FORUM "LES MOTS DU DEUIL"
Comprendre et vivre son deuil => Vivre le deuil de son conjoint => Discussion démarrée par: Yohann le 09 août 2012 à 11:34:40
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Bonjour,
Le temps passe, dit-on, et progressivement nous évoluons, pas forcément comme nous le voudrions.
Bientôt 11 mois que Monique est partie et pourtant, sa présence pouvait être proche ou revenir dans ma pensée, avec douceur et tendresse.
"Le ventilateur s'arrête !" dit le Dr Fauré.
Hier, matinée sortie à vélo et mon itinéraire me portait à passer vers la Clinique où Monique est décédée le 23 septembre.
Comme chaque fois, je faisais un rapide détour pour entrer dans le parc, prendre un petit sentier qui m'amenait face au bâtiment et son entrée, et je m'arrêtais quelques instants.
D'une façon très naturelle et très douce, je percevais chaque fois que Monique venait à ma rencontre en souriant, un sourire qui semblait vouloir dire :"Merci de passer me voir !".
Ça ne durait que quelques secondes, mais c'était un moment d'apaisement.
Et je repartais serein.
Hier matin, en m'arrêtant, ... rien !
J'ai attendu un peu mais ma pensée était vide, elle n'était pas là.
Deux personnes sont passées, sans doute du personnel, m'ont regardé en souriant et ont poursuivi leur chemin.
Doucement, des larmes sont venues couler sur mes joues; j'étais seul.
Ce lieu où la vie l'avait abandonnée était devenu vide, sans elle. Elle était partie.
Comme un pas franchi, comme un choix de dire : "Poursuis ton chemin, maintenant".
Pourquoi, une dernière fois au moins, n'était-elle pas là pour me dire ces mots ?
Je suis reparti avec mon vélo et sur quelques dizaines de Km, ce nouveau vide me hantait, au point d'ailleurs, au travers mes larmes, de louper mon itinéraire prévu.
J'ai poursuivi et le calme est peu à peu revenu en moi.
Mais rien ne semblait plus pareil.
En rentrant à la maison, ce vide m'a ressaisi de nouveau, entraînant une détresse incroyable.
Rien, plus rien, elle s'en est allée loin de moi !
Pour toujours !
Pourtant, ses paroles perçues quelques jours après son décès revenaient en moi : "Ne pleure pas. Mon corps n'existe plus, mais moi, je suis là !"
Non, plus personne n'est là, plus personne ne parle d'elle.
"Dis, c'est où, le chemin vers toi ?"
Yohann
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Yohann,
J’ai vécu la même chose que toi, au mot près. C’est même le moment où j’ai pris du recul avec le forum, ne pointant mon nez que de loin en loin.
« Le 10 mai 2012
Tout, sans cesse, à chaque seconde, me ramène à vous. C’est impossible de le faire comprendre à quiconque n’a pas vécu cela : pas un instant vous ne quittez mon esprit, pas une seconde je ne vous mets à coté de la moindre décision, du moindre choix, de la plus banale pensée. Une lumière, un paysage de colza, un rayon de soleil lorsque j’ouvre les volets vers 7 :00, un bouquet de pâquerettes qui passe sous la tondeuse, vous tourniez autour, tiens la tondeuse qui ne démarre plus, un frelon, je craignais tant qu’il ne vous pique, les chats qui sautent après les papillons, l’aspirateur dont il faut changer le moteur ( ?!), l’auriez vous fait (185€), vous l’auriez sans doute réparé… 86 400 pensées par jour, 86 400 fois je dis Pierre aurait…, à si Pierre était là, tiens Pierre serait heureux, qu’aurait fait Pierre … et même, tiens, je vais acheter cela pour Pierre…
Mais à présent, vous ne participez plus. Parti. Disparu. Ailleurs.
Toute la journée je vous parle dans ma tête, me disant que votre nouvelle manière de sentir le monde est plus cérébrale que visuelle ou auditive. Je me dis que vous lisez dans mes pensées et qu’il n’est pas utile de les formuler.
Mais ce n’est que silence en réponse.
Alors parfois je les exprime, tout haut : Pierrot, montrez moi votre présence une fois, que je puisse repartir sur le chemin avec la certitude que même si je ne vous vois pas, ce qui déjà tellement dur, vous êtes quand même là, à m’aider, me guider, me protéger.
Mais ce n’est que silence en réponse.
Sans vous la vie est à peine supportable. A peine. Je la vis parce qu’on me l’impose.
Je m’étais sans doute inventé une petite douceur pour me pousser à continuer : Vous, dans un monde merveilleux de lumière d’Amour, avec ceux que vous avez aimés et qui vous ont accueilli, avec tout ce qui peux vous rendre heureux. Pas de mal, de douleur, de souffrance, de stress… Et vous quand même avec un regard sur moi, jamais trop loin, toujours attentif, me permettant de ressentir votre amour à travers les limbes qui nous séparent.
C’était loin d’être parfait, mais jouable.
Ce nouvel état m’a fait replonger dans le noir. Certes, il y a quand même l’habitude de ne pas vous croiser dans le jardin ou au détour d’un couloir. Il y a votre place vide dans le salon, à table ou notre lit, je le sais maintenant. Il y a ce que j’ai appris à faire, parce que vous n’êtes plus là pour le faire. Toutes ces choses qui vous appuient sur la tête lorsque la personne que vous aimez le plus au monde disparait.
Il me reste l’absence, le vide, le manque de vous, le toucher, l’odorat, la douceur de votre regard, de vos baisers, la tendresse de vos étreintes… Vous.
Vous, virtuel, c’était mieux que pas de vous du tout.
Aujourd’hui, rien, ni vous physiquement, ni vous virtuellement.
Dois-je encore payer davantage ? Plus cher ? Pas assez remboursé ma dette de bonheur pendant 30 ans ?
Parfois, je vous en veux de m’avoir abandonné une seconde fois.
La première fois, vous avez subit, avec un courage immense, vous avez été tellement, tellement vous, dans la maladie et la mort, comme dans la vie. Courageux, et discret, sans exigence, plein de foi et d’espoir, vous faisant aimer de tout le monde à l’hôpital. Même votre départ c’est fait sans bruit ou presque. Vos angoisses du coma, vos cris, et votre douleur m’était réservés, ultime « cadeau » de notre vie si fusionnelle. Ensemble là encore. Nous sommes morts ensemble, même si moi, la vie ne m’a pas quittée. Enfin celle de mon corps, car pour le reste je suis morte avec vous.
Aujourd’hui, j’ai presque l’impression que vous m’abandonnez, trop tôt, pour me forcer à accepter définitivement votre départ. Je vous le dis tout à trac : JE NE L’ACCEPTERAIS JAMAIS. Alors inutile d’employer les grands moyens de sevrage brutal, comme dans les centres anti drogue, JE NE L’ACCEPTERAIS JAMAIS. Autant donc rester avec moi, être mon petit fantôme de compagnie et me redonner un peu de douceur, non ?
A moins que votre vie à vous maintenant soit ailleurs… »
J’ai mis du temps Yohann à accepter cette nouvelle étape.
De nouveau abandonnée, de nouveau seule, alors qu’à peine, l’absence physique commence à se faire acceptable.
Ce que je trouve frappant dans ton témoignage c’est qu’il rejoint parfaitement le mien.
Pierre était déjà « parti » une première fois, en septembre 2011. Je m’étais battue, j’avais tant pleuré, tant crié ma peur, mon désespoir, je l’ai tant supplié que je l’ai « senti » revenir.
6 mois plus tard, de nouveau il est parti, et j’ai accepté cette fois, sans lutter, il avait besoin de la reprendre cette liberté. Il ne s’est pas débarrassé de moi, il a autre chose à faire, il devait partir. Mais pas sans souffrance pour moi.
Ma relation avec lui est différente aujourd’hui. Je n’attends rien, pas de signes, pas de messages, pas de réconfort ou de soutien.
Il est là où il doit être.
Je suis sur la terre, avec mes souvenirs, mes photos, mes devoirs, et l’obligation de continuer.
Un jour peut-être j’ajouterai avec mes plaisirs, mes bonheurs et mes joies.
Courage Yohann, c’est difficile, mais c’est encore une avancée vers autre chose, vers un mieux. S’ils n’étaient pas sûrs que la rupture de ce cordon d’Amour entre eux et nous n’est pas salutaire, ils ne s’éloigneraient pas.
:-*
Marina
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Bon matin, Yohann,
Très fort comme témoignage.
Pour ma part, Lowell n'a jamais été présent de cette façon. Je lui parle toujours, je l'engueule un peu moins, j'allume de très très belles bougies en cire d'abeille, j'ai toujours un peu de ces cendre dans la maison déposées dans une urne que j'ai fabriquée, à la main, en céramique. Mais jamais je n'ai senti qu'il m'habitait.
Et j'ai été aussi en face de l'hôpital, même dans la chambre où il est décédé. Rien. Mais j'ai pleuré.
Ton message me fait du bien. Bien sûr, c'est incompréhensible. Ce que je vois dans tes messages et plus fort, ce dernier, c'est une force: celle de ta vie à toi, de ton chemin à faire pour toi, parce que tout commence par "soi".
Vu ta puissance intérieure et ton expérience encore plus riche que la majorité des humains, je ne doute pas de toute la beauté que tu sauras partager autour de toi.
Il y a une part de souffrance bien sûr, mais elle t'amène vers une vie plus harmonieuse.
Avec toute mon amitié,
Caroline
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Yohann,
Tout comme Caro, je n'ai jamais ressenti de présence sous quelque forme que ce soit. Selon moi, il est définitivement parti le jour de son décès.
Par contre, lorsque tu dis "plus personne ne parle d'elle", ou que les souvenirs communs s'éloigneront, que d'autres sans lui se créeront, il me semble que ça sera alors la un départ définitif, hop "rayé de la carte" ... Et c'est ce qui me fait peur.
C'est pourquoi, je continue à le faire vivre à travers les filles et nous continuerons, je l'espére, à parler très souvent de lui.
Peut-être est-ce une nouvelle étape pour toi Yohann ...
Amicalement,
Karine
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Yohann,
Que de tristesse... Je guette des signes de Bruno. Parfois des coïncidences que je voudrais voir comme des signes mais rien de vraiment perceptible. J'aurais tant aimé le sentir, le voir, avoir l'impression qu'il me parle.
"En rentrant à la maison, ce vide m'a ressaisi de nouveau, entraînant une détresse incroyable"
Je ressens le vide, la détresse incroyable dont tu parles depuis sa mort. Je me sens abandonnée. Si seulement il venait rien qu'une fois dans mes rêves me dire qu'il était heureux, qu'il m'aime, qu'il savait que je l'aime, qu'il n'a pas souffert, qu'il est bien là où il est...
juste cela et pourtant c'est beaucoup.
J'aimerais un jour pouvoir connaitre à nouveau le bonheur, sans l'oublier mais savoir qu'il est là pour me protéger...
Peut être est en effet une nouvelle étape pour toi. Le chagrin d'un nouvel abandon ? il parait que nous devons passer par toutes ces étapes. Quelles sont difficiles sans ceux qu'on aime !
courage Yohann, je suis certaine que c'est la manière de Monique pour te pousser à regarder devant...
:-*
Claire
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Pour toi Yohann
Je ne sais pas m'exprimer sur ton ressentit, car moi je vis toujours avec lui dans notre maison où il s'est éteint et je n'en suis qu'au début de mon deuil, je ne réalise pas encore je crois
Voici deux textes que je trouve magnifiques:
Le souvenir
Un être humain qui s’éteint, ce n’est pas un mortel qui finit.
C’est un immortel qui commence.
C’est pourquoi en allant le confier où il dormira doucement à coté des siens,en attendant que j’aille l’y rejoindre,je ne lui dis pas adieu, je lui dis à bientôt.
Car la douleur qui me serre le coeur raffermit, à chacun de ses battements ma certitude qu’il est impossible d’autant aimer un être et de le perdre pour toujours.
Ceux que nous avons aimés et que nous avons perdus ne sont plus où ils étaient,mais ils sont toujours et partout où nous sommes.
Cela s’appelle d’un beau mot plein de poésie et de tendresse : le souvenir.
L'Ennui
Depuis mon départ,
C'est ce qui te fait le plus souffrir, l'ennui,
L'Ennui de ne plus entendre ma voix ,ou mes pas t'annonçant que je rentre
L'Ennui de pouvoir te réfugier dans mes bras
qui t'entourent et te consolent,
L'Ennui de mon sourir, de mon humour, de mon amour !
Dans ces moments là
Rappelle-toi que je suis avec toi,
Que je suis ta vie pas à pas et que je veille sur toi.
Ne reste pas dans le passé ni dans ma mort.
Je suis avec toi plus que jamais.
Avance doucement sur le chemin de ta guérison.
De jour en jour,
L'ennui se dissipera
Jusqu'à ce que tu arrives à penser à moi en souriant.
Ce jour-là
je serai l'être le plus heureux du Paradis
(M.Caron)
amicalement Catherine
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Oh là là, Yohann, j'avais peur que ce soit mon mot qui t'avait bousculé... je suis désolée si un message qui t'a été adressé a manqué d'humanité. Tu es fait d'une matière forte, heureusement.
J'aimerais aussi prendre une partie de ta peine, et la faire monter au ciel, pour qu'elle soit dispersée en milliards de petites particules, qu'on puisse la partager, être un univers commun... la souffrance serait moindre.
C'est bien ce que tu fais: aller en vélo être présent aux derniers moments de ta douce. Tout en dynamisme et en douceur, en force et en retour en arrière et en même temps, très certainement réparateur.
Je pense à toi, puisque je fais aussi du vélo, beaucoup moins que toi, mais aujourd'hui, j'ai acheté une excellente pompe à vélo, chez un artisan qui monte des vélos à Québec, un des très rares.
Bonne soirée Yohann,
De mon côté, ce soir, j'allumerai ma bougie de 22$ (!) en cire d'abeille et mes pensées seront pour tous ces humains qui doivent, seuls, traverser le long chemin de la perte d'un être tant aimé.
Caroline
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Yohann,
J'espère aussi ne pas t'avoir blessé en disant que je n'avais jamais ressenti de présence ou autre, car c'était seulement la une constatation, mon vécu et surtout pas une remise en cause de ce que toi tu vis. Fais le moi savoir si c'est le cas.
Tu apportes tellement de réconfort ici à nous tous que le fait que quelqu'un ait pu t'offenser, surtout en ce moment, dans une période difficile pour toi, me met mal à l'aise.
Je me permets pour une fois de t'embrasser :-*
Karine
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Yohann,
Comme Karine, j'espère ne pas t'avoir blessé...
Je serai triste de savoir que je suis la cause d'une peine supplémentaire à ta douleur.
N'hésite pas à me le faire savoir si tel était le cas. Tu es tellement gentil avec tout le monde, un peu comme Marina qui trouve toujours le mot juste et réconfortant.
"D'une façon très naturelle et très douce, je percevais chaque fois que Monique venait à ma rencontre en souriant, un sourire qui semblait vouloir dire :"Merci de passer me voir !".
Ça ne durait que quelques secondes, mais c'était un moment d'apaisement.
Et je repartais serein."
J'espère du fond du coeur que tu as pu trouver du réconfort en retournant à la clinique. Peut être est ce juste une interprétation de ma part, mais je suis certaine que Monique ne peut pas te laisser sans te dire au revoir, elle est surement tellement autour de toi que tu ne la vois pas "venir à ta rencontre".
Il me semblait peut être à tort, que ce ne sont pas nos anges qui nous quittent, c'est nous qui les laissons petit à petit reposer en paix. Cet "éloignement" peut être douloureux peut être parce qu'on imagine un peu les trahir. Mais cela ne peut il être simplement un moment où ils nous manquent tant, qu'on voudrait plus de signes, une "présence" plus forte car leur absence est de plus en plus concrète ?
Je te souhaite sincèrement de ne plus être angoissé par ce fil. Nous sommes parfois maladroits. A moins que je n'ai pas lu ce qui a pu te blesser...Je ne suis pas venue beaucoup sur le site depuis l'anniversaire de Bruno.
Pourvu que je ne sois pas la cause de ta peine ! sinon, je te demande de bien vouloir m'excuser.
Bonne soirée
Claire
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Ah, Yohann, laisse-moi te parler comme une bonne vraie québécoise: tu es en plein dedans la déstructuration, et c'est bon.
Une des choses que j'ai comprises, c'est que je suis "comme tout le monde". Ça m'a fait mal. Moi Caroline, je suis "hors norme"!!! Ben non, devant la vie, devant la mort, je suis tout ce qu'il y a de plus ordinaire. Je passe par les mêmes étapes, quoique je crois que du fait que j'étais vraiment seule (mon cheminement psy depuis très jeune), ça a pris plus de temps. Mais une force plus grande que moi m'a aidé à venir ici, à rencontrer mon psy, à demander de l'aide, finalement, après deux ans.
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Avant? Quand tu entendais Monique, que tu avais cette belle relation? Toi seul le sent, mais je donnerais peut-être ma dernière chemise, si ce n'est pas cette deuxième étape:
" La 2ième étape du processus de deuil, c'est ce qui se passe durant les 10 premiers mois qui suivent le décès de son proche. C’est à la fois un temps de fuite de la souffrance, comme si on tentait d’annuler la réalité de l’absence, et c’est en même temps une période où l’on recherche intensément à garder le contact avec cette personne"
Je ne sais pas. On réagit tellement fort. Moi, cette deuxième étape ressemblait plutôt à une colère intense. Il me laisse seule, avec une petite, comme il m'a laissée seule la majorité de la vie de notre Lou... En plus, il meure!!!! Je crois que j'étais assez enragée pour créer une forte énergie afin de travailler et voyager, tout en m'occupant de ma petite, de la maison.
Mais j'étais désespérée.
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Ces échanges réels? Qui sait... toi seul le ressent. Mais à lire sur le deuil, je crois que ce n'est peut-être pas fréquent, mais ce n'est pas anormal, en tout cas, durant la première année ou un peu plus.
Mais une erreur? Non, je crois que c'est là l'erreur: croire que c'est une erreur.
Cette relation que tu as eu, après sa mort, t'a aidé à vivre, et ça, ce n'est pas rien. C'est toute ta vie.
Bonne nuit, Yohann,
Caroline
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Bonjour à tous
Yohann
Je pense que cette personne s'est trompée..de sujet ! elle a du retiré son message...
je ne pense pas que c'était adressé à toi....ça doit être une erreur... surtout venant de cette personne....
ne te torture pas....
:-* :-*
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Comme toi Yohann... en pleine période de destructuration ...
plus de signes... plus rien....
je pense comme Marina nous l'a conseillé...
"il faut les laisser partir...."
mais comme il est difficile ... ce chemin....:'(
Bon courage
Sylvette
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4 ans....3 ans....
j'ai déjà du mal à supporter les journées... une par une... en ce moment !!
après 8 mois ....
comment faire ???????????????????? pour supporter ????????? ??? ???
Sylvette
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Bonjour Sylvette,
Un début de réponse, si jamais c'est possible: croire dur comme fer que ça ira mieux, et que c'est certain-certain. Prendre une minute, une heure à la fois, et se répéter que c'est certain, ça ira mieux :)
Caro
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Comme d’hab, Yohann, j’ai envie de reprendre tes propos, car j’y trouve mon reflet.
Moi aussi, j’ai cru, j’y ai sérieusement cru être arrivée au bout du chemin : Le chagrin et les larmes encore, certes, mais une douce impression d’être encore deux.
Et puis vlan.
Bon, comme toi, je vais dire : "Si les belles choses ont une fin", je ne doute pas que le calvaire en ait une aussi !
Mais sincèrement, je crois que le bout du chemin c’est la fin du « calvaire ». Peu à peu, notre corps, notre esprit, au fil des mois et des actions que nous menons, au fil de la vie qui reprend malgré nous et parfois avec nous, on « s’habitue » à l’absence.
Et puis peu à peu, on « accepte » de vivre avec lui ou elle, bien qu’il ne soit plus là.
Et un jour, le cordon ombilical est rompu, nous voilà seul(e), vraiment seul(e) avec nos souvenirs et nos photos, un peu comme le petit garçon ou la petite fille abandonné(e) pour la première fois dans la cour de l’école, comme devant l’examinateur du bac, comme devant son futur patron… Comme devant celui ou celle qui fait exploser notre cœur d’Amour, secrètement…
Je n’ai jamais cherché à savoir si je passais par telle ou telle étape du deuil. J’ai simplement voulu m’assurer que je ne m’égarais pas sur un chemin de traverse qui m’aurait entrainé vers je ne sais quelle idolâtrie de mon Pierre, m’empêchant de lui rendre sa liberté, et faisant de moi une ombre.
Je ne sais pas où j’en suis par rapport au processus classique, je sais que j’avance, je sais que oui, Sylvette, plus de 2 ans après je souffre et pleure encore, mais je sais que je dois en passer par là, et que je le ferais. … avec la bouteille de rosé s’il le faut !
Non, j’rigole ! Je suis plutôt Pastis. Enfin, les deux. Mais avec beaucoup de glace.
Et je sais aussi que les années n’y changerons pas grand-chose. Quand on aime… on aime. Mais l’absence sera moins lourde, c’est sûr.
Moi aussi, j’ai re perdu Pierre dans un lieu très familier, notre petite maison du sud ou nous pensions passer une douce retraite. Un séjour en avril, il n’était plus là. Je rentre en Champagne, il n’était plus là non plus. Un peu comme son Amour qui profite d’une absence pour faire ses bagages et disparaitre ! Chagrin d’Amour, solitude extrême, colère, angoisse, peur, en quelques jours on revit tout et puis, comme heureusement, on a pris de la bouteille (c’est le cas de le dire !) tout aux longs de ces derniers mois, on réfléchit et on n’a pas le choix, alors on affronte et on avance, « accroché au bastingage ».
Tandis que j’écrivais mon message, Véronique publiait le sien. D’accord complètement, Véro, notre deuil n’est pas le tour de France.
Eh, Véro, tu écris merveilleusement bien.
Oui, comme toi, ce sentiment de partager mon corps avec son esprit et le mien. Apaisant, rassurant.
Oui, puis les allers-retours, oui.
Et puis le départ, le second, le définitif…
Ils ne sont pas loin ?
Il me semble si occupé ailleurs maintenant…
Mais c’est son choix, et s’il m’avait quitté pour une autre femme, je l’aurais laissé partir, parce que je ne voulais et ne veux que son bonheur. Alors, là aussi, il est parti, il a ses raisons, et je vais continuer de vivre.
:-*
Mamy Marina
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Bonjour,
J'éprouve moi aussi le besoin de " me situer" dans les étapes. Peut être est ce une manière de se rassurer en se disant : oui j'avance.
C'est tellement difficile. Je vous lis. Et je constate tout le chemin qui me reste à parcourir. Bruno est parti il y a quatre mois.
Je suis toujours sous antidépresseur. Je vois bien que le sentiment "d'aller bien" est fragile. La journée ca va. Mais il ne se passe que peu de minutes pendant lesquelles mes pensées ne reviennent pas vers Bruno. Tout me ramène à lui. Mais par forcément de façon triste. juste un constat, il faisait comme ci ou il était là, à cette heure il m'envoyait un texto etc...
le soir c'est déjà plus difficile mais je pleurs moins souvent. Je lis, je regarde la télé, de vous lis. j'allume ma bougie mais la souffrance et le manque sont "supportable".
J'ai surtout tout mon amour que je ne peux lui donner, me blottir contre lui. C'est un grand vide, un manque.
J'arrive à penser à lui dans toutes les choses vivantes. Le matin dans la salle de bain, tout dans mon quotidien.
Je me sens surtout très seule, tellement inutile.
mais j'attends que le temps passe. Lorsque je vous lis, je perds un peu espoir en me disant : encore tout ce temps ! C'est un peu comme si notre vie était mise en "mode vide".
Parfois, revient le leitmotiv "pourquoi nous ?"
Demain j'hésite aussi : je ne suis ni baptisée ni rien. Bruno était très croyant. Je suis allée à l'église plusieurs fois depuis son départ, mais je ne sens pas de présence. Je me demande si je ne vais pas aller au temple demain. La cérémonie est à 10 h30. Peut être cela vous semblera t'il idiot, mais une part de moi voudrait qu'il y ait un Dieu bon pour retrouver la paix.
Je me cogne contre les murs et je ne trouve pas d'ouverture.
Claire
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Claire,
Il ne faut pas te décourager, nos témoignages d’anciens sont au contraire là pour vous dire que malgré cette épouvantable impression de n’être plus rien, nous existons quand même et nous avançons.
Je n’aurais pas voulu me réveiller amnésique de mon Amour pour Pierre, histoire de ne pas souffrir de son départ. Je souffre parce que je l’aime infiniment et éternellement, quoiqu’il arrive, mais je vis et maintenant je souris, plaisante et ris. Il est toujours extrêmement présent en moi mais pas douloureusement, comme au début.
Certes, il y a des moments de chagrin, ce matin, assise seule sur le banc du jardin au levé du soleil avec mon bol de café, un petit matin frais, où il n’aurait pas manqué de me serrer contre lui pour me tenir au chaud. Les larmes ont coulé. Un gros sanglot. La même question : pourquoi ? Et puis, le soleil qui est venu juste sur mon visage me réchauffer et le sourire est revenu. De plus en plus de sourires, de moins en moins de larmes.
Quand à ta quête religieuse, personne ne trouvera cela idiot.
J’ai rencontré aussi un pasteur, Pierre était catholique et croyant. J’étais croyante, mais…
Comme dit Pascal : Douter de l’existence de Dieu, c’est déjà y croire.
L’important, c’est ton interlocuteur, quelque soit son obédience, s’il sait t’écouter, te parler et t’apporter des réponses, qu’il soit chrétien, athée, bouddhiste, psy… Nous avons tant besoin de soutien.
Avant tout, crois en toi, Claire, en ta force, et en celle de l’Amour de Bruno, qui t’accompagne et t’aide dans ton épreuve.
:-*
Marina
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Merci Marina,
Tes mots sont toujours gentils, et si plein de vérité et de sagesse. Je comprends tes moments de chagrin comme ce matin avec ton bol de café.
Je ressens un pincement au coeur dans les rites du quotidien. Ce n'est pas vraiment du chagrin, juste je ressens le manque de sa présence. la tristesse ne dure qu'un instant. Mais jamais il ne quitte vraiment ma tête.
Tu vois, j'ai du mal à décrire mon ressenti. Mais j'avais l'impression que mes "étapes" étaient un peu mélangées ! je ressens des émotions des 2ème et 3ème étapes et je dirai même une envie de vivre par moment autre chose.
Mais quand je vous lis, je me dis que ce n'est surement pas possible car il n'y a que 4 mois...
Peut être parce que Bruno et moi avons vécu moins de deux ans ensemble. Tout allait si bien ! pas de disputes, pas de vrais problèmes. Et puis son départ si brusque incompréhensible....
merci Marina, courage toi tu as bien avancé. Tu as tellement de choses à porter en même temps. J'espère que tes parents sont dans une période un peu plus gentille...
Bisous
Claire
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Les étapes du deuil, un Tour de France? Hé, pourquoi pas? Sans ce soutien (lectures, Internent, vidéos), j'aurais fait les étapes quand même, mais 1) sans le savoir 2) toute seule 3) je serais devenue cynique.
Un deuil difficile avec des résultats presque désastreux.
En passant les étapes, en les comprenant, ça soulage. Ça ôte une pression énorme: "Il faut être active, il faut sourire, il faut sortir, il faut être bien, oublie, continue, t'es belle, tu vas refaire ta vie". Moi, ça m'a aidé à passer à travers avec plus de douceurs, ce qui manquait à ma vie (et je n'ai pas fini bien sûr).
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On peut les nommer autrement qu'"Étapes", mais c'est plus aisé ainsi. En plus, ça vient, ça va. En avant, en arrière... C'est peut-être ça le mystère: on croit avoir passer une étape et puis, on reviens en arrière, ceci dit, pour mieux avancer, bien sûr :)
La deuxième étape, je peux me tromper, mais ça été "la belle vie": la personne semble proche, même toute là (conscient ou non), et en même temps, pour ma part, je me suis assommée en travail. Je n'ai pas pris le temps de vivre ce deuil. Mais semble qu'il faut aussi passer par là.
C'est parce qu'on croit que la deuxième se passe relativement doucement et qu'on est persuadé que le deuil se finalise sans trop de dégâts que la troisième est un véritable coup de poing en pleine gueule.
C'est fini, c'est fini, c'est fini. Débrouille-toi toute seule Caro, y'a personne qui va te sortir de l'eau, si tu veux pas couler, nage, nage, nage. Et c'est là qu'on est persuadé de couler, de ne plus être capable de respirer. Qu'on devient pour le doc un "deuil pathologique". "Ah oui, déjà deux ans?"
Ben oui, ma belle doc toute pimpette, c'est comme ça.
Moi, je suis une lente (dans tout): ce n'est que vers la deuxième année que j'ai enfin flanché. Je n'endurais plus personne (d'après moi, je garderai cette fragilité, mais en moins fort), tout le monde était coupable, personne n'était là, j'étais seule, je devenais hystérique avec ma fille. C'est pourquoi j'ai arrêté de travailler et ce n'est que là que j'ai accepté de vivre (et comprendre) cet travail de deuil. Certainement la plus dure et longue, mais la plus libératrice. God que j'ai pleuré!!!! Seule, avec d'autres et tout de suite après, je ressentais un bienfait.
Aujourd'hui, je bénéficie de ce temps où j'ai accepté l'aide des autres. Ne pas rester seul, c'est une des clefs pour la passer un peu mieux. Ce que nous ne faisons plus, après deux ou trois ans. Or, il faut trouver des proches pour en parler, c'est nécessaire.
Présentement, mon défi est d'avoir des objectifs de jour, de vie qui soient raisonnables. Adaptés à moi, à ce que je suis en ce moment et ça, je ne sais toujours pas.
Amicalement à tous,
Caro xx
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caroline3
Beau résumé maintenant à moi de trouver la force de passer par toutes ces étapes, je n'en suis qu'au début et dur dur...
Bonne nuit à toi
Catherine
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La force, elle est en toi, elle est aussi à travers le regard aimant des autres, elle se manifeste durant une promenade impromptue ou lorsque tu observes avec attention une jolie fleur, que tu écoutes un ruisseau qui clapote, que tu accueilles un sourire tout simple d'un inconnu, ou bien, lorsqu'un désir inconnu reprend vie en ton corps. Ou bien, lorsque tu t'aperçois que tu as vécu quelques minutes de paix réelle.
En regardant, durant la nuit, une bougie allumée.
Ici, c'est 16H, bonne nuit reposante à toi, Catherine :)
Caroline
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Merci à tous pour votre réconfort....Caroline... Marina.. Claire... Véro...Karine..Catherine... par vos écrits...
Yohann y'aura pas assez d'une bouteille de rosé pour trinquer tous ensemble...
boire pour oublier... :o
mais ne faut il pas... oublier de boire....
un Amour ne s'oublie pas...
:-*
Sylvette
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Yohann,
Bruno était très sensible. Il pleurait lorsque les émotions le submergeaient. Lorsque je l'ai connu il ne correspondait pas à l'image "virile" du "mâle" telle que formatée par notre société.
J'ai appris à aimer cette sensibilité. Elle me manque aujourd'hui. Ses larmes dans la peine ou devant un film triste. Nous partagions cette fragilité. C'est une des qualités qui me l'ont fait aimé.
Je ne trouve pas qu'un homme qui a de la peine et qui la montre soit un minable. Je trouve courageux de sa part de l'avouer. Et l'humour n'est pas réservé aux hommes pour camoufler leurs émotions....
Je suis allée au temple aujourd'hui. J'y ai reçu un accueil chaleureux. J'ai rencontré une personne de 77 ans qui m'a dit se partager entre le temple et l'église. Je crois que c'est ce que je ferai lorsque je souhaiterais me rendre à un culte. Mais je crois que je peux prier n'importe où, chez moi. Je cherche un sens à l'existence, peut m'importe l'endroit je crois.
Claire
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Hé, hommes, femmes...
Chez nous, quand une femme exprime sa colère, c'est une folle. Quand c'est un homme, il est puissant.
Mais c'est vrai que les femmes sont mieux accueillis dans leur peine.
Yohann, tu as réussi à créer un réseau de soutien?
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Claire, j'ai aussi ce très fort désir de trouver un sens pour fort que moi, plus fort que la vie, la mort. Mais je n'en suis qu'aux balbutiements. L'église est tellement guindée...
Je cherche.
Caroline
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Yohann,
Dans un couple, oui, le partage de cette sensibilité est à mes yeux une bonne chose, l'inverse pouvant être source de domination/soumission.
La sensibilité n'exclut pas pour cela la volonté et la force.
J'ai vécu 24 ans avec le papa de ma fille. Pour lui, s'excuser était une preuve de faiblesse (c'est ce qu'il a dit a notre fille lorsqu'elle avait environ 4 ou 5 ans !
J'ai vécu en effet dans un rapport de force pendant toutes ces années. J'ai vécu tant d'années sans le connaître réellement !
Bruno est arrivé dans ma vie comme un cadeau, avec sa sensibilité, sa douceur, sa compréhension. Il était un vrai gentil. Il m'a apporté la sécurité, l'amour pour ce que je suis et non pour une image, malgré mes kilos en trop, malgré mon caractère peureux, mes complexes et le fait que je croyais ne pas mériter le droit d'être aimée, tout le fardeau de mon enfance. J'ai aimé cette "partie féminine" chez lui. Il a su me toucher par l'amour qu'il donnait sans compter.
Une amie m'a dit la veille de son ACR, "et bien, celui là, il t'aura gagné". Il avait eu tant de mal à gagner ma confiance. A force de constance dans son attitude, d'amour, j'ai appris à l'aimer, à lui faire confiance.
Il m'avait dit qu'il me protègerait toujours, que jamais il ne me quitterait... mais la vie en a voulu autrement.
Il m'a laissée sans le vouloir. Et aujourd'hui, je me sens perdue, à nouveau.
Son coeur était si grand, si entier, pourquoi s'est il arrêté ?
Une collègue m'a dit que c'était peut être parce qu'il avait mérité de rejoindre Dieu...
"J'ai eu l'horreur ou la chance, je ne sais, de naître quasiment 2 fois.
La seconde fois où plus rien n'existait de l'homme précédent, c'est le choix qui s'est imposé pour moi.
"
Je suis certaine que l'homme de cette deuxième naissance est formidable. Cela n'a pas dû être facile de changer même si le changement s'est imposé. Ta sensibilité est ta grandeur d'âme et tu nous apportes tant sur ce forum ! Je te remercie d'être celui que tu es.
Claire
nb : je me suis relue sur d'autres messages... oups ! désolée pour les fautes d'orthographe :-[
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Merci Yohann pour tous tes messages qui me réconfortent tant.
Oui, la vie passée ne peut être changée. J'ai seulement appris et admis que je n'étais pas toujours responsable des éléments. Il est parfois difficile d'admettre que l'on a été victime et non coupable des attitudes de nos parents.
Grâce à Bruno j'ai été en première place dans la vie de quelqu'un, il me disait "tu es tout pour moi". Il m'aimait malgré mes rondeurs et mes complexes. Il m'aimait pour ce que j'étais avec mes qualités et mes défauts. Je l'aimais comme il était aussi, imparfait et constant dans son amour.
Il m'a donné un bien être et une stabilité que je n'avais jamais connue. Il était vrai, sincère. Voilà aujourd'hui mes pertes secondaires...
tu as remarqué Yohann que j'avance ? ;)
J'avance, grâce à toi, à Marina et à tous ceux qui partagent ici leur tristesse.
J'ai écrit sur le fil des parents en deuil car Bruno était mon compagnon, mais il était aussi un père, un fils, un oncle, un beau père ou simplement un ami... pour tout ceux qui l'ont aimé, le deuil est difficile.
La maman de Bruno arrive ce soir pour quelques jours. Je suis contente de la retrouver. Demain, nous aurons les enfants de Bruno pour passer la journée.
Ma fille est passée hier. C'est parfois difficile de réunion tout le monde avec les contraintes des uns et des autres !
Et toi Yohann, tu parles de tes 2 vies ? lors du coma de ton accident en vélo, as tu perdu la mémoire ?
Je ne voudrais pas être indiscrète, Peut être cela explique t'il aussi un peu ton cheminement.
Comment te sens tu aujourd'hui ? as tu fait du vélo ? as tu meilleur moral ?
Je pense à toi et à ton amour pour Monique
Je t'embrasse,
Claire