Chantal,

Je te remercie aussi pour tes messages que je prends toujours grand plaisir à lire !

Je t'embrasse
Karine

Bonjour tout le monde, le 19 est passé, il a fait très beau, avec nos petits enfants, nous avons creusés, plantés et bien sur, beaucoup rigolés, malgré cet "anniversaire"! Mon mari, leur papy, était dans nos conversations, comme d'habitude. Je ne leur ai pas parlé de "la date", ils n'en ont pas besoin, ils se souviennent et parlent de lui. Nous avons meme fait une bataille de ver de terre ! J'avais l'impression d'entendre mon mari entrain de dire "mais ça va pas ! tu as quel age !". Le soir, plongée dans mes souvenirs, je me suis souvenue d'une ballade en foret avec mon mari et les petits. Mon mari était bucheron. A un moment donné il m'a montré un beau et grand sapin et il m'a dit "tu vois, celui là, il faudrait le couper !" je lui ai répondu "mais non, il est trop beau !" il m'a répondu "il faut l'enlever car, regarde autour, tous les autres qui sont encore petits, ont besoin de "l'espace" pour pousser!" Quand il a su qu'il était malade et condamné, sa seule réaction a été " ok, si quelqu'un doit l'avoir(cancer) alors que ce soit moi mais que aucun des enfants ne soit touché" en y pensant, c'est comme le sapin de notre ballade ! Mon mari était un homme de la nature ! Il a toujours travaillé en foret, il a planté des arbres par milliers, il en a coupé autant ! Je me souviens d'un jour ou j'avais emmené nos filles voir leur papa en foret, il allait scier un arbre mais il devait toujours calculer la trajectoire pour ne pas abimer les autres autour, je le vois, une main appuyée contre l'arbre dans l'autre la tronçonneuse la tete levée vers la cime. et puis en un rien de temps, l'arbre était au sol dans un grand bruit. Ce grand bruit, je le compare à ma douleur, à notre douleur. Le départ de mon mari a été comme la chute de ces arbres majestueux, ça écrase tout ce qui se trouve sur sa trajectoire mais avec le temps, la vie revient, ça repousse. Mon mari a toujours posé sa main sur l'arbre qu'il allait abattre, je ne sais pas pourquoi mais ça avait certainement une signification pour lui, une sorte de "communion". Il aimait "sa foret". Je crois que nous sommes tous comme ces arbres, nous arrivons à supporter les vents, les orages, les tempetes, les saisons et puis, un jour ............un grand bruit ! mais nous savons aussi apprécier le soleil, la pluie et un petit vent doux qui fait juste un peu bouger les cimes ! je vous souhaite à tous un rayon de soleil, bises.

Bonjour à tous,

Je reviens sur le forum aprés quelques absences, et je viens dire un grand merci à Yohann d'avoir ouvert ce fil.
Merci aussi à tous de vos posts qui sont plus un hymne à la renaissance, plus qu'à la perte de l'être aimé disparu. Bien sûr, le décès, l'absence, la souffrance sont présents, mais l'image du bucheron la main posée sur l'arbre qu'il va abattre, la main de l'ébéniste caressant le bois qu'il va travailler, ces symboles sont le renouveau de la vie.
Oui un arbre abattu et ce sont de nouvelles pousses qui vont devenir de beaux sujets dans 30 ou 40ans ou plus, du bois travaillé un beau meuble qui va perdurer pendant des génèrations. Oui de belles images de Chantal et Cathy.
Pour en revenir au fil proprement dit, rien à rajouter sur les remarques pertinantes de Yohann.
L'absence de soutien est criante et fait doulourement ressentir le mauvaise connaissance du deuil. Je ne sais s'il s'agit d'égoîsme, je pense simplement (et là je vous rejoins quant à la bonté de nos réactions), que les personnes ne savent pas aborder le sujet du deuil après une certaine période. La phrase toute simple que l'on m'a sortie dimanche chez mon cousin:"et toi maintenant ça va?".
J'ai répondu, pas tous les jours et loin s'en faut. Nous avons alors dés ce moment là, parlé de Claudine.
S'il y avait eu réponse: oui pas trop mal, le sujet aurait été oublié. Je pense donc que nous avons nous aussi notre part à jouer dans ce "travail de non oubli", des amis ou parents. Ils faut leur rappeler de temps en temps , que même le temps passant, tout n'est pas au beau fixe dans notre coeur, et que par contre nous n'oublions pas. Il faut leur rafraichir la mèmoire, même s'il y a 1, 2 ans de passés.
Notre amour est toujours présent et l'absence toujours aussi douloureuse, même si nous avons entrepris un travail de reconstruction.
Toute mon amitié à vous tous.

 
Marcel

Dans le chapitre idées fausses, j'ai une page à écrire aujourd'hui. Elle illustre parfaitement le manque de coeur, la méfiance que nous inspirons et pour moi elle représente l'homme dans ce qu'il a de plus mesquin, étriqué.

Je vais essayer de vous en faire part de façon ordonnée mais ça va être difficile, je bouillonne !

Xavier, lorsqu'il a fait sa rupture d'anévrisme se trouvait chez des clients (qu'il connaissait déjà) à une cinquantaine de kilomètres de chez nous et a été transporté par hélico à l'hôpital de Bordeaux où je l'attendais, il m'a définitivement quittée deux jours plus tard, le 31 mars dernier.

Depuis ce jour, je voulais voir les derniers lieux qu'il a connus et rencontrer les clients chez qui "ça s'était passé" et qui ont été les derniers à lui parler.
 J'avais l'impression que ça me ferait du bien et que ça pourrait atténuer les dernières images de l'hôpital...
Je n'ai trouvé le courage de leur demander à les rencontrer que la semaine dernière. Pour cela, je leur ai adressé un courrier dans lequel je leur faisais part de ce souhait, en leur donnant la raison que je viens d'invoquer. J'ajoutais que je ne voulais ni les perturber ni les heurter, et je peux vous assurer que j'avais fait ma demande de façon "civilisée". J'avais même terminé en leur écrivant que Xavier était ma source de vie et que cette démarche contribuerait peut être à ce que je puisse continuer sans lui.
Ce courrier a été posté le 17 octobre.

J'ai reçu aujourd'hui un coup de téléphone alarmé de la secrétaire de la boîte ou travaillait Xavier (qui est une amie). Le client l'avait appelé pour dire qu'il ne comprenait pas et a évoqué la possibilité d'avoir recours... à un homme de loi !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Je vous laisse imaginer la colère d'abord, puis la peine qui ont été les miennes, je ne trouve pas les mots encore maintenant pour vous décrire la palette d'émotions ressenties !

Les médecins et les pompiers m'avaient dit que les secours avaient été long à arriver sur les lieux. C'est peut être ça qui fait peur à ce monsieur, il n'a peut être pas réagi assez vite  et se sent coupable ?


Mon incompréhension était si grande que j'ai lu ma lettre (je garde copie de tous mes courriers) à la secrétaire qui avait reçu l'appel. Elle s'est mise à pleurer au téléphone et n'a pas compris non plus la réaction de ce monsieur.

Je ne chercherais pas à connaître ses motivations, qu'il reçoive simplement toute ma gratitude pour m'avoir rappelé que l'espèce humaine dans sa majorité est la pire espèce qui soit. Elle ne peut accomplir avec gentillesse et sans arrières pensées un geste d'humanité.

En plus du reste, je vais maintenant vivre avec l'idée que les dernières personnes à avoir parlé à mon mari sont des salauds sans coeur.

Et voilà, je me transforme à nouveau en fontaine...

Je vous embrasse fort
Cathy

Bonsoir André,
Mon mari était pour le personnel hospitalier "un malade idéal"aussi, toujours souriant, plaisantant avec les infirmières,acceptant des conditions parfois pénibles sans se plaindre et les infirmières disaient "ah si tous les malades étaient comme vous!" Mais ce personnel de l'hôpital aussi dévoué et courageux soit-il, est obligé de se protéger  et ne peut pas  s'investir affectivement auprès de chaque malade sinon il ne pourrait pas continuer à travailler dans ces services où malheureusement trop de gens très bien ne survivent pas à la maladie.
 Nous  avions demandé au cancérologue qui était très soucieux de ses patients si ce n'était pas trop dur de les voir partir et il  nous a répondu qu'il travaillait énormément (ce qui était vrai et on se demande comment le personnel hospitalier tient parfois), qu'il faisait tout son possible pour guérir les gens et qu'il avait la conscience tranquille. Ils ont des formations justement pour ne pas craquer eux aussi et faire des dépressions. Je ne suis pas du tout du milieu médical ni n'ai de relations dans ce milieu mais j'ai trouvé que le personnel avait beaucoup de mérite et que la plupart était vraiment attentionné, à tous les niveaux, de l'aide soignant aux internes et médecins. Je ne peux que les en remercier. Je sais que c'est difficile et que la relation qui nous lie à eux et à certains en particulier devient très forte et qu'on voudrait la prolonger mais je pense sincèrement que ce n'est pas possible pour eux.
Amitiés
Dominique    

Bonjour André,
J'espère que je ne t'ai pas blessé et je suis certaine que ta Patricia était une femme formidable. Tu peux parler d'elle ici et la raconter. C'est souvent ce qui nous manque, parler d'eux et cela fait mal quand les personnes qui les ont cotoyés, et qui les appréciaient ne rappellent pas, on a bien des déceptions. Et on découvre aussi la vraie nature des gens qui nous entourent, certains formidables, d'autres fuyants ou indifférents. Mais quand je lis ce que vivent certains ici avec leur propre famille, parents, frères et soeurs, je suis atterrée, certaines maladresses sont excusables tant qu'on n'a pas vécu ce que nous vivons actuellement mais d'autres réflexions sont horribles d'égoïsme, de méchanceté. Là, il faut faire le tri mais c'est dur quand il s'agit de  sa propre famille.
Je ne sais pas depuis combien de temps tu as perdu ta Patricia, pour moi depuis 5 mois bientôt, j'ai un pied dans le présent qui essaie de tenir bon, de garder l'équilibre et ma tête et tout le reste dans le passé. Le futur je n'y pense même pas et tous les matins je me dis -encore une journée- tenir. J'ai écouté deux conférences sur le  site dialogue et solidarité  dont une à rennes en 2011 intitulée deuil et solitude . On retrouve bien sûr des éléments que nous connaissons par les vidéos et très bon livre du Dr Fauré mais c'est une autre approche plus à bâtons rompus sur ce qu'on ressent parfois. Et j'ai tant besoin de m'accrocher, pour dire la vérité.
Bon courage à toi, tu n'es pas seul ici.
Dominique
 

Bonjour Chantal,
Comme toi, mon mari était suivi pour la chimio en ambulatoire et ce que tu racontes des infirmières, je l'ai vécu. Nous avons toujours voulu savoir tous les deux mais quand l'oncologue a dit "je ne peux plus rien, nous allons mettre en place l'HAD" (hospitalisation à domicile) nous ne voulions pas nous séparer (et c'était encore possible), je savais que l'inéluctable allait arriver mais comme toi, je ne voulais pas enregistrer. Par contre malheureusement mon mari a fini ses jours aux urgences et ça a été horrible. Et je m'en veux de ne pas avoir crié, hurlé et cassé pour qu'il soit pris en charge dans de bonnes conditions. Mais je crois que j'étais comme anesthésiée et que mon cerveau ne croyait pas que c'était la fin jusqu'à ce qu'il la demande lui-même (il est resté conscient jusqu'au bout). Ca me ronge encore. Je ne suis pas retournée non plus dans le service d'oncologie mais leur ai écrit une lettre.
Amicalement
Dominique