang, je ne suis RIEN et n'ai pas le droit aux résultats - il y avait eu une enquête)
- je n'avais que lui et mes enfants...et maintenant, je me sens si abandonnée, encore, encore..
- l'injustice...comment, pourquoi?
Merci de m'avoir lue.
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