Ce fameux dimanche soir, qui pèse si lourd sur nos cœurs, l'impression d'avoir raté la plus belle journée de la semaine, parce qu'on l'a passée seul(e).
Souvenir des autres dimanches.
Savoir que demain, lundi, on doit reprendre, porter le masque, et supporter les abrutis qui ne savent pas, oui, Sylvette, profiter de leurs bonheurs.
Il faut que tu te dises, Sylvette, que la personne qui t'a répondu aussi sottement doit être terriblement malheureuse, non pas que le malheur, le vrai se soit abattu sur elle, mais plutôt qu'elle est inconsciente de ce qu'elle a, envie les autres, ne s'intéresse qu'à elle, ne voit que son visage aigri dans le miroir, tandis que nous, c'est celui de notre amour que nous voyons. Et c'est beau, et cela nous rend beau (belle). Maintenant, elle ne doit pas te faire perdre ton temps et ton sourire. Aucun intérêt, la vie se chargera de lui faire comprendre un jour, même si on ne lui souhaite pas.
Beaucoup de questions dans ces derniers messages...
Pourquoi sépare t'on ceux qui s'aiment ?
Pourquoi les avoir réunis, pour les séparer ensuite ?
Et bien sur, Dieu existe t'il ?
En fait, ces 3 questions, n'en sont qu'une seule, pour moi.
J'ai ouvert un fil sur ce sujet, pensant que j'allais avoir mille interventions, mais non, peu de réponses. Je reste avec mes interrogations et mes petits "arrangements".
Ce Dieu, je l'ai côtoyé de près dans ma jeunesse. Il me semblait très confortable de m'imaginer sous une protection aux pouvoirs sans limite. Naïve, mais j'ai eu vraiment tellement de chance dans ma vie que je n'ai pas vraiment remis cette idée en question.
Et puis Pierre, et le cancer.
Je l'ai maudit, injurié ce Dieu qui faisait souffrir un homme aussi bon, généreux, formidable que mon mari.
Je l'ai envoyé au diable. Et paroxysme du paradoxe, je lui ai crié que je ne croyais plus en lui, qu'il pouvait aller faire son cinéma ailleurs!
Plus tard, la même question revient.
Si Dieu n'existe pas, où sont-ils nos Amours ? Peut-il y avoir un monde parallèle sans Dieu ?
Moi, mon Pierre, je le veux heureux, et soudain, après les injures, je le supplie, ce Dieu, de s'occuper du petit coin de Paradis de mon Pierre. Oh, bien sur, ce n'est pas vraiment comme cela que je vois les choses, mais j'ai tellement besoin de le savoir heureux et près de moi.
Injuste de me l'avoir pris ? Injuste de l'avoir faire souffrir ? Quelle est la finalité d'une telle épreuve ?
30 ans de vie commune, nous avons vécu dans le bonheur mais nous avons aussi distribué du bonheur, toujours conscients de notre chance. Mais nous avons aussi et surtout, énormément vécus l'un pour l'autre.
20 mois se sont écoulés pour moi, en tête à tête avec moi... et lui, plus silencieux, mais bien là.
Au fond de moi, j'ai trouvé des ressources insoupçonnées, j'ai survécue, j'ai supportée, j'ai entrepris, je re bâtie, je suis plus réceptive, plus à l'écoute, moins égoïste surement, plus fataliste, plus sensible aux toutes petites joies...
Après une période où rien ne compte que soi, où le monde peut tourner, le ciel s'écrouler, on n'en a rien à faire, peu à peu, on découvre un autre monde, des personnes bien, des personnes qui sont présentes, et qui donnent, des personnes qui ont besoin de nous, des personnes qu'il faut aider. Suzy fait mieux encore.
Bien sûr, pour moi, cette ouverture d'esprit vers les autres, je la paie très cher.
Selon certains auteurs, chacune de notre vie sur terre (puisqu'il semble que nous en ayons plusieurs), nous fait "grandir". Et les épreuves que nous devons affronter sont à la hauteur de ce que nous pouvons supporter, et de ce que cela peut changer en nous.
Oui, Daniel, Yohann, j'espérais moi aussi, de toutes mes forces, partir la première, ne me sentant pas le courage de supporter son départ. Cela aussi c'était très égoïste, car la souffrance, en partant la première, je la lui léguais. Mais oui, ces messages de vos épouses doivent être un réconfort.
"Vous savez, tout est bien.
Je ne suis pas loin,
Juste de l'autre coté du chemin.
... ...
Vous voyez, tout est bien."
Il faut y croire.
Douce nuit mes amis.
Marina