Bonjour. Exactement un mois, à 10.30 h, allant à l'hôpital prendre des nouvelles de l'opération, sachant que je ne pourrais le voir que quelques instants aux soins intensifs et à des heures précises, je fus accueillie par sa petite valise posée devant le bureau "d'accueil" !! Lorsque je demande gentiment que fait une valise devant le bureau, il me fut dit : "ah, ben parce que le patient est mort dans la nuit, comme il disposait d'une chambre VIP, on a libéré sa chambre"...
Poussée violente d'adrénaline, le coeur à 150, je me rue, permission ou pas, dans la salle des soins intensifs... Admonestée illico par le responsable de salle, me demandant ce que je fais là et qui je suis, à la simple formulation de mon nom, le mec est devenu blême et m'a enjointe à aller dans son bureau. J'ai refusé, je voulais le voir. Et je l'ai vu.... dormant paisiblement, les mains jointes, entouré de monitoring, avec une trachéotomie, des bleus partout.... "Il est en mort cérébrale totale Madame, coma de stade IV". "Nous vous attendions pour le débrancher... mais prenez tout votre temps"...
Et comment je fais maintenant pour admettre, pour effacer ces images, pour arrêter de pleurer, d'hurler son nom, de lui parler partout à voix haute, et surtout de trouver le courage de vivre cet avenir sans lui qui n'a plus aucun intérêt pour moi. Comment trouver toutes ces réponses à mes pourquoi, que s'est il passé, c'était pas le plan, cela ne devait pas arriver, comment accepter leurs réponses, sans pouvoir consulter le dossier médical, à leur "c'est la faute à pas de chance, ca peut arriver !" Ils l'ont laissé mourir seul durant 4 heures dans sa chambre, sans monitoring, et avec une infirmière stagiaire qui n'est passée le voir que 4 h plus tard, pour le trouver s'étouffant dans une hémorragie et en détresse respiratoire. Seul pendant 4 heures, lui, médecin, sachant exactement ce qui lui arrivait, sans pouvoir m'appeler.... Je n'y survivrai pas... on s'aimait d'une telle passion, nous avions de nouveaux projets, non, je n'y survivrai pas... J'espère chaque jour le rejoindre moi aussi de manière "inopinée" ... grâce à "pas de chance" !