Auteur Sujet: être séparés dans cette vie-ci  (Lu 292218 fois)

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être séparés dans cette vie-ci
« le: 04 novembre 2015 à 23:16:34 »
  Mon compagnon est décédé le 02 mai dernier, à 10 H 30 exactement; tous les deux du mois à la même heure, j'ai une pensée particulière pour lui-je pense à lui en permanence de toute façon,  y compris lorsque je pense à autre chose en fait: c'est difficile à expliquer, mais même quant je ne pense pas consciemment, sciemment à lui, son image est toujours là, absolument omniprésente. Je ne souhaite pas qu'il en soit autrement, la plupart du temps je le vis très bien, c'est aussi un réconfort-mais particulièrement les 02 du mois à 10 H 30. Ce n'est pas 10H25, ce n'est pas 10H35, c'est 10H30. Quant je le peux, je dépose une rose blanche sur sa tombe ce jour-là à cette heure, et ça m'apporte un merveilleux sentiment de paix. C'est peut-être difficile à comprendre mais c'est comme ça  :) il faut dire que je suis très croyante à ma manière.

  Il s'appelait Pierre-ses amis l'appelaient Pierrot, moi ça dépendait. Il aurait eu 58 ans ce mois-ci.  Il ètait du signe du Scorpion, comme moi. Nous étions deux âmes sœurs-je pense que nous le serons à jamais.  Ca ne signifie pas que je m'empêche de vivre, d'avancer, bien au contraire. Je veux qu'il puisse être fier de moi là où il est  et qu'il soit en paix, et je fais partie de ces personnes qui pensent que l'âme du défunt ne peux trouver la paix si l'être aimé qui est resté souffre trop. C'ètait un original, un genre de "vieux hippie" comme il se définissait lui-même. Il a eu une vie bien remplie et plutôt mouvementée, avec une belle mort (je le pense sincèrement) pour la terminer, la plus belle mort possible. C'est juste triste pour ceux qui restent. Je ne veux pas être égoiste. Je lui dois d'ailleurs cette dignité que j'ai sus conserver, sans vouloir me vanter, dès le premier jour. Il m'a fais un cadeau merveilleux: il m'a donné l'une des plus belles années de ma vie. Je l'adorais.

  Nous vivions ensemble depuis un an presque jour pour jour-il est mort la veille du jour de notre premier anniversaire. Nous n'aurions pas pu le fêter de toute façon: il ètait en état de mort cérébrale-à ce que j'ai compris-depuis le 23 avril au soir, après une chute dans ses escaliers.  Je ne voulais pas y croire. On m'avait laissé un espoir, mais on m'avait dit gentiment que son cerveau ne pouvait plus faire fonctionné ses organes vitaux, et que c'était les appareils qui le maintenaient en vie.
  Quant l'infirmière m'a dit qu'il ètait mort, c'est comme si une partie de moi mourait aussi, le monde s'écroulait pour moi, mon monde, et il n'y avait aucune èchapatoire. Depuis-ça s'est adoucis depuis, mais c'était très net les premiers temps-j'étais comme derrière une glace sans tain: je voyais la vie "de l'exterieur-à des années-lumières du reste du monde, comme dans une autre dimension.  Et je m'ètonnais que tout le monde ne le voit pas, et que la vie continue malgrès tout alors que mon monde s'ètait effondré.  Je me sentais ètrangère au milieu du monde, de l'autre côté du miroir, proche en apparence mais à une distance incalculable en réalité.
  Je ne voulais pas voire qu'il ètait mourant, mais au fond de moi je pense que je savais-même si mon univers s'est ècroulé ce jour-là, je n'ai pas été surprise, pas au sens premier du terme-et je pense que je lui ai dis adieu à ma manière, sans me l'avouer, la dernière fois que j'ai été le voire à l'hôpital. Je lui ai dis à l'oreille: "Je suis là mon amour, je ne t'abandonne pas. Tu n'es pas seul. N'ai pas peur. Je t'aimerai toujours." A un moment donné, ses paupières ont frémi, et on m'a dit qu'il ètait très possible qu'il m'ai entendue et/ou ai sentis ma présence  :'( :) Je l'ai accompagné à ma manière.

  Nous étions très fusionnels, nous ne faisions littéralement qu'une seule chair et qu'une seule âme. Je lui rends hommage de toutes les manières possibles.

  Voilà pour le moment  :( je souhaiterais détailler un peu plus cette douloureuse expèrience, si personnelle comme tous les deuils. Ca me fait du bien d'en parler. Heureusement j'ai de très bons amis, j'ai toujours été bien entourée. Heureusement, car d'autres personnes ont profité de mon désarroi, de ma fragilité dues à cette épreuve pour me faire du mal à plus d'un niveau. Mais je tiens toujours le coup. "Je voudrais qu'il soit fier de moi", ai-je dis dans les premiers jours à un ami très cher. IL m'a répondu à peu près: "Il peut l'être. Nous le sommes tous d'ailleurs." Ca fait chaud au cœur. Il y a cependant des jours-comme aujourd'hui-où c'est plus dur que d'autres.

  A+

  Et je voulais juste ajouté que je suis très heureuse d'être tombée sur ce beau forum  :)

 
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woestijn

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Re : être séparés dans cette vie-ci
« Réponse #1 le: 05 novembre 2015 à 04:14:47 »
Chère Stana,

C'est un très beau témoignage.

Je crois que nos croyances personnelles sont très imporantes et que ce sont celles-ci, en fin de compte, qui nous permettent de continuer à vivre. Peu importe leur forme, en fait.

Tu as vécu une belle histoire d'amour avec ton conjoint. Laisse la te nourrir pour le restant de tes jours, au-delà de la perte de celui-ci.

Amicalement,

Woestijn/Frédéric

Hors ligne agapimou

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Re : être séparés dans cette vie-ci
« Réponse #2 le: 05 novembre 2015 à 10:53:39 »
Bonjour Stana,
Jete remercie pour ton témoignage, je viens d'écrire sur mon fil, je n'ai plus la force, l'énergie de te répondre maintenant...
Je pense à toi, je t'embrasse,
Agapimou

Hors ligne Stana

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Re : être séparés dans cette vie-ci
« Réponse #3 le: 06 novembre 2015 à 11:56:59 »
  Merci beaucoup à vous deux, vos réponses me font vraiment chaud au cœur  :-*

  Evidement, ce 02 novembre, j'ai particulièrement pensé à mon compagnon, puisque c'était une double commémoration qui n'en faisait qu'une: 6 mois jour pour jour qu'il nous a quitté, en ce jour des défunts. La veille, jour de la première Toussaint depuis son décès, j'ai apporté deux pots de fleurs d'hiver sur sa tombe, et j'ai allumé une petite bougie blanche entre les deux. Je m'y suis receuillie, et ça a été un vrai répit, un vrai moment de paix, en dépit de la tristesse d'être séparée de lui.

  Le 22 novembre ce sera mon anniversaire-je vais avoir 41 ans. Je me souviens de mon dernier anniversaire, que nous avions fêté ensemble,. Le temps ne s'est pas arrêté pour autant...lui c'est comme s'il avait 57 ans pour l'éternité.

  Comme ça ne faisait qu'un an que nous étions ensemble,  notre amour était toujours très fusionnel. Quelques mois avant qu'il tombe dans ses escaliers, on avait eu quelques différents, mais on avait finit par s'expliquer, par se parler à cœur ouvert, on s'ètait mutuellement demandé pardon pour les quelques torts qu'on avait eu l'un envers l'autre, et notre amour, notre confiance mutuels étaient plus intenses que jamais. Il me disait qu'il m'aimait encore plus qu'au début.  C'est l'une de mes plus douces consolations: savoir qu'il est mort en plein bonheur et sans souffrances-on le maintenait dans le coma pour qu'il ne se réveille pas, ne souffre pas et ne comprenne pas ce qui lui arrivait-et paisiblement. C'aurait été encore plus dur-bien plus-s'il était mort par exemple d'un cancer, après des mois d'atroces souffrances, ou même, en vérité, s'il ètait mort sur le coup: le choc aurait été terrible, parce-qu'il allait parfaitement bien l'instant d'avant.
  Je dois même avouer une chose: si j'avais sus, durant cette semaine qui lui restait, qu'il allait mourir sans le moindre doute, ç'aurait été pire également: savoir que je devais lui dire adieu, que c'ètait la dernière fois que je le voyais vivant-ou avec cette apparence de vie-que je le touchais, que je lui parlais, que je le voyait respirer (appareils ou pas)...je l'aurais fais bien sûr, mais, comme je savais au fond de moi, sans savoir que je savais,  et avoir pu lui dire adieu sans en avoir l'air-mais l'avoir accompagné quant même-c'était le mieux que je pouvais espèrer dans mon malheur.

  Tout ceci m'aide vraiment, d'autant plus qu'un jour il m'avait dit: "Si un jour il devait m'arriver quelque chose, je ne voudrais pas rester comme un légume sur un lit d'hôpital, j'espère que ça irait vite." Il me l'avait même dit peu de temps avant cet accident-curieusement, il avait un pressentiment alors qu'il allait très bien, il m'avait dit plusieurs fois: "Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai l'impression que je ne vais plus vivre très longtemps. Je le sais, je le sens." Il avait l'air vraiment effrayé parfois, mais il y avait comme du fatalisme dans son regard, comme quelqu'un qui pense qu'il ne peux pas èchapper à son destin.

  Bien sûr, je souhaitait passionément qu'il reste en vie, même s'il devait avoir des séquelles-je sais que c'ètait égoïste parce-que c'était quelqu'un de très actif, qui adorait marcher, courir à droite et à gauche, profiter de la vie, et l'idée de se retrouver un jour handicapé l'horrifiait, il disait que si ça lui arrivait, il prèfèrerait se détruire. Même si je savais tout ça, tout ce qui importait pour moi ètait qu'il reste en vie, et je m'émerveillait de ce souffle de vie artificiel et même des clignottements des appareils, parce-que...c'était sa vie, tout simplement pour moi.
  Quant il est mort, j'ai confié à un ami proche: "J'aurais voulu le retenir, mais c'était égoïste". Il m'a répondu l'une des choses les plus belles et les plus utiles qu'il m'ai été permis d'entendre: "Tu ne pouvais pas le retenir et il ne le voulait pas, et oui, c'était égoïste: il avait le droit de partir en paix, il avait le droit d'être délivré." Je le sais bien, et ces paroles ont toujours réussi à m'apaiser, y compris le jour de son enterrement, alors que j'ètais au plus mal. Je serai toujours reconnaissante à cet ami-j'ai dis que j'avais la chance d'être bien entourée^^

  Oui, tout ça aide, mais au-delà de la raison, c'est juste que...il me manque, je sais que je ne le reverrai jamais dans cette vie-ci, c'est ça qui est douloureux. Mais je m'accroche à toutes les sources d'apaisement possibles, et objectivement...il y en a, oui.
 
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Re : être séparés dans cette vie-ci
« Réponse #4 le: 08 novembre 2015 à 17:12:34 »
  J'ai besoin de revenir, une bonne fois pour toutes, sur cette période-je l'ai déjà fais sur d'autres forums d'entraide,pas des forums spécialisés dans le deuil mais dont les membres m'ont infiniment aidée, je les "connaissais" déja^^-mais pouvoir en parler sur ce forum me ferait encore plus de bien.

  Il y a des jours où je me dis que le pire est passé, d'autres non. Ca peux même varier d'un instant à l'autre, sans signe avant-coureur. Je peux être optimiste, enjouée, ressentir un vrai bien-être, ce qui rassure mes amis...et l'instant d'après, je peux être de nouveau au fond du gouffre, Quant ça m'arrive quant je suis seule, je me dis: "S'ils savaient..." mais les plus perspicaces d'entre eux, et ceux qui me connaissent le mieux, savent. Aujourd'hui je suis passée plusieurs fois d'un extrême à l'autre; il y a des jours où je rêve d'un instant de paix, tout simplement.

  J'ai eu droit au mauvais jugement et à l'incompréhension d'autrui dès les premiers jours, et même alors que mon compagnon était encore dans le coma. Beaucoup de gens nous jugeaient mal parce-que, comme je l'ai déjà précisé, il se disait hippie, avec le mode de vie qui vas avec-comme moi^^cette tendance ètait accentuée depuis que nous étions ensemble, et forcément, ça ne plaisait pas à tout le monde. Cependant, ils gardaient une façade d'amabilité...tans qu'il ètait là, en bonne santé. Ils n'ont montré leurs vrais sentiments...qu'après. Les répercutions sur moi et sur sa mémoire ont été multiples. Mais j'y reviendrai.

  Ce 23 avril dernier, nous venions de passer la journée ensemble, et je devais aller dormir dans mon appartement officiel, comme c'ètait le cas une fois par semaine donc. Il allait très bien; nous venions de regarder un film-catastrophe sur le canapé, nous étions bien. Je lui ai dis que j'y allais, et il m'a dit, sur le ton de la plaisanterie, ces deux phrases qui depuis résonnent à mes oreilles (à quoi ça tient la vie, le destin, c'est inimaginable  :(): "Tu rigole ou quoi? Je descends avec toi!"
  On a descendu les escaliers ensemble, et on a passé un petit moment sur un bas juste en bas de l'immeuble. Il faisait un temps magnifique. On a un peu bavardé avec des voisins, puis je lui ai donné un dernier baiser, j'ai dû dire un truc du genre: "A demain. Je t'aime." Du moins j'espère que j'ai dis je t'aime. Je me suis éloignée, et (depuis je me revois encore et encore faire ce geste, je revois parfaitement la scène, banale en apparence), avant de tourner au coin de la rue, je lui ai fais un petit signe de la main-il a fait de même, sans que nous sachions que quelque part, c'ètait un adieu. Je me suis retournée et éloignée, tranquille. C'est la dernière fois où je l'ai vu en pleine vie. Il ètait 18 H.

  Dans la soirée, un ami à nous est venu sonner à ma porte et m'a dit: "Je suis venu te prévenir que Pierre est tombé dans ses escaliers, 10 minutes après que tu sois partie. Une voisine a appelé une ambulance, il est à l'hôpital. Rien de grave, ne t'inquiète pas: il sera de retour demain matin. Je te prévenais, c'est tout." Il ne savait pas tout...du coup je ne me suis pas inquiètée outre-mesure et j'ai pus dormir. Je ne savais pas encore que le ciel allait me tomber sur la tête.
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Re : être séparés dans cette vie-ci
« Réponse #5 le: 08 novembre 2015 à 19:34:14 »
  Le lendemain, vers 9 H du matin, je suis arrivée devant son immeuble. Des voisins étaient rassemblés là, en grande conversation. Ils devaient parler de moi parce-que l'un d'entre eux a dit:  "Tiens, la voilà, justement." J'ai demandé si Pierre n'ètait pas encore rentré, et il m'a répondu: "Non et il ne rentrera pas: il est tombé en arrière dans ses escaliers hier soir, sa tête à heurté une marche, il est dans le coma. Il ètait tombé depuis une heure quant on l'a trouvé. Son cœur ne battait plus, et puis ils ont réussi à le remettre en route. Il est maintenu en vie par des appareils. POur moi, il est mort; il n'y a plus que le cœur qui bat."  Il a dit ça d'un ton flegmatique, l'air presque indifférent, comme s'il n'avait aucune idée du choc que ça représentait pour moi. Ca non plus je n'oublierai jamais  :o
  En vérité, j'avais entendu, compris tout au fond de moi tout ce qu'il avait dis, mais c'est comme s'il y avait deux personnes en mpoi: celle qui savait et celle qui ne savait pas. Cette dernière n'enregistrait pas, ne pouvait pas croire que c'ètait grave à ce point. Je ressentais surtout une profonde stupéfaction. Je n'arrivais pas à croire que tout puisse basculer de manière irréversible en quelques secondes.
  Je revoyais mon ami, assis sur ce banc, ce petit signe de la main, notre entente renouvellée, tout...Je me disais: "Ce n'est pas possible, ça ne peux pas lui arriver à lui." A ma grande honte,  je dois avouer-puisque c'est important pour moi de tout dire-que j'ai eu une réaction égoïste: je me suis dis aussi: "Ca ne peux pas M'arriver à MOI."
  C'était aussi de l'égotisme. Je veux dire: qu'il puisse arriver n'importe quoi à n'importe qui, je le savais bien. Mais qu'il arrive ce genre de chose à l'homme que j'aimais comme à n'importe qui, non. Pas à mon compagnon à moi. C'est ce que j'appelle de l'égotisme.

  Et même quant je l'ai vu sur ce lit d'hôpital, parfaitement immobile, et qu'on m'ai dis que son cerveau ne pouvait plus faire fonctionner ses organes vitaux (on n'a pas ajouté "pour le moment", mais je ne voulais pas entendre, je ne voulais pas capté, j'ètais dans une forme de déni.
  Je lui ai parlé comme si j'ètais certaine qu'il pouvait m'entendre, me comprendre-on m'a dit que c'ètait possible malgrès tout-et ce qui entretenait mon illusion que ce n'ètait pas si dramatique est qu'l n'avait absolument pas changé en apparence, il avait l'air si paisible, ses traits étaient détendus comme lors de son sommeil naturel. Je le touchais et j'avais l'impression qu'il allait se réveiller, se redressé et me prendre dans ses bras d'un instant à l'autre. Je me rendais bien compte qu'il ne pouvait pas lever le petit doigt, mais il avait tellement l'air, physiquement, d'être le même que la veille que je restais dans cet état d'incompréhension, de stupéfaction, il n'y avait pas eu de transition entre l'image de la veille et son état présent...

  Je savais tout de même consciemment que c'ètait très grave et qu'il pouvait mourir, mais pendant toute la semaine qui a suivis, je ne l'imaginais pas mort, ou même rétablis mais avec de lourdes séquelles (ç'aurait été le cas si la minuscule chance qu'on m'avait donnée s'ètait réalisée); je le voyais revenu, comme avant, nous deux passant de bonnes soirées avec nos copains, nous promenant d'un pas vif l'été à venir...Je savais bien qu'il y avait un décalage entre mes projets et la réalités, mais peut-être que j'en avais besoin sur le moment, pour pouvoir m'y prèparer sans en avoir l'air....comme je lui ai dis adieu, à ma manière aussi, ce que je n'ai compris que par la suite.

  Je me demande si ce déni provisoire et à demi conscient est courant ou non, je serais très curieuse de le savoir  ???
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Re : être séparés dans cette vie-ci
« Réponse #6 le: 09 novembre 2015 à 00:43:44 »
  Pendant cette semaine, je me suis accroché à cet "espoir", à cette étincelle de vie qui lui restait,  J'avais besoin d'en parler autour de moi. Tous les soirs j'allais dans le bar de mon quartier,  dont les patrons sont aussi des copains et des confidents.  La patronne surtout, qui ne manque pas d'empathie, me passait continuelement, sur ma demande deux chansons: "je te retiens", d'Hélène Segarra, et "prends ma vie", de Johnny Hallyday, que voici  ;)

https://www.youtube.com/watch?feature=player_detailpage&v=d__zbZp3dG0

https://www.youtube.com/watch?v=7f9da65phOw&feature=player_detailpage

  Je leur serai toujours reconnaissante.

  C'est donc lors de ma dernière visite à l'hôpital que je lui ai dis, je pense, adieu sans en être pleinement consciente.

  Quant je suis allée le voire le 02 mai, vers 3H de l'après-midi, je pensais que son état était toujours stable-on n'avait rien pus me dire de plus positif, je crois qu'on avait compris que je ne voulais pas en entendre davantage-mais j'avais tout de même une boule dans l'estomac parce-que je savais qu'il y avait une possibilité qu'on m'annonce le pire. Une "possibilité", je voyais ça comme ça, et même, je n'y croyais pas  :o ça ne pouvait pas arriver, pas à lui, pas à moi...
  Quant je suis arrivée devant l'unité de soins palliatifs où il ètait, l'infirmière avec qui je m'ètais déjà entretenue m'a tout de suite emmenée dans son bureau. J'ai compris que quelque chose de grave ètait arrivé, mais je ne pouvais toujours pas croire au pire. Elle a finit par me dire, très simplement, avec un regard compatissant: "C'est que...il est décédé ce matin à 10H30." Ces mots, ce regard, ces intonations ne me quitteront jamais.
  J'avais vu dans les films des personnes apprenant la perte d'un être cher se cacher le visage et pleurer en criant: "Non, c'est pas vrai! Je ne vous crois pas!" Et je m'ètais toujours dis: "On voit bien que c'est du cinéma, on ne se conduit pas comme ça dans la vraie vie, c'est impossibe: on le sais bien, que c'est vrai, et moi je ne pourrais pas juste rester assise à pleurer, en restant droite, je m'effondrerais par terre en hurlant." Hé bien, non: c'est exactement comme ça que les choses se passent, je peux en témoigner. On ne se roule pas par terre, on ne hurle pas, on ne se débat pas. C'est une souffrance indescriptible, mais on reste digne, "vivant" en apparence.
  Quant j'ai entendu ces mots,  j'ai vu brièvement l'image de mon ami, sur son lit d'hôpital, dans ma tête, puis j'ai compris, et je me suis effectivement caché le visage dans mon ècharpe en sanglottant: "Non, c'est pas vrai! Je ne peux pas croire ça! J'y crois pas!" Je cherchais une èchapatoire: c'ètait peut-être une erreur, ou peut-être qu'on l'avait transferré ailleurs, n'importe quoi...et il n'y avait aucune èchapatoire, j'ètais prisonnière de cette réalité irréversible. Il a suffit que l'infirmière me touche gentiment le bras pour que les quelques secondes de déni passent. Je suis restée droite effetivement, même si je pleurais-maintenant je comprenais pourquoi on est obligé d'agir ainsi. La vie s'arrête, et en même temps elle continue et on doit faire face.

  Cette jeune femme a été très gentille avec moi-après, elle est formée pour, elle m'a même confié que ce n'ètait jamais facile-mais j'ai sentis une vraie compassion chez elle. Elle m'a dit qu'il ètait partis paisiblement, qu'il ne s'ètait jamais reveillé, n'avait jamais sus ce qui lui arrivait et n'avait pas souffert.  Elle a dit qu'il avait peut-être pus m'entendre, sentir ma présence, ce qui m'a mis du baume au cœur malgrès cette peine qui n'est comparable à aucune autre.

  Quant je suis sortie de l'hôpital, j'ètais sonnée, mais j'avais besoin de marcher-il paraît que c'est normal-continuellement, d'ailleurs je n'ai pas arrêté pendant des semaines, c'ètait un besoin viscéral, un réflexe de survie j'image pour m'empêcher de sombrer. Je pleurais en marchant tel un zombie, mais je marchais quant même, mon deuxième besoin impérieux étant d'en parler au plus grand nombre de personnes possible. Certaines personnes comprenaient rien qu'en voyant l'expression de mon visage. Continuer à avoir les gestes du quotidien, et, encore une fois, pouvoir annoncer la nouvelle aux gens en restant digne-sans vouloir me vanter, une partie de moi voulait survivre, c'est la principale raison-je pensais que tout ça aussi c'ètait impossible: du cinéma...et pourtant non, on vit, on arrive à avoir ces paroles, ces gestes...

  Voilà pour ce qui est du pire de cette èpreuve, ce début de deuil. Pouvoir l'ècrire, même si c'est difficile, prouve que je suis encore vivante et que je peux vivre avec ce souvenir. Je me dis parfois que si j'ai survécu à ça, je pourrais survivre à tout, et pourtant, paradoxalement, des évènements bien moins graves-sans aucune comparaison même-m'affectent beaucoup. C'est comme si j'ètais à la fois plus forte-dans le sens où je réagis à ce deuil le mieux possible-qu'avant, et plus fragile, c'est ètrange...mais je fais face de mon mieux  : :'( :)
  Mon témoignage donc...

Dernière petite chose-pour finir sur une note positive: le soir même de la mort de Pierre, je suis allée dans ce bar en face de chez moi, et la patronne a demandé une minute de silence à un moment donné, et a dit: "Hommage à Pierrot! Et largement! Il le mérite!" Et elle a passé la chanson de Renaud "chanson pour Pierrot" c'est adorable de sa part  :-*
« Modifié: 09 novembre 2015 à 00:49:35 par Stana »
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Hors ligne Stana

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Re : être séparés dans cette vie-ci
« Réponse #7 le: 09 novembre 2015 à 14:27:21 »
  J'ai écrit, en 2011,  un roman qui a été publié, en y glissant des anecdotes personnelles  :) je compte bien écrire un deuxième livre dans lequel je détaillerai-comme je l'ai fais sur ce forum et sur quelques autres-cette èpreuve, mais aussi le tout début de notre amour, les moments heureux, notre merveilleuse histoire de bout en bout, et mes ressentis depuis, l'amitié dont je sui entourée, tout  :) ce sera à la fois une thérapie, et SURTOUT un hommage, en son honneur, pour lui et moi...et un partage  :) peut-être que certains d'entre vous sont dans ce genre de démarche, je n'ai pas encore tout lu sur le forum^^
  J'ajouterai juste: ce projet est aussi une raison de vivre, de me battre pour quelque chose de beau et de constructif, une bonne raison de me lever le matin-en + du fait qu'avec son pressentiment, c'est ce que copain voudrait, voulait...veut, je pense  :) je lui doit bien tous les hommages, il le mérite, oui, il m'a tans apporté  :)

  Mon état d'esprit n'est pas mauvais aujourd'hui.
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Hors ligne Coccinelle12

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Re : être séparés dans cette vie-ci
« Réponse #8 le: 10 novembre 2015 à 21:38:31 »
Bonsoir Stana,
A bientôt 3 ans de deuil, je reste une personne fragilisée et très sensible.
Ton récit m'a beaucoup émue, je m'y suis retrouvée en  bien des points.
Tout comme toi j'ai beaucoup écrit au début de mon deuil, sur le forum et surtout directement à mon homme,
Je tiens un genre de journal, Je lui écris toujours, plus autant qu'avant, le temps qui passe, la vie qui suit son cours malgré tout, même si au fond de moi, la plaie est toujours béante.
Continue d' écrire, ça m'a beaucoup aidée et m'aide toujours, ça permet d'évacuer, c'est bénéfique à la longue.
tu es à 6 mois de deuil, cap qui fut très difficile pour moi et pour beaucoup d'entre nous.
Je ne sais que trop ce que tu traverses, je compatis de tout coeur.
Amitiés
"Le plaisir d'avoir un ami est parfois éphémère, mais pas le bonheur d' en avoir eu un "
"La mort laisse un chagrin que nul ne peut consoler, L' amour laisse un souvenir que nul ne peut voler"

Hors ligne Stana

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Re : être séparés dans cette vie-ci
« Réponse #9 le: 11 novembre 2015 à 02:09:54 »
  Merci mille fois pour ces paroles Coccinelle,  elles me font un bien immense  :( :) :) oui je vois que nous nous comprenons.  Effectivement ècrire aide énormément, tout mettre noir sur blanc et savoir qu'on sera comprise  :) je te souhaite, de mon côté, beaucoup de courage dans cette terrible èpreuve. Même si ça fait déjà beaucoup plus lo,gtemps, je sais que ton conjoint défunt sera toujours dans ton cœur.

  Oui tu as raison pour les 6 mois, ces derniers temps j'ai des moments de détresse plus intenses-alternés heureusement avec des moments ou des instants de paix, où cette mélancolie omniprésente se fait plus douce-je suis rassurée de savoir que c'est normal. Il y a tans de personnes qui ne comprennent pas et pensent que je devrais déjà aller beaucoup mieux, et même qui essaient de me "secouer" avec plus ou moins de douceur-plutôt moins que plus parfois, peut-être avec les meilleures intentions du monde, mais c'est encore plus douloureux...je n'ose pas montrer à tout le monde à quel point je souffre encore-toujours.

  En me relisant, je vois que j'ai fais un lapsus révélateur: en fait mon compagnon était en unité de soins continus et non pas palliatifs, mais comme j'ètais en train de revivre ce souvenir par la pensée et que mon doigt bougeait machinalement sur le clavier, ce lapsus doit vouloir dire qu'en effet je connaissais alors la vérité, malgrès le déni.  C'est frappant comme truc  :o

  Je parlerai demain de ce qui a suivis son décès, je sais que ça peu encore me faire du bien.

  J'ai la chance de connaître un moment de paix relative, il faut mieux que j'aille dormir avant que ça passe. Comme tous les soirs, avant de fermer les yeux, je murmurerai: "Bonne nuit Pierre; veille sur mon sommeil, s'il-te-plaît." Je souris en écrivant ces mots, même si c'est un sourire mélancolique il me fait du bien aussi.
 :-*
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Re : être séparés dans cette vie-ci
« Réponse #10 le: 15 novembre 2015 à 01:24:15 »
  Bonsoir à toutes  :)

  Je n'ai pas pus poster ces deux derniers jours, j'avais quelques obligations sur d'autres forums, et j'ètaios à nouveau dans un très mauvais état d'esprit, aussi.  Il y a des moments où ça fait du bien de se livrer, d'autres moins. Je posterai davantage demain, j'en èprouve de nouveau un besoin impérieux. Et j'irai sur les autres topics  :)

  Ce soir ça peux aller, mais ce matin, au réveil, j'ètais vraiment très mal. Ca a duré toute la matinée, puis j'ai rencontré un ami qui a sus trouver les bons mots, comme toujours^^dès que je l'ai vu, ça m'a fait du bien. Le reste de la journée a été mitigé, mais ça allait tout de même mieux.

  Avant-hier j'ai été sur la tombe de mon ami. J'ètais très triste à ce moment-là, être en ces lieux ne m'a pas apporté la même paix que d'habitude, mais après coup je me suis sentie apaisée.  Au retour j'ai croisé les bonnes personnes: comme je dis toujours "ne jamais se fermer aux anges que l'on rencontre dans cette vie-ci"  :-*

  Oui, j'aurais besoin de me livrer encore demain. Là, j'espère bien dormir et rêver  de mon bien-aimé. Il me manque cruellement, mais je m'efforce de penser à nos merveilleux souvenirs. J'ai juste peur de l'état d'esprit dans lequel je pourrais me trouver demain matin...je tâcherai de me lever tôt (plus je reste au lit, plus les idées noires deviennent incontrôlables), et d'être aussi agréablement que possible dans l'action toute la journée.
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Re : être séparés dans cette vie-ci
« Réponse #11 le: 15 novembre 2015 à 14:30:25 »
  Quelques souvenirs en vrac:

  La veille du décès de mon compagnon, le 1er mai donc,  j'ètais allé passé la soirée dans le bar en face de chez moi, dont j'ai déjà parlé, histoire de m'étourdir un peu en ècoutant de la musique et en étant entourée d'un minimum de chaleur humaine. On m'avait dit que l'état de Pierre était "stable",  et j'avais voulu retenir le côté postif du mot. Je disais à tout le monde: "Il est vivant!" en m'accrochant à cette étincelle de vie. Pour le moment, ça me suffisais parce-que je n'avais pas le choix, c'était miraculeux à mes yeux.
  Il y avait un groupe qui interprétait des vieux tubes en s'accompagnant de guitards, et il se trouve que le tout premier qu'ils ont joué fut la chanson prèfèrée de mon ami, une chanson de Bob Dylan qui signifie littéralement "ne dis jamais adieu". Pendant qu'elle ètait jouée, j'ai sentis une immense nostalgie m'envahir, comme un pressentiment; après coup, je n'ai pas pus m'empêcher de penser que c'est comme s'il avait voulu me dire: "Je vais mourir demain, mais n'ai pas peur, ne dis jamais adieu, je serai toujours là".

  Il y a des petits mots tout simples qui font chaud au cœur, même au point culminant de la souffrance. Je me souviens comme si c'ètait hier qu'alors que l'infirmière qui m'a annoncé la terrible nouvelle, et alors que mes 10 secondes de déni étaient tout juste passées mais bien passées,j'ai dis: "Il avait les yeux ouverts la première fois que je suis venu le voire!" (je m'y ètais accrochée même si lui ne pouvait pas me voire), elle m'a répondu en souriant: "Des beaux yeux bleus", et ça m'a fait sourire à travers mes larmes  :'( :)

  D'ailleurs, pendant les jours, les semaines, les mois qui ont suivis, j'ai gardé un sourire plus ou moins artificiel. Je suppose que c'est un réflexe de protection, de survie chez moi, parce-qu'en dépit de cette tristesse omniprésente, une partie de moi a toujours voulu survivre en effet, faire face. Un peu pour moi (comme quoi cet instinct peux survivre à...beaucoup), et surtout pour lui, en sa mémoire, en son honneur. Il m'a tans apporté! Je lui dois bien ça. Etre digne pour lui,  être digne de lui, comme il l'aurait voulu, comme il le veut, j'en suis sûre.
 
  Seulement, mon sourire a souvent été mal interprèté;  un certain nombre de personnes se fient aux apparences,  ils voient un sourire, ils enregistrent "bonheur, insouçiance", ou en tout cas chagrin modèré. C'est tout le contraire: plus je souffre, plus je souris. Mes vrais amis le savent bien. Je ne nie pas ma douleur, je ne la refoule pas (j'ai sus dès les premiers instants que ce serait la pire des choses), mais je me protège derrière ce "sourire".
  Je l'ai même instinctivement, sans avoir à me forcer, la plupart du temps; mes lèvres se retroussent d'elles-mêmes (des fois ça ressemble davantage à un rictus mais c'est toujours ça); je pense que cette protection a aussi une cause biologique: j'ai lus quelque part que quant on souris, notre cerveau enregistre sourire=bonheur (lui aussi se laisse abuser, c'est comme certaines personnes...)et sècrète des endorphines qui nous apaisent plus ou moins   :( :)
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Re : être séparés dans cette vie-ci
« Réponse #12 le: 18 novembre 2015 à 17:55:41 »
  Je voudrais mettre noir sur blanc un fait des plus singuliers-et des plus touchants-qui est survenu durant cette terrible période. Il y a toujours eu d'étonnantes synchronicités dans ma vie, dont celle-ci n'est pas la moindre:

  Mon compagnon était dans le coma depuis quelques jours quant un ami très cher a repris contact avec moi alors que je n'avais plus de nouvelles de lui depuis un an et demi et n'en espérais plus. Nous étions autrefois très proches et son amitié me manquais.  Et voilà qu'il m'envoie un mail pour me demander-ça sonnait plutôt comme un ordre en fait^^-de l'appeler le soir mêmeà tel numéro. J'ai été stupéfiée qu'il revienne dans ma vie sur au moment où j'avais le plus besoin de lui-et j'ignorais encore à quel point j'allais avoir besoin de lui quelques jours après  :'(; je tiens à préciser qu'il (appelons-le N., je pense qu'il préfére garder l'anonymat  :)) habite très loin d'ici depuis quelque temps, n'a aucun contact avec mes autres amis ou proches, et je n'avais encore parlé de ce qui arrivait sur aucun forum; donc il n'avait aucun moyen de savoir. Je lui ai brièvement expliqué la situation par écrit, et je l'ai en effet appelé ce soir-là.
  Quant je l'ai eu au bout du fil, la première chose qu'il m'a dit ont été ces mots tous simples (c'est parfois ceux-ci qui font le plus de bien): "Ca va? Tu tiens le coup?" D'un ton si doux, si compatissant que j'en ai eu les larmes aux yeux. Nous nous sommes parlé environ une heure, ce qui m'a été d'un grand réconfort. Comme nous avons les mêmes croyances, c'était de lui dont j'avais besoin, plus que de n'importe qui au monde, et la "coïncidence m'a vraiment frappée. "Je le savais, m'a-t-il dit. Je ne sais pas pourquoi, hier soir, ton nom résonnait dans ma tête,  je sentais que tu avais besoin de moi." Incroyable mais vrai  :-* nous avons souvent de ces intuitions d'ailleurs...

  Quoiqu'il en soit, quant Pierre est décédé, c'est vers N. que je me suis tournée instinctivement. Je lui ai passé un coup de fil vers les 10H du soir. Après lui avoir dit bonsoir, j'ai simplement dit: "Mon copain est mort." Je me souviens qu'il y a eu comme un blanc à l'autre bout du fil-je n'entendais même plus sa respiration...ce n'est que bien plus tard que je me suis dis, profondément touchée, qu'il avait dû mettre sa main sur son téléphone pour que je ne l'entende pas pleurer pour moi.  En cette funeste journée, cette amitié attentionnée m'a infiniment aidée, et je serai toujours reconnaissante à N.
  D'ailleurs il m'a soutenue dans les jours, les semaines, les mois d'après. Je sais qu'il a beaucoup prié pour moi et qu'il continue.
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Re : être séparés dans cette vie-ci
« Réponse #13 le: 18 novembre 2015 à 19:07:16 »
  Je voudrais revenir sur l'aide et le soutien, réélement salutaires, que mon apporté d'autres personnes  :)

  Après que l'infirmière qui m'avait recue m'ai annoncé la terrible nouvelle-son aide à la fois professionnelle et compatissante (il faut avoir une certaine empathie pour faire ce genre de métier je pense) a été la première et pas l'une des moindres-je suis sortie de l'hôpital comme une somanbule. Mon univers venait de s'ècrouler, et je m'ètonnais que la vie continue comme si de rien n'ètait, tout autour de moi, partout. Je m'ètonnais aussi-mais ça j'en ai déjà parlé-de continuer à faire les gestes habituels, de continuer une apparence de vie normale, parler à peu près normalement donc, marcher, me tenir droite, m'assoire, me lever, payer un ticket de bus, traverser la route etc etc etc vraiment tout, et de ne pas me rouler par terre, d'extèrioriser mon chagrin juste en pleurant dans mon ècharpe, et avec pudeur en public. Oui, c'est pourtant vrai que ça se passe comme ça.
  Je me protègeais moi-même pour pouvoir exister encore-il faut croire que cet instinct de survie peut être plus fort que tout. J'avais besoin non seulement de marcher continuellement mais aussi d'annoncer cette nouvelle inacceptable (peut-être pour essayer de l'accepter moi-même, de la rendre plus tangible à travers autrui) au plus de personnes possible. C'ètait un besoin impérieux. Dès que je croisais quelqu'un l'ayant plus ou moins connu, je lui disais ce qui s'ètait passé, très simplement la plupart du temps, après avoir pris mon courage à deux mains et avoir laissé passé un temps pour regarder la personne bien en face ou pour baisser les yeux, afin de la prèparer à la nouvelle. Je ne comprend que trop le choc, même si personne n'a pus le ressentir autant que moi.

  L'une des premières personnes que j'ai vues, à un arrêt de bus, a été une amie de Pierre-ils se connaissaient depuis 20 ans. Sachant qu'elle connaissais la situation, je lui ai dis d'emblée que je revenais de l'hôpital.  "Alors?" m'a-t-elle demandé, et je voyais toute l'angoisse de l'attente sur son visage. "Dites-moi", a-t-elle insisté avec un regard suppliant. Je l'ai regardé dans les yeux et j'ai juste dis: "Il est mort." Elle a aussitôt èclaté en sanglots. Nous avons pleuré dans les bras l'une de l'autre, et je me suis sentie vraiment comprise, en communion avec quelqu'un d'autre.
  Il y avait d'autres gens autour de nous, et toutes voyaient, entendaient ce qui se passait, et je me souviens qu'ils me jetaient des coups d'œil à la fois compatissants et gênés-c'est normal, on est gêné dans le sens où on sais que la vie de quelqu'un vient de s'effondrer et qu'on ne peux rien dire, rien faire j'imagine.

  J'ai vu d'autres personnes de ma connaissance, lesquels ont partagé ma peine. Tout le monde a été adorable avec moi ce jour-là-ou presque, mais c'est des bonnes personnes dont il faut se souvenir  :) et ça a continué les jours d'après.

  Je ne sais pas pour les autres membres du forum, mais moi c'est l'amitié, avant tout, qui m'a aidée dès le début de mon deuil-et même avant  :-*

 
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Re : être séparés dans cette vie-ci
« Réponse #14 le: 18 novembre 2015 à 23:32:25 »
Oui, Stana, l'amitié, la gentillesse , la compassion, l'humanité, que certains ont, pas tous! ....

et quelque fois même de la part d'inconnus (j'ai éclaté en sanglots à une caisse de super-marché, je ne sais pas ce qui m'a pris, ou je le sais trop bien!... jamais , avant, jamais je n'aurais craqué ainsi en public, avec des inconnus autour de moi........).....eh bien, tous ces gens , la caissière en premier, m'ont parlé avec douceur, presque tendresse, avec des mots sensibles, très justes!

Je leur dis merci à tous....
Il y a de belles choses à vivre sur cette terre,
Bonne et douce nuit, Stana, ainsi qu'à toutes nos amies dans la peine.....que cette nuit nous apporte à toutes et tous du réconfort!