Auteur Sujet: En décalage  (Lu 59365 fois)

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Hors ligne Alexandra

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Re : En décalage
« Réponse #30 le: 16 janvier 2017 à 11:50:11 »
Mon amour,
J’ai glissé sur le verglas samedi matin et la voiture est allée se glisser tout doucement dans le fossé. Je n’ai rien, la voiture n’a rien et ça devrait me soulager mais non. Non parce que je n’ai pas pu t’appeler pour te raconter mon aventure. Non parce qu’hier soir en prenant la route les larmes ont recommencé à couler. Non parce qu’en allant me coucher je t’ai de nouveau appelé. Toujours cette litanie, reviens, reviens, reviens, je t’en supplie, je t’en supplie. Je croyais que j’avais dépassé cette étape, ce déni de ta mort, ce regret qu’il ne m’arrive rien de grave mais non, ça recommence et j’ai peur. Peur que ça dure, peur de ce rêve de samedi soir où je t’ai cherché dans l’hôpital sans te trouver, peur de cette absence d’émotions « normales » où j’ai moins peur de mourir que d’être encore en vie. Reviens mon amour, je suis si fatiguée d’être vide, reviens Tom, je n’en veux pas de la vie sans toi, je n’en peux plus d’attendre de mourir. Reviens, j'en ai marre de parler à tes photos...

Hors ligne Alexandra

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Re : En décalage
« Réponse #31 le: 30 janvier 2017 à 12:27:04 »
Mon amour,
Je te cherche ces jours-ci dans le silence qui annonce la prochaine tempête, presque 7 mois sans toi, presque 8 mois depuis que j’ai compris que je t’avais perdu. Partout dans mon appartement, sur mon bureau au travail, partout il y a tes photos qui sourient, il y a nos photos qui parlent de bonheur. Sur ma table de nuit, cette carte écrite il y a deux ans et que je relis sans cesse. Tu écris : « Deux années de bonheur et beaucoup d’autres encore plus belles devant nous ». Et moi, parfois, je pense « menteur », il n’y en a eu qu’une de plus. Tu me manques mon amour, tu me manquais déjà quand tu étais encore là. Il y a ces 7 mois depuis le 10 Juillet, mais il y a aussi cette dernière année où je sentais que je te perdais sans comprendre. Il y a ces images horribles de ton corps mais il y a aussi ces mois à se battre l’un contre l’autre,  et je ne pourrai jamais te demander pardon.

Nos adieux par texto, toi dans ton lit d’hôpital et moi seule sans toi dans notre appartement. Est-ce que tu avais compris mon amour ? Est-ce que tu l’as compris ce texto, est-ce que tu m’en as voulu de te dire la vérité et de ne pas jouer à ton jeu du déni, est-ce que tu as eu peur à cause de moi ? Pour ça non plus je ne pourrai jamais te demander pardon.

Tant de raisons de te demander pardon… Et tu continues de sourire comme un con sur les photos en me regardant droit dans les yeux. Mais merde, arrête de sourire, viens pleurer avec moi ! Fous-toi en colère pour rien comme avant d’être malade, fous-toi en colère comme à l’hôpital d’être en train de mourir même si c’est moi qui dois prendre ! Mais par pitié, arrête de sourire comme un con, c’est insupportable ton insouciance. Parce que je t’ai menti, je suis en colère contre toi, tu n’en n’as fait qu’à ta tête comme d’habitude. La grosseur au sein, c’était rien, hein ? Tes colères de môme, c’était rien, hein ? Toutes ces fois où je t’ai demandé si tu ne m’aimais plus et que tu as esquivées, c’était rien, hein ? Je t’aime mais qu’est-ce que tu m’énerves !

Et moi je me déteste, j’aurais du te trainer chez un médecin par la peau des fesses, j’aurais du t’aimer plus fort pour te donner envie de rester avec moi. Tu m’as donné une raison de vivre en m’aimant et pourtant je ne veux pas vivre. Je n’en ferai rien de cette vie, je te la donne si tu la veux. Tu m’entends ma tête de mule ? Viens prendre ma place, tu es plus solide que moi de toute façon.

Hors ligne Pucinette

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Re : En décalage
« Réponse #32 le: 30 janvier 2017 à 13:33:41 »
J'aurai pu écrire exactement la même chose Alexandra...
Comme je te comprends...

Bon courage...
Christophe... Mon amour pour toujours...

Hors ligne nounouto

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Re : En décalage
« Réponse #33 le: 31 janvier 2017 à 21:20:57 »
Tu décris exactement ce que j'ai vécu Alexandra. Cette boule qu'il a laissé grossir sans rien dire jusqu'à que son sein soit douloureux. Et moi  je ne l'ai vu que trop tard je l'ai trainé chez le médecin mais la tumeur était très importante chimio et opération. Cela a duré une année. Et puis remission plus rien. l'épreuve était derrière nous. 4 mois plus tard récidive agressive avec metastases aux os. J'ai alors compris que se serait le début et la fin. Mais lui me rassurait et faisait un déni de la maladie pour ne pas m'inquiéter. L'angoisse pendant un an et la descente aux enfers pour lui en avril dernier. La douleur qui ne le quitte pas nuit et jours. En Août il ne pouvait plus marcher et septembre ses forces l'ont abandonné. Mais jamais nous n'avons parlé de la mort, du après. J'avais trop peur qu'il abandonne, qu'il soit effrayé. Et lui peur de son côté que je m'effondre. Alors nous avons tenu le coups chacun de notre côté à notre façon. Nous aussi on se disputaient surtout à cause de la fatigue, de l'impuissance et de la colère face à cette injustice, à cette souffrance. J'aurai donné ma vie pour lui, j'aurai voulu souffrir à sa place.

Il était tellement courageux, il se forçait à sourire lorsque je rentrais ou à blaguer. Jusqu'au bout il a fait en sorte de rester à la maison. Je l'aimais et l'admirais encore plus pour cela.

Et tu as raison lorsqu'il a cessé de respirer je dormais à côté de lui. Pour moi il n'était pas dans ce corps cadavérique; Je n'avais qu'une envie quitter cette chambre d'hôpital car il n'était plus là.

cela va faire plus de 3 mois qu'il est mort et je ressens encore plus le manque, le manque de tout de son sourire de sa joie de vivre, de sa protection , de son amour, de sa tendresse. Il emplissait toute ma vie et je n'avais besoin de rien d'autre. Nous vivions l'un pour l'autre. Nos amis souvent ne comprenaient pas cette fusion.

Je sais ce que c'est de ne plus pouvoir respirer sans lui, d'être morte à l'intérieur, de  faire mecaniquement les gestes du quotidien. et on se demande quand cette souffrance s'arrêtera tellement ce mal à l'être ne nous quitte pas et nous empêche de dormir de manger et de vivre tout simplement.

J'attends comme beaucoup d'autre que cela passe car il parait que la douleur s'attenue avec le temps. Le psy les médicaments m'aident à travailler et avoir un comportement normal avec mes amis. Car ils ne peuvent pas comprendre réellement ce que je vis à l'intérieur. Personne et rien ne pourra me ramener mon amour.

Parfois j'ai envie d'abandonner, de baisser les bras et de le rejoindre. Je ne sais plus quoi faire tellement je me sens mal.

Tu n'es pas seule Alexandra. Nous sommes tous là pour toi et avec toi.  Il faut supporter la douleur et le chagrin comme nos amours l'ont fait.  Lorsque je sens que je sombre je repense à tout ce qu'il a supporter la tête haute et sans plainte. Alors je me redresse et serre les dents comme il a du le faire si souvent.

A bientôt Alexandra

Chaleureusement


Hors ligne Alexandra

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Re : En décalage
« Réponse #34 le: 01 février 2017 à 10:20:53 »
Merci Nounouto,
Je t’ai lue hier soir et j’en ai pleuré de rage, de colère et de tristesse. J’ai des moments où je me dis que si le premier médecin que mon compagnon a vu avait fait des examens plutôt que de conclure à une inflammation, si j’avais réussi plus tôt à convaincre mon compagnon d’aller voir mon médecin pour avoir une vraie réponse, il aurait eu la chance de se battre, pas juste 3 semaines . Et puis d’autres où je me dis que c’était perdu d’avance, que je suis égoïste de penser que ça aurait été mieux qu’il se batte et qu’il souffre pour le même résultat. Quand je lis ce que ton mari et toi avez du traverser, je me dis que peut-être c’est mieux pour lui qu’il soit mort si vite et pas après tant de souffrance et de faux espoirs.

Mais en même temps, parce que c’est allé si vite, j’ai du mal avec cette idée de courage. Je pense que ni mon compagnon ni moi n’avons été courageux, tout s’est effondré et nous avons essayé comme nous avons pu de tenir bon. Je lui en veux à lui de m’avoir caché la vérité et à moi de ne pas avoir compris. Je n’y vois aucun courage, ni lui ni moi n’avons été capables de lui donner une chance de s’en sortir. Vraiment, je ne décolère pas. C’est terrible cette colère, ça me ronge. Et je n’ai pas la chance comme certains et certaines d’entre nous de croire que mon compagnon est encore là quelque part, que je dois tenir bon parce qu’il me regarde et que ça lui ferait trop mal de me savoir dans cet état.

Ni la chance de pouvoir m’appuyer sur ma famille, de me dire que je peux  tenir bon pour eux, encore il y a deux jours, mon grand-père m’a réexpliqué qu’avec un bon coup de pied aux fesses ce serait réglé. C’est con, mais d’entendre ça, ça me donne au contraire envie de tout laisser tomber, parce que je réalise en perdant mon compagnon que j’ai aussi perdu ma famille qui me semble n’être que des étrangers. J’ai tout perdu, y compris moi… Et je ne veux pas être digne, je ne peux plus serrer les dents, parce que la dignité est une violence supplémentaire qu’on nous inflige pour qu’on ne dérange pas. La dignité, c’est ce qui a tué mon compagnon, il ne fallait pas se plaindre, alors il s’est tu et il en est mort…
 
Alors je porte sa colère, à lui qui s’énervait toujours pour un rien. Je ne veux plus me taire, je ne veux pas faire semblant d’aller bien, c’est presque une façon d’honorer sa mémoire. Pour me souvenir que quand il a téléphoné à sa mère depuis son lit d’hôpital, quand il a trouvé la force de lui dire pour son cancer, elle lui a dit « resaisis-toi mon garçon » alors qu’il avait tous les droits de pleurer. Pour essayer de lui pardonner une faute qu’il n’a même pas commise.

Merci Nounouto, merci Pucinette d’être venues me faire signe. J’en ai encore écrit une sacré tartine, je fais une indigestion de ton absence mon amour, heureusement que tu ne vois pas ça… Je t’aime tellement.

Chaleureusement à vous toutes et à vous tous dans le pays des tempêtes

Hors ligne Pandor

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Re : En décalage
« Réponse #35 le: 01 février 2017 à 11:06:26 »
Si je peux te conseiller une chose Alexandra, lorsque je lis que tu n'as pas la chance de pouvoir "croire que ton compagnon est encore là quelque part" c'est de te plonger dans la recherche concernant la vie dans l'au delà.

Tu ne trouveras pas beaucoup plus sceptique que moi, mais le temps étant long, je trouve un certain réconfort à récolter des infos à droite à gauche, il y a de très beaux livres qui en parlent, et les personnes qui les ont écrits ne sont pas naïves ou non cultivées, tu as de tout, des psychiatres, des neurochirurgiens, des "médium", des gens comme tout le monde...

Je ne te dis pas d'y croire, car moi même je ne peux pas dire que j'y crois, mais se renseigner dessus ne coûte pas grand chose et peut apporter beaucoup.
___

Voici ce que j'ai lu/vu pour l'instant (je n'ai pas noté les divers sites)

https://www.youtube.com/watch?v=lBndbvIM3ig : Olivier Chambon : Etats élargis de conscience

https://www.youtube.com/watch?v=2zJbenv5_Kc : Christian Cambois : Communiquer avec l'au-delà

https://www.youtube.com/watch?v=9F-7A67S9PE&app=desktop : Le voyage astral

https://www.youtube.com/watch?v=kOOiQWPP1G4 : Montée en vibrations

https://www.youtube.com/watch?v=6gn4oe3pXhY : Augmenter sa vibration

https://www.youtube.com/watch?v=72gDWdSM6gA : contacts avec l'au delà


Livres lus :

La preuve du paradis : Eben alexander

Conversation avec Dieu 3 : Neale Donald Walsch

Qu'est ce que Dieu veut : Neale donald Walsh

***

Livres pour plus tard :

La vie après la mort : Deepak Chopra

Le livre des coïncidences : Deepak Chopra

Un souffle vers l’éternité : Patricia Darré

L'homme devant la mort  : temps des gisants/ la mort ensauvagée : Philippe Ariès   (approche sociologique sur l'évolution de la mort dans notre société)

______

C'est des visions assez "éloignées" des religions monothéistes, et ce qui est bluffant par moment, c'est que la physique quantique tant à donner raisons à certaines de leurs croyances.

____

Bon courage, et "bonne" journée
« Modifié: 01 février 2017 à 13:40:52 par Pandor »
Vivre pour eux ou mourir pour moi ?

Hors ligne Ela

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Re : En décalage
« Réponse #36 le: 01 février 2017 à 14:01:24 »
J'ai lu le livre de Deepak Chopra, qui m'a apporté un réel réconfort et m'a interpellé. En revanche, il part d'une vision inspirée de sa culture et de son éducation fortement empruntes des sagesses orientales. M'intéresser à ces sagesses m'a et continue de beaucoup m'aider dans cette épreuve, mais face à la souffrance et à l'incompréhension générées par l'absence, j'ai trouvé davantage de réconfort à travers la lecture de "la mort n'est pas une terre étrangère" de Stéphane Allix. Stéphane Allix était journaliste de guerre, plutôt "athée", "cartésien"... Il a entamé une quête pour tenter de comprendre ce qu'est la mort suite à la perte de son petit frère, qui est décédé devant lui lors d'un séjour en Afghanistan. Ses paroles m'ont beaucoup touchées, car elles expriment mes propres doutes, mon propre cheminement face à l'incompréhension, à l'absurde... Il parle de son introspection, de ses intuitions... qui l'ont mené à réaliser une véritable enquête auprès de médiums, de chamans, de scientifiques, de représentants de différentes traditions spirituelles... Aujourd'hui, il est connu en tant que fondateur de l'Institut de Recherche sur les Expériences Extraordinaires (INREES), qui rassemble des spécialistes de multiples corps professionnels: psychiatres, neurochirurgiens, philosophes, théologiens, astrophysiciens, etc.). Je crois moi aussi, comme Pandor, que tout en conservant une ouverture d'esprit et sa capacité de remise en question, se plonger dans des lectures, s'intéresser à la mort, à l'intuition des forces invisibles qui agissent en ce monde, à l'au-delà... peut être d'un grand réconfort dans ce que nous vivons.

Hors ligne Ela

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Re : En décalage
« Réponse #37 le: 01 février 2017 à 15:46:05 »
Alexandra... Pardonne moi, je n'avais pas vu ton message avant de poster le mien et ta colère et ta détresse n'appellent certainement pas de conseils de lecture de ma part. Mon précédent message faisait écho à celui de Pandor, et non au tien.
Je n'y suis pas aujourd'hui et pourtant, comme je connais cette rage, ce découragement que tu décris.... Cette sensation d'avoir tout perdu: au delà du départ de nos amours. La famille et les amis qui deviennent des étrangers... Cette impression d'errer dans le néant, de ne plus savoir qui nous sommes...
Comme toi, j'ai sentie cette colère énorme me déborder, face à tout ce qui dans mon éducation, dans ma vie, dans mes relations... m'est apparu comme trop policé, superficiel, tiède.... J'ai eu envie des milliers de fois et je l'ai fait quelques fois (peut être pas assez) de hurler MERDE! aux convenances, à la morale étriquée... A ceux qui sont gardiens des "ça se fait, ça ne se fait pas" et qui se chargent de vous cataloguer à travers un petit mot, un regard...
J'ai hurlé la tête enfoncé dans des coussins. J'ai hurlé à en vomir. J'étais en colère pour lui aussi. Parce qu'il m'avait appris à accueillir cette émotion qui là où j'ai grandi était toujours considérée comme "négative". Une émotion dérangeante qui n'avait pas sa place. J'ai hurlé par peur de voir cette ouverture qui s'était opérée en moi à travers lui se refermer avec son départ. J'ai eu envie de gifler, de frapper ceux qui trouvaient ma colère déplacée. Qui m'invitaient à plus de "dignité" dans l'épreuve... Ceux qui tiennent ce type de discours ne réalisent pas que c'est leur propre trouille qui les dérange. Leur impossibilité de regarder la mort, la souffrance en face...
Petit à petit, j'apprends à ne plus leur en vouloir, mais je revendique le droit de me mettre en colère. Lorsque c'est nécessaire. Il ne faut pas s'interdire la colère. Certaines colères sont salutaires et nous sauvent des griffes de l'hypocrisie. Mais bien sur, rester en colère ne nous rend pas pour autant, de manière systématique, plus authentique... J'ai souvent cru, ces derniers mois, que de rester en colère m'empêcherait de me voiler la face à l'image de tous ces gens trop polis qui ravalent les rancœurs pour les cacher derrière un faux sourire... Pourtant, j'ai aussi découvert que rester dans la colère c'est se faire mal et ne regarder la réalité qu'à travers un seul prisme.
Autorise toi à être en colère. Même si cette colère t'aveugle par moment. Tu souffres. Tu souffres tellement, et quand on est au cœur de la souffrance, personne ne peut exiger de nous, et on ne peut se demander à soi-même d'être raisonnable, de prendre du recul, et bla et bla... Viendra un temps où on pourra reprendre son souffle et réajuster ce qui doit l'être.
Mais surtout, si tu sens que tu t'enfermes dans la colère, ou la culpabilité, exprime le. Ici ou ailleurs. Exprime le pour ne pas t'enfoncer dans la rumination. Tu n'as rien à te reprocher. Bien évidemment que suite au décès de nos amours, les choses nous apparaissent sous un nouvel angle et que nous aimerions tant revenir en arrière pour changer certaines décisions, certaines attitudes... Mais nous ne pouvions pas savoir. Tu ne peux te reprocher de n'avoir pas su poser le même regard sur la maladie de ton amour que celui que tu poses aujourd'hui. Et je sais à quel point c'est dur de s'adresser ces mots là à soi-même. Alors, lorsque tu as besoin de déverser ta colère, ta culpabilité, exprime les pour que quelqu'un puisse te répéter autant de fois que nécessaire ces mots rassurants. Ces mots rassurants que pour l'instant, tu ne peux t'octroyer.
Prends soin de toi.


Hors ligne Alexandra

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Re : En décalage
« Réponse #38 le: 01 février 2017 à 16:07:15 »
ça n'est pas grave Ela, peut-être que tous ces liens postés par Pandor et ce que tu écrivais pourrons servir.

Moi, je n'y crois pas du tout, je voulais juste exprimer le fait que c'était dur d'entendre les jugements des vivants et de devoir en plus imaginer que Tom me juge de ne pas être à la hauteur et de ne pas être assez digne de lui! Heureusement que je n'y crois pas, ça serait trop violent... C'est très personnel et puis je partage cette nécessité de trouver un sens, même si pour moi ça veut dire apprendre à supporter l’absurdité et la fragilité de cette vie. Et peut-être retrouver les traces de Tom dans l'empreinte qu'il a laissé sur ma vie.

Je crois juste que comme Nora il y a quelques semaines, mes neurones me désertent... Il ne m'en reste plus beaucoup à force de faire des nœuds. Voilà, c'est officiel, je deviens une veuve zinzin ^^. Prenez bien soin de vous Ela et Pandor.

Hors ligne Pandor

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Re : Re : En décalage
« Réponse #39 le: 01 février 2017 à 16:49:38 »
ça n'est pas grave Ela, peut-être que tous ces liens postés par Pandor et ce que tu écrivais pourrons servir.

Moi, je n'y crois pas du tout, je voulais juste exprimer le fait que c'était dur d'entendre les jugements des vivants et de devoir en plus imaginer que Tom me juge de ne pas être à la hauteur et de ne pas être assez digne de lui! Heureusement que je n'y crois pas, ça serait trop violent... C'est très personnel et puis je partage cette nécessité de trouver un sens, même si pour moi ça veut dire apprendre à supporter l’absurdité et la fragilité de cette vie. Et peut-être retrouver les traces de Tom dans l'empreinte qu'il a laissé sur ma vie.

Je crois juste que comme Nora il y a quelques semaines, mes neurones me désertent... Il ne m'en reste plus beaucoup à force de faire des nœuds. Voilà, c'est officiel, je deviens une veuve zinzin ^^. Prenez bien soin de vous Ela et Pandor.

Je suis désolé, j'ai mal compris ton message, il faut dire que mon cerveau est à l'ouest depuis 2 semaines...

Je me voulais rassurant, et surtout pas insinuer d'une quelconque façon que ton conjoint pourrait te juger.

On m'a souvent dit "Sois fort, elle ne voudrait pas te voir comme ça, elle voudrait que tu continues ta vie" bla bla bla... Ca a beau être potentiellement vrai, ce n'est pas un réconfort.

Ils nous aimaient, et nous les aimions, et jamais il n'y aurait eu un jugement de leur part quant à notre souffrance.

Prends soin de toi aussi.
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Hors ligne Alexandra

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Re : En décalage
« Réponse #40 le: 01 février 2017 à 17:17:47 »
Aucun problème, maintenant il y a plein de ressources pour ceux qui ont envie d'aller y jeter un oeil, tu as bien fait. Et puis, en tant que veuve zinzin autoproclamée, je ne vais pas te reprocher d'être à l'Ouest! Ma petite église athée reste ouverte à toutes les croyances qui parlent d'amour et à la folie douce.

Hors ligne nounouto

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Re : En décalage
« Réponse #41 le: 02 février 2017 à 22:03:33 »
La colère je la connais contre les médecins et infirmière pour s être acharnés sur lui examens piqures chimio je les haïssais de lui faire mal, colère contre lui et incompréhension face a son silence, colère envers moi pour ne pas être rester chaque instant avec lui de l avoir laisse seul la journee. Culpabilité de ne pas avoir fait plus et plus.
Je vais devoir vivre avec cela.
Le soir en rentrant dans cette maison vide je pleure et crie son nom jusqu'à ce je m épuise et que cette douleur s attenue jusqu'au lendemain. Parfois je ne comprends pourquoi il n'est plus la pourquoi lui ? le chagrin je ne le cache pas je l épuise j en parle et j en parle qu importe ce que les autres pensent j ai la chance d avoir des amis a l écoute autour de moi et d avoir des collègues merveilleux. Nous n avons pas avoir honte ni a nous cacher c est horrible ce que nous avons vécu et vivons.
Je ne crois pas a une présence après la mort le premier mois je lui demandais de me faire un signe de la haut le désespoir. Aujourd'hui pour moi il n y a rien après il n existe plus c est fini comme il me le disais. Et il avait raison pourtant devant sa tombe je lui parle j ai l impression d être proche de lui. On fait comme on peut chacun a notre manière on fait comme on peut pour gérer l horreur de notre situation.

J ai peu de mots de réconfort pour toi Alexandra excepte te répéter que je te comprends que ton histoire est proche de la mienne. Que le manque de l autre toi seule peut le ressentir. Je ne demande pas aux autres de le comprendre ils ne le peuvent pas.
A bientôt
Chaleureusement


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Re : En décalage
« Réponse #42 le: 02 février 2017 à 22:51:39 »
"Et peut-être retrouver les traces de Tom dans l'empreinte qu'il a laissé sur ma vie"  - Alexandra

"Et pourtant devant sa tombe je lui parle j ai l impression d être proche de lui"  - Nounouto

Croire en une "vie" après la mort n'apporte pas forcément une aide,  mais cela oui.

Douce nuit à toutes les deux.

Nora


Hors ligne Alexandra

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Re : En décalage
« Réponse #43 le: 09 février 2017 à 15:54:36 »
Mon amour,
Il fait beau et froid aujourd’hui, le temps parfait pour que cette nouvelle vie qui nous attendait commence. Tout à l’heure, je me suis dit que si tu étais encore vivant, ce serait sûrement le moment où tu m’aurais rejointe ici, j’ai repensé aux étapes qu’on avait planifiées, d’abord un petit appartement pour le chat et pour moi, et puis tu serais venu, on aurait loué une maison le temps de trouver la notre. Il n’y aura rien de tout ça, demain tout ça sera parti avec toi depuis 7 mois. Je lis ici des déclarations d’amour magnifiques, et moi, je suis immensément triste de ne pas pouvoir t’écrire quelque chose de beau. Parce que je t’aime et à la fois je te déteste de m’avoir donné tout cet amour pour qu’il me soit arraché. Parce que les souvenirs magiques se mêlent encore trop à l’horreur de te voir mourir et de te voir mort. Parce qu’on ne peut pas mourir comme ça à 28 ans, on peut avoir un accident, on peut se battre des mois contre la maladie, mais est-ce qu’on meurt en à peine 3 semaines, sans aucun vrai signe pour annoncer le désastre, et au moment précis où tous les projets vont se réaliser ?

Je n’y arrive pas Tom, je n’y arrive plus. J’ai toujours cru qu’en m’accrochant, un jour tout irait bien. Mais c’était faux, on n’a pas de contrôle sur le hasard. Quand j’étais petite et que tout allait si mal, je rêvais d’un Prince Charmant qui viendrait me sauver, avec qui j’aurais enfin le droit au bonheur. Je t’ai cherché longtemps, je me suis cassé les dents et laissé brisé le cœur, et puis je t’ai trouvé. Enfin, toi tu m’as trouvée, tu as tenu bon jusqu’à ce que je te fasse une place, jusqu’à ce que je comprenne. Et ça a été une évidence, malgré les questions, malgré les épreuves, on a tenu bon ensemble. Tu avais grandi et moi j’étais devenue plus forte. En 3 ans seulement, alors imagine toute une vie ensemble… Je veux dire une vraie vie, pas juste tes 28 ans, une vie qui s’arrête quand on est bien vieux et fatigués d’avoir vécu…

Mais toi tu es mort et moi je me sens morte, c’est un tel gâchis. Tu me manques tellement mon amour. Je voudrais tellement que tu m’appelles encore en plein après-midi alors que j’essaie de travailler, je voudrais passer des heures à regarder des photos de maisons en pierre comme on en rêvait, je voudrais t’entendre rire, je voudrais t’entendre râler. J’en crève de l’absence de toi, je ne suis plus qu’un corps inhabité, et encore, un corps qui manque du tien, inutile et encombrant. Il parait que la vie est belle, qu’elle est sacrée, qu’elle mérite d’être vécue, qu’il me reste des belles choses à vivre. Super, mais moi, sans toi, je n’en veux pas de tout ça. Pas sans toi et surtout pas si tu ne peux pas vivre tout ça avec ou sans moi. Toi, si beau sans le savoir, toi qu’on ne pouvait qu’aimer, toi le subtil mélange de gentillesse, d’optimisme, de grognon, de force et de fragilité.

Qu’est-ce que tu me manques ! Je donnerai tout pour ne pas écrire tout ça à des inconnus et à moi, pour te le dire à toi les yeux dans les yeux. Mais demain, encore une fois, ce sera le 10, il sera 14h10, je me souviendrais que je suis arrivée 10 minutes trop tard à l’hôpital pour que tu ne meures pas seul avec des médecins. Ce sera encore un jour comme les autres pour tout le monde mais encore un autre jour d’enfer sans toi pour moi. Je t’aime mon amour, c’est l’enfer mais je continue de t’aimer.

Hors ligne *Ephémère*

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  • Tu es là dans ma peau comme un coup de couteau
Re : En décalage
« Réponse #44 le: 09 février 2017 à 23:32:33 »
Bonsoir Alexandra,
Juste un petit signe pour toi.
Pour que demain ne soit pas trop lourd à porter.

Après le 10, un autre jour.
Après la douleur, les souvenirs sans les larmes...

Point n'est besoin d'écrire ton amour dans de longues phrases, Alexandra.
Il est là, qui palpite à chacun de tes mots.

*Ephémère*

       Tu es là d ans ma peau comme un coup de couteau.