FORUM "LES MOTS DU DEUIL"
Comprendre et vivre son deuil => Vivre le deuil de son conjoint => Discussion démarrée par: Yohann le 19 octobre 2012 à 11:05:54
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Bonjour,
Le chemin que nous parcourons est semé d'embûches ou au choix, le bateau sur lequel nous galérons ne cesse de franchir d'horribles creux de vague !
C'est une évidence qui personne ne niera ici !
Nous le parcourons, ce chemin; nous les vivons tous les jours, ces creux et bosses.
Mais, faut-il en ou s'en rajouter par des "croyances" issues de je ne sais où ?
J'ai trouvé ces quelques idées fausses qui m'ont frappé, car elles expriment de façon certes abrupte mais bien réelle ce qui parfois nous passe au travers la tête !
Et qu'il est bon, de temps à autre, de regarder les choses en face ou de se remémorer en un texte du fondamental.
Je crois que C. Fauré ne renierait pas cela ! :)
- La douleur disparaît plus rapidement si on l’ignore
Non. Essayer d’ignorer la souffrance vécu lors d’un deuil, ou l’empêcher de faire surface risque au contraire de la faire durer sur du long terme. Plutôt que de l’esquiver, il est conseillé d’apprendre à vivre avec sa douleur pour qu’au fil du temps, elle se transforme en force.
- Il est important de rester fort face à la perte d’un proche
Non. Se sentir triste, seul ou effrayé est une réaction tout à fait normale quand on perd un être cher. Pleurer n’est pas une faiblesse. Vous n’avez pas à vous montrer « fort » face à un évènement aussi terrible. Votre entourage n’a pas a être écarté de votre douleur. Vous ne devez pas avoir peur de leur montrer vos émotions. Au contraire, cela leur permettra de mieux vous aider dans ces moments difficiles.
- Si on ne pleure pas, c’est que l’on est pas vraiment affecté par la mort d’un proche
Non. Pleurer est une réaction normale lorsqu’on est triste, mais ce n’est pas la seule. Quelqu’un qui ne pleure pas face à la perte d’un être cher, peut souffrir tout autant et même plus qu’une autre. De part, sa culture, sa personnalité ou son caractère, une personne aura différente manière d’exprimer son émotion et sa tristesse. On ne peut pas mesurer l’amour et l’attachement de chacun à un défunt, selon son émoi apparent.
- La période de deuil dure généralement 1 an
Non. Il n’existe pas une durée moyenne de deuil. Le deuil est un processus trés personnel, spéficique à chacun. Pour certaines personnes, le deuil ne s’arrête jamais. Le deuil est un processus douloureux mais indispensable. Il serait tout à fait invraisemblable de vouloir définir une durée « standard » du deuil.
- Avancer, faire des projets signifient que l’on oublie la personne disparue
Non. Notre vie ne s’arrête pas à la mort d’un être cher. Il est normal de continuer à faire des projets et de vouloir avancer dans sa vie. Cela ne signifie pas que vous avez oublié le défunt. Cela montre seulement que votre rapport au deuil a évolué et que vous avez accepté la mort de votre proche. On peut garder en soi, un souvenir intact de la personne aimée, tout en souhaitant commencer une nouvelle vie.
- Les proches ne doivent surtout pas parler du défunt à la personne endeuillée
Non. Les personnes en deuil ressentent généralement le besoin de parler du drame qui les touche. Afin de les aider dans leur deuil, il ne faut pas hésiter à aborder ce sujet avec elles. La perte d’un proche et le deuil ne doivent pas être tabou. Un deuil que l’on peut partager, est un deuil qui sera moins difficile.
- Le deuil s’arrête après les funérailles
Non. Certaines personnes pensent à tort, que le deuil ne dure que la période séparant la mort du défunt et son inhumation. C’est absolument faux. Après les funérailles, la personne endeuillée va vivre le début d’un long processus de deuil durant lequel, le choc et la torpeur vont laisser place à la réalité de la mort, et de ses conséquences sur la vie quotidienne.
http://ww.paradisblanc.com/blog/2011/11/7-idees-recues-sur-le-deuil/
:-*
Yohann
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Bonjour Yohann,
je suis dans le creux de la vague, et toutes ces réponses à mes questions m'aident à me tenir hors de l'eau. Retour dans l'Oise? grand moment de solitude pour moi, je ne lutte pas, je laisse les heures glissées et ma peine avec.
Cordialement LILAS
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Bonjour à vous,
Même chose pour moi aujourd'hui, laissons nous porter..
Cathy
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Merci Yohanne
Je suis dans le même état que vous tous, le 13 octobre cela à fait un an que mon époux est parti pour le Paradis Blanc.
Vivant seule, sans enfant ni amis les journées sont souvent très tristes.
Amicalement
Alberte
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Je confirme, Yohann, toutes ces idées sont fausses et dangereuses même.
Merci pour le lien vers "le Paradis Blanc".
:-*
Marina
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Yohann,
Ces fausses idées me font penser au livre « 100 réponses sur le deuil et le chagrin » de Nadine Beauthéac.
C’est un livre que je suis entrain de lire et qui répond aux différentes questions que l’on se pose tous sur le deuil, il est très bien détaillé dans les réponses et retrace également les différentes étapes du deuil.
Voici quelques questions posées :
Est-ce vrai que le deuil dur un an ?
A partir de quel âge peut-on dire à un enfant qu’un de ses proches est mort ?
Faut-il prendre des antidépresseurs ?
Ai-je tort de conserver les affaires de mon conjoint décédé ?.......etc....
Florence
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Merci Yoann pour la vérité sur ces idées fausses, je viens de perdre mon amour le 14/09/2012 et je ne supporte plus de faire semblant devant certaines personnes qui me disent que je dois être forte pour mes enfants, que je n'ai pas le droit de baisser les bras... Comment peuvent-ils affirmer une chose pareille alors qu'ils n'imaginent même pas dans quelle tourbillon la vie m'entraîne vers le bas depuis ces derniers jours.
Karine
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Bonsoir à toutes et tous. Deux ans aujourd'hui à 22h que mon mari est parti pour "le paradis blanc" ! Deux ans déjà, deux ans seulement !
Je suis passée par toutes les phases possibles de ce douloureux "travail de deuil". Je commence à "revivre", je ris, j'entretiens notre maison, je fais face à tout ce qu'entraine le départ de François, son absence tellement cruelle que je ressent toujours et encore au plus profond de mon coeur, la maison où je n'entend plus sa voix, il n'est plus dans le jardin, le lit est vide, il me manque horriblement et pourtant je sais que j'ai avancé, je sais apprécier les choses simples de ma vie qui continue sans lui à mes cotés et je sais que nous avons eu la "chance immense" de nous aimer pendant 41 ans et de fonder une belle famille.
François fera toujours partie de ma vie, de notre vie et je sais qu'il est à nos cotés. Ses vetements sont toujours dans notre armoire.
Il y a des jours ou j'arrive à "accepter" son absence, à vivre avec car je sais que plus rien ne changera et il m'arrive de voir "le soleil au-dessus des nuages". J'ai eu droit à des reves et des sensations formidables qui me réconfortaient chaque fois mais dans mon dernier reve j'ai eu l'impression que François s'éloignait lentement.
J'ai revé qu'il formait un cercle devant lui avec ses bras en me laissant la place pour me glisser dans ses bras(quand je me couche, le soir, je lui dis toujours, tiens moi fort dans tes bras!) je me glissais entre ses bras et ses bras se relachaient et François s'éloignait un peu. Je lui disais"non, attend moi, tiens moi dans tes bras, je me rapprochais de lui et chaque fois la meme chose se reproduisait et François me regardait avec un sourire, sans parler. Quand je me suis réveillée, ma première pensée a été "François s'éloigne !" Je ne sais pas,si, là
où il est, il a certaines choses à faire, mais je sais qu'il nous protège, c'est notre "ange gardien".
Les montagnes russes, la mer déchainée, le tsunamie de souffrance, la montagne à franchir, l'orage à traverser, j'ai donné tous ces noms à ma souffrance, j'en ai fait bavé à mon corps autant physiquement que mentalement, trop mal et aucun remède à part le temps qui passe, le temps qui est d'abord notre ennemi et qui devient notre allié .....avec le temps, non pas pour "oublier" mais pour "accepter l'inacceptable!"
Ce soir, sans le vouloir, mon corps et ma tete me projettent deux ans en arrière et j'accepte cette souffrance que je croyais enfin avoir sous "controle"
Je pleure mais les larmes me soulagent et m'apaisent, la fameuse soupape a encore une fois sauté et je sais que ce n'est pas la dernière fois.
Demain nos filles et nos petits enfants vont venir et, chose que je n'aurais jamais eu il y a quelques mois, j'ai des projets de jardinage avec les petits, malgré le coup de blues de ce soir.
Je sais que si François était là, il me dirait "bon, ça va maintenant, avances, tu as encore plein de choses à faire et tu sais que moi je ne peux plus les faire!" et moi je lui répondrais "hé ho ! chacun son rythme, on n'a pas le meme !"
Malgré tout ça, je sais que demain il va faire beau, que mon Amour est avec moi et que la maison va retentir de "mamie j'ai soif, mamie j'ai faim, mamie on sort jouer, mamie on peut t'aider pour jardiner, on peut t'aider à creuser , et il faudra "charger" le tracteur à pédale! Et de temps en temps je me dirais "tu vois François comme ils grandissent, ce sont NOS petits enfants".Je t'aime, tu me manques. Bonne nuit à tout le monde.
Avec nos petits-enfants, je vais planter un pommier, ce sera l'arbre de "papy"!
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Yohann....
mais c'est INCONNU... LE DEUIL !! ???
Les personnes qui ne sont pas passées par là... ne peuvent pas comprendre... et ne veulent certainement pas se mettre à notre place !
j'ai encore eu l'expérience dernièrement au bureau... (lieu... très incompréhensible !) une personne me posant la question "pourquoi je me sentais si seule ??? alors qu'elle était bien au courant de ma situation ! ah oui elle avait déjà oublié !! c'est vrai 10 mois après... c'est déjà du passé pour certains... alors que pour nous... chaque jour... est une épreuve ! :-\
mais on ne peut pas en vouloir aux gens de n'avoir pas connu ce malheur...mais certains mériteraient des fois un bon coup de pied aux fesses... :o pour ne pas apprécier les petits bonheurs ou ne pas les voir....ou les ignorer.
chaque personne qui n'est pas concernée ne fait pas toujours attention à son voisin !
ça n'arrive qu'aux autres... enfin c'est ce que les autres croivent !! ???
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bonsoir chantal,
ton message me fait penser à ce joli poème d un père pour sa fille: demain, dès l aube (de victor hugo)
Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.
Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.
Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.
Peut être que pour certains, les pommiers remplacent le houx vert et la bruyère en fleur.
En tout cas une chose est sûre: malgré le temps nous continuons de penser à eux et de les faire participer comme nous le pouvons à cette vie qui a décidé de continuer sans eux alors que nous en avions décidé autrement....
bonne soirée à toi, et surtout bonne journée pour demain
tiobob
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Merci Yoann
Cathy
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Bonjour à vous tous,
Les livres, les DVD sont là pour répondre à nos questions, heureusement car nous sommes déjà tellement seul(e)s.
En effet les personnes qui n'ont pas vécus le deuil ne peuvent pas comprendre, ou ils en ont peur.
Quelques personnes me demandent des conseils: l'héritage, la réversion, etc.... au cas ou cela leur arriveraient. C'est indécent mais je ne peux pas leur en vouloir elles ne savent pas, ma peine est mienne et je ne veux pas la partager avec eux.
Cordialement LILAS
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Le Paradis Blanc de Michel Berger...
http://www.youtube.com/watch?v=pUt6YLeECGI
:(
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Bonjour Yohann, j'ai, malheureusement, la preuve que certaines personnes autour de moi ne "comprennent" pas la douleur du deuil.
Nous sommes 2 soeurs et 3 frères et nous avons connus la douleur de la perte de nos parents avant que François ne parte à son tour. Un seul de mes frères "comprend". Ma soeur ! n'en parlons pas ! alors que nous avons de très bon rapports autrement mais elle ne peut pas "comprendre" ! Au bout de 2 ans, je devrais.............! rien, elle ne comprend rien, donc je ne lui parle pas de François et ni de moi ! Je ne leur en veux pas, ils sont "comme ça", c'est tout ! J'ai "notre" famille et du coté de François, j'ai son cousin(qui était comme son frère) et sa femme à qui François manque énormément ! François a une seule soeur, un glaçon ! alors, brrrrrrr ! jamais de discussion ! Ca me faisait très mal au début, pas pour moi, mais pour François. Avec le temps, je me dis "laisses tomber, ils sauront bien assez tot" ! Il n'y a que avec vous que je lache totalement et..........nous sommes "une famille"! bises à tous.
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Et on voudrait nous faire croire que le monde autour de nous ne sait pas, ne peut pas comprendre ????
Je serais tenté de dire que nous "sommes bons" de le dire ainsi, feignant d'ignorer qu'ils savent !
C'est ce qui me navre !
:-*
Yohann
[/quote]
Comme je te rejoins Yohann ! Bien sûr "qu'ils" savent, et comme nous sommes bons oui de ne pas leur reprocher leur attitude !
Je suis parfois (souvent) en colère mais surtout peinée par leur comportement.
Les "ça va ?" les "tu dois commencer à aller mieux après 7 mois", les petits messages "du début" qui deviennent de plus en plus rare les mois passants...
Dans un moment de solitude et de découragement, j'ai posté sur mon mur facebook le lien de la conférence à l'Inrees du Docteur Fauré. Une manière de faire comprendre que non je ne vais pas bien que oui j'ai besoin d'oreilles attentives... Jusqu'à présent, seule ma maman l'a regardée et m'a ensuite appelée pour en parler...
Nous faisons peur Yohann, c'est la seule réponse que j'ai trouvée et qui ne me réchauffe pas le coeur pour autant.
Cathy
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bonjour à tous,je suis bien d accord avec vous!!!!!les gens vivent leur vie et surtout ne pas déranger!!!!!!par contre quant bertrand etait là le telephone sonnait sans arret ,souvent aux repas ,parfois on en avait marre.........maintenant plus personne ,nous derangeons dans notre detresse ,moi aussi j ai mis des messages de SOS sur facebook mais rien...........peut etre serions nous pareils???????en attendant si je suis encore sur cette terre c est pas grace à eux mais à vous et mes enfants,vous etes ma famille,mes amis et ma vie car des journées comme aujourd hui ou le ciel est gris et que tout le monde est en couple ou en famille ,on est seuls et ça c est tres tres tres dur!!!!!merci à vous
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Chantal,
Je te remercie aussi pour tes messages que je prends toujours grand plaisir à lire !
Je t'embrasse
Karine
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Ça dépend du niveau d'attachement. Mon papa est décédé en 1994 et je n'ai pas connu la peine, telle que je l'ai vécue pour mon conjoint. J'avais fait mon "deuil" vers l'âge de 8 ans.
À part ça, une soeur morte, quand j'avais 3 ans et 2 mois (et je crois l'avoir vécu difficilement).
Peut-être aussi faut-il se donner le droit de le vivre correctement? Plusieurs personnes ne se donnent pas ce droit, je crois. Et passent outre et vivent difficilement en se disant toute leur vie qu'ils auront été "forts". Mais le résultat est souvent assez déplorable.
Vivre sa peine, c'est finalement un cadeau de la vie. Que j'ai accepté.
Amitiés, Caro xx
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Bonjour tout le monde, le 19 est passé, il a fait très beau, avec nos petits enfants, nous avons creusés, plantés et bien sur, beaucoup rigolés, malgré cet "anniversaire"! Mon mari, leur papy, était dans nos conversations, comme d'habitude. Je ne leur ai pas parlé de "la date", ils n'en ont pas besoin, ils se souviennent et parlent de lui. Nous avons meme fait une bataille de ver de terre ! J'avais l'impression d'entendre mon mari entrain de dire "mais ça va pas ! tu as quel age !". Le soir, plongée dans mes souvenirs, je me suis souvenue d'une ballade en foret avec mon mari et les petits. Mon mari était bucheron. A un moment donné il m'a montré un beau et grand sapin et il m'a dit "tu vois, celui là, il faudrait le couper !" je lui ai répondu "mais non, il est trop beau !" il m'a répondu "il faut l'enlever car, regarde autour, tous les autres qui sont encore petits, ont besoin de "l'espace" pour pousser!" Quand il a su qu'il était malade et condamné, sa seule réaction a été " ok, si quelqu'un doit l'avoir(cancer) alors que ce soit moi mais que aucun des enfants ne soit touché" en y pensant, c'est comme le sapin de notre ballade ! Mon mari était un homme de la nature ! Il a toujours travaillé en foret, il a planté des arbres par milliers, il en a coupé autant ! Je me souviens d'un jour ou j'avais emmené nos filles voir leur papa en foret, il allait scier un arbre mais il devait toujours calculer la trajectoire pour ne pas abimer les autres autour, je le vois, une main appuyée contre l'arbre dans l'autre la tronçonneuse la tete levée vers la cime. et puis en un rien de temps, l'arbre était au sol dans un grand bruit. Ce grand bruit, je le compare à ma douleur, à notre douleur. Le départ de mon mari a été comme la chute de ces arbres majestueux, ça écrase tout ce qui se trouve sur sa trajectoire mais avec le temps, la vie revient, ça repousse. Mon mari a toujours posé sa main sur l'arbre qu'il allait abattre, je ne sais pas pourquoi mais ça avait certainement une signification pour lui, une sorte de "communion". Il aimait "sa foret". Je crois que nous sommes tous comme ces arbres, nous arrivons à supporter les vents, les orages, les tempetes, les saisons et puis, un jour ............un grand bruit ! mais nous savons aussi apprécier le soleil, la pluie et un petit vent doux qui fait juste un peu bouger les cimes ! je vous souhaite à tous un rayon de soleil, bises.
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Pas de mot Chantal pour décrire l'émotion que j'ai ressentie en lisant ton message, Merci à toi de nous l'avoir fait partager.
Je vais essayer de garder l'image de ton amour, la main posée sur l'arbre qui devait tomber et je comprends bien ce geste. Xavier, mon mari était menuisier et je l'ai souvent vu caresser le bois avant de le travailler.
Merci de m'avoir fait retrouver ce souvenir.
Que ta journée soit douce Chantal
Cathy :-*
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Bonjour à tous,
Je reviens sur le forum aprés quelques absences, et je viens dire un grand merci à Yohann d'avoir ouvert ce fil.
Merci aussi à tous de vos posts qui sont plus un hymne à la renaissance, plus qu'à la perte de l'être aimé disparu. Bien sûr, le décès, l'absence, la souffrance sont présents, mais l'image du bucheron la main posée sur l'arbre qu'il va abattre, la main de l'ébéniste caressant le bois qu'il va travailler, ces symboles sont le renouveau de la vie.
Oui un arbre abattu et ce sont de nouvelles pousses qui vont devenir de beaux sujets dans 30 ou 40ans ou plus, du bois travaillé un beau meuble qui va perdurer pendant des génèrations. Oui de belles images de Chantal et Cathy.
Pour en revenir au fil proprement dit, rien à rajouter sur les remarques pertinantes de Yohann.
L'absence de soutien est criante et fait doulourement ressentir le mauvaise connaissance du deuil. Je ne sais s'il s'agit d'égoîsme, je pense simplement (et là je vous rejoins quant à la bonté de nos réactions), que les personnes ne savent pas aborder le sujet du deuil après une certaine période. La phrase toute simple que l'on m'a sortie dimanche chez mon cousin:"et toi maintenant ça va?".
J'ai répondu, pas tous les jours et loin s'en faut. Nous avons alors dés ce moment là, parlé de Claudine.
S'il y avait eu réponse: oui pas trop mal, le sujet aurait été oublié. Je pense donc que nous avons nous aussi notre part à jouer dans ce "travail de non oubli", des amis ou parents. Ils faut leur rappeler de temps en temps , que même le temps passant, tout n'est pas au beau fixe dans notre coeur, et que par contre nous n'oublions pas. Il faut leur rafraichir la mèmoire, même s'il y a 1, 2 ans de passés.
Notre amour est toujours présent et l'absence toujours aussi douloureuse, même si nous avons entrepris un travail de reconstruction.
Toute mon amitié à vous tous.
:-* :-*
Marcel
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Bonjour,
Certaines personnes sont peut-être indifférentes à notre souffrance mais le plus souvent ne savent pas comment réagir, ne savent pas si elles doivent parler de notre conjoint disparu; c'est aussi souvent "ça va toi" que j'entends et je réponds aussi que je fonce parce que je n'ai pas le choix mais que c'est dur. Même avec les enfants,il y a une pudeur et ma fille m'a dit hier soir qu'elle souffrait beaucoup, que ses frères aussi mais qu'ils n'osaient pas m'en parler de peur de rajouter du chagrin au chagrin et que eux-même craignaient de "déranger" leurs amis en s'épanchant, donc se taisaient aussi. Et moi qui pensais que pour eux ça allait mieux et que leur vie de jeunes continuait ! Nos maris et femmes étaient nos piliers et le symbole de l'arbre est vraiment superbe et approprié; Vos textes sont très émouvants Chantal et Cathy.
Dominique
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Dans le chapitre idées fausses, j'ai une page à écrire aujourd'hui. Elle illustre parfaitement le manque de coeur, la méfiance que nous inspirons et pour moi elle représente l'homme dans ce qu'il a de plus mesquin, étriqué.
Je vais essayer de vous en faire part de façon ordonnée mais ça va être difficile, je bouillonne !
Xavier, lorsqu'il a fait sa rupture d'anévrisme se trouvait chez des clients (qu'il connaissait déjà) à une cinquantaine de kilomètres de chez nous et a été transporté par hélico à l'hôpital de Bordeaux où je l'attendais, il m'a définitivement quittée deux jours plus tard, le 31 mars dernier.
Depuis ce jour, je voulais voir les derniers lieux qu'il a connus et rencontrer les clients chez qui "ça s'était passé" et qui ont été les derniers à lui parler.
J'avais l'impression que ça me ferait du bien et que ça pourrait atténuer les dernières images de l'hôpital...
Je n'ai trouvé le courage de leur demander à les rencontrer que la semaine dernière. Pour cela, je leur ai adressé un courrier dans lequel je leur faisais part de ce souhait, en leur donnant la raison que je viens d'invoquer. J'ajoutais que je ne voulais ni les perturber ni les heurter, et je peux vous assurer que j'avais fait ma demande de façon "civilisée". J'avais même terminé en leur écrivant que Xavier était ma source de vie et que cette démarche contribuerait peut être à ce que je puisse continuer sans lui.
Ce courrier a été posté le 17 octobre.
J'ai reçu aujourd'hui un coup de téléphone alarmé de la secrétaire de la boîte ou travaillait Xavier (qui est une amie). Le client l'avait appelé pour dire qu'il ne comprenait pas et a évoqué la possibilité d'avoir recours... à un homme de loi !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Je vous laisse imaginer la colère d'abord, puis la peine qui ont été les miennes, je ne trouve pas les mots encore maintenant pour vous décrire la palette d'émotions ressenties !
Les médecins et les pompiers m'avaient dit que les secours avaient été long à arriver sur les lieux. C'est peut être ça qui fait peur à ce monsieur, il n'a peut être pas réagi assez vite et se sent coupable ?
Mon incompréhension était si grande que j'ai lu ma lettre (je garde copie de tous mes courriers) à la secrétaire qui avait reçu l'appel. Elle s'est mise à pleurer au téléphone et n'a pas compris non plus la réaction de ce monsieur.
Je ne chercherais pas à connaître ses motivations, qu'il reçoive simplement toute ma gratitude pour m'avoir rappelé que l'espèce humaine dans sa majorité est la pire espèce qui soit. Elle ne peut accomplir avec gentillesse et sans arrières pensées un geste d'humanité.
En plus du reste, je vais maintenant vivre avec l'idée que les dernières personnes à avoir parlé à mon mari sont des salauds sans coeur.
Et voilà, je me transforme à nouveau en fontaine...
Je vous embrasse fort
Cathy
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Bonsoir Cathy,
Je partage ton point de vue en ce qui concerne le manque d'humanité de notre monde.
Pour preuve les infirmières qui ont soigné Patricia pendant de longs mois suite à sa deuxième opération d'éventration.
Quotidiennement, toujours une douceur, une barre de chocolat après la fin des soins, pour elles.
Patricia appréciait particulièrement une d'entre elles et les relations étaient toujours cordiales.
Depuis que je leur ai annoncé le décès, à part les condoléances de ce jour là, plus de nouvelles!!!
Cela me laisse une drole d' impression, moi qui pourtant ai une pietre opinion de l'espèce humaine depuis longtemps.
Alors, toute cette échange n'est donc que factice.
En tout cas je sais au fond de moi que ma Patricia avait été sincère, qu'elle avait suffisamment souffert pour avoir autant d'amour envers l'humanité.
C'était une femme engagée, auprès des faibles , des démunis , des laissés pour compte...
C'est pour ça que je l'aime car on avait la meme sensibilité.
Elle me manque tellement.
Comme dirait John Lennon: "All you need is love"
Je t'envoie toutes mes amitiés
André
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Bonsoir André,
Mon mari était pour le personnel hospitalier "un malade idéal"aussi, toujours souriant, plaisantant avec les infirmières,acceptant des conditions parfois pénibles sans se plaindre et les infirmières disaient "ah si tous les malades étaient comme vous!" Mais ce personnel de l'hôpital aussi dévoué et courageux soit-il, est obligé de se protéger et ne peut pas s'investir affectivement auprès de chaque malade sinon il ne pourrait pas continuer à travailler dans ces services où malheureusement trop de gens très bien ne survivent pas à la maladie.
Nous avions demandé au cancérologue qui était très soucieux de ses patients si ce n'était pas trop dur de les voir partir et il nous a répondu qu'il travaillait énormément (ce qui était vrai et on se demande comment le personnel hospitalier tient parfois), qu'il faisait tout son possible pour guérir les gens et qu'il avait la conscience tranquille. Ils ont des formations justement pour ne pas craquer eux aussi et faire des dépressions. Je ne suis pas du tout du milieu médical ni n'ai de relations dans ce milieu mais j'ai trouvé que le personnel avait beaucoup de mérite et que la plupart était vraiment attentionné, à tous les niveaux, de l'aide soignant aux internes et médecins. Je ne peux que les en remercier. Je sais que c'est difficile et que la relation qui nous lie à eux et à certains en particulier devient très forte et qu'on voudrait la prolonger mais je pense sincèrement que ce n'est pas possible pour eux.
Amitiés
Dominique
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Bonsoir Dominique,
Oh je ne ressent plus de colère envers qui que ce soit. Je comprend bien que leur métier les contraignes à une certaine distance.
Je n'en veux à personne à présent, c'est passé. Je souhaiterais simplement lui rendre hommage en disant que c'était une personne d'exception qui avait beaucoup d'humanité.
Je sais qu'à présent rien ne sert de regretter le passé, il faut continuer le chemin dans le futur avec notre douleur, je ne sais pas quel en sera l'aboutissement. Pour le moment je suis perdu.
Je t'envoie toutes mes amitiés
André
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Bonjour André,
J'espère que je ne t'ai pas blessé et je suis certaine que ta Patricia était une femme formidable. Tu peux parler d'elle ici et la raconter. C'est souvent ce qui nous manque, parler d'eux et cela fait mal quand les personnes qui les ont cotoyés, et qui les appréciaient ne rappellent pas, on a bien des déceptions. Et on découvre aussi la vraie nature des gens qui nous entourent, certains formidables, d'autres fuyants ou indifférents. Mais quand je lis ce que vivent certains ici avec leur propre famille, parents, frères et soeurs, je suis atterrée, certaines maladresses sont excusables tant qu'on n'a pas vécu ce que nous vivons actuellement mais d'autres réflexions sont horribles d'égoïsme, de méchanceté. Là, il faut faire le tri mais c'est dur quand il s'agit de sa propre famille.
Je ne sais pas depuis combien de temps tu as perdu ta Patricia, pour moi depuis 5 mois bientôt, j'ai un pied dans le présent qui essaie de tenir bon, de garder l'équilibre et ma tête et tout le reste dans le passé. Le futur je n'y pense même pas et tous les matins je me dis -encore une journée- tenir. J'ai écouté deux conférences sur le site dialogue et solidarité dont une à rennes en 2011 intitulée deuil et solitude . On retrouve bien sûr des éléments que nous connaissons par les vidéos et très bon livre du Dr Fauré mais c'est une autre approche plus à bâtons rompus sur ce qu'on ressent parfois. Et j'ai tant besoin de m'accrocher, pour dire la vérité.
Bon courage à toi, tu n'es pas seul ici.
Dominique
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Bonjour à tous, mon mari était uniquement "suivi" par l'hopital, Il a eu quelques hospitalisations de 2 à 3 jours pour des examens mais il avait sa chimio en ambulatoire. Il me disait toujours que le personnel était super ! il y avait une infirmière qui rentrait dans sa chambre en chantonnant et en esquissant quelques pas de danse ! elle savait que mon mari était condamné, mon mari savait aussi et il disait qu'il était heureux de la voir rentrer dans sa chambre comme ça ! il me le racontait avec un grand sourire ! en réa, les médecins et les infirmières étaient présents pour mon mari et pour nous. Pas de mots qui ne veulent rien dire, pas de discours avec des mots que l'on ne comprend pas, ils savaient que je VOULAIS SAVOIR et ils me disaient. B ien sur, avec le recul, je sais qu'ils me disaient, que je comprenais mais que je ne voulais pas enregistrer ! je disais, "oui, je sais" et je pensais "ils vont le guérir"! J'admire ces personnes qui cotoient la douleur et la mort tous les jours, mais je n'ai jamais eu le courage de retourner dans cet hopital pour les remercier ! J'y pense encore mais je sais que tellement d'autres François sont passés dans ce service depuis que ...............je ne sais pas ! Je sais qu'un simple "merçi" suffirait ! mais je n'en ai pas le courage ! trop douloureux ! bises à tous.
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Bonjour Chantal,
Comme toi, mon mari était suivi pour la chimio en ambulatoire et ce que tu racontes des infirmières, je l'ai vécu. Nous avons toujours voulu savoir tous les deux mais quand l'oncologue a dit "je ne peux plus rien, nous allons mettre en place l'HAD" (hospitalisation à domicile) nous ne voulions pas nous séparer (et c'était encore possible), je savais que l'inéluctable allait arriver mais comme toi, je ne voulais pas enregistrer. Par contre malheureusement mon mari a fini ses jours aux urgences et ça a été horrible. Et je m'en veux de ne pas avoir crié, hurlé et cassé pour qu'il soit pris en charge dans de bonnes conditions. Mais je crois que j'étais comme anesthésiée et que mon cerveau ne croyait pas que c'était la fin jusqu'à ce qu'il la demande lui-même (il est resté conscient jusqu'au bout). Ca me ronge encore. Je ne suis pas retournée non plus dans le service d'oncologie mais leur ai écrit une lettre.
Amicalement
Dominique