Comprendre et vivre son deuil => Vivre le deuil de son conjoint => Discussion démarrée par: ROUBOU35 le 28 février 2013 à 22:56:11
Titre: Extrait de Victor Hugo
Posté par: ROUBOU35 le 28 février 2013 à 22:56:11
" Cette mort fut pour le survivant un accablement. ... Tant qu'on est deux, la vie est possible. Seul, il semble qu'on ne pourra plus la traîner. On renonce à tirer. C'est la première forme du désespoir. Plus tard on comprend que le devoir est une série d'acceptations. On regarde la mort, on regarde la vie, et l'on consent. Mais c'est un consentement qui saigne." Les travailleurs de la mer
Tout est dit .
Titre: Re : Extrait de Victor Hugo
Posté par: *Ephémère* le 28 février 2013 à 23:23:27
Merci à toi pour ces belles lignes ; tout est dit....
Titre: Re : Re : Extrait de Victor Hugo
Posté par: alberte le 01 mars 2013 à 09:50:56
Merci à toi pour ces belles lignes ; tout est dit....
mais faut il encore pouvoir l'accepter !!! alberte
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Titre: Re : Extrait de Victor Hugo
Posté par: lilas52 le 01 mars 2013 à 10:20:30
Bonjour,
Dans l'extrait que tu nous cites j'ai reconnu une grande véracité de mon vécu actuel.
Ce qui me dérange c'est le terme "devoir", mais on ne peut pas changer un texte. J'aurai préféré la traduction du mot grec "ananké": le destin , la nécessité. D'ailleurs c'est de cela qu'il s'agit dans ce roman.
@Alberte: le plus difficile est de pouvoir et vouloir accepter. Je pense que la traversée de ce deuil doit nous y conduire.
Merci Dominique pour ce message.
Titre: Re : Extrait de Victor Hugo
Posté par: *Ephémère* le 01 mars 2013 à 11:05:36
La notion de "devoir" lorsqu'elle recouvre celle d'une obligation morale, ne me sied guère.
Dans ces quelques lignes extraites des "travailleurs de la mer", je l'entends en effet, plutôt du côté d'une destinée acceptée malgré la connaissance que la confrontation à la mort nous "inflige" : " On regarde la mort, on regarde la vie, et l'on consent".
Et lorsque Victor Hugo poursuit : "Mais c'est un consentement qui saigne.", il me semble trouver la trace de cette "fatalité intérieure" qu'il évoque dans son roman.
J'avoue que je me retrouve dans ces lignes.
C'est un consentement qui saigne... Oh combien !
Un consentement qui n'en n'est pas un en fait ; car pour consentir il faut pouvoir choisir. Et nous n'avons pas choisi de perdre l'être aimé que nous pleurons aujourd'hui.
Tout au plus, parvenons-nous au fil du temps, à repousser un peu la révolte et la colère qui nous laissent pantelants, épuisés...
Titre: Re : Extrait de Victor Hugo
Posté par: Tinou le 01 mars 2013 à 12:44:05
Merci pour ce texte...
Titre: Re : Extrait de Victor Hugo
Posté par: lilas52 le 01 mars 2013 à 12:46:28
Avec douleur et encore avec reproche au fond de moi je sais que j'étais consentante au départ de mon mari. Lui même me l'avait demandé: inutile de pleurer, lorsque je ne pourrais plus tenir debout je partirai. Ephémère ta réflexion m'a permis d'exprimer cette douleur, car en téléphonant au SAMU ce 06 mai, je savais que mon mari ne reviendrai plus. Ne me dit pas que je n'avais pas le choix ce qui est vrai, mais j'étais d'accord avec mon mari qu'on devait l'aider à partir. Je m'égare un peu du contexte du post, mais au moins cela a eu le mérite de me permettre de mettre des mots sur cette culpabilité que j'ai gardé au fond de moi.
Titre: Re : Extrait de Victor Hugo
Posté par: ROUBOU35 le 01 mars 2013 à 20:29:11
Je me retrouve Lydia dans ton vécu; mon mari aussi disait, ne pleure pas, nous savons que c'est la fin, il faut l'accepter, c'est comme ça. Mais je me refusais à écouter cette vérité, quand j'ai, moi aussi, appelé le samu, je n'ai pas pensé qu'il ne reviendrait pas, j'étais , je crois, dans un état second qui annihilait cette vérité, un brouillard.
Et tu as raison aussi, Ephémère, en parlant de destinée acceptée malgré la confrontation à la mort.
Je ne regarde plus la vie de la même façon, c'est juste un passage dont il faut profiter au mieux, y consentir et savoir regarder sa propre mort. C'est difficile à accepter pourtant comme tu le dis également, Alberte.
Peut-être qu'en acceptant notre future mort, on accepte mieux celle de notre amour, on sait désormais que tout ne tient qu'à un fil et qu'il faut jouir de chaque bel instant, la caresse d'un rayon de soleil, la visite d'une mésange, un bon livre, un mot gentil...et s'accepter aussi tel qu'on est, se donner le droit d'être de mauvaise humeur aussi,fatigués , on n'est pas des saints !
Je vous embrasse Dominique
Titre: Re : Extrait de Victor Hugo
Posté par: gertrude le 14 mars 2013 à 22:14:56
bonsoir,
très très joli texte en effet si bien dit, si bien résumé en quelques mots, merci roubou de nous l'avoir fait découvrir
le terme devoir c'est effectivement étrange peut on le comprendre en terme de "travail necessaire " sans connotation morale mais une obligation pour évoluer vers ce deuil apaisé que nous espérons
il y a bien un choix je crois dans l'évolution du deuil entre la vie et la mort (la notre ) qui passe par le consentement de la mort de l'autre ce qui rejoint le post adjacent "le laisser partir" je crois dailleurs que toutes le personnes ici présentes sont dans cette direction de vie au moins c'est vers là qu'elles regardent meme si la tentation de l'autre coté est parfois là ou souvent là
Titre: Re : Extrait de Victor Hugo
Posté par: chrisam le 14 mars 2013 à 23:38:47
Voici un texte de Teilhard de Chardin.
Celui qui est parti
Ne le cherchez pas en arrière, ni ici, ni là, ni dans les vestiges matériels qui vous sont naturellement chers. Il n'est plus là, il ne vous attend plus là. C'est en avant qu'il faut le chercher, dans la construction de votre vie renouvelée...
Soyez lui fidèle là, et non point dans une sentimentalité rétrospective avec laquelle il faut avoir le courage de briser. Sa véritable trace n'est pas dans certaines manifestations de son activité. Leur disparition même si douloureuse qu'elle puisse vous paraître, doit vous libérer, non vous déprimer.
Non pas oublier, mais chercher en avant. Malgré tout ce que vous pouvez sentir ou croire, reconnaître avec évidence que votre vie doit se poursuivre.Je suis persuadé qu'elle commence.
Décidez vous seulement à ne plus vivre dans le passé, ce qui ne veut pas dire que vous oubliez celui-ci, mais seulement que votre manière, la vraie, de lui être fidèle doit consister à construire en avant, c'est à dire à être digne de lui.
Ne vous isolez donc pas. Ne vous repliez donc pas au fond de vous-mêmes. Mais voyez le plus possible vos amis. Donnez-vous. C'est ce don qui vous libérera et vous épanouira.
Je voudrais que vous trouviez nombre de gens et de choses auxquels noblement vous donner.
Titre: Re : Extrait de Victor Hugo
Posté par: ROUBOU35 le 15 mars 2013 à 00:15:01
Très beau texte , Christian, c'est ce vers quoi nous devons tendre, mais c'est un effort de chaque instant !
Souhaitons nous beaucoup de courage, à tous et toutes .
Douce nuit
Dominique
Titre: Re : Extrait de Victor Hugo
Posté par: *Ephémère* le 15 mars 2013 à 08:25:23
Que ce texte est beau ; et comme il trouve écho en nos coeurs....
Merci.
Titre: Re : Extrait de Victor Hugo
Posté par: chrisam le 15 mars 2013 à 12:19:35
Merci
En effet, un effort de chaque instant Mais que c'est dur
Titre: Re : Extrait de Victor Hugo
Posté par: *Ephémère* le 15 mars 2013 à 20:29:20
Oui, Christian, que c'est dur .... Mais il y a ces éclaircies, ces moments sans larme, ces nuits d'un sommeil enfin revenu...
Un matin d'ocre et d'or, qui vient surprendre une journée de neige. Comme un avant-goût de printemps ; et le coeur qui est moins lourd.
C'est dur, oui, c'est dur, mais nous avançons.
Je t'embrasse, Christian.
Titre: Re : Extrait de Victor Hugo
Posté par: mary42 le 15 mars 2013 à 20:30:40
6 mois après, il m'est impossible de suivre les conseils de Teillard de Chardin. Je ne vis que par ses doux mots, ses tendres gestes, son immense capital d'amour qu'il m'a donnés. Pour l'instant, je ne continue pas, je ne vis que de souvenirs, je m'enferme dans nos moments merveilleux. Je ne peux faire autrement. C'est peut-être un manque de courage mais je ne peux rien faire sans penser à lui, à vivre encore avec lui.... quand je n'ai pas envie d'en finir avec cette douleur immonde.
Titre: Re : Extrait de Victor Hugo
Posté par: gertrude le 15 mars 2013 à 23:57:20
bonsoir à tous
mary ne te rajoutes pas de stress suplémentaire 6 mois c'est très court pour etre capable de se projeter dans un avenir sans lui sans etre terrorisée normal que tu penses tout le temps à lui , penses y sans complexe sans aucune culpabilité, chaque chose viendra la douleur deviendra moins aigue pensée pour toi et ton homme
ce post et celui un peu semblable "le laisser partir" sont plutot des réflexions pour les un peu plus anciens ceux qui sont sortis de la maternelle du deuil éventuellement de la primaire peut etre déjà au collège ou au lycée pour faire une comparaison avec l'école avec l'enfance ...
bonne nuit
Titre: Re : Extrait de Victor Hugo
Posté par: Tinou le 16 mars 2013 à 08:20:48
Savoir ce qu'il faudrait faire, c'est une chose...
Y arriver, c'est une montagne à gravir pour nous...
Martine
Titre: Re : Extrait de Victor Hugo
Posté par: chrisam le 16 mars 2013 à 14:51:40
"On dit de celui qui pleure et exprime sa tristesse qu'il est un être faible. L'expérience me fait dire qu'au contraire il est sur le chemin de sa plus grande force..."
Lytta Basset dans la revue "Nouvelles Clés" n°55 (oct-nov 2007
Titre: Re : Extrait de Victor Hugo
Posté par: germinou le 16 mars 2013 à 15:07:44
Bonjour
"On dit de celui qui pleure et exprime sa tristesse qu'il est un être faible" Ah oui!!... Ben dans ce cas je m'assume et suis très fière d'être un "être faible" et je n'aurai jamais honte de pleurer alors je dois être vrrraiment faible... ;)
Trêve de plaisenterie... Je suis tout à fait d'accord et partage la même expérience que toi Christian.. ;)
:-* :-* :-*
Titre: Re : Extrait de Victor Hugo
Posté par: chrisam le 16 mars 2013 à 19:30:16
Alors, je suis faible, car, bien que je sois un homme, je pleure, même devant d'autres hommes, bien entendu, avec un peu de retenue, pas comme lorsque je suis seul. Parfois, ça va, parfois, je ne sais même pas continuer la conversation, je dois m'en aller.
Je sais, pleurer n'est pas un signe de faiblesse.
Titre: Re : Extrait de Victor Hugo
Posté par: *Ephémère* le 16 mars 2013 à 21:20:17
Oh Christian, ces larmes....
Lorsque je suis seule, il m'arrive de pleurer en gémissant comme une bête blessée.
En société : rarement une larme. Evidemment si quelqu'un me parle de lui, la voix déraille, les yeux se mouillent. Et pour tout dire, je crois que sans en avoir toujours réellement conscience, j'évite les "situations à risque"... Et la voiture devrait être inondée avec toute la pluie salée qui tombe de mes joues et brouille le paysage. La voiture, espace d'intimité au milieu du flot des inconnus qui roulent sans voir.
Je suis sure que "celui qui pleure et exprime sa tristesse ... est sur le chemin de sa plus grande force". De celà, oui, je suis sure.
Puissiez-vous partager cette conviction ; puisque tous nous pleurons tellement, alors tous nous sommes sur le chemin de la force.
Titre: Re : Extrait de Victor Hugo
Posté par: Tinou le 18 mars 2013 à 08:00:56
Pour savoir dans "quel état je suis", une amie me demande "y a -t-il de l'eau dans ta voiture aujourd'hui ?" Je trouve cette expression bien adaptée et joliment formulée.
Martine
Titre: Re : Extrait de Victor Hugo
Posté par: *Ephémère* le 18 mars 2013 à 08:13:25
Oh oui, Martine, moi aussi je trouve l'expression de ton amie très jolie...
Je te souhaite une journée sans eau dans la voiture.
Puissions-nous tous, en cette journée, être épargnés par la peine et la douleur.
Titre: Re : Extrait de Victor Hugo
Posté par: ppo le 21 mars 2013 à 12:00:50
Martine, quelle belle amie tu as
Titre: Re : Extrait de Victor Hugo
Posté par: CHARLY le 13 avril 2013 à 13:31:48