Auteur Sujet: Envie de franchir le mur  (Lu 11170 fois)

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Hors ligne Régine

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Re : Envie de franchir le mur
« Réponse #15 le: 25 avril 2017 à 06:02:36 »
Pour Nora

<<Surtout qu'à force de lire que l'on continue pour ses enfants, ses petits enfants, moi qui n'en ai pas, j'en viendrais presque à " culpabiliser " de n'avoir aucun prétexte pour rester là.>>

Je comprends ce que tu veux dire. Je n'ai pas d'enfant non plus...et c'est pas pareil. c'est temps  ci , il m'arrive de penser beaucoup à cela..<<j'ai même pas d'enfants  >>..je trouve que c'est plus difficile pour nous ..le défi est encore plus grand de trouver un sens à notre vie...je pense! Enfin je continue de réfléchir là dessus.
Affection


Hors ligne Faïk

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Re : Envie de franchir le mur
« Réponse #16 le: 25 avril 2017 à 11:54:29 »
Je l'ai écrit ...

"Faillir dans ce rôle de mère »...

Je ne suis pas née maman, je le suis devenue de jour en jour ... A mes enfants, j'ai souvent exprimé le fait que moi, Faïk, j'ai été aussi une enfant, une ado rebelle et amoureuse et que cette vie de maman, je l'inventais chaque jour, avec mes doutes et mes certitudes. Jamais infaillible, mais toujours mue par l'amour que je leur porte.
Ils me pardonnent ce que je n'ai pu voir ou entendre, comme je leur pardonne ce qu'ils n'ont pas vu ou entendu.
Il ne peut y avoir de faillite quand il y a eu et qu'il y a encore et encore de l'amour.



Des veufs et veuves ...

 Le poids des conventions, des clichés ou de l'imaginaire collectif ?

Il semble que passé 40 ans, la seule option pour nous, femmes endeuillées, soit la perspective de combler notre chagrin  par la venue, plus ou moins proche de petit-enfants ... Ah bon ?
Des petits-enfants, j'adorerai sûrement ... mais c'est là le projet de mes enfants, pas le mien.
Pauvres gosses, même pas nés, et déjà la tâche assignée de soulager le vide de Mamie ...

La garantie "Petits-enfants" en cas de perte de conjointe me semble peu proposée aux hommes …




Encore aujourd'hui je suis terrorisée, comme toi, de vivre sans lui.
Encore aujourd'hui je n'arrive pas à croire qu'il n'est plus là.
Encore aujourd'hui je me sens seule au milieu de tous les autres.
Encore aujourd'hui j'ai envie de le rejoindre, pas un jour ne passe sans que j'y pense.

Je me suis perdue sans lui .. et même nos enfants ne peuvent me "porter", me retrouver ...  accompagner, oui sûrement et c'est en effet un "plus" , mais je ne les crois pas être le gage de ma "reconstruction" ... enfin c'est ce que je ressens personnellement ... l'amour de ceux qui sont les plus proches de vous ne réussit pas toujours à vous sortir de l'enfer ... Nous le lisons tous les jours ici ...
Nicolas et Pimprenelle m'accompagnent, nos chemins bien que s'entremêlant, sont assez solitaires : je ne peux que pleurer leur douleur d'enfants et les accompagner moi-même et s'ils peuvent porter ainsi que l'a dit Eva Luna celle de leur mère, ils ne portent jamais celle de la femme ... et en cela je suis ta sœur de souffrance.
Certains promettent des jours meilleurs dans l'espoir d'un environnement que nous n'avons pas présentement : des enfants pour les uns, des petits-enfants pour les autres.
Nicolas & Pimprenelle sont jeunes, auront-ils des enfants un jour ? Je ne peux pas me construire sur un projet qui n'est pas le mien, sur une vie, qui si elle est mêlée indéfectiblement à la mienne, ne sera pas ma vie … je ne veux pas vivre ma vie à travers eux, je veux juste vivre, si on peut appeler cela comme cela, avec eux, autour d'eux.


Aujourd'hui

De la reconstruction, avec ou sans enfants … A Régine, Nora, et toutes celles qui pleurent, avec ou sans.

 J'espère que personne ne se méprendra sur le sens de mon message, qui ne se veut pas une tribune féministe …
Dire que j'ai souvent dû débattre avec mon entourage pour exprimer mon ressenti, bien mal perçu parfois, n'est pas un vain mot.
Je ne sais pas si cela est dû au regard porté sur les femmes dans notre société ; mais après n'avoir eu d'existence sociale que mariée, aujourd'hui encore, dans l'inconscient (?) collectif, une femme doit être nécessairement mère ... et en tant que telle, avoir des "obligations" envers ses propres enfants.

Celle de soumettre ses propres désirs au bien-être de ses enfants. Cela a du sens pour moi, je souhaite le meilleur pour Nicolas & Pimprenelle, j'ai et je sacrifierai beaucoup pour eux. Ils sont indéniablement un soutien pour moi.

Mais le deuil, la perte de celui qu'on dit votre moitié vous renvoie à ce que vous êtes aussi, toujours, parfois oubliée pour certaines, une femme. Une femme qui pleure celui qui a été une grande part de sa vie.
Souvent on n'imagine pas pour elle d'autres ressources que celle de ses enfants. Ou peut-être vous dit-on machinalement car vaguement lu ou déjà entendu, une formule toute faite : « Mais tu as tes enfants, voyons ! ».
C'est nous dénier une part importante de ce que nous sommes … nous demander aussi un peu de nous oublier ... nous qui perdons déjà à ce moment notre identité.
 
La gazette de mon petit village fait état régulièrement de la rubrique nécrologique.

Toutes les femmes décédées y sont nommément inscrites sous cette forme :
Ernestine Tartempion, épouse (ou veuve c'est selon) Trucmuche, + le, à ….

Les messieurs sont quant à eux simplement inscrits sous leur patronyme :
Léonce Trucmuche, + le, à …
Pas besoin de savoir si ce pauvre Léonce est déjà veuf ou s'il laisse présentement une femme éplorée …

Comme s'il n'était ni possible ni légitime pour une femme de se positionner seule, pour exister ou pour reconstruire ce qui a été détruit.
On peut aussi n'avoir ni famille attentionnée, ni amis, ni chien toutounnant, ni même un facteur qui vous dépose avec le sourire votre déclaration d'impôts à remplir dans la boite aux lettres. Aucun prétexte alors … juste peut-être celui de ce qui ressemble à l'envie d'un peu de vie, sans culpabilité, sans avoir à justifier ni à se justifier.

Faïk, maman passionnément enfantée, femme seule, je pense à vous.

« Modifié: 25 avril 2017 à 20:07:52 par Faïk »

Hors ligne Eva Luna

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Re : Envie de franchir le mur
« Réponse #17 le: 25 avril 2017 à 20:50:43 »
"Je ne suis pas sûre d'être encore ici grâce à Nicolas & Pimprenelle, malgré tout l'amour que je leur porte ... c'est douloureux pour moi, pour eux, mais ils le savent et le comprennent ... l'amour des autres ne peut tout sauver, nous le savons."
Avoir des enfants...ou d'autres enfants...
permet peut être de nous retenir du coté de la vie... parfois...
mais ne donne pas un sens à cette vie..
le sens,chacun doit le trouver ou retrouver...

Ne pas avoir d'enfant... ne plus avoir d'enfant...
et je regarde ces personnes que je connais,puiser encore plus profond que moi...
des raisons de vivre ...de continuer...de ne pas" franchir le mur"...
et la vie est plus puissante qu'on ne croit...


Hors ligne *Ephémère*

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Re : Envie de franchir le mur
« Réponse #18 le: 27 avril 2017 à 12:09:20 »
"Et si derrière le mur y a personne?"...

Voilà une question fondamentale qui renvoie chacun de nous à ses propres croyances.
Une question qui s 'est imposée à moi lorsque j'ai découvert le voile que la camarde avait déjà étendu sur le regard de mon aimé, comme pour annoncer son inéluctable victoire, avant-même de l'emporter.
S'accrocher aux promesses de tant de religions : une autre vie pour "après...
Et espérer trouver le jardin d'Eden derrière le mur ;
Espérer retrouver mon adoré derrière le mur : bras ouverts, oeil malicieux, grand rire joyeux, quand à mon tour la camarde me prendrait dans ses voiles...
Et précipiter un peu les choses pour le retrouver plus vite ?

Oui, mais... "et si derrière le mur il n'y a personne ", hum ?
Vivre ; respecter à défaut de l'aimer à nouveau,  cette vie qu'il chérissait tant.
Continuer la route, chagrin et souvenirs en bandoulière.

A chacun son chemin ;
A chacun ses croyances.
*Ephémère*

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Hors ligne Régine

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Re : Envie de franchir le mur
« Réponse #19 le: 27 avril 2017 à 13:09:10 »

<< et si derrière le mur il n'y a personne >>

Des fois, je pense à cela aussi! C'est une pensée qui ramène au présent, à soi!
Qui ramène à un mur

Si on veut aller derrière le mur...c'est qu'on se sent face à un mur..difficile de reculer, comment avancer alors..
Peut-être en l'observant de plus près..en le logeant..en allant à droite , à gauche, s'asseoir en face et attendre..peut-être va t-il fondre au soleil...peut-être îl est moins haut que l'on pense..on peut grimper par dessus...en le contourner peut-être allons nous trouver une brèche...un trou...oups...en plus de réaliser qu'on est pas seule ou seul...en face de lui..

C'est peut-être plusieurs petits murs à traverser, dans mon cas c'est cela..ces dernières années , j'ai travaillé comme c'est pas possible sur moi..comme j'avais de la difficulté à traverser tous ces murs..je suis partie en voyage ã l'intérieur de moi-même...Qui étais-je devenue? Ou qui suis-je? Ou que m'arrive-t-il?

Savez-vous, îl y en a des brèches...gardez espoir!


Hors ligne souci

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Re : Envie de franchir le mur
« Réponse #20 le: 29 avril 2017 à 10:11:06 »

    Franchir le mur ...
    Réponse à l'un de mes protégés ce matin ...
    Problématiques différentes, un même seuil devant soi ...
    ^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^
     Mon cher R.,
     Mais voyons tu ne rateras pas ton année, tu vas étudier et REUSSIR tes exams de fin d'année haut la main et équilibrer tes notes, nomdidoum !

Je sais bien que tu aurais pu "mieux tomber" en stage, et donc y vivre des choses plus formatives, et donc fournir un rapport plus riche ! Ce n'est pas de ta faute et la vie est comme ça, elle ne nous donne pas TOUJOURS, la justice n'existe pas, c'est une notion née de l'esprit des Hommes, dans la vanité de l'esprit des Hommes !!!

Faut s'adapter et faire comme on peut, tu maudis notre société, elle est loin de n'avoir que des bons côtés, même ses "bons principes" ont des effets pervers, parce que les individus sont profiteurs, magouilleurs, "lapins crétins", c'est comme ça !

Trouve une société idéale si tu le peux, je te souhaite d'être mieux accepté et intégré "ailleurs" ... les indiens Kogis ... moi j'irais chez les indiens Kogis ... ou les Zoé ! Tranquilles-peinards, ces gens-là, pas trop de boulot, un peu d'artisanat, beaucoup de rêverie ... note, ch'uis kogi chez moi, huhuhu!

Je suis bien d'accord qu'une fusillade-suicide serait un geste bien malheureux, ne traduisant qu'une seule chose: l'échec personnel. Jamais, je ne cautionnerai un pareil dérapage, de même que je ne PEUX cautionner le suicide, parce qu'il est, hélas, un crime, un gâchis de potentiel, et un terrible héritage pour l'entourage.

A noter également que la disparition physique que tu envisages torturera à petit feu tes parents.

S'effacer est juste le signe que l'on ne veut/peut plus endurer de souffrance. Seuil létal ?

La souffrance fait partie de la vie. elle est DIFFICILE, mais elle n'est pas une fatalité face à laquelle nous ne pouvons développer de défenses, de stratégies, de dérivatifs, de souplesse, d'humour, de tendresse et d'espoir. Donne-toi DU TEMPS pour apprendre tout ça ! Des ANNÉES !

Il faut apprendre à prendre sur soi, à porter, et c'est bien plus sûr, plus fiable, crois-moi, que d'être porté !

Comme toujours, mon cher R., et je ne t'en veux pas pour ça, mais je me dois de te le remarquer car en prendre conscience est la première étape vers la guérison, comme toujours tu prévois le pire scénario, au lieu de Te faire confiance ... c'est terrible ! Ne pas pleurer avant d'être battu: le dicton de ma grand-mère ...

Je t'ai parlé de la médication anti-dépressive: elle peut t'aider à améliorer le fond de ton humeur ... et à penser de manière moins viscéralement attachée à cette noirceur qui te pourrit la vie !

Je te souhaite de pouvoir adoucir tes angoisses et contrariétés ... de sourire aux infimes hasards "sans importance" qui font tout le sel de la vie ... ce petit chat que vous allez adopter ... fais des choses amusantes et pas sérieuses ... ballades en forêt ... on en a tellement besoin ! Un brin de muguet, un brin de folie, rire aux anges ...

A bientôt ... prends soin de toi, fais-TOI confiance, porte ta vie, et intellectuellement, NUANCE, NUANCE, NUANCE, tu le peux. M.

   

Hors ligne ribounat

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Re : Envie de franchir le mur
« Réponse #21 le: 30 avril 2017 à 02:37:43 »
moi aussi j y ai pensé et j ai hate de le faire et surtout je n ai plus peur de le faire mais seulement quand ce sera mon tour et que mon destin l aura décidé, je suis persuadée de le retrouver et ca c est mes croyances personnelles........ alors biensur je respecte les votres et je les comprends car parfois mon cerveau trop rationnel viens me titiller avec des doutes sur la réalité de la vie apres la mort.....mais malgres tout au fond de mon coeur j y crois et je sais que je le retrouverais ce sera long peut etre avant d y etre mais j attendrais et je ne provoquerais pas ma mort car en faisant cela ( toujours selon mes croyances) je ne pourrais pas le retrouver alors je me résigne et j attends.....
et oui parfois la vie nous apporte un peu de réconfort. je me suis surprise a rire cet apres midi en regardant mon jeune chat courir apres les feuilles qui voltigeaient ....et j ai sauvé une petite abeille qui etait en train de se noyer.....je sais c est des ptits rien mais parfois quand dans notre vie il n y a plus rien ces petits rien nous font du bien,
je vous souhaite de la douceur et du réconfort, amicalement.