Auteur Sujet: Evidemment  (Lu 20473 fois)

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Lauren

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Re : Evidemment
« Réponse #45 le: 24 juin 2011 à 17:34:07 »
Ergé Tes arguments et tes ressentis sont toujours intéressants mais j'ai un peu tiqué sur ton "Se réjouir du passé pour se consoler du présent". Je ne fais aucun lien entre les deux, il n'y a pas de "pour" dans mon esprit. Le bonheur passé ne me console pas du présent. Je pense juste que le bonheur d'avoir aimé pleinement est un cadeau et qu'il faut en être conscient, par respect peut-être pour ceux qui ne l'ont pas connu.
J'ai vu passer des messages parfois qui m'ont un peu surprise sur l'inconséquence des couples qui divorcent. Comment savoir ce que vivent deux personnes qui ne se sont pas trouvées et qui ont fait ce qu'elles ont pu pour vivre malgré tout?
J'ai mesuré à quel point c'était facile, reposant, et passionnant aussi, le temps passé avec un être qu'on aime totalement, sachant sans le moindre doute, comme une évidence, qu'on est tous les deux sur terre pour être ensemble.
Amicale pensée à tous. L

ergé

  • Invité
Re : Evidemment
« Réponse #46 le: 24 juin 2011 à 23:09:34 »
Lauren, à mon tour de tiquer sur ton "tiqué";) car je ne pèse pas chacun des mots que j'écris. Certains peuvent être maladroits, d'autres ne correspondre qu'à ce que je ressents et qui n'est pas forcément partagé, ici ou ailleurs.

Nos parcours sont différents; j'ai eu la chance de passer plus de 30 ans de ma vie avec celle que j'aimais, ce qui n'a pas été ton cas, je le sais. Je l'ai écrit ailleurs: pendant cette période, j'étais beaucoup moins sensible à cette "absence de ce bonheur" chez certains que je cotoyais, divorcé(e)s ou veufs(veuves) notamment, parce que je ne vivais pas leur situation, tout simplement, comme je peux la vivre aujourd'hui. Aucun manque de respect là dedans, juste une constatation dont je ne suis nullement culpabilisé. En outre, chacun a sa propre image du bonheur (certains sont heureux d'être seuls, ou du moins c'est ce qu'ils affirment) et d'ailleurs, même si j'y avais été plus sensible, qu'est-ce que ça aurait changé pour eux, pour leur propre bonheur?

Ceci étant, pour moi la vie est une, et la période que je vis est la suite inéluctable de la précédente; l'actuelle est douloureuse, la précédente ne l'était pas (sauf sur la fin, car le passage de l'une à l'autre a été progressif). C'est dire surtout que je vis celle là à la lumière de la (ou des) précédente et que donc, personnellement, je ne peux m'empêcher de les rapprocher pour les lire; malgré leur différence sensible, elles sont intiment liées. Si je n'avais pas été heureux avant, je n'aurais pas forcément le sentiment de ne pas l'être actuellement. Peut-être, mais peut-être pas.

Alors, bien sûr que je me réjouis du passé pour ce qu'il a été, mais j'y cherche aussi, de temps en temps, un peu de réconfort pour le présent.

Je ne suis pas sûr de m'être bien fait comprendre, mais les mots ont parfois du mal à exprimer les sentiments.

Amicalement

Lauren

  • Invité
Re : Evidemment
« Réponse #47 le: 25 juin 2011 à 23:18:16 »
Je comprends ce que tu dis Ergé,enfin je crois. Peut-être que les gens qui ont connu longtemps ce que tu appelles
" l'absence de bonheur", absence qui reste pour moi limitée au plan amoureux parce que j'ai eu 3 enfants qui ont fait mon bonheur quand même, peut-être que ces gens là, lorsqu'ils connaissent ce bonheur, savent qu'il est éphémère, et ne sont donc pas tellement surpris, même s'ils sont très très tristes, de pouvoir le perdre. Ils sont peut-être armés contre les coups du sort que la vie réserve, je ne sais pas.

Je suis allée chez mes parents l'autre jour. Ce sont des personnes très âgées maintenant, qui s'aiment depuis presque 60 ans. Tout l'après midi j'ai écouté leurs plaintes pour des petits riens, eux qui ne se sont jamais plaints. A la fin, un peu agacée, je leur ai dit qu'ils avaient tout de même la chance d'être encore ensemble et je suis partie. Arrivée chez moi il y avait un message de ma mère qui me souhaitait une bonne nuit, avec sa voix frêle de dame âgée. C'était sa façon à elle de s'excuser.

Je vous mets  une chanson que j'aime bien et qui résume assez ce que je ressens, moi qui le connaissais à peine et qui l'ai déjà perdu.

 Pourquoi les gens qui s'aiment
Sont-ils toujours un peu les mêmes?
Ils ont quand ils s'en viennent
Le même regard d'un seul désir pour deux
Ce sont des gens heureux

Pourquoi les gens qui s'aiment
Sont-ils toujours un peu les mêmes?
Quand ils ont leurs problèmes
Ben y a rien à dire
Y a rien à faire pour eux
Ce sont des gens qui s'aiment

Et moi j'te connais à peine
Mais ce s'rait une veine
Qu'on s'en aille un peu comme eux
On pourrait se faire sans qu'ça gêne
De la place pour deux
Mais si ça n'vaut pas la peine
Que j'y revienne
Il faut me l'dire au fond des yeux
Quel que soit le temps que ça prenne
Quel que soit l'enjeu
Je veux être un homme heureux

Pourquoi les gens qui s'aiment
Sont-ils toujours un peu rebelles?
Ils ont un monde à eux
Que rien n'oblige à ressembler à ceux
Qu'on nous donne en modèle

Pourquoi les gens qui s'aiment
Sont-ils toujours un peu cruels?
Quand ils vous parlent d'eux
Y a quelque chose qui vous éloigne un peu
Ce sont des choses humaines

Et moi j'te connais à peine
Mais ce s'rait une veine
Qu'on s'en aille un peu comme eux
On pourrait se faire sans qu'ça gêne
De la place pour deux
Mais si ça n'vaut pas la peine
Que j'y revienne
Il faut me l'dire au fond des yeux
Quel que soit le temps que ça prenne
Quel que soit l'enjeu
Je veux être un homme heureux
Je veux être un homme heureux
Je veux être un homme heureux


Sheller, évidemment. Bonne nuit à tous. L

ergé

  • Invité
Re : Evidemment
« Réponse #48 le: 26 juin 2011 à 11:43:34 »
Belle chanson de William Sheller.

Non Lauren tu n’as pas tort (merci Marico pour la leçon d’orthographe ! ;)) et sans doute l’amour rend-il un peu égoïste à la longue. De nombreux aphorismes sont là pour témoigner que ce n’est pas nouveau.

Si les amoureux sont seuls au monde, quand cet amour est ancien, comme c’est le cas pour tes parents, et quand en plus il est fusionnel, comme ce fut le cas pour moi, la notion de couple, un, uni, indestructible, s’impose dans l’esprit des deux qui le composent et l’on en vient à oublier, justement, que ces 2 parties peuvent être séparées, par la mort précisément.

Ne dit on pas aussi que l’amour est aveugle, à l’intérieur du couple bien-sûr, mais aussi, on y pense moins, vis-à-vis de l’extérieur ; je dirais même aveugle et sourd aux bruits du monde qui l’entoure. Tout cela, naturellement, est relatif, mais je crois que la notion de couple agit un peu, à ce niveau, comme un filtre qui ne laisse pas passer certaines émotions qui lui sont extérieures, ou qui du moins les atténue.

Bon, il faut que j’aille tout préparer, car je reçois toute la troupe aujourd’hui. C’est l’anniversaire de ma fille ainée, de ma petite fille qui a 1 an, et il y a aussi, avec un peu de retard, la fête des pères. Chacun de ces évènements ne devrait être qu’une occasion de se réjouir, complètement. Hélas, pour moi, ils réveillent tant de souvenirs douloureux (on ne se refait pas, tu vois Lauren) et je suis obsédé par celle qui n’est pas autour de la table pour lever sa coupe avec nous. J’ai préféré faire un lot : les 3 évènements en 1, ça passe mieux, enfin moins mal.

Je vous souhaite à tous un bon dimanche, avec un peu de chaleur (pour la météo, ça ne devrait pas poser de problème), de la chaleur humaine surtout et un peu de réconfort sur vos plaies. Je penserai à vous.