Aurel,
Je vis depuis un peu plus de 4 mois, une situation semblable à la tienne, à part qu'il n'était pas en dépression.
L'amour de ma vie à mis fin à ses jours (je n'aime pas le mot "suicide"), le 6 novembre à 36 ans, nous laissant, mes filles de 3 et 5 ans et moi 30 ans et enceinte de 4 mois à ce moment là. Comme toi, à aucun moment je ne lui en ai voulu, il a en effet voulu se libérer. Il n'était plus lui même à ce moment là, je le sais car ça ne lui ressemble pas.
Dans mon cas, ce ne sont pas des problèmes psychologiques (dépression) qui l'ont entraîné dans tout ça, mais des problèmes psychiques (émotions). Je ne savais pas grand chose de tout ça avant,c'est auprès de ma psy que j'ai depuis appris/compris beaucoup de choses. Trop tard malheureusement... Tout ça pour te dire que je comprends au moins une partie de ce que tu ressens.
Pour ce qui est de se sentir vide, ne rien ressentir, je dirais que c'était mon cas les premiers jours. Entre la sidération et les obsèques à organiser, on a quelque part pas vraiment le temps de ressentir les choses. Peut être es tu dans cette phase là ? Depuis quand es tu en deuil?
Ensuiteje suis passée par la culpabilité de n'avoir rien vu et de n'avoir donc rien pu faire (ça commence à être un peu mieux de ce côté là) et la colère également (elle est toujours d'actualité mais moins forte) contre moi, contre sa famille. J'étais aussi pendant 3 bons mois dans une phase de recherche, je menais une enquête selon la psy. Je voulais savoir, comprendre l'incompréhensible avec ce petit espoir absurde de mon inconscient que ça allait peut être changer les choses, voire me le ramener. Depuis que je ne cherche plus, c'est le manque qui est devenu plus fort. Avant je n'avais pas vraiment le temps de m'en rendre compte car mon cerveau était trop pris dans ces recherches.
C'est là où j'en suis maintenant, un manque dur à supporter malgré le fait que j'ai toujours l'impression qu'il puisse rentrer ou m'appeler d'un instant à l'autre.
Pour l'entourage, il ne peut comprendre s'il ne l'a pas vécu. Ils veulent bien faire, nous aider mais peuvent parfois nous blesser involontairement. Je ne sais pas si tu as vu la conférence du psychiatre Christophe Fauré sur les étapes du deuil, mais moi j'ai dit à ma famille de la regarder et depuis, ils comprennent davantage ce que je ressens et me laisse justement ressentir les choses. Car je pense que c'est indispensable de passer par tout ça. Pour moi, il ne faut rien refouler, même si c'est dur, horrible.
Tout ce que je peux te conseiller (car je n'en suis qu'au début de ce cauchemar), c'est de faire ce qui te semble être bon pour toi. Il y a des jours/moments où on veut s'occuper, se changer les idées et d'autres où on ne fait que pleurer.
N'hésite pas à venir ici, lire et/ou écrire, ça libère.
Et un suivi psy, est je pense plus que nécessaire. Moi je vois ma psy 1fois par mois. Ça peut paraître peu, mais ça me permet aussi d'intégrer les choses qu'elle me dit, de réfléchir à la séance. Et puis avec ce forum, je pense que c'est complémentaire.
Beaucoup de courage pour toi...