Auteur Sujet: Et aprés...  (Lu 17749 fois)

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Et aprés...
« le: 28 janvier 2016 à 11:43:16 »

Il y a 5 ans maintenant que Jacques est parti, l'homme de ma vie , c'est ainsi que je le nomme, la douleur c'est apaisé après avoir compris qu'il vivait encore à travers ce qu'il m'a laissé, il vit en moi, il est là, je n'ai pas trop compris au départ, mais quand on vit un Amour profond, on vit un peu comme une seule personne, quand Jacques est mort, j'ai perdu ma moitié, avec lui est partie la moitié de moi, douleur, arrachement , ....
La reconstruction fut compliquée , énormément de questionnement, un envie de lui jusqu'à faire mal, et puis je me suis rendu compte que si je lui avais laissé la moitié de moi, il m'avait laissé la sienne, et plutôt que de m'en défendre je l'ai laissée venir, et c'est là que doucement je suis devenue une autre personne tout en étant la même, il fera toujours partie de moi, et en l'acceptant je me suis sentie mieux, je n'ai pas eu la chance d'avoir un enfant de lui, un mini-nous.
Maintenant, cette acceptation, ne veut pas dire que je ne peux plus aimer à nouveau, je crois que chaque personne aimée laisse une empreinte sur nous, quand cette personne meurt il reste l'Amour, intacte et fort.
Il nous permet de grandir et de devenir plus humain..
Il faut écouter, ressentir et aimer, laisser la force de la vie nous prendre à bras le corps, avec l'Amour nous sommes plus proche, s'ouvrir et accueillir l'autre ou les autres .
C'est bon la vie, et je sais que Jacques n'aurait pas voulu que je sois malheureuse.

Le chemin n'est pas fini pour moi non plus, le travail de deuil est long et fastidieux mais souvent on a d'heureuses surprises on change et les moments de bonheurs sont très intenses, plus fort parce que je sais que quand on a vécu la douleur intense du cœur on peut savourer sans arrières pensées ce qui nous est donné.

J'ai vécu des moments de folies pures où je pensais que jamais je n'y arriverais jamais.
J'y arrive et je veux partager mon chemin et j'aimerais aidé ...

Je dépose un peu de paix et sérénité sur votre douleur.
je vous souhaite des moments de calme et de tranquillité.
Je vous espère de la douceur et que la joie entre à nouveau dans vos cœurs.

Je suis venue ici déposer ma douleur en vrac, toute crue et ça m'a beaucoup aidé.

Je vous embrasse avec beaucoup de tendresse.

Pascale sa louve
Pascale la Louve

Hors ligne Noëlle

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Re : Et aprés...
« Réponse #1 le: 28 janvier 2016 à 12:05:10 »
merci pour ce témoignage d'espérance ....j'ai commencé à lire et j'ai été envahie par la douleur ; je n'ai pas perdu ma moitié, mais mon tout, parce que nous n'étions qu'un. C'est pire que l'insupportable, et autour de moi, les gens continuent à vivre, à sourire comme si rien ne s'était passé. Et moi, je suis  vide, vide à l'intérieur de  moi; il n'y a plus de vie, plus de monde, plus rien. Il ne peut plus y avoir de jours meilleurs.

Noëlle

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Re : Et aprés...
« Réponse #2 le: 28 janvier 2016 à 12:27:19 »
Je disais ça aussi j'ai perdu mon tout et je me suis perdue pendant pas mal de temps.
Pour faire ce tout on était deux, il ne faut pas t'oublier, la douleur est là et bien là, fulgurante je me laissait aller jusqu'à m'effondrer par terre, je m'endormais épuisée, et me réveillait parce que j'avais froid, parce que j'avais mal, parce que j'avais soif ou autre, la vie reprenais ces droits, j'aurais tant voulu que ça s'arrête, tellement aimé fondre , disparaître,.. et bien non..
Soit indulgente et douce avec toi, ne te fais pas trop violence, laisse toi aller dans cette douleur je la reconnais.. si bien...
et puis on s'habitue à avoir mal et puis on ose la regarder et puis elle nous devient plus familière et puis on l'apprivoise, et on l'approche doucement et puis elle devient presque une amie elle nous rend plus fort.
Elle revient encore parfois agressive, mais elle s'apaise et nous laisse la paix
Je suis de tout cœur avec toi Noëlle, je ne minimise pas ta douleur je la comprends, je l'entends...


Pascale la Louve

Claude1952

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Re : Et aprés...
« Réponse #3 le: 28 janvier 2016 à 14:36:27 »
Oui, Pascale, je partage ton point de vue : la douleur le chagrin la souffrance il faut les vivre pleinement, après tout c'est le dernier droit qui nous reste en rapport avec notre vie de couple interrompue brutalement.

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Re : Et aprés...
« Réponse #4 le: 28 janvier 2016 à 15:17:40 »
Mais aussi l'amour,  cet amour si fort, la force qui en découle la plénitude d'avoir vécu un amour si fort sans la déception du désamour. Pas parfait mais beau, il reste en nous et personne ne peut l'enlever..  Claude,  la souffrance est un droit, sourire à nouveau est comme un devoir pour ceux qu'on aime.. 
Parfois quand je pense à Jacques une douceur profonde m'envahit, la paix m'entoure et je lui dédié cet instant.
Je crois qu'il sera toujours là,  même si ma vie est tout à fait différente... 
« Modifié: 28 janvier 2016 à 15:20:15 par Pascale »
Pascale la Louve

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Re : Et aprés...
« Réponse #5 le: 28 janvier 2016 à 15:36:24 »
Merci Pascale pour cette page de sérénité, pour cette petite lumière dans la brume
"si un jour je meurs et qu'on m'ouvre le coeur, on pourra lire en lettres d'or ... je t'aime encore"  William Shakespeare

Claude1952

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Re : Et aprés...
« Réponse #6 le: 28 janvier 2016 à 17:57:17 »
Je ne me sens pas du tout en devoir de sourire, car ça arrangerait un peu trop ceux qui vont voulu trop vite, en mettant la pression, que je cesse d'être triste. C'est à nous, les survivants de décider si l'on est prêt ou non, c'est à nous de nous voir ménagés par les valides, je pense que nous sommes désormais des invalides, des handicapés, qui devons faire plus d'effort que la moyenne pour continuer la route. De même que les gens en fauteuil roulant sont en droit d'exiger des passages en pente douce aménagés pour eux, de même nous sommes en droit d'exiger qu'on n'attende rien de spécial de notre part, que nous sommes en droit de ne pas faire semblant d'être comme tout le monde, puisque nous ne serons plus jamais comme les autres, malheureusement;
Cela explique pourquoi on portait un brassard noir ou un crêpe à la boutonnière, car il était normal de signaler à tout le monde de façon bien visible que nous avions subi une grave perte et que l'on ne devait pas nous traiter sans ménagement. De nos jours la douleur on doit la cacher, dans les magasins, dans la rue, voire dans la famille...

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Re : Et aprés...
« Réponse #7 le: 28 janvier 2016 à 18:41:24 »
Non non je me suis mal exprimé,  pas faire semblant non, pas un devoir vis à vis des autres,  non pas d'hypocrisie, bien sûr qu'on a la droit à la reconnaissance de la douleur et du deuil.  Nos conjoints ne désiraient pas nous rendre malheureux.. Le sourire doit revenir naturellement pour nous mais aussi pour eux,  pas faire semblant.
Pascale la Louve

Claude1952

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Re : Et aprés...
« Réponse #8 le: 28 janvier 2016 à 19:13:08 »
Personnellement je n'ai pas retrouvé le sourire, car je pars du principe que rien n'oblige à sourire, que c'est réservé à ceux qui n'ont pas de soucis ou pas de douleur.
Sourire n'est pas forcément une attitude positive, ça peut être le signe que l'on n'a pas su mesurer l'ampleur de la catastrophe, et que l'on ne sait pas le faire mesurer aux autres.
De plus je ne pense pas qu'on doive croire à une généralité du genre " C'est mieux de sourire ", car pour certains c'est mieux de ne pas le faire, de même qu'un mutilé a le droit de boiter.
Il ne faut surtout pas se diriger vers un gommage des apparences de la souffrance, car comme je le disais il y a cette pression sociale qui fait croire que seuls les souriants, les amuseurs, les indifférents ont le droit de cité, pas les tristes ni les chagrinés qui savent le montrer.

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Re : Et aprés...
« Réponse #9 le: 28 janvier 2016 à 19:58:36 »
Je suis d'une tendance positive, je n'ai jamais souris pour faire plaisir,  je respecte la douleur des autres, sans juger . Moi j'ai besoin de vivre et de rire, d'aimer, Jacques m'aimait comme ça,  sa mort m'a anéantie, m'a mise à genoux,  malgré ma fierté.
Je suis a nouveau seule,  ça ne me pose pas de problème, ma chance,  c'est d'avoir connu un tel amour, un tel mariage, c'était magnifique, je suis mutilé, j'ai perdu mon mari, mon métier, ma maison... Ma douleur s'est tellement marqué dans ma chair,  qu'elle m'handicape physiquement.  Pourtant je ris et je souris et je vis de bon coeur sans medocs ni drogue.. Je connais une dame qui reste dans sa douleur,  je le respecte.
 Jacques continue à m'accompagner par ce qu'on a vécu et c'est bien.
Ce serait terrible si je ne l'avais jamais connu, ma vie aurait été tellement sans vie...
Bien à vous. 
Pascale la Louve

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Re : Et aprés...
« Réponse #10 le: 28 janvier 2016 à 20:14:54 »
En ce qui me concerne, je me force à un "léger sourire".
Je me force pour les miens, une maman de 86 ans et un papa de 88 ans. Je me force pour moi, en espérant qu'un jour ce sourire deviendra plus sincère et authentique. Je me force pour la famille de Marc, ses parents sont proches des 80 ans, et nous partageons beaucoup de pleurs et de souvenirs heureux, j'ai l'impression que ce "léger sourire" s'entend au téléphone et les rassure, ils habitent loin et aiment s'imaginer Marc à mes côtés, heureux.
Ce décès a refait plonger certains de ses frères et soeurs en dépression, et pourtant nous trouvons des anecdotes pour nous faire sourire.
Ne pas sourire serait renier tout ce qu'il a été, amour et humour. Sourire ne rend pas forcément moins triste pour l'instant, mais nous rend plus forts, nous, tous ceux qu'il a aimé et qui l'aiment toujours.
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Re : Et aprés...
« Réponse #11 le: 28 janvier 2016 à 20:20:27 »
 :)
Pascale la Louve

Claude1952

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Re : Et aprés...
« Réponse #12 le: 28 janvier 2016 à 20:35:55 »
Je suis toujours très étonné de voir que l'on a encore la " morale du sourire ", cela va dans le sens de ceux qui voudraient bien qu'on ne soit plus triste, car c'est encombrant, un survivant, ça gêne, il faut qu'il sourit, il faut qu'il fasse oublier qu'il souffre et qu'il a du chagrin.
Je respecte celles et ceux qui ont cette " moralité du sourire ", mais pour ma part je croit qu'il faut militer pour le droit au chagrin et l'exigence du ménagement venant des valides, de ceux qui n'ont pas été atteints comme les endeuillés;  de même qu'un paralysé va montrer ses béquilles ou son fauteuil roulant, sachons montrer notre chagrin en en se forçant jamais à sourire. C'est une sorte de combat à mener contre la moralité du déni de deuil chez l'autre.
Je crois très sincèrement qu'au delà de notre propre deuil et de sa gestion par nous mêmes, il faut aider ceux qui sont sans force en militant pour qu'ils aient le droit d'abandonner toute idée de " devoir sourire ". Moi je leur dis : " Pleurez et exigez des mouchoirs qu'on devra vous tendre en vous plaignant. Ayez la générosité de partager votre chagrin en pleurant tant que vous en avez envie et n'écoutez pas les agacés ".

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Re : Et aprés...
« Réponse #13 le: 28 janvier 2016 à 21:20:13 »
Un sourire c'est également une main tendue, un coeur tendu vers l'autre, une invitation au dialogue. Sourire n'est pas forcément renier sa douleur et se fondre dans la masse productive, bienheureuse. Bien sûr  certains ont autant d'empathie qu'une brique, mais beaucoup sont prêts à une écoute attentive.
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Re : Et aprés...
« Réponse #14 le: 28 janvier 2016 à 21:29:25 »
Monsieur Claude,rien ni personne ne vous empêche de ne pas sourire. Chacun sa façon de survivre...
Pascale la Louve