Chère Cathy,
La colère. Elle m’a dévorée de l’intérieur.
Je me vois dans tes mots, Cathy. Tous les jours, faire semblant. Faire. Toujours faire. Pour avoir l’air. Pour donner l’impression … d’aller mieux.
A force, je me demande si je ne vais pas me perdre dans l’ombre de mon image et ça me met en colère contre moi-même. A force, je crains de ne plus savoir du tout qui je suis. Je voudrais juste être en paix.
Ma raison me dit que la colère est stérile.
Pourtant … pas toujours.
Parfois, elle permet de faire pour moi-même. Car seule la colère peut me faire éprouver un tout petit peu de force et me permettre de me battre. Sans elle, je serais « encore plus » anéantie. La colère, c’est la vie aussi.
Parfois … elle me manque terriblement cette colère ! Je voudrais me mettre en colère pour ne pas rester dans les larmes …
Alors, tu vois, Cathy, je suis prise entre ces 2 extrêmes…
Parfois aussi, elle me fait peur cette colère qui ne me ressemble pas (tout du moins, je le croyais, il n’y a pas si longtemps). Elle m’épuise aussi (comme l’impression de puiser le fond du fond du fond de l’énergie …). Et elle me laisse sur le flanc sans avoir eu l’impression d’avancer …
Au final, c’est très confus … comme ce message que vous avez toutes et tous du mérite à lire !
La colère a sa place. Je crois. Elle m’épuise mais elle s’épuise aussi. Ça c’est un constat. Je ne sais pas pourquoi ni comment … Mais elle s’est atténuée. Je ne crois pas qu’elle disparaîtra. Mais, comme nous l’avait dit C. Fauré, à Bourges, il restera toujours un petit fil…
Aujourd’hui (en ce moment, ici, et tout de suite), je crois que l’on fait du sur place. Arrêtons le plan sur la comète, les formules toutes faites. Oui, tout le monde veut qu’on aille bien ou mieux alors, en guise d’encouragements, nous entendons ou nous lisons « tu avances » (tout dernièrement, me concernant, « la fatigue et le fond de dépression et de chagrin qui t’assaillent au quotidien ne te laissent pas encore voir … ») …. Et c’est exaspérant … insupportable … ça remue, ça abat … et il faut bien l’exprimer d’une façon ou d’une autre… d’où la colère … ou le désespoir. Je crois que c’est la même chose, colère ou désespoir, juste la face blanche et la face noire de la même pièce, de cette montagne de souffrance.
Mais ce « sur-place », il nous permet de nous poser et de nous « pauser », et de nous exprimer, de laisser couler les flots de larmes, de crier, etc. Je ne crois pas que l’on puisse pleurer à fond, hurler à pleins poumons, crier sa colère, en marchant, en courant, en étant en agitation permanente. Je souligne « à fond » car je crois bien que c’est ce qui nous « sauve », réussir à exprimer la douleur, le chagrin, la colère, la culpabilité, A FOND.
Adultes, nous ne savons plus ou ne voulons pas pleurer à fond, comme l’enfant qui tombe de son vélo … à qui son parent va lui dire de ramasser son vélo et de repartir (certes, en lui donnant un coup de main et après avoir fait un petit câlin en passant …) … L’enfant repartira en tanguant mais repartira quand même après avoir bien pleuré de tout son soûl et ne pensera plus à sa chute !
Cathy, ne sois pas en colère parce que tu sens que ce lieu de solitude fondamentale t’échappe. D’abord parce que, dès lors qu’il t’échappe, c’est bien qu’il est en toi. Ensuite, parce que ce n’est pas un objectif. C’est … ce qui se produit … il advient … sans qu’on en maîtrise la venue. Laisser venir. Laisser faire …pour pouvoir accueillir le moment où adviendra cette facilité à retrouver l’âme sœur au fond de soi et, ainsi, la certitude de ne plus jamais le perdre.
J’espère que je n’ai pas l’air d’une grande prêtresse. Parfois, je bloque complètement ! Rassurez-vous ! Ce n’est pas un long fleuve tranquille ! Parfois, je n’y suis plus du tout. Parfois, ça vient tout seul … Calme, musique, respiration … un photophore allumé … un petit rituel pour me mettre « au diapason ».
Cathy, je suis heureuse que tu aies repris le clavier sur ce forum.
Je t’envoie toute mon affection et mon soutien.
A bientôt de te lire
Je t’embrasse
Angie