Si vous étiez prête à tout pour lui, prête à mourir pour lui, vous devez être prête à vivre maintenant, pour lui, pour le rejoindre après, dans la paix du Seigneur... Et, parce que vous étiez prête à mourir pour lui, vous allez arriver à vivre avec lui autrement..."
Je t'avoue Pascale que je ne comprends pas la logique de ces paroles, il est vrai que j'ai perdu la foi en perdant mon amour, ceci explique sans doute cela, je n'admets pas que, s'il existe vraiment, il me l'ait prit. Mais c'est un autre sujet.
Nicole
Tu as perdu la foi à la mort de ton mari... "Pourquoi me l'a t-il enlevé ?". Moi, c'est au décès de mon père, j'étais alors jeune, que j'ai perdu la foi. Je me suis posée la même question, j'étais en colère contre ce Dieu qui m'avait cruellement privée de mon papa... Pendant les obsèques, à l'église, une paroissienne pourtant bien intentionnée m'avait choquée en me disant : "Mademoiselle, la foi sauve !".
Des années plus tard, dans cette même église, pendant les obsèques de mon mari, j'étais dévastée par un désespoir comme je n'en avais jamais connu... Et, j'écoutais le prêtre... Je n'avais pas de colère, pas de questions, juste une infinie peine, indicible douleur... En rentrant, j'étais dévastée, anéantie... Et, je voulais mourir pour rejoindre mon mari... Mais, je savais que je ne le devais pas, "pour les vivants"... Guidée par je ne sais quelle inspiration, j'ai appelé le prêtre au secours. Il est venu. Je voulais être rassurée pour mon mari. Etait-il vraiment en paix ? Je voulais retrouver la foi , ma seule chance de tenir, de ne pas céder à la facilité de mourir, pour ne pas faire souffrir les vivants...
Ce prêtre habité par sa foi, d'une grande bonté et d'une grande bienveillance m'a assuré que mon mari était dans la lumière du Seigneur. Et... je l'ai cru, sans l'ombre d'un doute... Et, pour retrouver la foi, il m'a dit : "une seule solution, nous allons prier"... Et, depuis, nous avons prié, parlé, écrit, lu et prié encore et encore... Et, cette foi qui ne se décrète pas s'est révélée à moi... Je ne l'explique pas. Je crois que mon mari est en paix, pas parce que le prêtre me le dit, parce que je le crois, moi, au plus profond de moi même.
J'étais prête à tout, pour mon mari et le suis toujours... Prête à donner ma vie pour sauver la sienne. Prête à la perdre, maintenant, pour le rejoindre... Mais, si je me donne la mort, si je décide de mourir... Je ne suis pas du tout sûre de le retrouver. Et, si j'avais tous les courages pour lui au point de mourir pour lui, je trouverai le courage de vivre sans lui, physiquement mais avec lui autrement jusqu'à ce que le Seigneur me rappelle à Lui et que je le rejoigne. Alors, pour lui, je vais endurer ce chemin de douleur qui me mènera, au bout, tôt ou tard, mais qui me mènera à lui.
Je ne sais pas si tout ce que t'ai écrit est clair et si cela t'aidera... Je l'espère. C'est mon chemin. Ce prêtre m'y accompagne quotidiennement et m'empêche de me noyer dans mes larmes, il me sauve la vie, chaque jour, pour trouver la vie éternelle un peu plus tard... Et, je m'accroche à cette petite croix que j'ai désormais autour du cou.
Ma peine rejoint la tienne et mes prières t'accompagnent.
Il est 10h, je vais partir à la messe à laquelle j'assiste désormais tous les jours... Et, là auprès du Seigneur, je me dis, chaque jour, "ça va aller, je suis dans les ténèbres mais la lumière est au bout du chemin".