Bonjour Pâquerette,
C’est un message bien philosophique que tu as écrit là, et comme tel, il appelle bien des réflexions.
Oui, c’est bien présomptueux de s’arrêter à notre petite vie qui n’est qu’un maillon d’une immense chaine, celle de l’Homme. Et c’est çà l’éternité, oui. Encore faut-il avoir une descendance qui peut, entre nous s’avérer aussi formidable que désastreuse. La maman d’Einstein pouvait elle imaginer que son fiston ferait des choses aussi grandes et aussi monstrueuses ? Par le fils, la mère et le père existeront toujours. (D’ailleurs Einstein a-t-il eu des enfants ?)
La souffrance est enrichissante, nous ne savons, c’est même prouvé. Les grands artistes ont créé dans la souffrance et devenaient improductifs quand le bonheur débarquait dans leur vie (sauf Renoir peut-être, encore que, dans sa douce maison de Giverny, la maladie s’était emparée de lui et que la vieillesse est aussi une souffrance).
Quand aux scientifiques, ils oublient l’essentiel de la vie pour poursuivre leurs recherches, et ne savent même plus goûter le plaisir de croquer dans une fraise bien mûre au soleil de l’été.
L’amour et le bonheur sont émollients. Mais la vie est tellement plus belle aussi, qu’il faut savoir en profiter et en prendre conscience, elle sait soudain vous voler tout et se montrer cruelle, il faut en extraire aussi le sucre, avant de découvrir l’amertume.
Moi aussi je pense souvent à mes aïeux, ceux qui ont fait que je suis là aujourd’hui, une grand-mère veuve à 53 ans comme moi, des grands-parents exilés de leur Russie en pleine révolution, seuls survivants de leur famille respective. Ils sont parvenus tous à reconstruire leur vie, sur des ruines et des larmes.
Mais je vois aussi nos nièces, (puisque nous n’avons pas d’enfants) qui ne vivent que pour leur téléphones portables derniers cris, veulent des vacances dans les lieux à la mode, une voiture dès leur 18 ans et se moquent de tout ce qui n’est pas elles et leurs besoins vitaux : le plus beau sac, la dernière coupe de cheveux…
En 3 générations le travail, la lutte pour la survie, les larmes, pfuittt ! Oublié, sans intérêt !
Alors je me dis qu’il faut savoir donner, mais qu’il faut aussi savoir prendre.
Je me dis qu’aujourd’hui, le soleil brille et me réchauffe et que demain, je grelotterais, alors aujourd’hui, sieste sur une méridienne et demain je rentrerais mes stères de bois en suant sang et eau.
Je me dis qu’aujourd’hui, je peux m’offrir un restaurant en bonne compagnie, et que demain, j’irais porter mon repas à un voisin dans le manque.
Je me dis que j’ai eu une très belle part de bonheur avec l’homme de ma vie, alors maintenant, je survivrais sans lui.

Marina