bonsoir à tous,
une chose m interpelle au travers de plusieurs posts:le fait d extérioriser (ou non) sa peine devant son enfant.
Etant moi même professionnelle de la petite enfance, je me suis posée souvent cette question.
Je suis d avis qu un parent doit être un élément stable et rassurant pour son enfant (à fortiori quand il devient le seul parent restant) et à ce titre , vis à vis du deuil, je l interprète ainsi:
1) il faut pouvoir dire à son enfant qu on ressent de la tristesse, ne pas forcément lui cacher nos larmes mais parler autant qu il est nécessaire pour lui comme pour nous.Je crois qu effectivement ça aide aussi l enfant de savoir que les adultes aussi souffrent.
2) il faut aussi malgré ça rester rassurant vis à vis de l enfant, lui montrer que le chagrin ne nous démolit pas, qu il a le droit de parler tant qu il le veut de cet événement sans avoir l impression de nous faire du mal, que c est avant tout à nous d être là pour lui et de le soutenir dans cet épreuve qu il traverse lui aussi....
En résumé, je crois qu effectivement on peut tout à fait pleurer devant son enfant, mais , de la même manière qu on adapte nos mots à sa sensibilité, on adapte aussi notre attitude émotionnelle.
On ne peut pas vraiment craquer complètement devant son enfant , tout simplement car il n est pas en capacité de gérer cet impact émotionnel et que ça finit par l angoisser.Quand on voit déjà comme ça angoisse les personnes extérieures , on peut s imaginer comme c est dur pour un enfant de recevoir tout l impact émotionnel que nous véhiculons à ce moment là.
A titre personnel, j ai déja pleuré plus d une fois devant mon fils, notament depuis que je viens sur le forum, et je le fais sans culpabilité.Parce que je crois qu il est juste que mon fils sache que j aimai son papa,que je suis triste de son décès,qu il me manque....
Par contre, je ne me lache pas devant lui, je contient au maximum la violence des emotions qui peuvent me traverser.
Je me rend compte maintenant qu il peut s exprimer que le plus dur est de faire face à ses propres questionnements (par exemple:je vais reparer mon papa pour qu il rentre,pourquoi la dame elle a renversé mon papa? etc...), mais je m oblige dans ces contextes là à garder de la contenance et à lui répondre le plus simplement possible. Je craque ensuite , lorsqu il est couché et que je peux me confier à un autre adulte, ou le plus souvent toute seule dans mon coin.Mais je pense que si je n agissais pas comme ça, mon fils finirait par avoir trop peur de me faire du mal en me posant des questions, et le plus important pour moi c est que lui puisse s exprimer librement sur tout ça.
Ensuite, c est à moi de me débrouiller avec ce que ça me fait en l évacuant ailleurs que devant lui.
voilà pour ces quelques reflexions que m inspire l expression de la douleur face à un enfant.Je pense que c est valable aussi quand on s' adresse à un autre enfant que le sien, par exemple avec mon neveu.Lui était étonné que je ne pleure pas.Il croyait que je n avais pas de peine.Mais apres en avoir discuté avec lui, il a compris que la peine peut etre trop lourde pour etre pleurée...
Comme quoi parfois c est plus facile de parler avec un gamin de 5 ans qu avec des adultes
bonne soiree à tous
tiobob