FORUM "LES MOTS DU DEUIL"

Comprendre et vivre son deuil => Vivre le deuil de son conjoint => Discussion démarrée par: Aliotis le 09 avril 2013 à 18:54:10

Titre: Envie de rouvrir le livre...
Posté par: Aliotis le 09 avril 2013 à 18:54:10
Bonsoir,

manifestement, je ne l'ai pas assez ouvert, ce livre...ce soir j'ai envie de raconter, pardon si c'est long.

Je dois être une des plus "anciennes" veuves ici, cela va bientôt faire 10 ans sans lui. Non, on n'est pas sensé souffrir pendant 10 ans, rassurez-vous! Accueillez votre peine, accompagnez-là, dites-là, ne l'étouffez pas, ne la niez pas: dans dix ans vous n'en serez pas où j'en suis restée...Et même si je suis convaincue que le paix est au bout, j'ai ce goût amer en ce moment: si j'avais su, si j'avais fait, je vivrai autrement aujourd'hui.

Besoin de libérer ces mémoires: je le fais maintenant. Je vais pleurer, ça va faire mal, mais je sais maintenant qu'au bout, il y aura du soulagement...

Je reviens dans deux minutes


Nath
Titre: Re : Envie de rouvrir le livre...
Posté par: Aliotis le 09 avril 2013 à 19:10:28
Me re-voilà,

Le soleil revient ce soir, les jours grandissent. Cela me rappelle qu’Éric est mort un 22 juin, la veille nous fêtions le plus grand jour de l'année.
Il faisait déjà chaud, l'été qui a suivi se révéla caniculaire.

Depuis plusieurs semaines nous savions que ce week-end là nous nous rendrions en Suisse, chez ma sœur, sa fille cadette allait faire sa communion.
Nous avions emménagé dans notre maison (où nous vivons toujours) deux ans auparavant, un rêve de couple: une maison à la campagne, certes loin du boulot, mais où nos deux fistons grandiraient en plein air, loin des bouchons de Lyon.
Pour conjurer les embouteillages des trajets boulot-maison, mais surtout pour réaliser un rêve de gosse, mon amoureux (ma vie, mon ange, mon ami, mon chêne) décida de passer son permis moto. Il me disait "c'est mieux que je le fasse la trentaine passée, à 20 ans j'aurais fait le con". Il l’obtint en 2002, non sans mal (grèves, appendicite, examens reportés, parfois je lui disais "tu es sûr que tu dois l'avoir ce permis?").

Ce week-end là, il me dit "pars en voiture avec les gars (nos zouzous 6 et 3,5 ans), moi je voudrais profiter pour me faire plaisir, tranquille sur ma moto, on se rejoint là-bas". Moi, pour la première et la seule fois, je n'ai pas fait de salade, je me suis dit "si ça le rend heureux, ça le détend", je lui ai dit "ok, on fait comme ça, t'es sage, hein?".

La veille, j'avais eu un entretien préalable au licenciement, la pauvre boîte au j'essayais de travailler ne décollait pas. Mais ce n'était pas grave, j'avais mon cocon familial et mon homme, c'est toute ce qui comptait. J'avais l'avenir devant moi.
Titre: Re : Envie de rouvrir le livre...
Posté par: Aliotis le 09 avril 2013 à 19:32:20
(suite)
Le samedi, on est partis, les enfants et moi, avant Erico. Deux heures et quelques de voiture, tranquille tous les trois, on s'est retrouvés là-bas le soir, avec les amis et la famille. Eric avait voyagé de son côté, bien arrivé, nous aussi, on était de nouveau réunis, super heureux. Le soir, on a fêté le 21 juin sur la terrasse de ma sœur. Le bonheur, c'est simple comme chou: des copains, du beau temps, un peu de vin, le soleil, la chaleur de juin. Mes problèmes de boulot étaient oubliés, bien minimes et futiles, la confiance était totale!

Une fois la soirée finie, les garçons dormant,  nous avons passé un moment tout les deux, seuls. On est allés se promener dans le quartier pavillonnaire où nous étions, pas loin du Léman, bras dessus-bras dessous, heureux, amoureux comme au premier jour. Le 19; tris jours avant, nous fêtions nos 10 ans de mariage, on n'avait rien vu passer, pas forcément envie de faire une grosse fête,  mais tellement bien ensemble. Puis retour dodo avant la grande journée du lendemain.

Le lendemain, 22 juin, plein de monde devait venir pour entourer ma nièce pour sa communion. Nous avons, ma sœur et moi, perdu nos parents tôt, trop tôt, et ce type d'événement (baptême, anniversaire, communion) était une joyeuse occasion de célébrer la vie qui continue, avec nos mecs, nos enfants, nos familles (oncles, tantes, enfants), une sorte de revanche souriante, la vcie qui a tous ses droits... Ce fut une belle journée, bien chaude déjà, mais vraiment joyeuse. La cérémonie, la réception, tout était joyeux.  Eric, comme à chaque fois qu'il faisait de la moto, n'a strictement pas bu une goutte d'alcool. Il a géré le barbecue avec mon australien de beau-frère, ils ont rigolé avec tout le monde et nous aussi. Ma nièce, la communiante, était tellement heureuse d'être aussi entourée. Bref, c'était une jolie journée.

Il faisait bien chaud, j'ai décidé de partir vers 20h00 le dimanche, qu'il fasse moins chaud dans la voiture avec A et V, nos fils. Eric est parti un peu plus tôt, vers 18h00, il bossait le lendemain. On s'est embrassés, un peu vite, un peu comme au quotidien,  je lui ai dit "je t'aime", comme à chaque fois que je le voyais ou le quittais. La dernière image que j'ai de lui vivant, c'est au bout du chemin, chez ma sœur, quand il a tourné à droite pour pendre la route qui menait à Genève...
Titre: Re : Envie de rouvrir le livre...
Posté par: Aliotis le 09 avril 2013 à 19:42:39
(suite 2)

Vers 20h00 il m'a appelée, il avait fait une halte sur la route pour boire un coca. On a parlé rapidement, je lui ai dit "à toute" et je crois, je ne suis pas sûre que je lui ai dit encore "je t'aime". Je le lui disais souvent, tout le temps, mais après, avec le choc, je n'ai jamais retrouvé avec certitude le souvenir de le lui avoir dit.
J'ai pris la route, je suis rentrée avec nos fils qui dormaient à l'arrière, fourbus par cette journée de jeux et de fête.
Eric n'avait pas pris l'autoroute, moi oui. Environ 50 km avant Lyon, j'ai eu une drôle de sensation. Il était peut être 22h00. J'ai décidé de l'appeler pour lui dire qu'on arrivait. J'ai eu sa messagerie. Toute la fin du trajet, j'ai essayé de l'appeler. Messagerie. Je me disais "il est rentré, il dort". Quand je suis arrivé à la maison, personne. Pas de moto, pas d'amoureux. Le choc. Je crois que mon corps a su avant ma tête.
J'ai couché les enfants, vite, avec le prétexte qu'il fallait se lever le lendemain pour l'école.
Puis j'ai cherché le numéro de tel de la gendarmerie du département d'où il m'avait appelé en dernier. Ils m'ont dit qu'ils me rappelleraient. Ils m'ont rappelée dans les 5 minutes. Une patrouille venait me voir. Il était 23h00, 22 juin 2003. La fin de mon monde.
Titre: Re : Envie de rouvrir le livre...
Posté par: Aliotis le 09 avril 2013 à 19:56:17
Voilà,

merci à ceux qui m'ont lue.
Je n'ai pas réécrit cette histoire depuis si longtemps. Ma psy me parle de cette "capsule traumatique", oui, traumatique elle l'est.
J'ai pris un immeuble de 20 étages sur la gueule ce soir là. Je ne trouvais plus la sortie, le choc, total, sourd, la tête en compote.
Je n'ai pas dormi de la nuit, bien sûr, j'ai erré comme un fantôme, avec un des ses Tshirts, comme un doudou. Fini, mort, sans moi, avec des gens qui ne le connaissaient même pas. Sur l'asphalte. Comme un chien.

Des membres de la famille et une voisine a été appelés pour ne pas me laisser seule. Ils m'ont entourée, je n'étais pas seule. Et en même temps tellement, horriblement seule. Et les enfants qui dormaient dans leurs chambres, au fond du couloir...

L'enquête révélera que l'accident n'a pas de véritable cause majeure: pas de vitesse exagérée, pas d'alcool, juste (putain, "juste"), une conjonction de faits: un virage mal négocié, une glissade, une voiture qui, si elle était arrivée deux minutes avant ou 30 secondes après, ne l'aurait pas tué.

Voilà, on est peu de choses. Trop peu de choses.
Depuis, par moments c'est l'horreur, d'autres fois c'est la paix.

Je déteste la route maintenant. Je la hais. J'adorais conduire, je n'aime plus.

Mes enfants grandissent sans leur Papa, je vieillis sans mon homme.
Je hais la moto, je hais les voitures.

Pardon, mais ça fait du bien, même si ça fait encore mal.

Nath

Titre: Re : Envie de rouvrir le livre...
Posté par: mitzou le 09 avril 2013 à 20:12:25
Bonjour,

Comme je vous comprends, je vis comme vous le manque de mon mari depuis l'année 2000 et de mon fils de  17 ans depuis 1998, voyez vous je pense tous les jours à eux, ils me manquent tellement et je n'en parle jamais, avec qui pouvons nous parler de ceux disparus des yeux de monsieur et  madame tout le monde parce que oubliés mais si vivants pour nous.
Il me reste un fils qui a perdu son papa très jeune aussi et son frère, je vis pour lui, rien que pour lui et je cache mes émotions car il a besoin d'une maman très forte.
Je vous embrasse, je suis très touchée par votre histoire, un cataclysme dans nos vies mais pour nos enfants nous allons de l'avant avec nos amours blottis en nous.
Titre: Re : Envie de rouvrir le livre...
Posté par: Aliotis le 09 avril 2013 à 20:36:22
Bonsoir Mitzou,

comme je vous comprends aussi, c'est si dur! Vous avez bien reçu aussi!
Pourtant, la vie continue, j'ai retrouvé un compagnon, un job, mes fils vont bien...
Mais moi, je craque, je me fissure, trop gardé, trop stocké, trop endigué...trop assuré.
Oui, à qui raconter maintenant combien cet homme était exceptionnel (et je le pensais avant sa mort!!)?
Même ses parents n'en parlent plus beaucoup, c'est inouï! Alors qu'ils adoraient leur fils, comme tous leurs enfants!
C’est dingue, je crois que de voir nos fils grandir et lui ressembler (chacun à sa façon, ado) me rappelle cet homme qui me manque tant....malgré tout.

Et tant mieux si je pleure maintenant...
Bises

Nath

Titre: Re : Envie de rouvrir le livre...
Posté par: Chris-ka le 09 avril 2013 à 21:12:45
Bonsoir Nath,

Beaucoup d'émotion en lisant ton histoire ... Mais aussi parce qu'elle me fait penser a quelqu'un qui se reconnaitra si elle nous lit ce soir.

Et puis un petit clin d'oeil aussi parce que j'habite a Lyon ; mais qui a dit qu'il y avait des bouchons dans notre belle ville ?

C'est fou, comme même au bout de 10 ans, l'instant du drame reste a jamais gravé dans les moindres détails. Ton expérience, ton recul m'intéressent beaucoup et j'aimerais en savoir plus mais en même temps me font peur quant a la notion de temps, même si je sais que chaque histoire est différente.

Nous espérons tous tellement que le temps adoucira, apaisera notre douleur, notre peine ....

Je t'embrasse
Karine
Titre: Re : Envie de rouvrir le livre...
Posté par: Aliotis le 10 avril 2013 à 09:33:45
Bonjour Karine!

contente de t'avoir appris qu'à Lyon, il y a des bouchons  ;).

Avec tout le travail que j'ai fait et continue de faire sur moi même, je sais maintenant une chose: je n'ai pas assez pris soin de moi et de ma douleur alors...c'est probablement pourquoi les détails sont encore aussi nets. Ceci dit, je pense que les détails restent, c'est l'intensité émotionnelle qui s'émousse, petit à petit. C'est ce que je vis enfin en ce moment.
Je viens de lire ce matin une lettre à laquelle je suis abonnée, si cela t'intéresse je te dirai de quoi il s'agit. Je suis souvent étonnée de la concordance qu'il peut y avoir parfois, du style "oh, ça parle exactement de ce que je ressens en ce moment, ça c'est dingue"!
Et bien ce matin, il y a un témoignage d'une dame qui, elle aussi a connu un deuil, et qui dit qu'une pensée lui a permis de tenir, d'avancer, et même de dissoudre petit à petit la tristesse et la colère. Et en cet instant, je la crois profondément. Elle décrit exactement ce que je ressens. La voilà, de mémoire: "c'est l'amour, et non seulement le temps, qui guérit tout".

Pour moi, ça sonne vraiment juste: l'amour que je me suis refusé, l'amour que je n'ai pas pu recevoir, l'amour que je n'ai pas pu donner, l'amour d'Eric au delà de son absence, que je n'ai pas pu ressentir pendant si longtemps, murée dans ma douleur contenue. Cet amour que j'accueille enfin, et qui me porte de nouveau, chaque jour un peu plus.

C'est tout le sens de ma venue ici. Depuis 10 jours, en arrêt car totalement surmenée, j'essaie de vous dire: "ne faites pas comme moi, donnez vous la paix que vous pouvez vous donner, petit à petit, et elle grandira, vous portera". L'amour pour vous-même vous portera toujours. Je ne parle pas d'égoïsme, ni d'égocentrisme. Mais d'amour pour vous. Même si ce n'est pas naturel, bizarre, pas conventionnel (suivant les histoires, les familles, les entourages, enfin pour moi ce fut le cas).

C'est moi qui me suis fait souffrir pendant aussi longtemps, et c'est mon chemin actuel: dénouer ces noeuds intérieurs, patiemment, avec douceur. Et j'ai confiance, enfin confiance. Et ce site est un cadeau de valeur, ainsi que le travail de Christophe FAURE que je découvre avec joie depuis une semaine. Que donne-t-il cet homme, si ce n'est de l'amour?

Prends grand soin de toi!
Bises des Monts du Lyonnais!

Nath
Titre: Re : Envie de rouvrir le livre...
Posté par: Antje le 10 avril 2013 à 10:30:09
Oh Nath...

J'ai lu ton message hier soir, je voulais te répondre mais je n'ai pas pu, j'étais en larmes.

Ton histoire fait écho à la mienne : un accident de voiture aussi... Mais moi mon histoire, je ne pleure pas quand je la raconte : les derniers instants, le bisou avant de partir en se souhaitant une bonne journée, le fait d'être passée devant l'accident car j'empruntais le même trajet 20 minutes plus tard, la vision de cette voiture accidentée sans savoir si c'était la sienne ou pas, sans savoir qu'il se trouvait dedans et qu'il était déjà trop tard, l'angoisse qui monte, l'annonce...
Je ne sais pas si c'est le fait de l'avoir racontée tant de fois aux proches, ou plutôt le fait que cela me semble encore tellement irréel, en tout cas j'en parle avec beaucoup de recul, comme si c'était arrivé à quelqu'un d'autre.

Voilà, quand je raconte mon histoire je ne me connecte pas avec mes émotions, mais en lisant la tienne, ce sont mes émotions à moi qui sont remontées...

Merci d'avoir partagé ton histoire, et merci de m'avoir permis de me reconnecter, c'était douloureux mais j'en avais besoin...

Je t'embrasse.
Antje
Titre: Re : Envie de rouvrir le livre...
Posté par: Aliotis le 10 avril 2013 à 21:25:24
Bonsoir Antje,

Tant mieux si cela t'a permis de te reconnecter. Le choc est tellement fort que la psyché nous protège d'une façon formidable sur le coup. Ensuite, petit à petit cette protection se dissout, le processus continue...pas facile en effet.

Ton histoire aussi fait écho pour moi, tu sais...cela m'aide à sortir un peu de ce que je n'ai pas pu sortir jusqu'ici.
Merci Antje,
Je t'embrasse aussi.

Nath
Titre: Re : Envie de rouvrir le livre...
Posté par: elo73 le 10 avril 2013 à 22:07:24
Bonjour a toutes, Cela fait un petit moment que je n écrit plus, plus la force, l envie... Presque 15 mois qu il est parti. Oui Karine tu as raison vos histoires Nath et Antje me replonge dans la mienne. Moi aussi je peux raconter les derniers instants comme si tout ceci n etait pas ma vie, sans émotion en effet. J enferme l accident dans une boite et parfois ça s ouvre et la douleur apparaît, je l a met a distance car pour le moment je ne peux pas l affronter. Je me noie dans le travail, je vois mes amis, je porte mon masque, je suis presque normal et pourtant rien n est plus. C est un grand vide une zone aceptisee comme dirais ma psy je lutte contre l effondrement et j ai peur de la suite. Vais je réussir a me relever? Vais réussir a vivre sans lui? Qui serais je devenue dans 10 ans? Trop de question et une seule réponse je ne sais pas. Je vous embrasse. Elodie
Titre: Re : Envie de rouvrir le livre...
Posté par: Aliotis le 11 avril 2013 à 09:03:55
Élodie,

Je ne te connais pas (encore) mais je t'embrasse fort.
Nath
Titre: Re : Envie de rouvrir le livre...
Posté par: *Ephémère* le 11 avril 2013 à 09:33:53


Chère Elodie, cet effondrement que tu évoques est tellement anxiogène ....
Tellement redouté, qu'il n'est pas rare, face à une très grande épreuve, de s'échapper de la pensée par l'action ; agir pour ne pas sombrer...
La pensée qui nous ramène si vite à notre malheur ; à l'absence, au manque, à la douleur.

Alors oui, bien sûr, sans doute sommes-nous dans l'évitement parfois. Trop souvent, peut-être ?
Mais heureusement que nous pouvons être aidés par des psychistes compétents. Capables de nous soutenir tout au long de ce travail difficile et coûteux de  remise en lien avec une réalité dans laquelle il nous faut apprendre à vivre.

Voilà, c'est ce que je nous souhaite : parvenir à vivre, à réapprendre à vivre dans cette nouvelle réalité.

J'espère que cette journée sera sereine et sans larme pour chacun de nous.


Titre: Re : Envie de rouvrir le livre...
Posté par: QUENOUILLE87 le 11 avril 2013 à 09:43:50
Bonjour à vous,

Très longtemps que je ne suis pas intervenue, mais je continue à vous lire, par régulièrement, juste de temps en temps.

Le temps accomplit son œuvre, beaucoup moins de larmes, mais le chagrin est toujours là.

L’anniversaire des 1 an est arrivé le 27 mars, et bien que ce ne soit qu’une date, tout s’est bousculé dans ma tête, tout est revenu. Le choc de la découverte de mon amour mort au petit matin, les appels à mes filles, à ma famille, à mes amis. Et tout ce qui en découle ensuite. Je l’ai trouvé mort à 5 h, et à 10 h 30 je choisissais déjà un cercueil. Tout ce que l’on a accompli comme un robot dans les semaines, les mois qui ont suivi le décès.

Alors oui, je sors, je souris, je ris, je me fais belle, je me fais même draguer, mes amis disent que je vais très bien, qu’ils sont étonnés, mais tout est encore enfoui, prêt à ressurgir comme ce matin, où, allez savoir pourquoi, un flot d’émotion est remonté, et j’ai de l’eau plein les yeux.

Prendre soin de nous, oui, mais comment ? La vie seule est tellement speed, à tout organiser pour les enfants, la maison à entretenir quand tout lâche de partout, le jardin, etc, etc…..

Allez, hauts les cœurs, je ne vais pas vous sapper le moral, je vais me reprendre vite.

Je vous embrasse.

Nathalie
Titre: Re : Envie de rouvrir le livre...
Posté par: elo73 le 11 avril 2013 à 11:51:23
Bonjour à toutes et tous,

Nath, j'ai découvert ce site il y a 13 mois alors il est normal que tu ne me connaisses pas, si tu vas dans mes anciens messages tu verras pourquoi ton vecu et celui de Antje me parle et pourquoi Karine qui est devenue une amie a pensé à moi à la lecture de tes messages ( même âge, même circonstance de décés). Je suis un peu comme elle curieuse de savoir comment on est après 10 ans :)

Ephémére merci pour ton mot, je suis bien consciente de cet effondrement et de la nécessité "d'y passer". Ce qui est surprenant c'est la lucidité dans laquelle je suis par rapport à ma situation. Le deuil n'est pas facile à faire, le traumatisme de l'accident loin d'être évident à gérer: ces images..., les pertes de projet (enfant, mariage...) ne sont pas faciles à accepter, la lutte contre certains n'en parlons pas...

Oui Nathalie les 1 an sont une épreuve mais finalement toutes ces journées passées sans lui le sont tout autant. Moi aussi je pleurs encore très souvent même si beaucoup moins, la mise à distance des émotions en est une des causes. Je suis contente en tout cas d'avoir de tes nouvelles, nous parlions justement avec Karine la dernière fois des personnes présentes à Bourges.

Avec le temps qui passe je pense que prendre soin de soi c'est tout simplement être aussi clémente avec nous qu'on le ferais pour une amie en de telles circonstances. Tout un programme :)

Une Bise à tous

Elodie
Titre: Re : Envie de rouvrir le livre...
Posté par: Aliotis le 11 avril 2013 à 13:28:41
Oui, Elodie, c'est exactement ça, je crois.
C'est nous parler à nous même comme si nous étions notre meilleure amie, une amie qui nous aime de façon absolue et inconditionnelle.
C'est pas si simple, en effet ce programme, ce n'est pas moi qui vais dire le contraire...mais ça aide beaucoup.

Je pense qu'en essayant d'être amicale à soi-même, 10 ans après on est moins amochée (je parle du plan émotionnel) que moi, pour être honnête.
Mais il n'est jamais trop tard, donc je m'y suis mise depuis quelques temps, c'est sûr c'est un grand changement! Et du coup, les vannes se sont rouvertes...

Je me suis mal exprimée tout à l'heure. Je disais "je ne te connais pas, mais je t'embrasse fort", pour "même si on ne se connaît pas plus que ça encore, j'ai vraiment de la compassion pour toi car ton histoire résonne pour moi". Pardon de ne as avoir été plus claire.

Bises
Nath
Titre: Re : Re : Envie de rouvrir le livre...
Posté par: Aliotis le 11 avril 2013 à 13:44:26
Bonjour Nathalie,


Prendre soin de nous, oui, mais comment ? La vie seule est tellement speed, à tout organiser pour les enfants, la maison à entretenir quand tout lâche de partout, le jardin, etc, etc…..


oui, c'est exactement ce que j'ai vécu: les enfants, petits, la grande maison à garder ou pas, les démarches, les batailles avec assureurs, notaires, boulot à retrouver et tout le toutim. Le jardin, oui, aussi, alors que je ne m'en occupais pas à l'époque.
Je n'ai pas osé demander plus d'aide, de présence. Trop peur de déranger, d'ennuyer mon entourage. Je regrette amèrement aujourd’hui.
Le soir, dans mon lit, j'avais envie de pleurer mais je me retenais, trop peur de tout lâcher, de ne plus être efficace le lendemain. Et pourtant, j'avais des trucs à me dire à moi même. Un petit moment chaque soir que me demandait mon cœur pour faire le point. Je le lui ai refusé.
C'est exactement comme, en réunion, imaginons que le trésorier a un truc à dire, à chaque fois qu'il lève la main le président lui dit "pas maintenant, trop occupés", une fois deux fois cent fois, et on parle de plein de trucs importants, mais on ne donne toujours pas la parole au trésorier. A la fin, ce trésorier, qui veut signaler, simplement, qu'il n'y a plus un rond dans les caisses, finit par taper du poing sur la table et hurler pour qu'on l'écoute...

A bientôt,
Des bises
Nath
Titre: Re : Envie de rouvrir le livre...
Posté par: Caroline3 le 11 avril 2013 à 14:23:23
Reste qu'après un certain temps (entendre quelques petites semaines), les gens (entourage) veulent passer à autre chose et nous voir retrouver la même énergie, les mêmes activités qu'avant.

Or, c'est impossible et si on (je) le fait, c'est que le corps avance sachant que l'esprit n'y est plus du tout. C'est extrêmement néfaste.

Aller chercher de l'aide, dans mon cas, ne peut se faire avec mes "proches", mais avec un psy ($$), un docteur, une personne qui a déjà vécu le deuil d'un très-très proche avec qui il vivait à tous les jours.
   
Le "Comment ça va?" veut dire: "J'espère que tu vas bien".
Titre: Re : Envie de rouvrir le livre...
Posté par: Antje le 11 avril 2013 à 20:54:28
Bonjour à tous,

Bonjour à toi, Élodie,
J'avais lu ton histoire sur le forum, et effectivement je m'étais beaucoup retrouvée dans ton récit, dans tes interrogations, dans la famille que tu n'as pas eu le temps de fonder avec ton amoureux...
Du coup, ça me fait plaisir de te lire ici et d'échanger avec toi, et en même temps j'ai mal au cœur de te retrouver si triste.

Merci pour tous vos messages qui mettent du baume au cœur.
Je vous envoie toute ma tendresse,

Antje
Titre: Re : Envie de rouvrir le livre...
Posté par: *Ephémère* le 11 avril 2013 à 21:09:50


Quelle jolie idée : "comme si nous étions notre meilleure amie, une amie qui nous aime de façon absolue et inconditionnelle".
Voilà, il faudrait parvenir à prendre soin de soi, comme nous le ferions pour notre meilleure amie...



Titre: Re : Envie de rouvrir le livre...
Posté par: Aliotis le 12 avril 2013 à 13:41:17
bonjour Véro,

quel beau message celui de cette dame! Magnifique, j'en ai des frissons!

oui, le sens de la douleur en elle même est bien difficile à trouver. Bien difficile.

C'est bien qu'il y ait ces modules sur le site pour comprendre ce qui se passe lorsqu'on arrive à la déstructuration. Personne n'a pu à l'époque m'expliquer cela de cette façon, j'ai vraiment eu très peur car je ne pouvais pas comprendre ce qui m'arrivait. Grâce à cela, les mots que je mets maintenant sur mes maux d'alors (qui, du coup, ne sont pas complètement résolus, ce que je cherche à faire actuellement) m'aident à reprendre cette cicatrice un peu moche, un peu tordue, sur mon cœur. A cette époque, je n'ai pas pu rouvrir le livre, je pensais devenir folle, je ne savais pas. Je me jugeais violemment, me trouvais faible et anormale, j'ai tout emmuré à l'intérieur de moi. Parce que je faisais confiance à mon environnement, à des proches qui me disaient, "allons, ça fait un an quand même, il faut bien arrêter de pleurer un jour, regarde comme d'autre sont plus malheureux que toi...", et pas à mon cœur qui me demandait une pause. Un temps, un moment pour l'entendre crier sa douleur.


Je sais ô combien demander de l'aide est difficile, à tel point que je n'ai même pas essayé...c'était insurmontable pour moi.

Tu t'accompagnes bien, c'est une belle idée que tu as eue (faire comme pour les personnes de l'EHPAD), cela n'empêche pas de traverser cette phase difficile, mais au moins je sens que tu seras bien plus indulgente avec toi même que je ne l'ai été. Tu ne rajouteras pas la souffrance inutile à la souffrance inéluctable.

Ce matin, j'ai rouvert le placard à photos, soigneusement fermé depuis longtemps. Une envie, réelle. J'ai pleuré comme une fontaine, mais maintenant je me sens mieux. Toutes ces larmes viennent de loin, d'il y a longtemps, et je ne les avais pas acceptées. Elles ne sont pas parties toutes seules. Maintenant, elles sont sorties. Et, au moins, je ne m'auto traite plus de nouille dépressive (ce que je me suis ressassé si longtemps, et qui, tu t'en doutes, n'a pas vraiment accompagné le processus...).

Je te souhaite plein de paix pour ce passage difficile, ça peut te paraître incongru comme formule, mais je te souhaite la paix, vraiment.

Tu fais un beau métier,

Bises, bises à tous, partageons notre courage, nous en avons bien plus que nous ne pensons.
Nath
Titre: Re : Envie de rouvrir le livre...
Posté par: Caroline3 le 13 avril 2013 à 06:54:58
Tellement. tellement d'éléments dans tous les posts...

Véro, tu as tellement, mais tellement raison de mentionner qu'à l'époque, on le savait, juste au vêtement que l'autre portait... on avait du respect pour la situation.

Au moins.

---

Nathalie:

Citer
Et, au moins, je ne m'auto traite plus de nouille dépressive (ce que je me suis ressassé si longtemps, et qui, tu t'en doutes, n'a pas vraiment accompagné le processus...).

Ça, suis contente de l'entendre d'une autre personne: j'ai tellement peur d'être diminuée devant les autres! Ouais, ouis, "il ne faut pas"... mais ce sera comme ça: ils verront une femme qui ne pouvait pas travaillée parce que dépressive de son mari mort depuis 3 ans...

D'ailleurs, comment aurais-je réagi si je ne l'avais pas vécu? Peut-être en pire? Je souhaite que non.

L'unique réponse: décider de ce qui se passe dans ma tête et même si je pense à ce que les autres pourraient penser, passer outre, et vivre ce moment présent, Là, là, là!!!

Et surtout: "Accepter l'inadmissible".

J'y arrive, oui, j'y arrive. :)

Bisous, Caro xx
Titre: Re : Envie de rouvrir le livre...
Posté par: Aliotis le 16 avril 2013 à 17:09:49
Bonjour Caro,

je reviens après quelques jours d'absence.

Ton message est fort, plein d'énergie. Tu as bien compris: laisser partir ce que pensent les autres car c'est dans leur tête que ça se passe.
Le problème c'est qu'on besoin d'aide, de présence, de douceur, d'humanité.
Alors trouver, je ne sais pas trop comment, une solution pour obtenir le soutien dont on a tant besoin...
Bien sûr, admettre devant les "autres" que l'on est fragilisé, ça peut être terrifiant (j'en sais quelque chose).
Pourtant, j'avoue, depuis que je suis arrêtée, je commence à voir le regard des autres changer. Il y a ceux qui comprennent, ceux qui pensaient bien que ça arriverait sans trop savoir comment (mais qui n'ont jamais osé me parler), ceux qui sont désolés de ne pas avoir vu (mais je ne montrais pas assez, ça c'est moi qui le dis), ceux qui s'en foutent, ceux qui ne m'ont pas encore appelée et que je n'appellerai pas...bref, la vie, quoi.
Et, enfin, se rendre compte du courage que nous avons pour traverser ce passage si dur. Et remercier notre cher disparu pour la force qu'il nous a donnée: son amour.

Je t'envoie plein de sourires  :) :) :)
et des bises  :-*

Ainsi qu'à tous ceux et celles qui nous lisent.

Nath
Titre: Re : Envie de rouvrir le livre...
Posté par: Caroline3 le 16 avril 2013 à 21:28:41
Nathalie, tu as arrêté de travailler?

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Ah ben, là, l'énergie est descendue pas mal bas.

Pas trop l'occasion de penser à ce que les autres pourraient penser. Je rencontre si peu de personnes ces temps-ci. Juste ma fille, sa copine et quelques voisines. That's it.

Quoique, comme je suis redevenue dans mon marasme, je me démolie intérieurement un peu trop. J'ai plein de jolies choses à faire que je ne fais pas. Sauf quand ma fille est avec moi, alors, je redeviens "normale"...

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J'ai aussi arrêté d'appeler ceux qui ne tentent pas de me rejoindre (depuis le décès et de mon arrêt de travail). C'est ainsi. Ni bon, ni mauvais. Moi qui étais plutôt du style fidèle "pour la vie"... Voilà que pas mal d'amitiés (et même la famille) ont pris le bord d'un ailleurs meilleur pour eux.

Titre: Re : Envie de rouvrir le livre...
Posté par: Aliotis le 18 avril 2013 à 23:49:12
Merci de ton message à la fois émouvant et plein de lumière, Coeur!

Prends bien soin de ton... cœur!
Nath
Titre: Re : Envie de rouvrir le livre...
Posté par: Aliotis le 19 avril 2013 à 18:27:55
@ Caroline,

oui, je suis en arrêt, ça a commencé avec une énorme fatigue, une infection ORL qui a mis du temps à se soigner, puis une prise de conscience, de ma part: stop, il faut que je fasse une pause. Trop de stress pas assez géré.
J'ai encore deux semaines devant moi pour continuer de prendre soin de moi comme jamais je ne l'ai fait.
Cela fera 5 semaines au total, du jamais vu pour moi, hors BB ;)
Et cela me fait vraiment du bien.

J'ai couru comme une dingue pendant des années, pour m'étourdir, géré au mieux pour mes enfants qui vont bien, j'ai bien bossé ;).
J'ai repris une thérapie il y a presque un an, pour apprendre à gérer le stress, boulot etc. J'ai appris des tas de choses, des méthodes qui marchent. Avec quand même, toujours cette sensation d'un truc bien lourd "collé au fond du sac".
Et, lentement, à mon rythme, j'ai pu moi-même mettre le doigt sur ce qui n'allait pas: deuil pas complètement intégré. Douleur et tristesse encore là, mises en sourdine depuis, oh...
C'est là que je vois la délicatesse de ma thérapeute: elle m'a guidée, mais c'est moi qui ai enfin admis, accepté.
Si elle m'avait dit "vous avez un traumatisme pas résolu, un deuil pas complet", j'aurais claqué la porte et serais partie voir ailleurs.
Mais là, c'est de moi-même que je me suis rendue à l'évidence: j'avais tellement peur d'une dépression que j'ai refusé d'accepter le vécu dépressif, la phase de déstructuration. Je suis restée collée dedans, et j'aurais pu finir par une vraie dépression. A priori je me suis posée avant. Ouf.

La cicatrice va un peu mieux, elle est moins moche. Et je reprends des couleurs, je commence à bien voir qui je suis devenue après tout ça. Je commence à comprendre les "cadeaux du deuil" (l'expression peut choquer, mais je crois que cela parle quand même). C'est pas gagné complètement, mais c'est sur le bon chemin.

Reste (!) à me pardonner à moi même (et mon entourage?) ces années de souffrance supplémentaire que je me suis imposée, ou que la vie (le boulot, les finances, les soucis du quotidien, l'entourage éloigné) m'a imposées.

Mais on y arrive, un jour...

J'appréhende un peu le retour au boulot (stressant en lui-même). Je pense voir mes boss dès ma reprise, et poser des choses. Je ne veux pas repartir dans le délire (super salariée toujours prête à tout) auquel je les ai habitués...

Mais chaque chose en son temps...j'ai deux semaines devant moi pour ancrer les bonnes choses que je vais essayer, non, faire pour moi chaque jour.

Je t'embrasse j'espère que tu vas bien.

Prenez tous et toutes bien soin de vous, vous le méritez tellement!

Nath

Titre: Re : Envie de rouvrir le livre...
Posté par: Aliotis le 22 avril 2013 à 14:43:59
Chère Vero,

merci de tes bisous, et pour ton message.
Oui, j'ai bien fait, j'en suis convaincue.
Les choses évoluent, la vie change, il était grand temps que je l'accepte enfin!!
C'est en bonne voie en tout cas!

Bisous aussi!!

Nath
Titre: Re : Envie de rouvrir le livre...
Posté par: Aliotis le 05 mai 2013 à 19:26:44
Bonsoir à tous,

quelques news: à compter de demain je ne serai plus en arrêt mais en vacances, ce qui va psychologiquement changer un peu la donne quand même. Je reprends le boulot le 13 mai, ça me fait quelques papillons dans l'estomac..six semaines d'arrêt, c'est peu, c'est beaucoup, je ne sais pas. Que vais-je trouver à mon retour?  Je n'en sais rien. Ou plutôt si, probablement un changement: j'ai clairement dit en annonçant mon arrêt que je devais traverser une phase personnelle importante, pour pouvoir reprendre pied et avancer de nouveau. Les retours ont été encourageants "on comprend", "on est de tout cœur avec vous". En fin de compte, j'ai de la chance. On verra ce qu'il se passe de toute façon. Carpe diem. Pourrai-je m'autoriser à mon retour au boulot  à rester ce que je suis maintenant, c'est à dire vraie, ou vais-je remettre mon costume de wonder-woman?  J'ai encore un peu de temps pour me préparer à rester moi-même, même au travail. Savoir dire "stop", "non", ou "oui" avec le cœur.

J'ai le sentiment d'avoir fait beaucoup, non, été beaucoup. Être au lieu de faire, un luxe que je ne m'étais pas permis depuis...une éternité. Je vais continuer cette semaine, écrire encore des pages et des pages sur un cahier qui me soulage tant, méditer, marcher, organiser, imaginer, poser.

Mais une chose est claire: j'ai maintenant dans le cœur un endroit imaginaire  où je retrouve mon mari, mes parents (partis eux aussi trop tôt), un endroit magnifique où je m'autorise à être triste, où je les rencontre, je leur parle. Cet endroit m'a été suggéré par ma thérapeute il y a quelques temps, je le cultive, le vois de mieux en mieux. Je nous vois de mieux en mieux tous, souriants et heureux ensemble. C'est un havre de paix que je porte maintenant avec moi, tout le temps. Une grande inspir, une grande expir' et j'y suis. Et le stress descend.

J'ai l'impression d'avoir grandi, muri. J'ai rouvert le livre et l'ai parcouru plein de fois, mis des mots sur les maux, parlé à des photos, pleuré des litres, et je me sens mieux. En cours d'acceptation de ce que je pensais ne jamais arriver à accepter. C'est un sentiment de paix inhabituel, je vais essayer de m'habituer ;)

Les garçons finissent leurs vacances, ils reprennent demain. On a eu des beaux moments ensemble. Alexandre (fils aîné), m'a dit l'autre jour: "Maman arrête de stresser, tu as assuré avec nous, tu t'es donnée à fond, on va bien, c'est OK, pense à toi et arrête de te sentir coupable dès qu'un truc ne va pas"...J'en ai pleuré un bon moment, comme je l'ai déjà écrit, les enfants sont des guides extra.

Je vous assure: un jour on arrive à voir le bout. Prenez grand soin de vous.

Tendres bises

Nath

 
Titre: Re : Envie de rouvrir le livre...
Posté par: *Ephémère* le 05 mai 2013 à 20:42:21


Toi aussi, Nathalie, prends grand soin de toi.



Je souhaite à chacun une soirée tranquille et douce.



Titre: Re : Envie de rouvrir le livre...
Posté par: Aliotis le 06 mai 2013 à 22:41:15
Bonsoir!
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Merci Béa pour ton message! En fait le truc c'est que moi j'ai arrêté le boulot il y a un mois alors que ça fait bientôt 10 ans qu'Eric est mort; j'ai tenu cahin caha, j'ai eu des tas de passage à vide (crèves, grippes, dos bloqué), mais "hop vite on se ressaisit et on y retourne", et des tas de bons moments aussi. A l'époque du décès je ne travaillais plus (une longue histoire), j'ai trouvé un premier job un an après (après avoir évacué toutes les démarches, les bagarres avec les assureurs, le notaire, bref le binz habituel), puis un autre, et encore un autre. Et jamais je ne m'étais posée comme cette fois. Là j'ai su dire enfin STOP. Il y avait une infection ORL, et une grosse fatigue mais j'ai pu dire "j'en ai trop fait, je dois me poser et traverser". Au bureau, ils ont peut être compris je crois, je verrai lundi prochain. Et si ils n'ont pas compris, parce que "ça fait dix ans, quand même", on verra bien. Au pire, ça ne les regarde pas.
Et, oui, du fait que les garçons aient poussé j'avoue m'autoriser enfin à lâcher pour moi. Mais bon, je ne suis pas un exemple à suivre, j'aurais pu me faire vraiment mal. Mais c'est OK.
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merci Ephémère,
oui, j'ai bien compris la question des baisses de tonus....et l'importance capitale d'apprendre le plus tôt possible à gérer son stress par tous les moyens possibles...là aussi j'y travaille depuis un moment et ça prend tout sons sens, maintenant que j'ai enfin admis l'impact de ce deuil sur mon état intérieur.

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A tous: prenez grand soin de vous dès à présent! Vous le méritez tellement! Et surtout, croyez-moi: ne vous mettez pas la pression, la vie s'en charge, soyez vos meilleur(e)s ami(e)s!

Bises
Nath