Bonjour Thierry,

Je crois fort que tes enfants ont besoin que tu leur parles de leur maman, surtout en ce jour de la fête des mères.
Ose donc les appeler aujourd'hui : ensemble vous serez plus forts, et c'est certainement ce qu'aurait voulu Fatima.

Je m'en vais maintenant rejoindre mes filles, pour une journée en famille avec gendres et petits-enfants.

Très cordialement.  Daniel

Thierry, Daniel,

Je me doutais que ce jour serait encore un peu plus dur pour vous, Papa sans la Maman, celle qui vous a fait ces trésors inestimables, vos enfants.
Sachez que c'est un cadeau merveilleux que vous avez là, une promesse d'avenir, un maillon d'un chaine, celle de votre famille.

Vos enfants et petits-enfants doivent avoir le coeur gros. Mais n'est-ce pas à vous de leur redonner un sourire, aujourd'hui en particulier?
Elles sont avec vous, vous tous, et se réjouissent surement de voir leurs petites familles réunies.
Thierry, appelles ta fille, parlez ensemble de Fatima, et choisissez de vous souvenir non pas de la fête de l'an passé, mais des petites fêtes d'il y a quelques années, quand les enfants sont petits et où toutes les mamans ont reçu des colliers de nouilles, des cendriers empreinte de main, des boites à bijoux boite à camembert... Tout cela c'est la joie et l'amour.
Vas Thierry, d'accord avec Daniel, elle a encore plus besoin de toi aujourd'hui, ta fille.

Daniel, bonne journée en famille, çà, c'est doux doux.

Bises à tous les deux.

Marina

Bonjour Thierry88

je relisais les mails que nous avions échangés, et je vois que tu as posté pour la fête des mères. Je crois que mon deuil me rend plus sensible à tous ceux qui souffrent (même si je n'ai jamais été indifférente loin de là). Ton message est un concentré de douleur, sache que je pense très fort à toi et à tous les papas qui ont vécu cela hier
moi j'ai entamé le "compte à rebours" puisque Dominique est décédé le 27 juin dernier. juin qui commence par notre anniv de mariage, et qui continue avec les anniv de mes 2 aînés, les premiers sans lui-  les rendez-vous type fête de la musique où l'on allait tous les 2, etc etc. Comme nous le disions avec la plus jeune qui vit avec moi : on a beaucoup travaillé pour avancer cette année et d'un coup, on se retrouve en juin dernier, on a l'impression que tout est à refaire. j'espère que ce n'est qu'une impression.

A côté de cela, j'aide une amie qui entame le parcours du combattant, son mari n'allant pas bien du tout, ballotée entre le généraliste qui nie le problème, et les spécialistes qui s'inquiètent et lui laissent comprendre sans vraiment dire. même âge, mais pas même maladie et l'angoisse qui s'installe. Nous ne sommes pas seuls dans le malheur, on s'en aperçoit tous les jours, les gens que l'on croisent sont rares qui n'ont pas de souci

en ce 4 juin, je m'accroche à tout ce qui vit, parce que c'est vraiment dur, j'ai un peu mal par tout ! je relis mes livres sur le boudhisme, j'essaie de laisser venir : le 4 je crois qu'il faisait une biopsie, le  11 je le faisais admettre en clinique et c'est la dernière fois que je l'ai vu debout !
je t'embrasse très fort, comme je le disais sur une autre discussion, les épanchements ce n'est pas mon habitude mais j'ai actuellement vraiment besoin de chaleur humaine

Bonjour à vous,

Si j'ai bien compris, notre blessure est guérissable, mais la cicatrice sera toujours visible. Je veux dire qu'elle ne suintera plus (comme elle le fait en ce moment pour moi). Elle sera belle, bien refermée. Mais bien grosse.

Je réécoute toujours le vidéos de la madame qui parle des étapes du deuil, et même si je ne suis plus à la première étape, les conseils qu'elle donne (rédigé par Fauré?) sont soulageants. Même si ça dure quelque seconde de soulagement, ça fait ça dans ma journée.

Pour les gens heureux et qui ne le savant pas... je crois qu'il vivent une autre sorte de deuil (leur histoire certainement complexe). On ne force pas le bonheur. Si on ressent du malheur, c'est qu'il est réel, mais il faut en prendre conscience et s'arrêter de temps en temps, pas juste quand un des nôtres meure.

Je crois très fort que malgré l'horreur de ce que je vais écrire, on devient plus riche, plus fort, plus complet, suite à un décès. En tout cas, c'est mon objectif.

Caro xx

Merci pour ta chaleur Pima
en fait, je me rends compte après avoir visionné la conférence du dr faure qu'il y a une sorte de joie qui pointe par moment, de "travail bien fait" parce qu'il en serait heureux je pense.
Le Dr Faure parle des "messages" que nos compagnons(compagnes) nous adressent, ou ce que l'on prend comme tel . Il dit que ceux qui ont ressenti cela guérissent mieux, ou plus vite ou je ne sais plus quoi, mais c'est positif
Moi j'ai eu un message en aout, donc peu de temps après sa mort : une rencontre improbable lors d'un concert de Stivell où je pleurais presqu'à chaque chanson car Dominique aimait beaucoup. Et à un moment, un "teufeur" qui commence à me bousculer en "dansant". Je l'envoie sur les roses, très agressive, il me répond que si je ne sais pas m'amuser je dois rester chez moi etc. Et je lui crie que je viens d'enterrer mon mari et qu'il n'a qu'à aller se faire voir. Alors, il part en me disant que je n'ai pas à étaler mon malheur sur les autres.... Et puis revient, tout gentil, me prend par l'épaule (!) et me dit qu'il vient d'enterrer un copain, que j'ai raison, que mon mari en serait heureux et que je dois continuer à me battre, à ne pas me laisser marcher sur les pieds...!Tout cela pendant que Stivell chante, que les gens applaudissent et que moi je pleure
Et puis, l'autre jour, en promenant ma super petite chienne, j'ai eu l'impression très nette qu'il me prenait la main...
Alors oui je crois aux signes que nos chéris nous envoient parce que comme dit le Dr Faure, cela ne fait pas peur, que l'on est apaisé après
sinon, oui tu as sûrement raison Pima, il faut arriver à ne pas comparer avec il y a un an, mais quand je vois les beaux jours et que lui ne connaîtra plus cela, je suis envahie (submergée) parce que j'aurais tant voulu le protéger de toute cette douleur, comme on veut faire avec un enfant. C'est un sentiment presque maternel
Je n'ai par contre pas eu l'impression de mourir avec lui mais plutôt de voir mon monde s'écrouler et de l'abandonner, seul dans l'inconnu, je ne sais pas s'il a eu peur, je n'étais pas là, je n'en pouvais plus après 3 nuits passées à la clinique. a-t-il su que je n'étais pas à ses côtés ? Quand on m'a appelée, je suis arrivée 1 quart d'heure trop tard, est-ce qu'il l'a voulu ainsi comme me disent mes enfants ? Mais ces questions, si elles sont toujours présentes, sont moins douloureuses
merci à vous et ..à votre chaleur et bonne soirée

Bonjour Betty,

Je lis ton message ce matin et ne peux m’empêcher de mettre mon grain de sel. Chacun ses travers, toi, tu ne te laisses pas marcher sur les pieds, et moi, je mets mon grain de sel partout !

La vidéo de Ch.Fauré est trop lourde pour mon petit PC et en plus je suis « en zone blanche », donc, coupée d’Internet souvent. Je ne parviens donc pas à visionner la fin, qui pourtant m’interpelle particulièrement : les messages.

Ces messages ont bousculés ma vision de la mort.
Pour moi, la mort était un sommeil éternel. Plus rien, le vide, le néant. Rien.
Propre, mais très dur aussi.
Et ces messages, il m’en a envoyé. Au début j’ai pensé que mon cerveau me protégeait de la si insupportable réalité. Et puis, j’ai lu sur le site d’autres témoignages.
Pour moi, ils n’ont jamais été « abstraits », comme une photo qui se retrouve là où on ne l’attend pas, ou une télévision qui s’allume… Les premiers jours, juste après son départ, ce sont les ampoules des lampes qui ont sautées, çà, c’était… irréel, comme si il me disait par un flash : Regarde, écoute, soit attentive.
Après on finit par tellement les guetter que l’on en voit partout, même si il n’y a rien.

Pierre s’est manifesté (enfin je crois) de multiples manières et surtout en … s’immisçant dans ma pensée. Question pour moi, et … soudain, la réponse s’imposait. Cette période, a duré 
3 ou 4 mois, et je l’ai vécu 1 an et demi après le départ de Pierre. C’était très doux et très serein, lui toujours présent « en moi », on prend vite l’habitude.
Et puis un jour, il est parti, en catimini, comme si il avait décidé que maintenant, je pouvais, je devais continuer seule.
Très douloureuse période à nouveau, mais le fait de savoir qu’il « existait » ailleurs, qu’il m’avait tenu à bout de bras pendant de longs mois, j’ai accepté. Et je m’adapte maintenant avec plus ou moins de facilité, selon les jours. Il a repris sa liberté et je découvre la mienne. Et puis j’ai aussi l’impression qu’il me protège malgré tout.

Et j’en arrive à la seconde partie de ton message.
Si la mort est donc une « vie » ailleurs, puisqu’ils nous envoient des messages, une « vie » dans la sérénité, la plénitude, débarrassée de toutes craintes, toutes douleurs, ils sont pleinement heureux, tandis que nous pleurons… sur notre solitude.
Il est certain que l’on peut se demander pourquoi le passage d’un état à l’autre doit être si violent, ou douloureux Pourquoi pas simplement, la machine du corps qui s’arrête sans bruit et sans souffrance Là, c’est une question sans réponse

Tu n’étais pas là au moment de son départ. Beaucoup sur le site parlent de ce dernier rendez-vous manqué. Moi, je venais de sombrer dans un lourd sommeil dans la chambre d’hôpital à coté de la sienne après comme toi,  une semaine passée avec lui, nuit et jour. Il a attendu que je m’éloigne de 5 mètres. Les infirmières m’ont dit que c’était fréquent, que le malade veut souvent partir seul, ne pas imposer cette épreuve à ceux qu’il aime, dès lors qu’il se sent en paix. Mais que certains, pour être en paix, on besoin de leur famille autour d'eux...
Acceptons en l’augure.
Cela peut être un choix, ou un hasard bien que pour moi il n’y a pas de hasard, juste des rendez-vous, comme avec ton rappeur.

Que cette journée vous soit douce, malgré tout.

Marina

Karine, mais oui, je me souviens de tes craintes du début.

C’est toujours pareil, nous redoutons ce que nous ne connaissons pas. La mort est un immense point d’interrogation et de nos jours, comme le dit Ch.F. , en plus, on meurt à l’abri des murs de l’hôpital.

Je ne pense pas que les messages soient dus à une relation différente avec la personne disparue. Je pense que, comme les médiums, nous avons tous des possibilités que nous utilisons ou pas, comme ces machines à laver qui possèdent 30 programmes ! Moi personnellement, j’utilise celui à froid pour le linge délicat, à 40° pour le reste et à 90° pour les serpillières et draps, les autres ne me servent à rien ! 
Je plaisante mais c’est un peu cela. 

Toi, Karine, tu redoutais une possible manifestation de Christophe. Il te connait et peut-être s’est il retenu pour ne pas t’effrayer. Peut-être aussi ne l’as-tu pas vu, trop « les deux pieds sur terre ».

Mais peut-être les as-tu eu ses messages et tu ne les attribues pas à Christophe.
Qu’est-ce qui t’a poussée à chercher à en savoir plus sur les raisons de son départ ? Qui a amené Caroline sur ce forum français qui lui a soudain donné la force de stopper son travail et d’affronter son deuil ? …
Pas de hasard.

Oui, c’est vrai, pendant 2 ou 3 mois, je me suis vraiment sentie bien, il était là, si proche, mais cela n’a pas duré, c’était seulement une préparation à une nouvelle et peut-être définitive séparation. Ne soit pas jalouse, cette période je l’ai vécu 18 mois après le départ de Pierre. J’ai lu le témoignage d’une femme qui a reçu un message … 10 ans après la mort de son époux.
Si comme moi maintenant tu y crois, tu peux être sereine et avancer, ils sont là, il est là et il veille.

Bises Karine.

Marina