J'avais bien sûr souvent vu de ces gens en deuil fleurir des tombes, se croiser au cimetière, mais je ne m'imaginais pas vraiment à leur place, je ne voulais pas imaginer qu'un jour j'en ferais partie, même si je savais que ça peux arriver à n'importe qui, n'importe quand. Et alors que je me rendais au cimetière, ces premières fois après l'enterrement, je me voyais comme de l'exterieur accomplir ces estes d'hommage et d'amour, et les autres personnes agir de même, et j'avais presque du mal à réaliser. Pourtant je savais que je le devais, je n'ai jamais été dans le déni, mais je me souviens de cette profonde stupèfaction dont il m'est resté quelque chose. Quand on se dit: "Mais, c'est PAS possible", tout en sachant parfaitement bien que si. Il m'en est resté quelque chose. Ce jour-là, quand j'ai déposé la rose de Noel, que je me suis receuillie et que j'ai vu ces personnes en faire autant, mon "ancienne" stupèfaction était encore là, sous-jacente.
C'était un moment d'une grande douceur cependant, et j'ai pensé, durant ces fêtes, à ce Noel et à ce Nouvel An que Pierre et moi avons vécu ensemble, et l'émotion qui allait avec était très douce, très tendre aussi.