Auteur Sujet: Elle s'en va ?  (Lu 11092 fois)

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Pervenche

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Re : Elle s'en va ?
« Réponse #15 le: 11 août 2012 à 19:12:31 »
Bonjour,
J'éprouve moi aussi le besoin de " me situer" dans les étapes. Peut être est ce une manière de se rassurer en se disant : oui j'avance.

C'est tellement difficile. Je vous lis. Et je constate tout le chemin qui me reste à parcourir. Bruno est parti il y a quatre mois.
Je suis toujours sous antidépresseur. Je vois bien que le sentiment "d'aller bien" est fragile. La journée ca va. Mais il ne se passe que peu de minutes pendant lesquelles mes pensées ne reviennent pas vers Bruno. Tout me ramène à lui. Mais par forcément de façon triste. juste un constat, il faisait comme ci ou il était là, à cette heure il m'envoyait un texto etc...

le soir c'est déjà plus difficile mais je pleurs moins souvent. Je lis, je regarde la télé, de vous lis. j'allume ma bougie mais la souffrance et le manque sont "supportable".

J'ai surtout tout mon amour que je ne peux lui donner, me blottir contre lui. C'est un grand vide, un manque.

J'arrive à penser à lui dans toutes les choses vivantes. Le matin dans la salle de bain, tout dans mon quotidien.

Je me sens surtout très seule, tellement inutile.

mais j'attends que le temps passe. Lorsque je vous lis, je perds un peu espoir en me disant : encore tout ce temps ! C'est un peu comme si notre vie était mise en "mode vide".

Parfois, revient le leitmotiv "pourquoi nous ?"

Demain j'hésite aussi : je ne suis ni baptisée ni rien. Bruno était très croyant. Je suis allée à l'église plusieurs fois depuis son départ, mais je ne sens pas de présence. Je me demande si je ne vais pas aller au temple demain. La cérémonie est à 10 h30. Peut être cela vous semblera t'il idiot, mais une part de moi voudrait qu'il y ait un Dieu bon pour retrouver la paix.
Je me cogne contre les murs et je ne trouve pas d'ouverture.

Claire




Hors ligne Marina Saboya

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  • Messages: 657
Re : Elle s'en va ?
« Réponse #16 le: 11 août 2012 à 19:32:29 »
Claire,

Il ne faut pas te décourager, nos témoignages d’anciens sont au contraire là pour vous dire que malgré cette épouvantable impression de n’être plus rien, nous existons quand même et nous avançons.

Je n’aurais pas voulu me réveiller amnésique de mon Amour pour Pierre, histoire de ne pas souffrir de son départ. Je souffre parce que je l’aime infiniment et éternellement, quoiqu’il arrive, mais je vis et maintenant je souris, plaisante et ris. Il est toujours extrêmement présent en moi mais pas douloureusement, comme au début.
Certes, il y a des moments de chagrin, ce matin, assise seule sur le banc du jardin au levé du soleil avec mon bol de café, un petit matin frais, où il n’aurait pas manqué de me serrer contre lui pour me tenir au chaud. Les larmes ont coulé. Un gros sanglot. La même question : pourquoi ? Et puis, le soleil qui est venu juste sur mon visage me réchauffer et le sourire est revenu. De plus en plus de sourires, de moins en moins de larmes.

Quand à ta quête religieuse, personne ne trouvera cela idiot.
J’ai rencontré aussi un pasteur, Pierre était catholique et croyant. J’étais croyante, mais…
Comme dit Pascal : Douter de l’existence de Dieu, c’est déjà y croire.
L’important, c’est ton interlocuteur, quelque soit son obédience, s’il sait t’écouter, te parler et t’apporter des réponses, qu’il soit chrétien, athée, bouddhiste, psy… Nous avons tant besoin de soutien.

Avant tout, crois en toi, Claire, en ta force, et en celle de l’Amour de Bruno, qui t’accompagne et t’aide dans ton épreuve.

 :-*

Marina
PiMa

Mieux vaut souffrir d'avoir aimé que de souffrir de n'avoir jamais aimé.

Pervenche

  • Invité
Re : Elle s'en va ?
« Réponse #17 le: 11 août 2012 à 19:45:36 »
Merci Marina,

Tes mots sont toujours gentils, et si plein de vérité et de sagesse. Je comprends tes moments de chagrin comme ce matin avec ton bol de café.

Je ressens un pincement au coeur dans les rites du quotidien. Ce n'est pas vraiment du chagrin, juste je ressens le manque de sa présence. la tristesse ne dure qu'un instant. Mais jamais il ne quitte vraiment ma tête.


Tu vois, j'ai du mal à décrire mon ressenti. Mais j'avais l'impression que mes "étapes" étaient un peu mélangées ! je ressens des émotions des 2ème et 3ème étapes et je dirai même une envie de vivre par moment autre chose.

Mais quand je vous lis, je me dis que ce n'est surement pas possible car il n'y a que 4 mois...

Peut être parce que Bruno et moi avons vécu moins de deux ans ensemble. Tout allait si bien ! pas de disputes, pas de vrais problèmes. Et puis son départ si brusque incompréhensible....


merci Marina, courage toi tu as bien avancé. Tu as tellement de choses à porter en même temps. J'espère que tes parents sont dans une période un peu plus gentille...

Bisous
Claire
 

Caroline3

  • Invité
Re : Elle s'en va ?
« Réponse #18 le: 11 août 2012 à 21:30:13 »
Les étapes du deuil, un Tour de France? Hé, pourquoi pas? Sans ce soutien (lectures, Internent, vidéos), j'aurais fait les étapes quand même, mais 1) sans le savoir 2) toute seule 3) je serais devenue cynique.

Un deuil difficile avec des résultats presque désastreux.

En passant les étapes, en les comprenant, ça soulage. Ça ôte une pression énorme: "Il faut être active, il faut sourire, il faut sortir, il faut être bien, oublie, continue, t'es belle, tu vas refaire ta vie". Moi, ça m'a aidé à passer à travers avec plus de douceurs, ce qui manquait à ma vie (et je n'ai pas fini bien sûr).

---

On peut les nommer autrement qu'"Étapes", mais c'est plus aisé ainsi. En plus, ça vient, ça va. En avant, en arrière... C'est peut-être ça le mystère: on croit avoir passer une étape et puis, on reviens en arrière, ceci dit, pour mieux avancer, bien sûr :)

La deuxième étape, je peux me tromper, mais ça été "la belle vie": la personne semble proche, même toute là (conscient ou non), et en même temps, pour ma part, je me suis assommée en travail. Je n'ai pas pris le temps de vivre ce deuil. Mais semble qu'il faut aussi passer par là.

C'est parce qu'on croit que la deuxième se passe relativement doucement et qu'on est persuadé que le deuil se finalise sans trop de dégâts que la troisième est un véritable coup de poing en pleine gueule.

C'est fini, c'est fini, c'est fini. Débrouille-toi toute seule Caro, y'a personne qui va te sortir de l'eau, si tu veux pas couler, nage, nage, nage. Et c'est là qu'on est persuadé de couler, de ne plus être capable de respirer. Qu'on devient pour le doc un "deuil pathologique". "Ah oui, déjà deux ans?"

Ben oui, ma belle doc toute pimpette, c'est comme ça.

Moi, je suis une lente (dans tout): ce n'est que vers la deuxième année que j'ai enfin flanché. Je n'endurais plus personne (d'après moi, je garderai cette fragilité, mais en moins fort), tout le monde était coupable, personne n'était là, j'étais seule, je devenais hystérique avec ma fille. C'est pourquoi j'ai arrêté de travailler et ce n'est que là que j'ai accepté de vivre (et comprendre) cet travail de deuil. Certainement la plus dure et longue, mais la plus libératrice. God que j'ai pleuré!!!! Seule, avec d'autres et tout de suite après, je ressentais un bienfait.

Aujourd'hui, je bénéficie de ce temps où j'ai accepté l'aide des autres. Ne pas rester seul, c'est une des clefs pour la passer un peu mieux. Ce que nous ne faisons plus, après deux ou trois ans. Or, il faut trouver des proches pour en parler, c'est nécessaire.

Présentement, mon défi est d'avoir des objectifs de jour, de vie qui soient raisonnables. Adaptés à moi, à ce que je suis en ce moment et ça, je ne sais toujours pas.

Amicalement à tous,

Caro xx
« Modifié: 11 août 2012 à 22:12:43 par Caroline3 »

catyam

  • Invité
Re : Elle s'en va ?
« Réponse #19 le: 11 août 2012 à 21:48:59 »
caroline3
Beau résumé maintenant à moi de trouver la force de passer par toutes ces étapes, je n'en suis qu'au début et dur dur...
Bonne nuit à toi

Catherine

Caroline3

  • Invité
Re : Elle s'en va ?
« Réponse #20 le: 11 août 2012 à 21:58:54 »
La force, elle est en toi, elle est aussi à travers le regard aimant des autres, elle se manifeste durant une promenade impromptue ou lorsque tu observes avec attention une jolie fleur, que tu écoutes un ruisseau qui clapote, que tu accueilles un sourire tout simple d'un inconnu, ou bien, lorsqu'un désir inconnu reprend vie en ton corps. Ou bien, lorsque tu t'aperçois que tu as vécu quelques minutes de paix réelle.

En regardant, durant la nuit, une bougie allumée.

Ici, c'est 16H, bonne nuit reposante à toi, Catherine :)

Caroline
« Modifié: 11 août 2012 à 22:03:04 par Caroline3 »

alsy

  • Invité
Re : Elle s'en va ?
« Réponse #21 le: 11 août 2012 à 22:21:13 »

Merci à tous pour votre réconfort....Caroline... Marina.. Claire... Véro...Karine..Catherine... par vos écrits...

Yohann y'aura pas assez d'une bouteille de rosé pour trinquer tous ensemble...
boire pour oublier... :o
mais ne faut il pas... oublier de boire....
un Amour ne s'oublie pas...
 :-*
Sylvette

Pervenche

  • Invité
Re : Elle s'en va ?
« Réponse #22 le: 12 août 2012 à 16:52:41 »
Yohann,

Bruno était très sensible. Il pleurait lorsque les émotions le submergeaient. Lorsque je l'ai connu il ne correspondait pas à l'image "virile" du "mâle" telle que formatée par notre société.
J'ai appris à aimer cette sensibilité. Elle me manque aujourd'hui. Ses larmes dans la peine ou devant un film triste. Nous partagions cette fragilité. C'est une des qualités qui me l'ont fait aimé.

Je ne trouve pas qu'un homme qui a de la peine et qui la montre soit un minable. Je trouve courageux de sa part de l'avouer. Et l'humour n'est pas réservé aux hommes pour camoufler leurs émotions....

Je suis allée au temple aujourd'hui. J'y ai reçu un accueil chaleureux. J'ai rencontré une personne de 77 ans qui m'a dit se partager entre le temple et l'église. Je crois que c'est ce que je ferai lorsque je souhaiterais me rendre à un culte. Mais je crois que je peux prier n'importe où, chez moi. Je cherche un sens à l'existence, peut m'importe l'endroit je crois.

Claire

Caroline3

  • Invité
Re : Elle s'en va ?
« Réponse #23 le: 12 août 2012 à 18:57:33 »
Hé, hommes, femmes...

Chez nous, quand une femme exprime sa colère, c'est une folle. Quand c'est un homme, il est puissant.

Mais c'est vrai que les femmes sont mieux accueillis dans leur peine.

Yohann, tu as réussi à créer un réseau de soutien?



---

Claire, j'ai aussi ce très fort désir de trouver un sens pour fort que moi, plus fort que la vie, la mort. Mais je n'en suis qu'aux balbutiements. L'église est tellement guindée...

Je cherche.

Caroline

Pervenche

  • Invité
Re : Elle s'en va ?
« Réponse #24 le: 13 août 2012 à 22:28:50 »
Yohann,

Dans un couple, oui, le partage de cette sensibilité est à mes yeux une bonne chose, l'inverse pouvant être source de domination/soumission.
La sensibilité n'exclut pas pour cela la volonté et la force.


J'ai vécu 24 ans avec le papa de ma fille. Pour lui, s'excuser était une preuve de faiblesse (c'est ce qu'il a dit a notre fille lorsqu'elle avait environ 4 ou 5 ans !
J'ai vécu en effet dans un rapport de force pendant toutes ces années. J'ai vécu tant d'années sans le connaître réellement !
Bruno est arrivé dans ma vie comme un cadeau, avec sa sensibilité, sa douceur, sa compréhension. Il était un vrai gentil. Il m'a apporté la sécurité, l'amour pour ce que je suis et non pour une image, malgré mes kilos en trop, malgré mon caractère peureux, mes complexes et le fait que je croyais ne pas mériter le droit d'être aimée, tout le fardeau de mon enfance. J'ai aimé cette "partie féminine" chez lui. Il a su me toucher par l'amour qu'il donnait sans compter.

Une amie m'a dit la veille de son ACR, "et bien, celui là, il t'aura gagné". Il avait eu tant de mal à gagner ma confiance. A force de constance dans son attitude, d'amour, j'ai appris à l'aimer, à lui faire confiance.

Il m'avait dit qu'il me protègerait toujours, que jamais il ne me quitterait... mais la vie en a voulu autrement.

Il m'a laissée sans le vouloir. Et aujourd'hui, je me sens perdue, à nouveau.

Son coeur était si grand, si entier, pourquoi s'est il arrêté ?

Une collègue m'a dit que c'était peut être parce qu'il avait mérité de rejoindre Dieu...

"J'ai eu l'horreur ou la chance, je ne sais, de naître quasiment 2 fois.
La seconde fois où plus rien n'existait de l'homme précédent, c'est le choix qui s'est imposé pour moi.
"

Je suis certaine que l'homme de cette deuxième naissance est formidable. Cela n'a pas dû être facile de changer même si le changement s'est imposé. Ta sensibilité est ta grandeur d'âme et tu nous apportes tant sur ce forum ! Je te remercie d'être celui que tu es.

Claire
nb : je me suis relue sur d'autres messages... oups ! désolée pour les fautes d'orthographe  :-[



Pervenche

  • Invité
Re : Elle s'en va ?
« Réponse #25 le: 14 août 2012 à 15:26:59 »
Merci Yohann pour tous tes messages qui me réconfortent tant.
Oui, la vie passée ne peut être changée. J'ai seulement appris et admis que je n'étais pas toujours responsable des éléments. Il est parfois difficile d'admettre que l'on a été victime et non coupable des attitudes de nos parents.

Grâce à Bruno j'ai été en première place dans la vie de quelqu'un, il me disait "tu es tout pour moi". Il m'aimait malgré mes rondeurs et mes complexes. Il m'aimait pour ce que j'étais avec mes qualités et mes défauts. Je l'aimais comme il était aussi, imparfait et constant dans son amour.

Il m'a donné un bien être et une stabilité que je n'avais jamais connue. Il était vrai, sincère. Voilà aujourd'hui mes pertes secondaires...

tu as remarqué Yohann que j'avance ? ;)
J'avance, grâce à toi, à Marina et à tous ceux qui partagent ici leur tristesse.

J'ai écrit sur le fil des parents en deuil car Bruno était mon compagnon, mais il était aussi un père, un fils, un oncle, un beau père ou simplement un ami... pour tout ceux qui l'ont aimé, le deuil est difficile.

La maman de Bruno arrive ce soir pour quelques jours. Je suis contente de la retrouver. Demain, nous aurons les enfants de Bruno pour passer la journée.

Ma fille est passée hier. C'est parfois difficile de réunion tout le monde avec les contraintes des uns et des autres !

Et toi Yohann, tu parles de tes 2 vies ? lors du coma de ton accident en vélo, as tu perdu la mémoire ?
Je ne voudrais pas être indiscrète, Peut être cela explique t'il aussi un peu ton cheminement.

Comment te sens tu aujourd'hui ? as tu fait du vélo ? as tu meilleur moral ?
Je pense à toi et à ton amour pour Monique

Je t'embrasse,
Claire