Si c'était à refaire ? Oh oui, mille fois oui, je le referais...!! Je la récrirais cette fameuse lettre, ce petit mot timide pour lui demander un service...petit mot que j'ai coincé derrière sa porte un soir de mai 1986...un petit mot, qui est d'ailleurs toujours dans ma table de chevet, un petit mot qui m'a ouvert la porte de cet immense amour... Cet immense amour qui a balayé derrière lui toutes mes anciennes déceptions sentimentales, qui m'a fait oublier une première union ratée.
Cet immense amour , ça a été mon seul, mon unique amour, l'amour tel que je le rêvais depuis mon plus jeune âge, l'amour absolu, l'amour avec un grand A...
Parfois , quand je repense à notre façon de vivre tellement fusionnelle, je me dis qu'au fond, nous devions sentir tout au fond de nous, que le temps nous était compté...Mais , ce que je peux dire , c'est que nous n'aurions pas pu profiter plus de la vie...Même quand nous étions fauchés, nous nous accordions tout de même une sortie , un voyage en nous disant qu'il fallait profiter un max tant qu'on était en santé!
Mon Jean-Da a toujours eu au-dessus de sa tête une sorte d'épée de Damoclès ; il avait des problèmes cardiaques héréditaires; son père est décédé à 38 ans, son frère à 40 ans. Tout cela, je le savais et vous voyez, ça ne m'a pas empêchée de me jeter à corps perdu dans cette histoire d'amour. D'ailleurs, lorsqu'on sait que son homme a un tel problème, on finit par se persuader qu'à lui, ça ne lui arrivera pas...Il a tout fait pour que ça n'arrive pas: il a arrêté de fumer, fait régulièrement du sport, s'est fait contrôler régulièrement par des spécialistes, n'oubliait jamais de prendre ses médicaments ( qu'il devait prendre à vie); bref, il a totalement changé son hygiène de vie. Et pourtant...
Je pense qu'il a sans doute prolongé sa vie d'une dizaine d'années... 10 ans...c'est bien court, non ?
mais nous avons vécu 24 ans d'un bonheur total....Et ces 24 ans ont été un véritable cadeau!
Bon, je ne vous le cache pas, passer d'une seconde à l'autre d'une vie magnifique faite de sorties, de voyages, de partage, de complicité, d'amour fou à une vie de ...solitude...c'est rude!
Je sais que plus rien ne sera plus jamais comme avant...Une partie de moi est morte avec lui. Cette partie de moi, c'est mon insouciance, ma joie de vivre... Mais un jour, je l'espère, j'apprendrai à nouveau à rire sincèrement.à éprouver du plaisir pour quelque chose...
je sens que peu à peu, j'accepte ma situation ( même si je ne l'apprécie pas). Je me dis que finalement, la mort fait partie de la vie... Chaque jour de plus est un jour de moins...De ce côté-là au moins, nous sommes tous égaux. La différence est dans la durée...
Mais qu'est-ce que je suis contente d'avoir vécu ces 24 années de bonheur...Celles-là, personne ne pourra jamais me les reprendre...
Suzy