Auteur Sujet: En décalage  (Lu 62174 fois)

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Hors ligne Alexandra

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Re : En décalage
« Réponse #90 le: 29 juin 2017 à 10:27:01 »
All I can think about is you ... https://www.youtube.com/watch?v=KnLNG0WnGsI&feature=youtu.be
Oui ces jours-ci je ne pense qu'à toi, à ton rire, à ta colère, à ta souffrance. Toi si beau et si fort sans qui rien n'a plus de sens. Toi pourtant si fragile et que je n'ai pas pu aimer assez fort pour raccrocher à la vie. Ton corps qui t'a trahi et dont il ne reste que des cendres. Nos rêves d'une vie plus belle qui deviennent une réalité à traverser seule, comme un cauchemar qui n'en finit plus, parce qu'il n'y a pas de rêves sans toi. Je t'aime mon Tom.

Hors ligne marijo

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Re : En décalage
« Réponse #91 le: 29 juin 2017 à 10:43:06 »
 I can’t stop thinking about you, ce serait plutôt Sting que Coldplay mais tes mots m'ont fait venir les larmes aux yeux car ils disent parfaitement ce que je ressens depuis plus de 6 mois. Je te souhaite tout de même une journée aussi sereine que possible.

Hors ligne Federico

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Re : En décalage
« Réponse #92 le: 07 juillet 2017 à 14:30:23 »

Chère Alexandra,

Pense uniquement  à la seule chose qui compte et qui est importante à tes yeux : " JE T'AIME TOM, MON AMOUR ".

OUI, je sais... lundi... le 10 juillet... 1 an... Tom, ton amoureux.

Amicales pensées. Avec TOI.
je t'embrasse.

Federico
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- Qui pourrait me dire maintenant ce que je dois dire, écrire, croire, penser ou faire ? Personne ! je suis LIBRE !

Hors ligne qiguan

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Re : En décalage
« Réponse #93 le: 10 juillet 2017 à 14:14:02 »
juste ma chère Alexandra
te dire mes affectueuses pensées pour ce jour ...
fais bon usage du texte que tu avais prévu de relire au petit dej ...
je t'embrasse fort
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Hors ligne souci

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Re : En décalage
« Réponse #94 le: 10 juillet 2017 à 22:50:48 »

    Pensée pour toi Alexandra.
    Un an, c'est terrible.
    M.

Hors ligne Federico

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Re : En décalage
« Réponse #95 le: 14 septembre 2017 à 15:23:21 »


AVIS DE RECHERCHE INTERNATIONAL INTERPOL

Recherche magnifique jeune femme : Alexandra

Pensées amicales.

Federico
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Hors ligne Alexandra

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Re : En décalage
« Réponse #96 le: 18 septembre 2017 à 11:59:38 »
Bonjour Federico, bonjour à toutes et à tous,
J'ai disparu du forum ces derniers temps, un an s'est écoulé sans Tom. J'ai retraversé les 1000 kilomètres qui me séparent de l'endroit où j'ai déposé les cendres de Tom, cet endroit qui était si important pour nous, là où Tom m'avait embrassée la première fois. J'y suis allée tous les jours, je me suis assise là où j'ai enterré les cendres, mais Tom n'était pas là. J'étais chez nos amis, sur le pallier où nous habitions, la porte de notre appartement était fermée, d'autres gens y habitent, et Tom n'était pas là. Je suis allée dans ce bar en bas de chez nous, notre "terrasse" et Tom n'était pas là. Oui pour la première fois, j'ai réalisé que ce n'était pas juste 1000 kilomètres qui me séparent de Tom mais qu'il n'est plus là, que ses cendres ne sont que des cendres, que tous ces endroits ne sont plus rien, que même ses cendres ne sont plus rien. Et j'ai eu mal, parce que je n'avais pas suffisamment mal, parce que ce 10 Juillet stupide ne signifiait plus rien. Alors je n'ai plus eu envie d'écrire ici, je me sentais comme une imposteure du chagrin, j'avais lu toutes vos histoires, vos chagrins à un an de deuil et moi je ne ressentais plus rien, je ne me sentais pas légitime de venir vous raconter ça.

Oh bien sûr, j'aurais du me méfier, le chagrin est tenace et fourbe, il s'est tu un instant pour mieux revenir avec sa copine la culpabilité. Depuis un an avec Tom, nous regardions les maisons pour quand nous arriverions en Bretagne. Ce 13 Juillet il y a un an, ce jour où ils ont réduit son corps en cendres, j'avais promis à Tom et je me suis promis pendant la cérémonie de porter nos rêves pour deux. Alors j'ai continué à chercher notre maison, j'ai bataillé avec l'assurance vie pour qu'elle fasse ce qu'elle devait faire. Et pile le jour où je dois partir "rejoindre Tom", notre chat tombe malade et je reste un jour de plus avec lui avant de partir. Pile ce jour-là l'agence m'appelle, ils ont une maison à me montrer et c'est la maison de nos rêves, le grand terrain, les pierres, le toit en ardoises, la cheminée, tout y est. Je ne crois pas aux signes, je ne crois pas que Tom ait décidé de mettre cette maison sur mon chemin, mais elle est là, elle apporte un projet, elle parle d'avenir et d'espoir peut-être aussi et elle arrive précisément au moment où je cherche Tom désespérément sans le trouver. Mais elle n'arrive pas seule, la culpabilité refait surface avec elle... Tom est mort et moi j'achète une maison... J'ai laissé mourir Tom alors qu'il m'a mise à l'abri avec l'assurance vie... La maison est trop grande, les démarches sont trop lourdes sans Tom et je continue de faire semblant qu'il va revenir... Je ne mérite pas que Tom m'ait laissé cet argent, il me sauve la vie alors que je n'ai pas sauvé la sienne...

Je tourne en boucle et mes questions me semblent si décalées, encore une fois, mais cette fois décalées de vos chagrins ici. J'avais peur des les écrire ici, peur de faire mal alors j'ai disparu... et je suis désolée parce que tout ce temps, j'aurais aimé pouvoir être là avec vous mais je ne voulais pas parler que de moi. Une nouvelle année sans Tom a commencé et elle me terrifie.

Je vous embrasse toutes et tous bien fort,
Alex

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Re : En décalage
« Réponse #97 le: 19 septembre 2017 à 20:01:38 »
Alexandra... Depuis hier je cherche l'énergie, et les mots pour te répondre... Je ne les trouve pas... Tes paroles me touchent... Si elles me touchent, c'est qu'elles parlent de moi aussi... Alors tu vois, tu te sens en décalage, je me sens en décalage... Tous ici, nous nous sentons en décalage.... Des ovnis qui parlent tous de leur propre souffrance, mais nous demeurons tout de même unis par ça... par cette "ovnitude"... La souffrance emprunte mille visage... On croit l'avoir cernée qu'elle se transforme encore... On préfèrerait la tristesse, et c'est la culpabilité qui pointe son nez. On préférerait une douce nostalgie, et c'est la colère qui  nous bouffe... C'est ainsi. Pour nous tous. On fait face. On ne choisit pas...
Je sais que ce n'est pas simple, oh que non... Mais puisses-tu être douce avec toi-même... Tu as droit à de la douceur, de la considération, de la gentillesse. N'en doute pas.
Reçois toute mon affection, ma tendresse...

Hors ligne qiguan

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Re : En décalage
« Réponse #98 le: 19 septembre 2017 à 22:00:08 »
Oh Alexandra oui Ela a raison
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La souffrance emprunte mille visage...
et tu as le droit de faire connaître ce visage, ne doute pas que certain(e)s silencieux, même pas inscrits au forum vont s'y reconnaître ...
n'hésite pas à écrire si tu le veux, le peux ... ça servira aussi
c'est la grande richesse de ce forum !
Avec ces circonstances dont tu parles la Vie te fait quand même des sortes de clin d'oeil nommés synchronicité
garde ta force pour continuer à concrétiser ce but que tu avais choisi
je t'embrasse fort
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Hors ligne tony36

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Re : En décalage
« Réponse #99 le: 20 septembre 2017 à 18:26:30 »
Pendant 2 ans et demi, j'ai aussi suivi le chemin que nous nous étions tracés avec ma femme, en essayant en parallèle de faire aussi ma vie.
Rien n'avait bougé dans la maison, je faisais le grand écart entre ma femme et ma nouvelle vie, entre la mort et la vie.

J'avais acheté par exemple la nouvelle saison d'une série que l'on suivait avec ma femme pour la regarder dans notre canapé, comme si elle était là. Est-ce que je serais allé jusqu'à regarder cette série avec l'urne de ma femme à mes côtés ? Pas impossible...

J'avais refait le sol de la salle de bain car elle voulait qu'il soit refait, repeint les volets justement, bourré de médicaments quitte à tomber de l'échelle.
Que des choses "comme si".

Les sentiments, l'amertume, la tristesse, tout cela va et vient, on devient un peu bipolaire, on est destabilisés.

Je sais qu'il y a des signes, mais à un moment l'être aimé n'est plus constamment à nos côtés je suppose comme si nous formions toujours un couple.

Je ressentais la douleur, mais cet espèce de monde entre la vie et la mort était confortable.
Mais voilà... est-ce qu'il faut y rester dans ce monde ?
Est-ce qu'il faut tout faire comme si l'autre était là ?

Je n'en sais rien. J'ai pour ma part choisi d'en sortir récemment de ce monde, et j'en bave affreusement, tout a ressurgi.
Culpabilité d'être vivant et de ne pas l'avoir sauvée, culpabilité de refaire des choses.

Mais comme je l'ai déjà dit, je ne suis pas mort, je ne sais pas si j'y arriverai, je suis devenu une larve, c'est blessant, mais j'essaye d'avancer et de faire des choses même si je suis devenu une espèce de zombie.

Ton message est bien triste Alexandra, mais quoi qu'il en soit, tu essayes aussi de faire quelque chose. Est-ce qu'il faut que ce quelque chose soit "comme si" il était là ? Ça, je ne sais pas, peut-être est-ce la synchronicité, oui.
Quant à la  culpabilité que je connais bien moi aussi... comment dire... laissons la aux assassins.

Hors ligne Alexandra

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Re : Re : En décalage
« Réponse #100 le: 27 septembre 2017 à 18:16:21 »
Je ressentais la douleur, mais cet espèce de monde entre la vie et la mort était confortable.
Mais voilà... est-ce qu'il faut y rester dans ce monde ?
Est-ce qu'il faut tout faire comme si l'autre était là ?


Je ne sais pas non plus Tony. J'aime bien le confort inconfortable de ce monde entre la vie et la mort. Il me rassure ce monde, ça me rassure d'avoir mal. J'arrive dans une phase où il ne me reste plus rien. Plus rien que la douleur pour me rappeler que Tom a fait partie de ma vie et beaucoup d'argent sur mon compte en banque qui attend que j'en fasse quelque chose. Je ne reconnais plus cet homme qui sourit sur les photos, ni celle qui se tient à ses côtés d'ailleurs, elle est morte elle aussi. Nous avons complètement disparu, même les objets qui appartenaient à Tom, même sa chaine autour de mon cou, même les meubles construits ensemble se vident de leur sens. Et je m'accroche désespérément à la douleur, la seule preuve tangible que Tom a existé puisque j'ai mal qu'il ne soit pas là. Je sombre dans la douleur, à nouveau, presque avec satisfaction, je ne veux plus "aller mieux" ou même juste "souffrir moins". Alors je sombre...

Quelle ironie, il y a quelques mois ma grand-mère m'accusait de faire tout pour aller de plus en plus mal et ça m'avait rendu dingue! Mais aujourd'hui c'est devenu vrai, je veux aller mal parce que je ne veux pas accepter que Tom soit mort. Il y a un an à la même période je voulais désespérément intégrer cette réalité, réaliser que Tom est mort. Mais aujourd'hui je veux désespérément lutter contre cette réalité, je veux juste retourner en arrière. Pour ne pas aller de l'avant. Pour ne pas laisser Tom dans le passé. Pour lutter contre les souvenirs qui s'enfuient.

Oui c'est n'importe quoi mais je suis contente que la douleur revienne si c'est tout ce qu'il me reste. Qu'est-ce que je suis sensée faire de ce constat affligeant maintenant? Aucune idée, on verra bien, c'est sûrement une des facettes du chagrin que je n'avais pas encore exploré.

Hors ligne Ela

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Re : En décalage
« Réponse #101 le: 27 septembre 2017 à 19:46:52 »
Oh non Alexandra, ce n'est pas n'importe quoi... Ce dont tu parles, c'est un paradoxe cruel, qui ne fait souffrir que nous, et en même temps c' une sorte de réflexe tellement humain... Plus de 17 mois que mon amour est parti... mort... (il faut bien que j'arrive à dire les choses comme elles sont...), et bien souvent j'en suis là moi aussi. Si je fais un pas en avant, j'ai une envie terrible de me retourner et d'en faire 10 en arrière... Accepter de vivre... c'est un défi monstrueux... Et en même temps, tout au fond de moi, je sens bien que c'est nécessaire... Je peux lutter tant que je veux pour annuler le temps: marcher à reculons, m'accrocher à la souffrance comme une désespérée pour le retrouver à travers elle... je sais bien que ce n'est pas possible. Il n'y a pas de retour possible... 
Mais je m'obstine! Alors vient la culpabilité de vivre. La culpabilité d'être encore là, qui nous dévore mais qu'on continue de nourrir, malgré soi mais aussi parce que celle là, elle reste un peu maitrisable... On peut l'alimenter pour la faire durer encore et encore et encore... Lui donner la fonction de nous rappeler que chaque nouvelle expérience que l'on fait désormais, on la fait sans eux....
Cette peur de les perdre encore et encore et encore... qui peut enfler jusqu'à l'absurde, absurdité dont on est conscient d'ailleurs, mais viscéralement.... on ne peut se raisonner.
C'est humain tout ça... Je sais que c'est très dur... oh que oui! mais je crois qu'il faut déjà commencer par ne pas se juger trop sévèrement d'en être là. Savoir aussi, petit à petit, décrypter la part de ce mécanisme que l'on cherche à étouffer, à nier, à annuler... Et je crois que cette réalité qu'on ne veut pas admettre se résume à une chose: le fait qu'une part de nous a conservé l'envie de vivre! Oui. Une pulsion de vie, qui fait qu'on est toujours là, qu'on se lève chaque matin... mais qui tout tout tout au fond de nous réclame un peu plus. Réclame le droit de profiter, d'éprouver du plaisir, d'être heureux... Et quelque chose en nous veut la faire taire cette foutue voix. On ne veut pas l'écouter parce qu'elle est menaçante, dangereuse.... et qu'on la juge déplacée aussi.... Parce qu'elle nous pousse à ne pas suivre ceux que nous aimons dans la mort. A ne pas reproduire ce modèle de fidélité ancestral à la Roméo et Juliette. Une part de nous veut vivre et on se punit pour ça.
Est ce qu'aimer quelqu'un signifie nécessairement en arriver là? En arriver à le suivre dans la mort? Ça me faite bizarre, ça me coute même d'écrire ça aussi clairement, noir sur blanc, mais j'aimerais faire péter ce qui reste un tabou même pour moi. Est ce la seule forme d'amour authentique possible? Je me pose parfois la question oui... mais je continue à vouloir dire "non". Pour me donner bonne conscience? Parce que je n'ai pas assumé de suivre mon chéri dans la tombe? Oui oui, je me demande ça. Souvent. Je me torture avec ces questions pendant des heures.... Et puis je me dis que de là où il est, s'il exigeait ça de moi, il ne serait pas vraiment lui. Il ne serait pas ou plus l'homme que j'ai tant aimé, que j'aime de tout mon cœur. Alors j'espère vraiment être capable un jour de me pardonner totalement de ne pas avoir suivi la voie de cette fidélité morbide. Me le pardonner et assumer pleinement d'être en vie.
Mais laissons nous le temps, Alexandra...
J'espère ne pas avoir été trop longue, ni égocentrique. J'avais envie de te partager mon expérience et mes réflexions, que tu saches que tu n'es pas seule à batailler avec ce "n'importe quoi " dont tu parles.
Je t'embrasse.

Hors ligne qiguan

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Re : En décalage
« Réponse #102 le: 27 septembre 2017 à 23:05:51 »
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Accepter de vivre... c'est un défi monstrueux... Et en même temps, tout au fond de moi, je sens bien que c'est nécessaire..

oui c'est ce qui est caché derrière ce que tu vis Alexandra
que j'ai traversé et qui me revient aussi par vagues encore oui
et qu’Ela côtoie
merci à vous deux de si bien le transcrire ...
paradoxes ... oui dans le deuil c'est le temps des paradoxes
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Hors ligne Alexandra

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Re : En décalage
« Réponse #103 le: 28 septembre 2017 à 11:12:56 »
J'espère ne pas avoir été trop longue, ni égocentrique. J'avais envie de te partager mon expérience et mes réflexions, que tu saches que tu n'es pas seule à batailler avec ce "n'importe quoi " dont tu parles.

Tu sais bien que non Ela. A quelques mois de distance dans ce foutu deuil, je pense bien oui qu'on traverse un cycle similaire. Et en lisant Qiguan et l'article que nous a envoyé Yacine hier, je pense aussi que ce sera le plus dur. J'ai bien conscience que je me dis ça à chaque fois, à chaque nouvelle apparition d'un nouveau "dysfonctionnement intellectuel", mais là je crois bien que c'est vrai pour une fois. Savoir que celui qu'on aime est mort et refuser de l'accepter... Savoir que c'est "n'importe quoi" ce retour en arrière et ces questions mais se laisser faire quand même (non mais franchement, est-ce que Tom a eu un cancer du testicule parce que je ne voulais pas d'enfants, donc son testicule s'est dit, et ben puisque c'est comme ça, t'es le corps le plus inutile du monde, alors je vais te zigouiller ? N'importe quoi) ...

Oui tu as raison Ela, il y a bien un peu de ce syndrome de Roméo et Juliette. Je ne sais pas si c'est parce que je me sens coupable de ne pas avoir fait comme eux ou si je les envie de ne pas avoir eu à souffrir trop longtemps. Ou simplement si je ne suis pas désespérée de ne pas pouvoir mourir de chagrin comme Iseut quand elle a découvert le corps de Tristan. Les trois sûrement. Je pense qu'on prend de plein fouet l'imaginaire collectif pour ne rien arranger au chagrin, tous ces amants maudits et aussi toutes les croyances sur le veuvage, toutes les images de "veuve noire" ou de "veuve joyeuse".

J'ai peur qu'on croit que je m'en fous de la mort de Tom, j'ai peur qu'en ayant reçu l'assurance vie on pense que je "profite" de sa mort et j'ai tellement de rancœur contre les "tu vas refaire ta vie, tu es jeune" que je revendique haut et fort que j'ai mal. Et comme tout le monde a son petit mot à dire là-dessus sans jamais avoir vécu ça, la culpabilité revient en flèche et je me dis que Tom est mort parce que je ne l'ai pas assez aimé (ce qui est tout autant n'importe quoi que l'histoire de la couille revancharde). C'est étrange de l'écrire noir su blanc aussi, mais c'est vrai, je porte la douleur et la culpabilité comme une revendication et une preuve que Tom a bien existé dans ma vie et que son absence est un gouffre béant.

Que de paradoxes, tu as raison Qiguan, que de "n'importe quoi"... Et pourtant aujourd'hui il fait soleil sur notre belle Bretagne alors je vous en envoie un peu.
Je vous embrasse

Hors ligne Federico

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Re : En décalage
« Réponse #104 le: 28 septembre 2017 à 11:30:33 »

Coucou Alexandra,

j'ai du mal à t'écrire... je voudrais bien... je bloque... je ne trouve pas les mots !
Entre le fait que tu as du mal à trouver la motivation dans ton travail... qui est liée à la fin de ta thèse pour laquelle tu as dû te consacrer et qui correspond très exactement aux dernières semaines de la vie de Tom...
et le fait d'avoir reçu une importante somme d'argent de l'assurance-vie suite au décès de Tom...
Tu traînes un double sentiment de culpabilité... lui, il est mort et il ne va ni profiter  de la vie avec toi ni de cet argent pour l'achat de la maison de vos rêves... et toi, tu es en vie et tu vas profiter maintenant et de ta vie et de cet argent et maison !

Mais... Alexandra... c'est pas comme ça qu'il faut voir les choses !
Tu as également étudié POUR LUI... pour ensuite partir ensemble dans un endroit choisi par vous deux... tu es généreuse... tu voulais lui offrir une destination de rêve avec de beaux voyages...
Ensuite, cet argent .... c'est matériel... il t'a mis à l'abri financièrement comme dans beaucoup de couple ils prennent une assurance vie et c'est l'un ou l'autre qui en profite en cas de décès ou même c'est parfois les enfants...ou même des associations s'il n'y a pas d'héritiers... il n'y a pas eu arnaque... ce n'est pas de l'argent sale... c'est uniquement matériel...
TU dois principalement voir le côté sentimental... je t'ai déjà écrit de "laisser tomber" tout sentiment de culpabilité... ça ce n'est bon que pour les psys...
Tu voulais être très généreuse... lui offrir de belles choses, une belle vie... ça ne s'est pas passé comme ça !
Tu es terriblement frustrée avec toute ta flamme amoureuse, la force de ta jeunesse... sois sage !

Je te souhaite de bonnes choses et je suis triste de te lire... j'espère que tu comprendras l'essentiel de mon message... je laisse parler mon cœur comme toujours... c'est sincère !

VIS ALEXANDRA... VIS TA VIE ... maintenant et demain ! le passé est là... Tom a été, est et sera toujours avec toi...

VAS Y ALEXANDRA.... FONCE et ne te retourne pas trop... AVANCE... crie, pleure mais il y a LA VIE avec toute ta tristesse, ton chagrin, ta douleur, ta souffrance...

En pensées... tu lui seras toujours fidèle... sincère... c'est déjà bien, beau et magnifique !

Je t'embrasse.
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