Auteur Sujet: et nos enfants sur ce chemin du deuil...  (Lu 6129 fois)

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meszouzous

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et nos enfants sur ce chemin du deuil...
« le: 14 septembre 2014 à 18:50:48 »
Bonsoir,
Cela fait un moment que j aimerai parler de mes enfants et de cette relation compliquée que nous avons eux et moi depuis le décès de leur père, il y a 2 ans. Jean Marc est décédé brutalement dans un accident de moto le 27 novembre 2012. C est notre fils (2eme enfant) qui a été prevenu. Son numéro de téléphone avait été donné à la police par un voisin quand celle ci était venue me prévenir à mon domicile.  J etais au travail et notre voisin n avait que le numéro de mon fils. Baptiste s est déplacé sur mon lieu de travail, il ne voulait pas me le dire par téléphone.  Je n oublierai jamais ce jour là.  Nous avons eu 3 enfants, 1 fille et 2 garcons, tous adultes. Nous ne parlons et n avons quasiment jamais parlé ou reparlé de ce jour, de ce
Qu il c est passé. Je ne sais pas réellement comment vont mes enfants, je ne peux qu imaginer leur état d esprit. Ils etaient proches de leur père,  chacun de manière différente.  Ce fut un terrible choc, je le sais. Aujourd hui, je souffre beaucoup de ces nons dits. Je respecte leur désir de ne pas parler, ne pas exprimer leur détresse, leur chagrin même si je suis convaincue que cela soulagerait chacun d entre nous, ne serait ce qu un temps. Ils ne m interrogent sur mon état. Je sais qu ils savent, que je n ai pas besoin de leur dire mais en fait j aurai besoin d en parler avec eux. Cela me renvoit une image négative.... j ai l impression qu ils font l autruche. Ils veulent que j aille bien, je peux le comprendre. Mais comment imaginer que cela puisse être ? Ils savent que nous nous aimions très fort et qu il m est impossible de me remettre de cette épreuve, pas maintenant, pas encore... je leur ai déjà exprimé mes ressentis, mon chagrin par rapport à ce que j appelle de l incompréhension entre nous. Mais en vain... je n arrive pas à bien exprimer ce que je ressens et espère que vous me comprendrez. J aime mes enfants, je sais qu ils m aiment. Là n est pas le problème.  Ma fille a 2 enfants que je vois souvent. Je suis proche d eux mais l absence de leur grand père est dure là aussi à accepter. Et je suis souvent très triste lorsque je suis avec eux, mais fais les efforts nécessaires pour ne pas leur montrer. En fait, c est en permanence qu il faut porter ce masque du "je vais bien, tout va bien". En famille, au travail, dans la rue...partout !
Comment vivez vous ce deuil avec vos enfants ? Je ne dois pas savoir m y prendre...
Merci de m avoir lue.
Béa

myla

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Re : et nos enfants sur ce chemin du deuil...
« Réponse #1 le: 14 septembre 2014 à 19:52:19 »
Bonsoir mes zouzous,

J'ai perdu mon mari récemment. J'ai 2 filles de + de 20 ans. Je comprend très bien ce dont tu parles. Pour l'instant, nous parlons bcp de nos ressentis face à cette perte de leur père et de mon mari qui n'est pas le même deuil. Mes filles bénéficient d'un suivi psy où elles peuvent exprimer leur difficulté sur cette question notamment. Nous étions très liés.
Nous avons justement discuter hier soir de cette difficulté pour elles de me savoir seule et de la mienne de devoir vers semblant (quand je peux !) d'aller mieux.  Mais elles perçoivent très bien mon état..NOus cheminons ensemble... Le mieux,  c'est d'en parler, même  au prix de larmes qui ne durent jamais bien longtemps car elles soulagent tant. car les non-dit se transforment souvent en incompréhension, tensions. Chacun est malheureux dans "son coin"
Mais nous n'irons pas au même rythme dans nos deuils respectifs avec nos enfants.
Est-ce que tes enfants font sur un forum ? est-ce qu'ils en discutent entre eux ? Est-ce tu que arrives à leur dire. ton ressenti. Aujourd'hui "ça été ?" ou "les enfants , aujourd'hui j'ai eu peu le blues"des petites phrases comme ça qui leur permettraient peut-être de prendre eux aussi la parole sur leur ressenti. Tous ces non dit doivent être si douloureux pour eux aussi.
C'est difficile mais il faudrait reparler du  fameux jour. ça les libérait et toi aussi je pense
Aujourd'hui, nous avons reparlé des derniers instants douloureux que nous avons vécu ensemble  en soins palliatifs car nous sommes passés devant l'hopital.  C'était douloureux, mais le fait d'en parler encore et encore dédramatise le moment, le rend moins "choquant".
J'espère que tu vas trouver quelques pistes pour avancer sur cette très délicate question que sont nos deuils respectifs et comment s'aider, se soutenir au mieux pour avancer chacun à son rythme.
Moi, ce n'est que le début..je n'ai pas encore de petits enfants....
Une soeur de combat..
Myla





meszouzous

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Re : et nos enfants sur ce chemin du deuil...
« Réponse #2 le: 14 septembre 2014 à 20:47:51 »
Merci Myla pour ta réponse.  Hélas oui, j ai déjà exprimé à maintes reprises mon désir de partager avec eux ce très,  trop douloureux événement.  Je vois bien qu ils sont dans l incapacité d en parler mais je ne sais pas si c est plus dans l idée de me préserver que dans la difficulté pour eux d en parler. C est sans doute les deux. Je leur ai dit que moi, j ai ce besoin vital d exprimer toute cette souffrance. Je ne veux plus les ennuyer avec ça alors, je n en parle plus ou peu. Et quand je réponds à leur question "ça va ?" : "ben pas trop bien", ils fuient la réponse et passent à autre chose. Je pense qu ils ne réalisent même pas ce qu ils me répondent. Mais je le redis, je sais qu ils souffrent beaucoup. Je voudrai les prendre dans mes bras, les reconforter...ce nest pas possible à l heure d aujourd hui  :-[ j ai peur de ne jamais aborder ce traumatisme et de devoir "passer à autre chose" comme si rien ne c etait passé.  Je me demande s ils ne seraient pas étonnés de lire ce que je viens d écrire.  C est dire... je suis effarée de voir ce que le décès de mon mari, de leur père,  a fait de nous. Nous sommes peu de choses...
Ces derniers temps, j ai envie de m effacer, de m éloigner,  de les laisser vivre leur vie sans parasiter leurs pensées.  Dois je avoir honte d avoir de tels ressentis ? Je me le demande...
Bien à toi, à vous.
Béa

FeeViviane

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Re : et nos enfants sur ce chemin du deuil...
« Réponse #3 le: 14 septembre 2014 à 22:50:07 »
Bonsoir Meszouzous,

Je ne te serai d'aucune aide sur ce fil car mes enfants ne sont pas les enfants de mon Amour décédé mais les enfants d'une précédente union.

Je voulais juste  te mettre un message de PHIL33 où il nous parlait du fait qu'il avait pu, à un moment donné, parler à cœur ouvert à sa fille et où ils avaient pu créer tous les deux du lien et du sens autour du deuil de leur femme/maman.

Je n'ai pas retrouvé le message, peut-être le trouveras-tu ou Phil33 viendra t-il donner son point de vu et d'éventuels conseils sur ton fil.

Bises

Hors ligne phil33

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Re : et nos enfants sur ce chemin du deuil...
« Réponse #4 le: 14 septembre 2014 à 23:11:46 »
, discuter avec ma fille .  Je rentre à ma maison , elle était là sur le canapé , comme si elle m'attendait  . Je m'assoie , et là , comme une  vielle éponge , j'ai fait tomber le masque , nous nous sommes étreint comme  le jour de son décès , et nous avons éclaté tous les deux  en sanglots  , mais nous avons pu échanger enfin  des pensées et des mots , quel bien cela nous a fait ,  elle avait deviné en rentrant dimanche , que le moral était en berne ,et qu'il fallait que ça craque rapidement  . page 4 de elle me manque tant
Voilà  l'extrait d'un message que j'ai mis après une visite chez la psy de l'hôpital  , croit moi Meszouzous , cela fait un bien fou de pouvoir discuter avec ses enfants et aussi ses proches , tu peux peut être provoquer cette discution avec LE moyen  moderne qui est le sms , ce n'est pas très glamour  , mais tellement pratique , c'est comme ça que j'ai provoqué  la première vrai discution avec ma belle sœur et son mari , car je ne savais pas du tout ou ils en étaient  , Le sms  c'était lundi dernier réponse dans la foulée , et quand ils sont rentrés de leur voyage dans les Pyrénées  , ils sont venus manger à la maison . Ou nous avons une franche discution de nos ressentis respectif , les masques sont tombes , on s'est exprimés sans fard , quelques larmes plus tard , nous étions content de cet échange   Elle m'a encore remerciée  aujourd'hui  par téléphone  de cette soirée .
Tu vois il n'y a pas d'impasse , il faut forcer le destin pour provoquer l'échange , je n'ai pas dis que c'était facile , il faut se forcer ,sortir de sa torpeur , mais  tu recevras tellement que ça vaut le coup d'essayer .
Courage à toi pour cette épreuve salutaire au finale.......
La bise
Bravo Fée Viviane pour ta clairvoyance  et ton esprit de partage  , tu vas finir chez  Sophie  Davant  ;)

Hors ligne zabou

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Re : et nos enfants sur ce chemin du deuil...
« Réponse #5 le: 15 septembre 2014 à 00:06:46 »
Bea,


Mon mari est décédé le 27 octobre 2012, mon fils m'a accompagné et est resté à l’hôpital à nos cotés les trois derniers jours de vie de mon mari, il à compris alors des choses plus rapidement que moi, le vendredi 26 octobre lorsqu'il nous à quitté à 20h 30, il ma dit : " maman allonge toi prés de lui, il n'attend que cela pour partir".

j'ai su qu'il avait raison et reculé le moment de me coucher jusqu’à minuit, j'ai rapproché comme les soirs précédent mon lit de celui de mon mari et je me suis couché mon bras l'entourant, et je me suis endormie,  à 1 h40 , je me suis réveillée en sursaut , surement ne sentant plus sa respiration par le biais de de ma main posée sur son ventre et voilà, une étoile la haut au firmament venait de l’accueillir, et mes larmes coulent , comme elles n'ont pas coulées alors....

Je n'ai appelé mon fils qu'a 6h 30 , il a décroché immédiatement, et au son de sa voix , j'ai compris qu'il n'avait pas dormit cette nuit là, à 7 h30 il était là, pour voir son père , pour m'accompagner aux pompes funèbres, pour m'aider dans les démarches immédiates.

Ensuite cette nuit là, il m'a dit: "maman tu ne vas pas rester toute seule, tu vas venir dormir à la maison", il a été présent , compréhensif, aidant , tendre, pourtant ensuite cela à été très difficile de communiquer et pendants les mois qui ont suivi, même si l'on se voyait fréquemment chez lui, il ne voulait plus venir à la maison, il avait toujours une excuse .

j'ai compris bien après qu'il avait aussi sa douleur à gérer, qu'il avait sans doute peur d'ajouter à la mienne, que ces derniers jours très éprouvant, douloureux, qui font si mal, et que je n'arrive pas à oublier, il les a vécues aussi....

Lorsque je parlais de mon mari, d'abord, je n'arrivais souvent pas à finir sans pleurer, ensuite il me réprimandait, "oh maman arrête", sas doute avait-il mal pour moi, mais c’était aussi très douloureux pour lui, finalement nous étions deux en deuil et moi recroquevillée sur ma douleur....

Je n'ai pas réussi à communiquer avec lui, malgré ma psy, mais c’était aussi très difficile pour moi.

Aujourd'hui, on peut enfin parler de son père, mais on reste dans le souvenir heureux, jamais plus , nous n'avons parlé de ces derniers jours et je pense que surement cela reste et restera un souvenir très souffrant pour lui, comme pour moi.

Je sais Béa , ce n'est pas très positif, mais c'est pour t'expliquer , que tant que mon fils à sentit que j'allais très mal, que je ne pouvais pas m'exprimer sans pleurer, il a évité consciencieusement d'en parler même quand je lançais des perches.

Il faut que je disse aussi que notre enfant ,n'est pas trop du genre expansif, émotionnellement parlant, et qu'il a toujours été comme ça , alors que moi j'avais besoin de partager avec lui, mais un jour il ma dit : " maman je n'ai pas les épaules!!!" alors il avait tout dit......

Je t'embrasse fort.

zabou
Le souvenir, c'est la présence invisible.
Si j'avais su que je t'aimais tant, je t'aurais aimé davantage.
Mon amour, plus qu' hier et moins que demain.

meszouzous

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Re : et nos enfants sur ce chemin du deuil...
« Réponse #6 le: 15 septembre 2014 à 01:18:10 »
Merci Zabou pour ton message. Il m a arraché un flot de larmes, des sanglots. Ce que tu as exprimé est exactement ce qui c est passé chez nous. Nous avons été très proches durant les 4 ou 5 semaines qui ont suivi l accident de Jean Marc.  Nous avons fait les demarches ensemble, nous avons vecu tous ensemble la semaine qui a suivi son décès,  je suis allée chez l un de mes fils quelques jours ensuite et puis chacun a repris "sa vie". Et petit à petit, on a fait semblant, comme si tout allait "bien". Je suis comme toi, j ai besoin d exprimer mes sentiments, de dire ma souffrance, de parler de ce terrible 27 novembre 2012. Et mes enfants sont plutôt dans le silence...je respecte mais quelle souffrance qui se rajoute à celle déjà existante. J avoue ne plus savoir que penser  ::) ce soir, je leur ai écrit,  à tous les 3. J en avais besoin, j ai un trop plein qui m étouffe.  J espère qu ils vont comprendre... j ai été arrêtée 3 jours car malade et très fatiguée,  le moral pas bon. Je reprends lundi, en fait je me lève à 5h...dans pas longtemps... je vais essayer de dormir un tout petit peu. Je te souhaite une douce nuit mais j espere que tu es déjà endormie  :)
Béa

Hors ligne BLUEVELVET

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Re : et nos enfants sur ce chemin du deuil...
« Réponse #7 le: 15 septembre 2014 à 07:57:53 »
Bonjour à toutes et tous,

Mon mari et  père de nos deux enfants s' est suicidé voilà un peu plus de deux ans. Ce sont deux jeunes adultes.

Mon aîné vit à l'autre bout de la France depuis longtemps, il est encore très en colère vis à vis de son père et a des propos très durs que je peux entendre et comprendre. Il m'explique qu'étant éloigné depuis longtemps il a d'autres habitudes sans papa chez lui, moins de souvenirs donc : il ne voit pas papa dans son canapé chez lui par exemple alors que ma belle fille m'a dit en rentrant pour les funérailles,  cela fait bizarre de ne pas le voir dans le canapé où il était souvent à la maison

Mon cadet vit vec moi et a une certaine empathie envers son père maintenant même si au début du deuil il voulait le rejoindre. Ces propos sont doux, empreints de tendresse pourtant c'est mon cadet qui a connu les moments les plus violents de la dépression de son père.

Je parle de papa et du ressenti que nous pouvons avoir avec mes deux enfants et aussi mes beaux enfants mais je n'engage jamais la conversation, je suis là quand ils veulent en parler, cela fait partie de mon caractère.

Par contre eux sont aux petits soins pour moi, ce drame les a fait brutalement entrer dans le monde adulte et ils se sentent dans l'obligation de me protéger pour qu'il ne m'arrive rien parce que je suis le nid, leur port d'attache,  celle à qui ils peuvent tout dire et qui peut tout entendre, celle qui les guide et qui ne se suicidera pas, cela je leur ai dit car ils ont un sentiment d'abandon énorme

C'est un chemin laborieux, chacun son rythme avec ses hauts et ses bas. Il faut beaucoup de patience, de tolérance, un peu d'impudeur parfois et beaucoup d'amour.

Je ne peux que témoigner de notre vécu.

Douce journée

Bluevelvet
On ferme les yeux des morts avec douceur ; c'est aussi avec douceur qu'il faut ouvrir les yeux des vivants - Jean Cocteau

Hors ligne qiguan

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Re : et nos enfants sur ce chemin du deuil...
« Réponse #8 le: 15 septembre 2014 à 17:50:48 »
Je porte ma pierre à l'édifice des réflexions
Ma fille 36 ans (maman d'une petite fille), contrairement à moi exprime peu ses sentiments ouvertement !
Ne me demandez pas pourquoi ... je n'ai jamais compris malgré tous les efforts ...
du temps de la maladie de son père elle n'arrivait pas au départ à se faire violence pour aller le voir tout était excuses (certes  enfant petit 1 an, travail 39 h/s avec des horaires coupés etc ... puis malade, puis voiture ..)
elle n'avait pas la force
son papa comprenait mais l'attendait ... elle est allée le voir enfin au bout de 3 semaines !
elle lui téléphonait par contre tous les soirs
Elle me téléphonait aussi à mon retour (j'avais + d'1 h de trajet) selon l'évolution de l'état de son papa on se téléphonait en journée ...
Elle m'aidait en me faisant les courses, ... par drive avec mes listes
Quand son papa est sorti au bout de 45 j
elle a été aussi aidante, passant un peu avec la petite ... pour le plus grand bonheur de mon amour !
les hauts les bas ... etc elle a été là autant qu'elle réussissait
à la fin elle a eu du mal/voir souffrir son père ...
Je ne suis pas étonnée de ses fuites dans les 3 jours autour des obsèques là aussi prétextes divers variés ... pour ne pas être au funérarium etc
certes quand je lui ai téléphoné dans la nuit/décès elle est venue de suite est venue avec moi à l'hôpital, de l'émotion a pu s'exprimer ...
Ensuite elle a eu envers moi pas mal d’agressivité verbale, j'ai su comprendre qu'elle avait surtout peur que je perde mon autonomie et copie ce qu'avait fait ma mère ...
j'ai réussit à la rassurer en le lui écrivant en allant chez elle en annonçant à l'arrivée mon besoin affectif ...
et du mieux s'est installé on a commencé à parler, de moi, de mon deuil mais de manière à ne pas la mettre en difficulté : j'évite les larmes, je verbalise ...
elle fait des efforts
et depuis qu'elle m'a annoncé qu'elle était enceinte je ne regrette pas d’éviter de la mettre en difficulté, de respecter sa peine, sa manière je pars du principe que je reste sa mère protectrice même adulte ... j'ai peut être tord mais ... c'est ainsi que je le ressens.
Là pendant sa grossesse à nouveau comme la première je vais la masser (soin future maman) occasion de plus parler ...
Bien sûr nous avons reparlé de la maladie de son père, des soins, mais le plus maintenant c'est illustrer nos propos par une référence à lui (attitude ou dire) que l'on peut imaginer s'il était là ... = le mettre vivant dans nos vies !

Je ne sais pas si mes propos t'auront aidé ... Béa mais je ne peux que témoigner de ça !
« Modifié: 15 septembre 2014 à 20:26:06 par qiguan »
"il est plus facile de désintégrer un atome qu'un préjugé" A. Einstein
"Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque" René Char

meszouzous

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Re : et nos enfants sur ce chemin du deuil...
« Réponse #9 le: 15 septembre 2014 à 19:44:41 »
Merci à vous tous pour vos différents témoignages. Ils sont tous différents,  c est normal. Certains me font écho,  d autres moins. Ce soir, mon plus jeune fils est venu me voir. J avais envoyé cette nuit un mail à mes enfants pour leur exprimer mes ressentis, j etouffe beaucoup trop de ne rien dire, de tout cacher. Il n est pas venu suite au mail, c était déjà prévu.  Nous avons parlé calmement du contenu de ce mail, il a rebondi dessus, moi aussi. Je crois, j espère qu il a saisi ce que j ai voulu dire. Malheureusement pour moi, il n avait pas beaucoup de temps et est reparti trop vite à mon goût  :-\
Malgré tout, je lui ai dit être contente d avoir parlé avec lui. Il m a dit qu il m appellerait dans la semaine  :)
Je suis tiraillée entre le respect que j ai face à leur pudeur, leur désir de ne pas s exprimer et le besoin que j ai de leur parler de leur père...peut être pour continuer à le faire vivre.
Je voudrai tant que tout cela ne soit qu un horrible cauchemar...
Je vous embrasse.
Béa


confiante

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Re : et nos enfants sur ce chemin du deuil...
« Réponse #10 le: 20 septembre 2014 à 12:09:32 »
Quand on a su que mon mari était condamné aprés sa 2ème opération fin octobre 2013, il n'a pas voulu qu'on le dise aux enfants, ni à la famille, ni à personne.
c'était un secret trés lourd à porter pour moi qui ne devait pas craquer devant eux sinon ils m'auraient interrogée et je voulais respecter les volontés de leur père.
Mais il a bien fallu leur dire quand il est rentré en soins palliatifs.
J'ai 2 enfants, un fils de 24 ans et une fille de 21 ans. Mon fils s'est effondré comme jamais je ne l'avais vu : il a dit à son père qu'il l'aimait, chose qu'on ne se disait et dit pas encore, trop pudiques. Ma fille, par contre, a seulement pleuré mais j'ai vu qu'elle se retenait intensément. j'ai voulu la prendre dans mes bras mais j'ai senti sa résistance, donc je n'ai pas insisté.
Depuis l'annonce que leur père allait partir bientôt, on ne parlait pas ouvertement de sa mort, mais leur père et moi avons toujours tout fait pour qu'ils soient au courant de son état, de ne plus rien leur cacher.
Quand leur père est parti ce 1er mars dernier, je les ai bien entourés et vice-versa. J'ai tout fait pour qu'ils soient sous mon aile (on est maman ou on ne l'est pas). Ils m'ont soutenue et aidée dans les démarches des PF, pour la cérémonie à l'église, bref, j'ai toujours tout fait en leur demandant leur avis, afin qu'ils puissent participer au suivi des évènements tristes.
On parle toujours de leur père, presque chaque jour. aprés tout, sans lui, ils n'auraient pas été là !!! il leur a tant apporté, surtout à notre fils en lui apprenant à bricoler, en lui faisant aimer les rallyes de voiture (ah, ces 2 là, quand il y avait un rallye, ils détalaient comme des lapins pour aller voir les étapes !!!! ça me faisait chaud au coeur de voir qu'ils étaient si complices). Pour la fille, c'était une autre relation, mais ils s'entendaient trés bien aussi. Il l'a même aidé à choisir sa voiture en novembre dernier : qu'il était fier !!
Et de temps en temps, sans tout le temps rabâcher la même chose, je leur demande comment ils se sentent, s'ils vont bien moralement.
on a toujours associés nos enfants à ce que l'on faisait, et ils ont participé au départ de leur père,.
il ne faut jamais, ô jamais cacher à un enfant ce qui se passe avec un parent.
c'est ce que ma "chère mère" (toujours elle !!) a fait avec moi quand, il y a 34 ans, mon père est décédé d'un cancer du pancréas. quand il est mort, elle n'est même pas venue me le dire, elle n'est pas venue me voir de la journée !!!
enfin, ceci est une autre histoire.
qu'ils soient petits ou déjà grands, il faut les soutenir, les interroger de temps en temps pour qu'ils puissent se bâtir en tant qu'adultes le mieux possible.
Je remercie mes 2 "bébés" d'avoir été là, et d'être encore là pour moi. et j'associe aussi ma petite belle-fille qui était bien aimé par mon mari, et réciproquement. elle est bien gentille et est toujours là aussi quand il le faut pour moi.

meszouzous

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Re : et nos enfants sur ce chemin du deuil...
« Réponse #11 le: 20 septembre 2014 à 18:44:19 »
Oui Confiante, je suis complètement d'accord avec toi.  Nous ne devons pas cacher ce qui doit être su à nos enfants.  Leur père,  mon mari est décédé brutalement, dans un accident de moto. Ce fut un terrible choc pour eux, pour moi. Presque 2 ans que cela s est produit et il me semble que nous sommes toujours sous le choc. Le dialogue est difficile, les échanges impossibles. Je sens mes enfants loin de de moi (alors qu ils ne le sont pas du tout), fuyant la réalité de notre vie, refusant de parler de ce maudit 27 novembre,  de leur père.  J ai tant besoin de parler de lui, de ce jour, encore et encore...en tout cas un peu avec eux. C est une souffrance qui se rajoute à celle déjà existante. Ils sont adultes  (26, 29 et 33 ans).
Mais je sais, je comprends qu ils souffrent de l absence de celui si présent dans leur vie, toujours prêt à les aider quand ils avaient besoin de lui. C était au un papa aimant. Pour moi, il était mon mari mais il a été tellement plus aussi. Je n ai pas les mots pour exprimer ce mal être au fond de moi. Mais je sais que je vais devoir apprendre à vivre sans lui et sans mes enfants tels que j aimerai qu ils soient. Je dois être trop compliquée sans doute  :-\
Je me dis souvent : voilà ce que cette tragédie a fait de nous...de moi.
Bien à toi Confiante

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Re : et nos enfants sur ce chemin du deuil...
« Réponse #12 le: 20 septembre 2014 à 20:40:02 »
une question
avant meszouzous et les autres comment étaient vos échanges avec les enfants ?
est ce le décès qui change le type d'échange ou bien simplement révèle t'il quelque chose qui était là ?
Car en vous lisant je repense à mon type d'échange avec ma fille avant et maintenant
et bien ils sont du même type : profonds, francs même si plus affectueux ou prévenant maintenant, nombreux me semble t'il.
Nous n'échangeons pas sur certaines choses où nous nous savons pas sur la même longueur d'ondes exemple l'après vie ...
comme je l'avais dit s'il s'agit de lui donner un avis ou commentaire je lui dit "papa t'aurait dit sans doute" puis je lui dit mon point de vue mais qui maintenant est nuancé par le passage de ce qu'aurait dit le papa !
 Nous parlons ensemble des moments de maladies, de fin de vie de son papa certes c'est plus souvent initié comme conversation par moi que par elle mais elle répond et dialogue sans botter en touche !
Puisse la voie de l'échange s'ouvrir pour toutes et tous ! ça fait tant de bien
et pour ceux et celles qui sont grands parents apprenons à nos petits enfants à dire leurs émotions ! ... cela leur servira plus tard
« Modifié: 21 septembre 2014 à 12:50:15 par qiguan »
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Re : et nos enfants sur ce chemin du deuil...
« Réponse #13 le: 21 septembre 2014 à 08:20:12 »
J'ai toujours eu des bons rapports avec mes enfants basés sur la confiance, la tolérance,  la complicité, la simplicité,  le respect et l'amour. C'est vrai que le deuil a renforcé cela encore.

Le deuil nous transforme indéniablement et même si la date du décès est la même nous sommes toutes et tous à des stades différents car c'est un face à face au plus profond de l'intime que nous abordons avec nos forces et nos faiblesses, une remise en question totale de nos chemins de vie.

Il n'y a pas de "recette", ni de "conseil". Nous témoignons simplement de notre vécu, nous trouvons au fond de nous mêmes ce qui nous fait avancer.

Ici on peut hurler sa peine ou sa colère, parler de celui ou celle qui n'est plus là, échanger, cela peut parfois aider.
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