Bonjour Betty,
Je lis ton message ce matin et ne peux m’empêcher de mettre mon grain de sel. Chacun ses travers, toi, tu ne te laisses pas marcher sur les pieds, et moi, je mets mon grain de sel partout !
La vidéo de Ch.Fauré est trop lourde pour mon petit PC et en plus je suis « en zone blanche », donc, coupée d’Internet souvent. Je ne parviens donc pas à visionner la fin, qui pourtant m’interpelle particulièrement : les messages.
Ces messages ont bousculés ma vision de la mort.
Pour moi, la mort était un sommeil éternel. Plus rien, le vide, le néant. Rien.
Propre, mais très dur aussi.
Et ces messages, il m’en a envoyé. Au début j’ai pensé que mon cerveau me protégeait de la si insupportable réalité. Et puis, j’ai lu sur le site d’autres témoignages.
Pour moi, ils n’ont jamais été « abstraits », comme une photo qui se retrouve là où on ne l’attend pas, ou une télévision qui s’allume… Les premiers jours, juste après son départ, ce sont les ampoules des lampes qui ont sautées, çà, c’était… irréel, comme si il me disait par un flash : Regarde, écoute, soit attentive.
Après on finit par tellement les guetter que l’on en voit partout, même si il n’y a rien.
Pierre s’est manifesté (enfin je crois) de multiples manières et surtout en … s’immisçant dans ma pensée. Question pour moi, et … soudain, la réponse s’imposait. Cette période, a duré
3 ou 4 mois, et je l’ai vécu 1 an et demi après le départ de Pierre. C’était très doux et très serein, lui toujours présent « en moi », on prend vite l’habitude.
Et puis un jour, il est parti, en catimini, comme si il avait décidé que maintenant, je pouvais, je devais continuer seule.
Très douloureuse période à nouveau, mais le fait de savoir qu’il « existait » ailleurs, qu’il m’avait tenu à bout de bras pendant de longs mois, j’ai accepté. Et je m’adapte maintenant avec plus ou moins de facilité, selon les jours. Il a repris sa liberté et je découvre la mienne. Et puis j’ai aussi l’impression qu’il me protège malgré tout.
Et j’en arrive à la seconde partie de ton message.
Si la mort est donc une « vie » ailleurs, puisqu’ils nous envoient des messages, une « vie » dans la sérénité, la plénitude, débarrassée de toutes craintes, toutes douleurs, ils sont pleinement heureux, tandis que nous pleurons… sur notre solitude.
Il est certain que l’on peut se demander pourquoi le passage d’un état à l’autre doit être si violent, ou douloureux

Pourquoi pas simplement, la machine du corps qui s’arrête sans bruit et sans souffrance

Là, c’est une question sans réponse

Tu n’étais pas là au moment de son départ. Beaucoup sur le site parlent de ce dernier rendez-vous manqué. Moi, je venais de sombrer dans un lourd sommeil dans la chambre d’hôpital à coté de la sienne après comme toi, une semaine passée avec lui, nuit et jour. Il a attendu que je m’éloigne de 5 mètres. Les infirmières m’ont dit que c’était fréquent, que le malade veut souvent partir seul, ne pas imposer cette épreuve à ceux qu’il aime, dès lors qu’il se sent en paix. Mais que certains, pour être en paix, on besoin de leur famille autour d'eux...
Acceptons en l’augure.
Cela peut être un choix, ou un hasard bien que pour moi il n’y a pas de hasard, juste des rendez-vous, comme avec ton rappeur.
Que cette journée vous soit douce, malgré tout.
Marina